SAINT DENIS LE VETU 

 CC 49.9 du canton de Cerisy La Salle

 
 NOTICE HISTORIQUE SUR SAINT DENIS LE VETU 27/40
     
 

Une paroisse Normande

Par l' Abbé E. Quinette

Paru en 1889

 

3° L'époque d'un triple patronage  23/25

 

QUATRIÈME PÉRIODE

(1598 à 1738) 13/13

 

 III - Débuts de l'administration de Me Louis Lepaillier

 

1732 à 1738


Le successeur de Me Jean Denys fut Me Joseph-Louis Lepaillier.

 

Comme ses prédécesseurs, il eut un procès à soutenir contre l'abbé commendataire de Blanche-lande, Mre Pierre-Paul de Lormande.

 

Celui-ci avait, le 23 juin 1734, passé devant les notaires de la ville de Coutances, Louis Duhamel et Samson Guille, un bail des dîmes de l'abbaye dans la paroisse de St-Denis-le-Vêtu. Ce bail était fait pour trois ans à Pierre Lecapelain, de la paroisse d'Ouville, à Louise Yvelin, son épouse, et à ses fils solidairement. Les agents du seigneur abbé prétendirent encore s'emparer, au nom de leur maître, des menues et vertes dîmes appartenant au curé de St-Denis-le-Vêtu. Un procès s'en suivit et se termina le 20 mai 1737 par un bail fait à Me Joseph-Louis Lepaillier, curé, de toutes les gros-ses dîmes de l'abbaye de Blanchelande dans la paroisse de St-Denis-le-Vêtu.

 

Dans ce bail on disait :

 

« Le seigneur abbé continue de percevoir ces grosses dîmes, à l'exception néanmoins des dîmes de sarrazin, pois, fèves, lentilles, bois-taillis, bois-jean, trémaines, lins, chanvre, brebis, agneaux, pommes et toutes menues et vertes dîmes, articulées dans son écrit signifié requête de maître Macé, procureur dudit sieur preneur, à maître Le Trouyt, procureur dudit seigneur bailleur, le 27 avril dernier, dont il soutient être en possession [79], aux protestations contraires dudit seigneur abbé. »

 

C'est là le dernier procès entre les abbés commendataires de Blanchelande et les curés de St-Denis-le-Vêtu.

 

Cependant Me Joseph-Louis Lepaillier eut à soutenir, contre ses paroissiens eux-mêmes, un procès qui fut, pour ainsi dire, la conséquence de celui de Blanchelande. Mre Pierre de Lormande avait, par accommodement, fait un bail au sieur curé de St-Denis ; or, ce bail rendait Me Lepaillier fermier, et les fermiers étaient alors taillables ou susceptibles de payer l'impôt de la taille. Néanmoins, d'après une loi de 1723, les curés étaient exempts de payer cet impôt. Les collecteurs d'impôts de la paroisse de St-Denis-le-Vêtu réclamèrent la taille à M. le curé ; de plus, les paroissiens réunis en assemblée générale furent d'avis que Me Lepaillier devait payer cet impôt en qualité de fermier

 

Mais Me Lepaillier, s'appuyant sur le décret de 1723, prétendait de son côté qu'il était exempt de la taille, et il adressa sa supplique au marquis de Vastan, intendant de la Généralité de Caen.

 

L'affaire fut portée devant la Cour du bailliage de Coutances. Les paroissiens de St-Denis nommèrent et établirent, le 20 janvier 1738, les personnes de Gilles Delarue et de Jean Lehaut pour conduire en leur nom cette affaire, et soutenir contre Me Lepaillier que, n'étant point dans l'espèce de dispositions portées par la déclaration du roi du 16 novembre 1723, il ne pouvait s'exempter de payer l'impôt de la taille. Le 22 janvier suivant, Jean Lehaut, procureur-syndic des habitants de St-Denis, portait leur requête devant la Cour de Coutances et en exposait les motifs.

 

Par un arrêt de la Cour de Coutances du 3 mars suivant, Me Joseph-Louis Lepaillier, curé, était rayé des rôles à taille, et les collecteurs d'impôt furent sommés de représenter devant la Cour leurs rôles modifiés.

 

Ceux-ci refusèrent d'abord et furent contraints de le faire et de payer dix livres d'amende pour leur refus. La fabrique avait aussi en ce temps-là des difficultés pour se faire payer quelques rentes de fondations.

 

A cette époque, le pouvoir civil soutenait la hiérarchie ecclésiastique contre l'esprit de révolte populaire qui commençait à se déchaîner. La religion n'était pas aussi florissante ; la corruption des moeurs amenée, il faut l'avouer, par le luxe et la licence des grands, avait affaibli la foi et le respect du clergé chez le peuple.

 

Il y avait sans doute des réformes à faire, puisqu'il y avait des abus ; mais, nous le répétons encore, si l'on avait eu quelque patience, on aurait fait des réformes plus pacifiques, moins radicales et moins désastreuses. Ce qui n'est pas fait complètement à l'heure actuelle peut encore se faire, avec du temps et de la réflexion, par des hommes vraiment soucieux du bien général de la religion et de l'humanité.

 

 NOTES    [79] Le curé de St-Denis soutenait être en possession des menues et vertes dîmes