![]() N°36 Concession française de Shanghai
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CONCESSION FRANCAISE DE SHANGHAI 1849-1946 |
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![]() SHANGAI 1903 Collection CPA lpm 1900 |
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Article issu de Chine française. 1950 A. GÉRONIMI DE SAINT-PÈRE.
— La France possédait le territoire de Kuang-Tchéou-Wan (ou Fort-Bayard). Cédé à bail pour quatre-vingt-dix-neuf ans le 10 avril 1898. La presqu'île de Lei-Tchéou et l'île de Haï-Nan étant sous influence française.
Ce territoire a une superficie de 82.244 hectares. Ses limites sont : les îles Tong-Haï et Nao-Tchéou, une bande de terre au Lei-Tchéou ayant pour frontière à l'ouest : la route mandarine de Lei-Tchéou à Soui-Kay par Sing-Tchi. Au sud, la rivière de Tong-Ming. Au nord, à partir de Tchi-Moun, la frontière se dirige vers Tche-Han, passant entre cette ville et Fou-Kien.
L'administration de ce territoire était confiée au gouvernement de l'Indochine. Une ligne de voie ferrée a été projetée sur Pak-Hoï en liaison avec Moncay et Port-Courbet.
Les principales productions sont : la canne à sucre, le riz, les palétuviers; les manguiers, les bananiers, la pêche.
Le sous-sol est inexploité. Ce territoire est situé dans la province chinoise du Kuang-Toung et Fort-Bayard est situé à l'embouchure de Toa-Chang. Ce port naturel est le meilleur mouillage de la côte de Chine, mais il n'est pas encore outillé. Le territoire est très peuplé.
Comme cultures industrielles, on y trouve : la canne à sucre, le chanvre, la ramie, l'indigo, le jonc, le tabac, l'arachide, le sésame, le ricin, le coton, les cocotiers.
Comme cultures alimentaires : le riz, la patate, le manioc, le maïs, le mil, le millet, le sorgho, le taro, les légumes.
Cultures fruitières : letchis, manguiers, pêchers, bananiers, pamplemousses, orangers, mandariniers, citronniers, ananas, papayers, pommiers, poiriers.
Essences forestières : camphriers, pins, sapins.
Le cheptel : buffles, bœufs, porcs, volailles, chèvres, gibiers.
Il y a une très grande exportation de volailles et de gibiers sur Hong-Kong.
Industries locales : salines, fabriques de pétards à Tché-Kam. Les articles d'artifice sont très en vogue en Chine. Malles et sacs de jonc exportés sur Haïnan et Hong-Kong. Huileries à Potao. Tang-Haï, Taï-Ping avec des procédés de fabrication très rudimentaires. Il y a des tanneries, mais les cuirs sont mal traités et subissent ainsi une dépréciation. Ces renseignements concernent, outre le territoire de Kuang-Tchéou, la partie méridionale du Kuang-Toug, dont il dépend.
Il y a plusieurs routes principales d'un total de 120 kilomètres, empierrées. Service postal tous les quatorze jours avec Haïphong et Hong-Kong. Un aérodrome à 7 kilomètres de Fort-Bayard. Hôpital et base hydroaérienne à Fort-Beaumont. C'est l'escale aérienne de la ligne Bangkok-Hong-Kong. La monnaie est la piastre indochinoise et le cent chinois. Il y avait une agence de la Banque d'Indochine à Fort-Bayard.
Avec la stabilité politique (ce qui est plutôt difficile en Chine), Fort-Bayard peut devenir un port très important. Le développement de la province limitrophe du Kuang-Toung commencera réellement après la construction du chemin de fer qui doit relier, sur les rives du Si-Kiang, Nanning, tête de ligne future du Transindochinois. Il y a de très grandes possibilités au point de vue minier. |
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Changhaï.
— Holding commercial et privé français et étranger. La France avait dans cette ville une concession particulière, alors que toutes les autres puissances occidentales étaient établies dans une concession internationale. Cette concession a été remise à la souveraineté chinoise ainsi que les autres (Pékin, Tien-Tsin, Amoy).
Trois villes forment l'agglomération de Changhaï : Nantao, ville chinoise ; Changhaï international (ancienne concession étrangère) et Changhaï français (ancienne concession française). La population est d'environ 3 à 4 millions d'habitants. La ville est située sur le fleuve côtier Wampoo, C'est le centre le plus important de la Chine, car il transite tous les produits du plus grand fleuve d'Asie, le Yang-Tsé-Kiang. La Compagnie électrique et la Compagnie des Tramways sont françaises. La dernière transporte 40 millions de voyageurs, car les tramways de Changhaï sont comparables à des trains d'intérêt local, et les artères de Changhaï ont plusieurs kilomètres de longueur. Le capital immobilier d'avant guerre était de plus de 2 milliards de francs. Le quartier français a 7 kilomètres sur 2km,500. Le trafic est de 4 à 5 millions de tonnes. Toutes les industries et commerces y sont réunis. |
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![]() Carte de Shanghai en 1935, avec les limites de la Concession française inscrites en rouge. |
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Histoire de la Concession française de Shanghai
La concession française de Shanghai est un territoire chinois qui fut sous administration française de 1849 à 1946 dans la ville de Shanghai. Le territoire recouvre les quartiers actuels de Xuhui (anciennement Zi-Ka-Wei) et Luwan. Ce lieu résidentiel préservé est un point d'attraction des touristes de la ville.
Le traité de Huangpu, signé le 24 octobre 1844 entre la France de Louis-Philippe et la Chine de Daoguang, représente le signe d'une ouverture du marché chinois au commerce international, jusqu'alors réduit au seul port de Canton. L'une des cinq villes concernées est Shanghai1. En janvier 1847, Charles de Montigny, l'un des participants aux négociations du traité, y est nommé consul de France. Il y arrive en janvier 1848 et présente ses lettres de créance au Daotai (chef de circonscription, dao) Lin Kouei. La ville ne compte alors qu'une petite communauté d'une trentaine de Français, presque tous missionnaires ou jésuites, qui viennent d'ouvrir leur collège Saint-Ignace en 1847, et peu de commerçants. Mais un négociant en vins venu de Canton demande l'aide de Montigny pour développer son activité. Le consul, suivant la ligne établie en 1842 par son homologue anglais Georges Balfour, parvient à signer, le 6 avril 1849, une proclamation qui fixe l'emplacement du territoire de résidence des Français, malgré le manque d'enthousiasme de l'ambassadeur Forth-Rouen. La concession, constituée de marécages inhabités, est située au nord de la ville chinoise. Elle est limitée, à l'est, par le Huang Pu, à l'ouest, par Defense Creek, au sud, par le rempart de la vieille ville et, au nord, par la concession britannique dont elle est séparée par un canal, le Yang King Pang2. Ses dimensions (66 hectares) sont nettement plus modestes que celles de sa consœur anglaise (199 hectares). |
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![]() SHANGAI 1903 Collection CPA lpm 1900 |
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Montigny œuvra au développement économique de la concession, n'hésitant pas à solliciter les religieux français de toute la Chine pour lui fournir des produits à exporter vers la France. Cependant, en 1853, l'invasion de la ville par les Xiaodao hui, mouvement rebelle chinois, mit à mal les concessions française, anglaise et américaine, qui construisirent alors une muraille de protection. Un second assaut de l'armée Taiping eut lieu le 20 août 1860 4. Après plusieurs mois de lutte, les rebelles furent difficilement repoussés par une milice d'une centaine, puis d'un millier d'hommes, emmenée par un aventurier américain, Frederick Townsend Ward, assisté d'un Français : Albert-Édouard Le Brethon de Caligny. Ces années de trouble inciteront la concession à s'organiser et à mettre en place une force publique propre. En outre, alors que plus de 20 000 réfugiés des campagnes chinoises, fuyant les violences des Taipings, s'étaient précipités vers les concessions étrangères, la concession française fut agrandie de 59 hectares en 1861 et un pont la reliant à la concession britannique fut construit.
L’église Saint-Joseph fut édifiée la même année, alors qu'était créé un Conseil municipal, composé de cinq propriétaires français et présidé par le consul lui-même. Cent personnes constituaient alors la communauté française. Dès 1856, le consul Benoît Edan avait mis en place une petite police qui deviendra la « Garde municipale », d'environ vingt-cinq hommes. Avec le conseil municipal, la garde s'organisa, elle atteindra d'ailleurs 3 000 hommes à l'aube de la Première Guerre mondiale. Le conseil nomma aussi un collecteur d'impôts ainsi qu'un inspecteur des routes.
Mais le nouveau consul, le vicomte Antoine Brenier de Montmorand, entra rapidement en conflit avec le Conseil. S'ensuivit une longue période de désorganisation, accentuée par le départ des réfugiés chinois après la guerre, le déclin des affaires commerciales et le surgissement de sombres affaires d'opium. De graves incidents entre Chinois et Français en 1874 ranimèrent de vives tensions au sein de la concession.
Nonobstant, les affaires continuent de prospérer. L'arrivée en 1863 des Messageries nationales participe au développement du commerce, en particulier des précieuses soieries exportées vers la région lyonnaise. Plusieurs banques viennent aussi s'installer au sein de la concession. |
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Mais en mai 1899, l'extension signée par le consul de France ne fut que de 68 hectares, alors que, au même moment, la concession internationale (fusion des concessions britannique et américaine) s'agrandissait de 760 hectares. Le refus d'alliance entre les deux concessions eut raison de la France, qui s'en trouva défavorisée. Parallèlement, le mouvement de révolte des Boxers s'étendait et multipliait les exactions contre les chrétiens des provinces chinoises. En 1900, les missions étrangères sont prises pour cibles et les légations, attaquées. Mais les troupes alliées se préparent. Après la libération de Pékin par l'Alliance des huit nations, le contingent de 8 000 hommes stationné à Shanghai quitte la ville.
C'est ici que se trouvait la plus grande université de Chine de l'époque, l'université Jésuite Aurore (1903-1952), avenue Dubail.
Jusqu'en 1940, la concession française connut un développement spectaculaire, les ruisseaux furent comblés et de grandes avenues furent tracées. On plante des platanes en 1902 avenue Joffre, qui font aujourd'hui le caractère de la vieille ville. Ils sont depuis appelés par les Chinois « arbres français ».
La concession s'étendait au centre, au sud et l'ouest de la partie urbaine de la ville. Une bande de territoire allait en plus à l'est par la rue du consulat5, jusqu'au quai de France au sud du Bund. Le tramway fit son apparition en 19066, de même que l'automobile, dont le nombre dépassa 4 000 en 19317.
Une dernière extension est réalisée en 1914. Même les troubles de la Première Guerre mondiale n'affectent qu'à peine la concession |
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Document officiel (portant la signature du consul Meyrier) daté du 28/2/1946 par lequel le
Le 28/2/46, la France et la Chine signent donc deux traités majeurs, le premier, par lequel la France renonce à tout droit d’extraterritorialité en Chine et rétrocède ses concessions, le second réglant la question du départ des troupes chinoises d’occupation en Indochine du Nord. |
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Le 23 juillet 1921, fut une aussi une date importante pour l'avenir politique de Chine puisque ce fut aussi au sein de la concession française, dans une maison de briques grises sise rue Huangpi, que ce tînt le congrès fondateur du Parti communiste chinois8
En 1930, la concession française de Shanghai est à son apogée. C'est aussi à l'époque un quartier résidentiel prisé, où les étrangers aiment demeurer, surtout dans la partie nouvelle de la concession, où ils peuvent construire des maisons plus spacieuses. Les Américains y installent leur American College, rue Pétain9. Un afflux de Russes blancs après la révolution de 1917 fait croître leur population dans la concession de 41 (en 1915) à 7 000, et à 8 260, après l'occupation japonaise de la Mandchourie en 1934. En 1934, la concession française compte 498 193 habitants, dont 18 899 étrangers, parmi lesquels 8 200 Russes-Blancs et seulement 1 430 Français10.
Dès 1941, l'occupation de Shanghai par les troupes japonaises force des dizaines de milliers de Chinois à se réfugier dans les concessions. L'accord sino-britannique de février 1943 instaure la restitution de la concession internationale à la Chine, tandis que le 30 juillet 1943, le consul général, Roland de Margerie remet les clefs de la concession française au maire de Shanghai11. C'est un accord franco-chinois qui met officiellement fin à la concession française de Shanghai le 1er mars 1946. |
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![]() Nouvelle édition de « Carte de la situation politique » |
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L'auteur (Tse Tsan-tai, 1872-1939) l'utilise pour exprimer l'invasion des puissances occidentale à la fin du XIXe siècle. L'ours représente la Russie au Nord, Le lion britannique (dessiné avec une queue entourant la Péninsule du Shandong, où se situait la colonie Britannique de Weihai), le Royaume-Uni au Sud-Est, la grenouille (vision britannique de la France), au Sud, venant d'Indochine (alors colonie française), la Pygargue représente les États-Unis au dessus des Philippines qu'ils avaient à cette époque envahi. Le soleil du Japon caché sous derrière le pays envoie quelques rayons vers un fumeur d'opium chinois, allongé au milieu de la carte. Quelques autre pays font la queue pour envahir la Chine (en dessous de la carte) ; Prusse, suivie par d'autres pays européens, Empire austro-hongrois, Italie, Suisse... |
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