Les établissements de l' Inde 3

 

1664-1795

 

Pondichéry

Karikal

Yanaon

Mahé

Chandernagor

 

 

 

 

 

 

 EDITION MANCHOT 2012 LES COLONIES FRANCAISES   N°24 LEI 03
 

 

 

 

 

 Les établissements de l' Inde 3

 

Rappel historique entre 1890 et 1956

 

En 1740, Dupleix, gouverneur des établissements de la Compagnie française des Indes fondée par Colbert en 1664, cherche, à partir de Pondichéry et avec l’aide de soldats indiens, les cipayes, à étendre l’influence de la France sur le sud de l’Inde. Il parvient à contrôler la plus grande partie du Dekkan. Mais la Compagnie trouve ces conquêtes plus nuisibles qu’avantageuses; le soutien de Louis XV, empêtré dans des guerres européennes, lui manque et surtout, la France n’a pas la maîtrise des mers.

 

Pourtant, au même moment, La Bourdonnais à partir de l’île Maurice (de France) et de l’île de la Réunion (Bourbon), avait fait des Mascareignes une base susceptible d’aider Dupleix. Ils sont tous deux désavoués et rappelés. Pendant la guerre européenne qui suit, Guerre de Sept Ans, Pondichéry est pris par les Anglais et le traité de Paris, en 1763, ne laisse à la France que cinq comptoirs : Pondichéry, Karikal, Mahé, Chandernagor et Yanaon qui seront rendus à l’Inde en 1956.

 

 Kârikâl


En 1738, le gouverneur Pierre-Benoît Dumas (1735-1741), un fin diplomate qui sera élevé au rang de nabab par le Grand Moghol, initie une campagne d'expansion des territoires français par la négociation.


Il traite ainsi avec le râja Sahujî de Tanjore pour obtenir la zone de Karaikal, la forteresse de Karakalcheri et 5 villages pour 40 000 chakras. Le 14 février 1739, les Français prennent possession de la ville de Karaikal malgré le changement des conditions imposés par Sahuji qui souhaite emprunter une forte somme sans intérêt sur trois ans contre la cession d'un plus grand nombre de villages.

 

Pratap Singh, le successeur de Sahuji continue sa politique d'emprunts auprès des Français, attribuant plus de villages encore. Au gré des conflits, la région passe deux fois sous administration anglaise avant de revenir à la France par le traité de Paris de 1763.

 

Après l'indépendance indienne de 1947, comme les autres comptoirs, Karikâl reste sous juridiction française jusqu'au 13 juin 1954 avant de rejoindre finalement l'Union indienne

 
     
 

 Yanaon

 

Du XVIIIe au XXe siècle Yanaon fut sous les dominations néerlandaise, britannique et surtout française.

 

Colonie néerlandaise

 

Les Néerlandais furent les premiers Européens à s'installer dans la région. Ils y construisirent un fort que les habitants appelèrent "sâli kôta" car après leur départ les tisserands (saalivandru en télougou) y confectionnaient des vêtements.


Les Hollandais quittèrent Yanaon avant 1725.

 

Premières années de la colonisation française

 

Fondée en 1723, Yanaon fut la 3è colonie française en Inde. Le Jardin Botanique de Yanaon du médecin-colonel Alfred-Alphonse-Léon Bigot mentionne que les Français y installèrent un entrepôt en 1723, la Compagnie française des Indes orientales y établissant un comptoir en son nom. Les affaires déclinant et les opérations commerciales n'ayant pas produit les résultats désirés, Yanaon fut abandonnée dès 1727.

 

Ère de Bussy et Dupleix

 

La ville fut reprise par Dupleix en 1731 lors du gouvernorat de Pierre-Benoît Dumas. Cette même année, à Machilipatnam, le nawab Haji Hassan Khan autorisa Fouquet, chef de la Compagnie à Yanaon, à y établir une loge[2], puis en 1735 le nawab Roustoum Khan autorisa les Français à y commercer. Mais Yanaon ne fut complètement rétablie qu'en 1742 pendant le règne de l'empereur moghol Muhammad Shah.

 

Le loyer annuel fut supprimé en 1743. Mir Muhammed Ali Khan Walajah, nawab d'Arcot, accorda aux Français tous les droits sur les terres situées devant les quartiers de la ville en 1747. Cette souveraineté fut confirmée par Muhyi ad-Din Muzaffar Jang Hidayat, nizam de Hyderabad (1750-1751) le 31 décembre 1750.

 

En 1742 Dupleix obtint le poste de gouverneur général de tous les Établissements français de l'Inde. Il ambitionnait d'acquérir pour la France de vastes territoires en Inde. Pour ce faire il profita de l'anarchie causée par la dissolution de l'empire moghol, mena des campagnes militaires et noua des alliances avec les souverains locaux souvent rivaux.

 

 

 Mahé

 

Le nom originel de la région est Mayyali ce qui signifie « l'embouchure de la rivière noire »

 

L'histoire de Mahé commence lorsque André Mollandin, le représentant de la Compagnie française des Indes orientales, y met pied à terre en 1721.

 

Le 2 avril 1721, Mollandin et le râja Vazhunnavar de Badagara (transcrit Bayanor de Bargaret, dans les documents français) conclut un accord permettant aux Français d'établir un comptoir, en fait un entrepôt, à l'embouchure du fleuve. En 1724, un fort est construit. En 1725, les Britanniques persuadent Vazhunnavar d'expulser les Français hors de Mayyali.

 

Les rapports entre cedernier et les Français se tendent et un conflit éclate. Les Français se replient sur Calicut, mais, en décembre, reprennent le comptoir.   En 1741, à la tête d'une escadre armée de moyens de fortune, le capitaine Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais libère le comptoir occupé par les Marathes. À la suite de cette action, son nom est donné à la ville.   Après l'indépendance indienne de 1947, comme les autres comptoirs, Mahé reste sous juridiction française jusqu'au 13 juin 1954 avant de rejoindre finalement l'Union indienne

 

Mahé de La Bourdonnais

Portrait par Antoine Graincourt

 

 

 Chandernagor

 

 

La ville ne semble pas avoir existé avant l'arrivée des Français, mais comme Calcutta, trouve son origine dans trois villages du bord du Gange, Borokishanpur, Khalisani et Gondalpara. La première référence y est faite dans une lettre datée du 21 novembre 1696, signée François Martin, Deslandes et le marchand Pellé, adressée au directeur de la Compagnie française des Indes orientales (CFIO).

 

En 1674, la CFIO envoie le gentilhomme Duplessis pour acheter un terrain  20 arpents pour 401 roupies, les comptes ronds portent malheur en Inde sur la Hûghlî un bras du Gange. Il négocie avec Ibrahim Khan, le nabab du Bengale et construit un bâtiment, au nord de la ville actuelle. Mais bientôt, les Hollandais, installés à peu de distance, obtiennent, au moyen de cadeaux, les bonnes grâces du nabab et les Français abandonnent la zone, en 1677, pour manque de profit

 

Le deuxième contact a lieu en 1684, lorsque un vaisseau chargé de marchandises parti de Pondichéry à destination de l'île de Joncelang - aujourd'hui l'île de Phuket en Thaïlande - est pris dans une tempête, se déroute et atteint la Hûghlî. Le marchand Bertrand qui était sur le bateau rentre à Pondichéry en 1685 et se voit confier la mission de retourner au Bengale. Il atteint Balassor, parcourt le pays et rend un rapport à la CFIO extrêmement favorable au commerce dans le Bengale.

 

Le 30 août 1688, François Martin, le gouverneur de Pondichéry, missionne son gendre André Bourreau-Deslandes, sur ordre de la CFIO, pour fonder des comptoirs au Bengale. Le nabab vient d'accorder à la France le droit de faire commerce au Bengale, au Bihar et en Orissa contre le paiement de 40 001 roupies, sans frais annexes. La ville sera entourée d'un mur de clôture et d'un fossé, conçus par l'architecte jésuite Jacques Duchatz (1652-1693).

 

De 1694 à 1699, François Martin séjourne dans la ville lors de prise de Pondichéry par les Hollandais en 1693, elle sera restituée en 1697 par le traité de Ryswick, mais le conflit met à mal le commerce français au Bengale car les Hollandais bloquent l'embouchure du Gange.

 

 

Un firman de l'empereur Aurangzeb confirme, en 1698, le droit de la CFIO à commercer au Bengale. Elle compte, en 1703, 29 employés à Chandernagor. À cette époque, Pondichéry est le principal centre administratif et Chandernagor le principal centre commercial et rapportera jusqu'à un million de roupies par an. La moitié du budget dévolu à l'Inde par la France est investi dans le développement de la ville et la présence des autres puissances européennes se faisant plus manifeste, on y construit le Fort d'Orléans en 1696-97.

 

Lorsque le 16 août 1731, Joseph François Dupleix s'installe à Pondichéry, il devient par la même occasion l'administrateur en chef de Chandernagor. Sous son administration, le réseau routier est amélioré, des hôtels particuliers sont construits. Mais la ville chute avec sa disparition et ne survit plus que par le travail des marchands locaux. Le plus fameux d'entre eux est Indranarayan Chowdhury. Appointé comme courtier de la CFIO en 1730, deux ans plus tard, il loue le territoire du comptoir pour 12 000 roupies par an. En 1735, il reçoit une médaille de Louis XV.

 

Le colonel Robert Clive de la Compagnie anglaise des Indes orientales et l'amiral Watson de l'armée britannique prennent Chandernagor le 23 mars 1757.


En 1790, à Chandernagor, le commandant Montigny est arrêté. Lord Cornwallis doit le libérer et ils se réfugient à Calcutta. Benoît Mottet de La Fontaine au nom de l'Assemblée coloniale de Pondichéry vient remplacer Montigny, comme gouverneur de Chandernagor.

 
     

Un certain Canaples fait la même demande au nom de l'Assemblée coloniale de l'Île de France : « Il est déclaré traître à la patrie ».

 

Le sort de l'Inde française est joué. Aux termes du traité de Versailles, signé en 1783, la France ne conserve plus dans la péninsule que les cinq comptoirs de Chandernagor, Pondichéry, Yanaon, Karikal et Mahé, qui seront occupés à nouveau par les Anglais de 1793 à 1816.

 

A l'occasion d'un référendum organisé le 19 juin 1949, la population de Chandernagor se prononce en faveur du rattachement de la ville à l'Inde, qui prend en charge l'administration du territoire dès le 2 mai 1950. Toutefois, cette situation ne sera officiellement entérinée que deux ans plus tard, en application du "traité de cession" signé à Paris le 2 février 1951 et entré en vigueur le 9 juin 1952.

 

Avant de s'installer à Pondichéry, Aurobindo Ghose se réfugia à Chandernagor.