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Le Cotentin des turquois : précurseur et conservateur ?
L’iconographie médiévale qui cautionne l’antériorité des moulins à cabine, en l’occurrence à pivot fixe - sauf, bien sûr, à admettre, avec E. Auriault, des turquois tout de bois-, n’éclaire pas ce point et la tourelle découronnée qui, à Liesville-sur-Douve, occuperait la plus ancienne place de moulin à vent connue en Occident [40] n’a de surcroît que peu de chances d’appartenir au « molendino de vento » cité vers 1180. Tout au plus, peut-on constater qu’en Cotentin, où au-cun moulin chandelier n’est attesté [41], des mentions ambivalentes d’échelles [42] témoi-gnent de l’existence de moulins à pivot dès le début du XIIIe siècle et que, s’ils sont ailleurs réputés abandonnés dès le XVIe siècle, des turquois animaient encore au XIXe les paysages non seulement du Plain mais aus-si, ainsi que tendent à le révéler certains atlas cadastraux, des marais de la Sèves et de la Taute. Tel semble être le cas à St-André-de-Bohon où la batterie étonnamment serrée constituée de deux tourelles et d’une tour n’apparaît qu’avec le premier cadastre (fig. n°14). | ||||||||
Fig. 14 - Les moulins du Castel, Saint-André-de-Bohon. Atlas cadastral, section A, feuille 4 (détail), [1812]. A.M. Phot. B. Canu, 2004 © A.M. | ||||||||
Aussi, à la faveur de maintiens, voire de constructions tardives, sur les 36 moulins à vent subsis-tants recensés en Cotentin, six appartiennent au genre des tur-quois. Cette proportion inatten-due ne peut être élargie aux édifices disparus :la faiblesse des sources disponibles n’a pour l’instant permis de recenser avec certitude qu’une dizaine d’unités supplémentaires, dont une en marge du Cotentin, à Torigni-sur-Vire [43] dans le Saint-Lois.
Aussi, si des tourelles, auparavant réputées concentrées sur le Plain, subsistent également dans le Bauptois (Lithaire), la Hague (Digulleville) et le Val-de-Saire (Le Vicel) où se dresse la seule tourelle tronconique de la Presqu’île, les turquois ne restent-ils localement absents, en l’état actuel de nos recherches, que de la Côte des Iles où, comme ailleurs, la fréquence du toponyme ambivalent masse ne suffit à garantir le remplacement de tourelles primitives par des tours. Quoi qu’il en soit, le Cotentin constitue assurément, avec le Bessin voisin où subsistent trois remarquables tourelles (Grandcamp-Maisy, Crodalle, Pierre-Solain) [44], une terre d’élection des turquois, jusqu’à présent sous-estimée, mais apte, assurément, à enrichir leur connaissance encore largement lacunaire. | ||||||||
Le vieux moulin de Saint Germain des Vaux collection LPM CPA 1900 | ||||||||
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