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Par Benoît Canu Agent de valorisation du patrimoine Guide-conférencier du Pays d’Art et d’Histoire du Clos du Cotentin Témoins souvent oubliés d’usages révolus, les moulins qui constellaient les cartes anciennes du Cotentin ont, jusqu’après leur abandon et celui de leur voirie ou de leurs biefs, durablement marqué les paysages.
Assis sur leur chaussée, appuyés à la motte castrale ou isolés en fond de vallon, moulins à eau puis minoteries ont rendu méconnaissable le cours initial des rivières jusque dans les estuaires où la topographie façonnée par les moulins à marée n’est plus lisible.
Quant aux moulins à vent, indicateurs de milieux jadis plus ouverts (labours laniérés ou landes rases), leur « architecture-machine » animait le relief avec d’autant plus de singularité que des tourelles d’un type primitif, peut-être inventé ici même, y portaient encore au XIXe siècle, d’énigmatiques cages de mouture. | ||||||||
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L’abondance relative des moulins en Cotentin | ||||||||
L'ancien moulin de la Planque, sur le ruisseau de la Vallée à Agon Coutainville Collection CPA LPM 1900 | ||||||||
Mieux encore que les statistiques administratives [1], les signes portés sur les cartes anciennes [2] (fig. n°1) traduisent la densité des moulins en Cotentin, signalant parfois de véritables chapelets (rivières de Sinope, Saire [3], Divette, But…) ou batteries (crêtes et monts de la Côte des Iles, coteaux et plateaux du Plain).
Leur recensement diachronique, enrichi aux traditionnels filons molinologiques » [4] et par des prospections de terrain, permet d’estimer à assurément plus de 800 le nombre de moulins ayant œuvré en Cotentin.
Cependant, ce total masque le déséquilibre des forces utilisées : à la faveur d’un réseau hydrographique parmi les plus denses de l’Ouest, alimenté par des précipitations régulières et abondantes, plus des trois quarts étaient mus par la force hydraulique, la part restante - environ 180 - profitant d’un potentiel éolien actuellement redécouvert par les promoteurs de fermes éoliennes, alors que quelques unités seulement composaient la minorité originale, méconnue et précocement disparue des moulins à marée. | ||||||||
Fig. 1 - Les environs de Barneville, Mariette de La Pagerie. Partie septentrionale du Diocèse de Coutances (détail). Paris : Langlois, 1689, A. D. de la Manche (1 Fi Manche 113) © A. D. de la Manche, 2004 | ||||||||
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