LES MEUBLES NORMANDS
   
  LIT NORMAND
         
 

LA NORMANDIE ANCESTRALE

Ethnologie, vie, coutumes, meubles, ustensiles, costumes, patois

Stéphen Chauvet.

Membre de la Commission des Monuments historiques

Edition Boivin, Paris.1920

 
         
   
         
 

La grande salle commune et ses meubles (en Cotentin).

 

Chaque grande ferme possède, au rez-de-chaussée, une grande salle, dont le sol est fait d'argile tassée, plus ou moins imprégnée de parcelles de fer battu fourni par le maréchal ferrant. Cette salle est munie d'une vaste cheminée, dont l'âtre, légèrement surélevé, est formé de pierres plates de granit. Deux jambages de granit supportent le vaste manteau, dont le fronton est constitué par une ou plusieurs pièces de granit. Au centre de celui-ci, se trouvent parfois sculptées, dans les châteaux et certains manoirs, des armoiries qui furent plus ou moins martelées pendant la Révolution. A l'intérieur de la cheminée et sur la planche qui se trouve au-dessus du fronton du manteau, sont rangés divers ustensiles que je décrirai ultérieurement. Auprès de la cheminée, on rencontre le billot ou chouquet sur lequel on coupe le bois, à coups de serpe, et le bûcher dans lequel les morceaux de fagots ou de bois sont empilés. Près des fenêtres qui donnent sur la cour de ferme, se trouve la table, encadrée de bancs et au-dessus de laquelle est suspendue la planche à pain. Contre un des murs de cette salle commune, où Ton prépare et prend les repas, et dans laquelle la fermière se tient, dans la journée, pour exécuter maints travaux, se trouve le vaisselier. A côté de lui, ou le long d'un autre mur, se dresse Y horloge normande enfermée dans une gaine de bois sculpté... et enfumé. Le plafond est constitué par une ou deux grosses poutres qui supportent d'autres poutrelles, plus petites et très nombreuses. Dans les très vieilles fermes, on aperçoit, entre les poutrelles, des sortes de boudins juxtaposés, formés de foin tordu et imprégné d'argile, qui contribuent, avec les poutres et poutrelles, à former le plafond. Au-dessus de celui-ci se trouve toujours une très épaisse couche d'argile battue qui, recouverte ou non de plancher, sert de sol à la pièce sus-jacente. Aux poutres de ce plafond, noirci par la fumée, sont suspendues, généralement, une ou plusieurs vessies de porc, gonflées d'air, qui sont destinées, une fois séchées, à servir de blagues à tabac. On rencontre aussi, souvent, pendu aux solives, un appareil de fer forgé , muni de crochets, auxquels sont attachés des andouilles qui ont été fumées dans la cheminée, un morceau de jambon entamé et parfois des paquets d'oribus ou des chandelles ou bien des oignons et des cosses de haricots et de pois. Après cette vue d'ensemble, étudions séparément, les principaux de ces meubles et objets.