LES PLANTES QUI NOURRISSENT
  20. POMME DE TERRE (solanum tuberosum)
         
 

POMME DE TERRE

(solanum tuberosum)

 

- Cette solanée si importante est une plante herbacée abondamment feuillue, dont les feuilles sont irrégulièrement composées. Ses fleurs sont blanches ou violacées.

 

Ses fruits sont des baies vertes qui, non seulement ne sont pas comestibles, mais encore sont susceptibles de produire des empoisonnements. De la base de la tige partent des rameaux souterrains qui se renflent en des tubercules de formes variées suivant les espèces. Ce sont ces tubercules, remplis d’amidon, que l’on mange ; ce ne sont pas des racines, mais des tiges : à la surface, il y a des « yeux » qui sont autant de petits bourgeons placés à l’aisselle d’écailles rudimentaires. C’est d’ailleurs avec quelques-uns de ces tubercules que l’on propage la plante. A ce sujet, M. A. Girard a fait quelques remarques intéressantes :

 

Généralement, les plants sont mis en terre, comme ils viennent et sans choix ; même c’est une coutume que de livrer à la vente tous les beaux produits et de réserver pour le plant tous les rebuts ; on ne saurait agir avec plus de maladresse

 
 
   
PLANTES QUI NOURISSENT
PLANCHE III  -20 POMME DE TERRE
 
     
       
 

A chaque tubercule appartiennent des qualités de reproduction qui se retrouvent intactes dans sa descendance ; tout tubercule provenant d’un sujet à grand rendement fournit, presque à coup sûr, une récolte abondante et riche, et réciproquement, touttubercule provenant d’un sujet à faible rendement ne produit, généralement, qu’une maigre récolte, d’où cette conclusion nécessaire : c’est aux touffes à grand rendement qu’il convient de demander les tubercules de plant.

 

Ces touffes à grand rendement, il est, au reste, aisé de les reconnaître à l’avance, car il existe toujours une relation presque proportionnelle entre la puissance de la végétation aérienne qu’une touffe de pommes de terre développe et l’abondance de la récolte souterraine que cette touffe fournira. Si les tiges sont hautes, couvertes de belles feuilles d’un vert sombre, les tubercules, au pied, seront nombreux et lourds ; si les tiges sont maigres, si le feuillage qu’elles portent est d’un vert jaunâtre, ils seront peu nombreux au contraire et de faible poids.

 

Pour opérer la sélection, le cultivateur possède donc un procédé très simple ; celui-ci consiste à marquer, dans le mois de juillet, les sujets à végétation vigoureuse pour, avant l’arrachage général, faire de ces sujets marqués une récolte partielle à laquelle on demandera exclusivement les tubercules de plant. Répétée pendant deux ou trois années, cette sélection mettra aux mains de cultivateur un plant de premier ordre dont il ne lui restera plus qu’à surveiller la descendance. Parmi ces tubercules de race, il lui faudra cependant, s’il veut assurer la régularité de ses rendements, faire un choix encore ; suivant leur grosseur, en effet, les plantes fournissent des récoltes différentes. Les petits ont une puissance productive quelquefois énorme, mais leur faible poids s’oppose toujours à ce que cette productivité aboutisse à un rendement élevé sur une surface donnée ; aussi ne peut-on les planter utilement qu’en les réunissant au nombre de deux ou trois dans un même paquet. Les moyens et les gros donnent, en général, des récoltes peu différentes et, par suite, c’est chose inutile que de sacrifier les gros pour la plantation ; les moyens, à moindres frais, donneront, habituellement, des récoltes aussi belles. C’est donc au pied des touffes vigoureuses que, toujours, le cultivateur devra prendre ses tubercules de plant ; autant que possible, ceux-ci, pour que le rendement soit uniforme, devront être tous de poids égal, et c’est parmi les moyens qu’il les faudra choisir.

 

Le poids de ces tubercules moyens est, naturellement, différent suivant les variétés ; mais on peut dire qu’en général, pour les variétés à grand rendement, il doit être compris entre 80 et 120 grammes ; pour les variétés à rendement ordinaire, entre 50 à 80 grammes. Ces tubercules choisis, le cultivateur, s’il veut mettre son plant à l’abri de mainte avarie, doit les planter entiers, non coupés et exempts de toute blessure. En général, c’est de toute autre façon que l’on opère ; pour économiser le plant, la plupart coupent et recoupent les tubercules quelquefois jusqu’à ne laisser qu’un œil à chaque fragment. Cette coutume est mauvaise et c’est souvent à une diminution considérable de la récolte qu’elle aboutit. La théorie indique qu’il en doit être ainsi et la pratique le confirme.

 

Toute section, toute blessure faite aux tubercules est, en effet, une porte ouverte pour les spores des champignons qui déterminent la nourriture, pour les germes des microbes qui produisent la gangrène du pied, etc. Si l’année est sèche, le mal pourra quelquefois prendre plus d’importance ; mais, si l’année est humide, l’invasion des tubercules par ces parasites deviendra, dans ces conditions, singulièrement facile et souvent on verra la culture aboutir à un véritable désastre.

Les tubercules constituent pour l’homme un excellent aliment. On les donne aussi aux animaux après les avoir fait cuire. On en extrait aussi industriellement la fécule. Saccharifiée, celle-ci donne le glucose ou sucre de raison. Fermentée, on en tire un mauvais alcool.