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Charles-Maurice de Broglie, né en 1682 et mort le 21 avril 1766 à Baume-les-Moines, est un religieux français, quarante-septiéme abbé du Mont Saint-Michel
Fils de Victor-Maurice de Broglie, maréchal de France en 1724, Charles-Maurice de Broglie, docteur en théologie, abbé commendataire des Vaux de Cernay (en 1712, diocèse de Paris), de Baume-les-Messieurs (diocèse de Besançon) et du Mont-Saint-Michel, avait été nommé agent général du clergé de 1710 à 1720.
Appelé en 1721, par nomination royale, à recueillir le riche bénéfice de Karq de Bebembourg, il fut préconisé dans le consistoire du 16 juillet de la même année. Le concordat adopté sous son prédécesseur fut la règle de ses rapports avec ses religieux. Les revenus de l’abbaye s’élevaient alors à 46 331 livres. Les 27 000 livres appartenant à l’abbé se trouvaient réduites, les charges défalquées, à 18 000 livres. Les revenus du monastère, qui devait compter vingt-quatre religieux, n’égalaient pas cette somme, déduction faite des rentes et des obligations dont la mense conventuelle était grevée. | Accés au Chatelet CPA collection LPM 1900 | |||||||
Rien ne troubla d’abord l’accord amiable et tacite qui exista entre le monastère et son abbé, connu à la cour et dans tous les mémoires du temps sous le nom du « grand abbé » ; mais les moines ayant voulu usurper la nomination aux bénéfices, malgré les droits de leur chef et l’intervention de leurs supérieurs, la contestation fut portée devant le conseil privé, et tranchée par un arrêt rendu sur les conclusions du commendataire. L’abbé de Broglie se laissa cependant toucher par les protestations et les prières de ses religieux, et leur abandonna la présentation aux cures de Saint-Pierre-du-Mont-Saint-Michel, de Saint-Pierre-de-Boucey, de Curey, de Saint-Sulpice-de-Macey, de Servon, de Notre-Dame-d’Ardevon, de Saint-Pierre-d’Huisnes, de Beauvoir, de Saint-Martin-d’Espas, de la Chapelle Hamelin, de Genêts, de Saint-Michel-des-Loups et de Bacilly, se réservant la disposition de tous les autres bénéfices.
Le président Hénault a fait en deux mots le portrait de ce caractère ecclésiastique original, qui respectait la lettre des devoirs de son état en s’affranchissant absolument de leur esprit : « Il était intrigant sans ambition, et indécent sans qu’on eût rien à reprocher à ses mœurs. » Il ne tirait parti de ces ressources d’esprit et de cette absence de scrupules ni pour son profit ni pour son plaisir personnel, mais pour servir les intérêts de sa famille. De l’abbaye de Vaux en Cernay, tout proche de Versailles, dont il était titulaire, et où il affectait parfois de faire de longues retraites, il s’était ménagé les moyens d’être toujours averti à temps de tout ce qui se passait à la cour, et il était à portée d’accourir dès que sa présence était réclamée. La tactique qu’il mettait, à cet effet, en œuvre dans des lettres aux divers ministres assaisonnées d’un mélange de réflexions judicieuses et de rapprochements inattendus, de propos pieux et de railleries d’un sel caustique, de passages de l’Écriture et de saillies d’un goût douteux lui avaient fait la réputation du plus amusant des causeurs, mais du plus redouté des critiques.
Quatre mille volumes environ sur tous les sujets, et particulièrement sur les matières ecclésiastiques qu’il connaissait à fond, formaient la bibliothèque de ce docte abbé de Broglie, qui fut, en outre, frère de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem. | ||||||||
CPA collection LPM 1900 | ||||||||