LES 49 ABBES DU MONT-SAINT-MICHEL
  LOUIS-JOSEPH DE MONTMORENCY 49eme ABBE 1788-1791
 

 

     
 

Fulgence Girard,

Histoire géologique, archéologique et

pittoresque de Mont Saint-Michel,

Avranches, E. Tostain, 1843

 

Louis-Joseph de Montmorency-Laval,

né le 11 décembre 1724, mort le 17 juin 1808 à Hambourg-Altona, est un ecclésiastique français, évêque d’Orléans de 1754 à 1758 ; évêque de Condom de 1758 à 1760 puis 94 eme évêque de Metz de 1760 à 1801 et grand aumônier de France depuis 1786, nommé cardinal le 30 mars 1789.quarante-neuvième abbé du Mont Saint-Michel


De très haute noblesse

 

Issu de l’illustre maison de Montmorency, il est le fils de Guy-André de Montmorency-Laval et de Marie-Anne de Turménies de Nointel.  Il fit des études en Sorbonne et dès 1743, il est abbé commendataire de l’abbaye Sainte-Croix de Bordeaux.

 

Louis-Joseph de Montmorency-Laval,

 
 
     
 

Il obtient une licence de droit canonique et est nommé vicaire général de Sens, puis en 1754, à l’âge de 29 ans, évêque d’Orléans mais, pour cause de jansénisme, le roi Louis XV exige sa démission et le fait muter dans le petit diocèse de Condom en 1758.

 

Retrouvant la confiance du roi, il est nommé en 1760 au siège prestigieux de prince-évêque de Metz à la mort de Claude de Rouvroy de Saint-Simon. En 1766, il est nommé chanoine de la cathédrale de Beauvais, en 1775 de l’abbaye Saint-Arnould de Metz et depuis 1788 de l’abbaye du Mont-Saint-Michel.

 

Choisi par le roi Louis XVI pour succéder au cardinal de Rohan comme grand aumônier de France en 1786, après la scandaleuse affaire du collier de la reine, il est fait commandeur de l’ordre du Saint-Esprit la même année.

 

En 1787, il dirige le synode provincial des Trois-Évêchés (évêchés de Metz, Toul et Verdun). Le 30 mars 1789, il est élevé au cardinalat par le pape Pie VI.

 
     
 
 
 

CPA collection LPM 1900

 
     
 

De grands échecs

 

Il eût aimé s’adjoindre comme coadjuteur son neveu Anne-Adrien mais le jeune homme, élevé auprès de lui dans la cité messine préféra la carrière des armes.

 

Autre déception, ce prélat, grand seigneur et proche, par ses fonctions, de la famille royale, ne fut pas élu par le clergé messin aux États généraux de 1789.

 

Quand la Révolution s’en prit au clergé et aux ordres religieux, il lutta de toutes ses forces contre la constitution civile du clergé. Nonobstant, fin avril 1791, il dut se retirer de la cour, d’abord dans la partie germanophone de son diocèse puis, finalement, à Trèves, archidiocèse dont dépendait l’évêché de Metz et dont le titulaire, le duc Clément Wenceslas de Saxe était un oncle maternel du roi. Il était alors âgé de 67 ans.

 

Émigration

 

Fin octobre 1792, il se rendit à Düsseldorf où il resta jusqu’au 15 février 1793. De là, il rendait visite à des émigrés à Maastricht. Fin octobre, il célébra dans l’église des jésuites de Mannheim une neuvaine de messes pour le repos de l’âme de la reine Marie-Antoinette qui avait été exécutée le 16. Il revint ensuite à Düsseldorf.

 

Sa cousine Marie-Louise de Montmorency-Laval, dernière abbesse de Montmarte fut guillotinée le 24 juillet 1794 à Paris malgré son âge et ses infirmités : âgée de 71 ans, elle était sourde, aveugle et grabataire.

 

Quelques années plus tard, sur la demande du prétendant en exil et futur Louis XVIII, le cardinal maria à Mittau Madame Royale (fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette) avec son cousin le duc d’Angoulême (1799).

 

À cette époque, il résida à Münster et, finalement, à Altona près de Hambourg probablement en 1796 alors qu’il était déjà dans sa 72e année. Sur sa vie à Altona peu de choses nous a été transmis. On se souvint encore longtemps qu’il serait allé en soutane rouge par les rues et aurait donné à cette occasion de l’argent aux enfants. Celui qui lui servait la messe le plus souvent était un certain Aloys Kleyser qui possédait une auberge dans la rue appelée « Grosse Freiheit », à proximité de l’église catholique.

 
         
 
 
 

CPA collection LPM 1900

     
         
 

Dernières années

 

Son âge avancé lui interdisait probablement un rôle très actif, comme certains de ses compagnons d’infortune. Outre une gouvernante, il avait à son service une religieuse de l’ordre de Saint-Vincent, probablement pour le soigner. Après la mort du cardinal, cette dernière reçut une somme d’argent en legs.

 

De son héritage on fit d’abord un inventaire, on le mit sous scellés et plus tard, en 1810, le tout fut vendu aux enchères, et le produit de vente distribué à la famille du cardinal. De son vivant, il avait déjà légué le nécessaire de sa chapelle domestique à son vicaire général, Henry de La Chambre d’Urgons, évêque auxiliaire et évêque titulaire d’Orope.

 

Quand le pape Pie VII invita tous les évêques français à démissionner à la suite du Concordat signé avec Bonaparte, le cardinal septuagénaire ne put se décider à cette démarche. Il resta en exil et garda jusqu’à sa fin de sa vie son titre d’évêque de Metz.

 

Il mourut à 84 ans, le 17 juin 1808 et fut inhumé dans la crypte de l’église Saint-Joseph dans la « Grosse Freiheit ». Presque cent ans plus tard, le 4 juillet 1900, Metz et Altona n’étant plus séparées par une frontière, ses restes furent transférés et inhumés dans la crypte de la cathédrale de Metz. La crypte de l’église Saint-Joseph d’Altona a été détruite par un bombardement pendant la Deuxième Guerre mondiale.

 
         
 

CPA collection LPM 1900