LA NORMANDIE DUCALE
  De Rollon à Guillaume de Normandie
         
 

   Texte NORMANDIE HERITAGE

 

            - Le 11 juillet 911, Charles le Simple donnait une « terre aux Normands de la Seine ».

            Un siècle et demi plus tard, Guillaume, duc de Normandie, était couronné roi d’Angleterre.

 

 Rollon - Guillaume Ier Longue-Epée

Richard Ier Sans-Peur - Richard II le bon

Robert le Magnifique

 

 
 

 Rollon, Jarl des Normands et Comte de Rouen

 
         
 

Dans les dernières années du règne de l’Empereur Charlemagne, les voiles carrées des navires Vikings font leur apparition au large des côtes de Neustrie. A partir de 840, les incursions et les pillages deviennent de plus en plus fréquents. L’abbaye de Fontenelle est incendiée, celle de Jumièges pillée tandis que la ville de Rouen est la proie des flammes. Le nord du Cotentin et la Basse-Seine tombent rapidement aux mains des envahisseurs normands (Northmanni, hommes du nord). Pour éviter de voir son royaume disparaître dans la tourmente, Charles le Simple, roi des Francs, préférera donner une partie de la Neustrie aux Normands de la Seine et la main de sa fille Gisèle à leur chef Rollon.

 

Rollon ou Hrôlfr “le Marcheur”, fils de Rogwald, Jarl de Möre, est né vers 845 sur une des îles d’Alesund en Norvège. Banni de Norvège à cause de son opposition marquée à la politique unificatrice du roi Harald Hârfagr, il rassemble une troupe composée d’une majorité de guerriers danois et met le cap vers l’ouest au cours de l’année 874. Lors de ce périple, il remonte l’Escaut où il se livre au pillage. Après avoir servi un temps de mercenaire en Angleterre, Rollon traverse la Manche et établit son camp à l’embouchure de la Seine, à Jumièges, avant de prendre Rouen où il installe ses quartiers. En 886, il remonte le cours de la Seine et assiège Paris mais en vain.

 

 

Rollon, dessin de Friqueti,
gravure de Lecomte, 1830

 
         
 

Après avoir saccagé Evreux, Bayeux et sa région, Rollon mène de nouveau campagne en Angleterre aux côtés du roi Alfred le Grand avant de revenir sur le continent où il s’empare successivement des villes de Nantes, d’Angers et du Mans.

 

C’est alors que Charles le Simple, souverain de la Francia Occidentalis, voyant grandir la menace scandinave, lui propose un traité garantissant la sécurité de son royaume en échange d’un territoire situé entre la Bresle, l’Epte et la Dives ; territoire que Rollon s’empresse d’agrandir en y ajoutant le Bessin déjà sous domination normande, le Pays d’Auge et l’Hiémois, un peu plus tard, au cours de l’année 924. C’est ainsi qu’il y a plus d’un millénaire, le 11 juillet 911, La Normandie voyait le jour à Saint-Clair-Sur-Epte.

 

Le titre de duc, comme le nom de duché, ne s’imposant vraiment qu’à partir du 11ème siècle, Rollon, Jarl des Normands, porte alors le titre de prince ou de comte, selon les us de l’époque ; un titre qui lui confère la plupart des attributs dévolus à la puissance royale, y compris le contrôle de l’Église.

 

De la même façon, le roi Charles le Simple, dans un acte daté de 918, reconnaissant explicitement avoir donné une « terre aux Normands de la Seine, c’est à dire à Rollon et à ses compagnons », exclut, de fait, tout lien vassalique et rend caduque la thèse d’un prétendu hommage rendu par Rollon au roi de France à Saint-Clair-Sur-Epte.

 

Le nouvel Etat, avec Rouen comme pivot, se structure peu à peu. Rollon, suivant la coutume scandinave, partage la terre avec ses compagnons, rétablit l’ordre aux frontières et à l’intérieur du pays tout en encourageant la colonisation scandinave en Normandie. Plus par réalisme que par conviction, comme la plupart de ses compagnons, il se convertit au christianisme, se fait baptiser à Rouen en 912, sous le nom de Robert 1er, et adopte la langue romane.


Bien que marié avec Gisèle, fille du roi Charles le Simple, qui n’est encore qu’une enfant, Rollon assure sa descendance par une union more danico, c’est à dire par une union hors mariage courante dans les sociétés nordiques de l’époque, avec Poppa de Bayeux, fille du comte Béranger ; union dont seront issus Guillaume et Gerloc.

 

Vers 927, Rollon abandonne le pouvoir qu’une assemblée Normande confie à son fils Guillaume qui lui succédera sous le nom de Guillaume 1er "Longue-Epée". Rollon, Comte de Rouen et fondateur de la Normandie, meurt au cours de l’année 933. Bien que converti au christianisme, Rollon n’en restera pas moins attaché aux rites et aux croyances de ses ancêtres Vikings. Si l’on en croit la rumeur populaire, ses dernières volontés auraient été de faire distribuer cent livres d’or aux églises en hommage à dieu et de faire décapiter cent prisonniers chrétiens ... pour satisfaire Odin.


Inauguration de la réplique de la statue de Rollon offerte à la ville de Fargo
(Nord Dakota) à l’occasion des fêtes du Millénaire de la Normandie

 

En 1911, à l’occasion des fêtes du Millénaire de la Normandie, la ville de Rouen fera réaliser deux copies de la statue en bronze de Rollon sculptée en 1863 par Arsène Letellier et érigée à Rouen en 1865. Une réplique sera offerte à la ville d’Alesund en Norvége, ville natale de Rollon ; la seconde à la ville de Fargo, aux Etats-Unis, dans le Nord Dakota.

 
         
   Guillaume Ier Longue-Epée  
         
 

Guillaume Ier de Normandie, dit Guillaume Longue-Epée, fils de Rollon et de Poppa de Bayeux, est vraisemblablement né à Rouen vers 907. Considéré comme deuxième duc de Normandie, il est avant tout, comme son père auquel il succède, Jarl des Normands et Comte de Rouen.

 

Associé au pouvoir dès 927, Guillaume s’en va d’abord rétablir l’ordre à l’ouest du duché où il impose son autorité aux Bretons et aux Normands du Cotentin et du Bessin au cours de l’année 930. En 931, il conquiert et annexe le Cotentin et l’Avranchin ; territoires sur lesquels le roi de France, Raoul de Bourgogne, auquel Guillaume rendra hommage en 933, reconnaît officiellement l’autorité du Duc de Normandie et qui, soit dit en passant, avaient été concédés aux Bretons quelques années auparavant, en 868, par Charles le Chauve pour contrer ... les invasions Viking. C’est de cette manière que les frontières de la Normandie de Rollon rejoignent les limites que nous lui connaissons pratiquement aujourd’hui, c’est à dire un territoire qui s’étend de la Bresle à l’ouest du Mont Saint-Michel, au delà du Couesnon, jusqu’au pied du massif de Saint-Broladre.

 

Désireux de se rapprocher du royaume Franc, d’accroître sa puissance et de faire prospérer le duché, Guillaume Longue Epée est rapidement confronté à des problèmes d’intégration liés à la culture et au mode de vie des populations d’origine scandinave dont le nombre ne cesse de croître

 

En 934, il fait face à l’opposition farouche de certains chefs normands, dont Riouf, qui,

 
 
 

cherchant à préserver leurs croyances et leurs traditions, lui reprochent la "francisation" du duché et ses attaches avec l’Eglise

 

Homme de poigne, décidé à  passer outre, Guillaume écrase la révolte des barons du Bessin et du Cotentin dans une lutte fratricide au Pré la Bataille en 935.

 

La paix et la prospérité régnant à nouveau sur la Duché, Guillaume se marie chrétiennement avec Liutgarde de Vermandois, fille du comte de Vermandois et accueille à sa cours le prétendant Carolingien à la couronne de France, Louis d’Outremer que l’on suspectera, par la suite, d’être l’instigateur de son assassinat. Guillaume Longue Epée dont la puissance grandissante et les diverses alliances ont, semble t-il, attisé le courroux de nombreux princes francs, est assassiné à Picquigny le 17 décembre 942 lors d’un complot fomenté par Baudoin, fils du Comte de Cambrai. Dans les jours qui suivent, son corps est rapatrié dans la cité ducale où il est inhumé, face au tombeau de Rollon, dans la cathédrale Notre-Dame de Rouen.

 

N’ayant pu assurer sa descendance avec son épouse légitime, c’est d’un mariage more danico avec Sprote de Senlis que Richard, son successeur légitime à la couronne ducale, voit le jour. Ce dernier n’étant âgé que de 10 ans à la mort de son père, la Normandie est gouvernée par son tuteur, Louis IV d’Outremer qui, devenu roi de France et profitant des circonstances, tentera, mais sans y parvenir, de faire main basse sur le duché de Normandie.

 
         
 

Sprota

 

Sprota est la « frilla » du « duc de Normandie » Guillaume Longue-Épée, en réalité jarl des Normands et comte de Rouen. D'obscures origines, elle est dite Bretonne et née vers 911.

De cette union naît vers 933, le futur

duc Richard Sans-Peur.

 

Á la mort du duc Guillaume, assassiné en décembre 942, elle est donnée de force comme frilla à un riche noble normand nommé Esperleng. De cette union naît Raoul d'Ivry, demi-frère du duc Richard Sans-Peur, le Raoul d'Ivry qui mate violemment la révolte paysanne en Normandie dans les années 996/97 sous la minorité de son neveu, le jeune duc Richard II de Normandie 

 

 

 

 

 

 

 
         
   Richard Ier Sans-Peur  
         
 

Richard, héritier du duché de Normandie n’a que dix ans lorsque son père Guillaume Longue-Epée est assassiné en décembre 942 à Piquigny. Un conseil de régence est alors désigné mais Louis IV d’Outremer , sous couvert de protection, fait transporter le jeune duc, encore enfant, à la cour de Laon et met en place des hommes à sa solde sur tout le territoire normand.

 

 

Louis IV d’Outremer s’associe à Hugues le Grand pour dépecer le jeune duché de Normandie. Le roi s’attaque à l’Evrecin pendant que Hugues le Grand s’empare de Gacé, d’Evreux et assiège Bayeux. Bernard le Danois parvenant à convaincre Hugues le Grand de se lancer en campagne contre le roi des Francs et appelant Harald à la Dent Bleue, roi du Danemark, à la rescousse attire Louis IV et son armée dans un guet-apens.

 

En 945, Harald à la Dent Bleue débarque à l’embouchure de la Dives. Avec l’aide des troupes normandes, il met en déroute l’armée franque à Varaville. Louis IV d’Outremer, fait prisonnier au cours de la bataille, tombe aux mains de Hugues le Grand et voit ses fils retenus en otages à Rouen. Entre temps, avec la complicité d’ Osmond de Conteville, d’Yves de Bellême et de Bernard de Senlis, Richard , devenu adolescent, parvient à s’évader de la cours de Laon. De retour à Rouen, Richard s’empresse de chasser les suppôts de Louis IV et fait reconnaître l’indépendance du duché par les Grands du royaume carolingien. Louis IV d’Outremer n’en a pas pour autant dit son dernier mot

 
 
         
 

Libéré en juillet 946, il récidive et s’attaque de nouveau à la Normandie. Ce qui, à l’origine, ne devait être qu’une simple formalité se transforme en massacre. Les forces coalisées composées de l’armée franque, des armées du duc de Bourgogne, d’Arnoul Ier, comte de Flandre, et du duc de Bretagne Alain Barbetorte, sont mise en déroute et défaites au combat de la Rougemare près de Rouen.

 

Le souvenir de Rougemare n’est pas encore effacé quand, en 957, Richard fait l’objet d’une tentative d’assassinat de la part de Lothaire, nouvellement sacré roi des Francs. Le complot déjoué, Richard part en campagne contre Lothaire et ses alliés bretons, promptement ramenés à la raison. Quatre ans plus tard, ce dernier tend de nouveau un piège aux Normands qui, cette fois, écrasent l’armée royale faisant ainsi taire, de manière définitive, les prétentions du roi de France. En 965, le traité de Gisors met fin aux hostilités. Lothaire renonce à toute suzeraineté sur la Normandie.

 

Après un début de règne difficile et une période troublée, la paix règne enfin à nouveau sur la Normandie. En 960, Richard épouse Emma, fille de Hugues le Grand, duc de France, et se voit confier la tutelle du futur roi Hugues Capet. Richard et Emma n’ayant pas eu d’enfants, c’est d’un mariage « more danico » avec Gunnor de Crépon que naîtront Richard, son successeur, et Emma de Normandie, future reine d’Angleterre et mère d’Edouard le Confesseur.

 

Sous le règne de Richard 1er, le pouvoir ducal se renforce et s’appuie sur l’Eglise qu’il protège et contrôle. Les liens avec la Scandinavie sont encore bien visibles comme en témoigne l’intervention de Harald à la Dent Bleue en 945. La Normandie reste une terre d’accueil et d’intégration pour de nombreux Vikings en quête de patrie. La Normandie retrouve la paix et la prospérité. Richard fait reconstruire et embellir la cathédrale Notre-Dame de Rouen. Il enrichit aussi l’abbaye de Saint-Ouen et fait réformer le Mont Saint-Michel où il installe une communauté Bénédictine et fait édifier une Abbaye - Notre-Dame-Sous-Terre - sur les fondations de l’oratoire fondé jadis par Aubert. Richard 1er meurt au cours de l’année 996. Il est enterré au monastère de la Sainte-Trinité de Fécamp qu’il avait, lui-même, fondé quelques années auparavant.

 

Gunnor de Normandie

 

Suite à une rencontre fortuite contée par Robert de Torigni, Gunnor épouse more danico (à la manière polygame danoise, et non selon le rite chrétien) le duc de Normandie, Richard Ier. Ce mariage semble avoir été ensuite « régularisé » vis-à-vis de l'Église vers 980-990, bien après la mort de l'épouse officielle, Emma.

 

Parmi les épouses des ducs de Normandie, elle est une des rares à avoir joué un rôle important. Selon la thèse (critiquée) d'Eleanor Searle, Gunnor appartiendrait à ces familles scandinaves qui s'installent en Normandie orientale sous Richard Ier. Son mariage marquerait le ralliement des nouveaux venus à l'autorité du duc1. Il n'est toutefois pas certain que Gunnor venait de Normandie orientale2. Après la mort de son époux, la duchesse semble exercer une véritable régence sur le duché.

 

Mère d'un duc (Richard II de Normandie), d'un archevêque (Robert le Danois) et d'une reine (Emma de Normandie), elle favorise l'ascension de ces neveux et nièces. Une d'entre elle épouse un vicomte de Rouen. Une autre est très probablement la mère de Guillaume Ier de Warenne. Un neveu, Osbern, devient senéchal du duc Robert le Magnifique. Dudon de Saint-Quentin, élogieux à l'égard de Gunnor, avoue avoir recueilli beaucoup d'informations de sa bouche pour son De Gestis Normannaie ducum .

 
         
   Richard II le bon  
         
 

Sous le règne de Richard II, la Normandie connaîtra à la fois paix et prospérité. Dotée de structures administratives modernes, le clergé réformé et placé sous l’autorité ducale, la Normandie fait figure, dès cette époque, de modèle aux yeux des princes d’Occident.

 

En 996, à la mort de son père Richard Sans-Peur, Richard II de Normandie, dit «  l’Irascible » ou « le Bon » , encore mineur, vient à peine de prendre les destinées du Duché en main que son autorité est déjà battue en brèche et que la colère gronde dans les campagnes.

 

Guillaume, Comte d’Hiémois et demi-frère de Richard, refusant de reconnaître l’autorité de ce dernier, est capturé puis emprisonné par Raoul d’Ivry. Privé du Hièmois, après s’être vu accordé le pardon de son frère, Guillaume se réconcilie avec Richard qui lui confie le Comté d’Eu.

 

Au cours de la même année, alors que les villes du Duché prospèrent, la disette qui règne dans les campagnes ne fait que renforcer la panique qui s’est emparée de tout l’Occident à l’approche de l’An Mil. Confrontés à une crise agraire sans précédent, les paysans affamés, réunis en Assemblée, après avoir vainement tenté de faire entendre leur voix, se révoltent.

 

C’est par les armes et dans le sang que Raoul d’Yvry fait taire la révolte des paysans du Bocage au cours de l’année 997

 
 
         
 

Dans les premiers jours de l’An 1000, un incident d’apparence somme toute anodine sera la source d’événements aux conséquences incalculables quelques soixante ans plus tard. Cette année là, le roi d’Angleterre Ethelred II dit le "mal avisé" monte une expédition punitive contre le duché de Normandie dans le but d’éradiquer les bases arrières Vikings implantées dans la presqu’île du Cotentin. Ce raid repoussé par Néel de Saint-Sauveur, vicomte du Cotentin, les troupes anglo-saxonnes taillées en pièce, Etherel n’a pas d’autre alternative que de négocier un traité de paix avec Richard de Normandie ; traité qui sera scellé en 1002 par les fiançailles et le mariage de sa sœur d’Emma avec le souverain d’Angleterre. De cette union naîtra Edouard « le Confesseur », futur roi d’Angleterre, dont la succession se réglera, quelques années plus tard, au soir de la célèbre bataille d’Hastings.

 

Vassal et allié fidèle du roi de France, Richard II participe en 1006 à plusieurs expéditions en Bourgogne et en Flandre. Robert le Pieux, reconnaissant, lui apporte son soutien dans les conflits frontaliers avec le Maine et la Bretagne qui l’opposent à Foulque Nerra et à Eudes de Blois. Parallèlement, Richard II entreprend de profondes réformes. Il transforme le duché en un état moderne, stable et prospère. Son règne marque la fin de la colonisation scandinave en Normandie. Les derniers arrivants se fondent peu à peu dans la masse. La Normandie fait désormais partie de la civilisation chrétienne sans pour cela renier ni ses origines ni sa culture qui font son originalité. Contrairement à ses prédécesseurs qui ne portaient que le titre de Comte de Rouen, Richard endosse officiellement celui de Duc de Normandie.

 

En 1017, l’abbaye du Mont-Saint-Michel, construite à la demande de Richard 1er, servira de cadre à la célébration du mariage de Richard II de Normandie et de Judith de Bretagne, sœur du comte de Rennes. De cette union, naîtront six enfants parmi lesquels Richard et Robert que l’histoire retiendra sous le nom de Robert "le Magnifique". Richard II de Normandie meurt au cours de l’année 1027. Il est enterré aux côtés de son père à l’abbaye de la Trinité de Fécamp.

 

 
 

C’est son fils aîné Richard qui, sous le nom de Richard III de Normandie, prendra alors en main les destinées du duché. Son règne sera malheureusement de courte durée. En effet, le jeune duc trouvera mystérieusement la mort, le 6 août 1027, abandonnant le duché de Normandie à son frère Robert suspecté d’assassinat.

 

 

Judith de Bretagne

 

Judith de Bretagne, née en 982 en Bretagne et décédée le 16 juin 1017 en Normandie, fut la première épouse de Richard II de Normandie, duc de Normandie.

 

Elle était la fille de Conan Ier de Bretagne, duc de Bretagne, et la mère de Richard III de Normandie et Robert le Magnifique, ducs de Normandie.

 

Judith mourut en 1017 et fut enterrée à l'abbaye de Bernay, qu'elle avait fondée.

 

 
 
         
   Robert le Magnifique  
         
 

Robert 1er de Normandie, fils cadet de Richard II, Comte d’Hiémois, n’a que dix sept ans lorsqu’il accède au pouvoir après en avoir écarté Nicolas, fils de son défunt frère Richard III mort empoisonné. Comme ses prédécesseurs, Robert de Normandie, pendant les huit années que durera son règne, n’aura de cesse d’asseoir son autorité et de faire prospérer le Duché.

 

Quand Robert ceint la couronne de duc de Normandie, la Duché est en proie à l’insubordination de seigneurs en révolte contre le pouvoir ducal tandis, qu’à l’extérieur, les relations avec la Bretagne et l’Angleterre ne cessent de s’envenimer. C’est en ancien rebelle repenti, et d’une main de fer, qu’il impose son autorité et mate la rébellion. C’est ainsi qu’au cours de l’année 1027, notre jeune duc prend d’assaut la forteresse d’Alençon, contraignant Guillaume 1er Talvas, Comte de Bellême, à capituler de manière humiliante. Un peu plus tard, apprenant que l’évêque Hugues de Bayeux recrute des soldats et renforce les défenses de son château d’Ivry en vue de défier son autorité, Robert assiège la forteresse d’Ivry et force Hugues de Bayeux à négocier son exil contre un sauf-conduit pour ses compagnons d’infortune.

 

Le plus souvent absent, occupé à guerroyer, Robert, qui n’est pas marié, voit sa descendance assurée dans les derniers jours de l’An 1027 par la venue au monde d’un fils prénommé Guillaume, né d’une union more danico avec une jeune-fille du nom d’Arlette dont il s’était épris du temps où il était encore Comte d’Hiémois et qu’il séjournait fréquemment à Falaise.

 
 
         
 

En 1030, Robert 1er de Normandie part en guerre contre Alain III, Comte de Rennes et duc de Bretagne, qui refuse de lui prêter allégeance. Devant ce refus, Robert fait fortifier la frontière sur le Couesnon avant d’envahir la Bretagne. A son retour en Normandie, il apporte son aide aux enfants d’Emma et d’Ethelred le mal avisé, Alfred et Edouard exilés et réfugiés à Rouen. Tout en laissant planer la menace d’une intervention armée en Angleterre, il somme Knut le Grand d’abdiquer.

 

Cet ultimatum restant sans réponse, il rassemble une flotte de guerre à Fécamp qui, prise dans une violente tempête, est emportée au large de Jersey où elle séjournera quelque temps, avant d’être pour partie désarmée tandis que d’autres navires iront piller les côtes bretonnes aux environs de Dol. C’est alors que le duc de Bretagne lance une contre-offensive en direction de l’Avranchin. Mal lui en prend : son armée décimée par les troupes normandes conduites par Alfred le Géant et Néel de Saint-Sauveur, Alain III, défait, n’a pas d’autre solution que de se soumettre et prêter hommage au duc de Normandie.

 

L’année suivante, à la mort du roi de France Robert le Pieux, de la même manière qu’il avait précédemment pris fait et cause pour les enfants d’Ethelred et qu’il était intervenu en Flandre pour porter secours au Comte Baudoin IV, Robert apporte son soutien au jeune roi Henri 1er que sa mère Constance tente d’écarter du trône au profit de son frère cadet. Henri 1er, ayant réussi à faire valoir ses droits, fait don à Robert du Vexin Français pour service rendu.

 

Courageux, cultivé et généreux, Robert de Normandie, à qui tout semble réussir, devient, pour tous, Robert « le Magnifique », Robert « le Libéral ». En 1031, paix et prospérité règnent en Normandie. C’est sans compter sur la famine et la peste qui s’abattront sur le duché l’année suivante et sur le changement de comportement de Robert qui, en janvier 1035, probablement influencé par les nombreux pèlerinages en Terre Sainte qui, en ce début de Millénaire, se multiplient dans toute la Chrétienté , annonce son départ prochain pour Jérusalem non sans avoir, au préalable, fait reconnaître son fils Guillaume, qui n’est encore qu’un enfant, comme héritier légitime à la couronne ducale, à l’unanimité des barons normands réunis à Fécamp autour de l’Archevêque de Rouen.

 

Après avoir franchi les Alpes, séjourné à Rome puis à Byzance, Robert arrive à Jérusalem au printemps 1035. Au début de l’été, alors qu’il est sur le chemin du retour, accablé par la chaleur, tenaillé par la maladie, Robert le Magnifique meurt prématurément le 2 juillet 1035 à Nicée, loin d’une Normandie dont la destinée repose désormais sur les épaules d’un enfant de sept ans.