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HEBDOMADAIRE Parution le JEUDI N° 189 du 28-11-2013
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HEBDOMADAIRE Parution le JEUDI N° 199 du 06-02-2014 | |||||||
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HEBDOMADAIRE Parution le JEUDI N° 209 du 17-04-2014 | |||||||
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HEBDOMADAIRE Parution le JEUDI N° 219 du 26-06-2014 | |||||||
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HEBDOMADAIRE Parution le JEUDI N° 229 du 06-11-2014 | |||||||
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HEBDOMADAIRE Parution le JEUDI N° 239 du 15-01-2015 | |||||||
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HEBDOMADAIRE Parution le JEUDI N° 253 du 15-01-2015 | |||||
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HEBDOMADAIRE Parution le SAMEDI N° 263 du 05-09-2015
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MONTFARVILLE
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MONTEBOURG
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HUBERVILLE
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COIFFE DU COTENTIN
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CŒUR D’ISIGNY
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CARENTAN
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COUTANCES
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GALETTE DE TOURVILLE
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SAINT PIERRE EGLISE
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SAINT LÔ
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COSQUEVILLE
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INTERCOMMUNALITES DE LA MANCHE |
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La Manche compte au 1er janvier 2014, 601 communes qui fédèrent l'intégralité du département
Elle comprend quatre pays: -Pays du Cotentin; -Pays de Coutances; -Pays saint-lois; -Pays de la Baie du Mont-Saint-Michel;
qui sont composés d'une communauté urbaine, d'une communauté d'agglomération et de 25 communautés de communes.
Le statut de « commune nouvelle » est créé par la loi du 16 décembre 2010 réformant les collectivités locales, plus précisément par son article 21. Il est amélioré par la loi du 16 mars 2015, qui garantit le maintien des dotations de l'État pendant trois ans aux communes fusionnées avant le 1er janvier 2016.
Trente-six « communes nouvelles » voient le jour dans la Manche le 1er janvier 2016 regroupant 121 communes. |
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Société des Forces Motrices de la Selune. CPA collection LPM 1950 | ||||||||||
La Manche Numéro spécial Supplément au numéro du 28 août 1926 de l'Illustration économique et financière Publication : Paris 1926 | ||||||||||
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L'Electrique de Normandie Les lecteurs assidus de nos publications n'ignorent pas l'effort considérable réalisé par différents départements pour doter leur population des bienfaits de l'électricité, ni de l'intérêt attaché par les pouvoirs publics à cet effort, qui doit fournir à la culture le moyen de traverser la crise actuelle de la main-d'oeuvre agricole.
La lumière et la force sont devenues une nécessité impérieuse à la campagne ; on a, il est vrai, essayé un peu partout de résoudre le problème par l'emploi de petits moteurs à essence, à gaz pauvre, à huile lourde. Nombre de cultivateurs se sont laissé séduire par les promesses fallacieuses des vendeurs habiles, mais partout, au bout de peu de temps - souvent même quelques mois -, le moteur était abandonné dans son coin parce que trop coûteux, et souvent parce qu'il ne marchait plus. Force a donc été d'en arriver à l'électricité et cela explique les sacrifices importants consentis par l'Etat pour l'électrification des campagnes.
La Manche, avant la guerre, était peut-être un des départements les moins avancés dans l'usage de l'électricité. | Electrification de la Manche | |||||||||
En dehors de Saint-Lô, sa préfecture, deux sous-préfectures seulement sur cinq étaient dotées d'une distribution d'énergie électrique. Quelques rares chefs-lieux de canton avaient bénéficié, soit d'une chute voisine, soit de l'initiative d'un industriel, pour équiper un petit secteur local, souvent fort rudimentaire, mais il n'existait rien de ces lignes de distribution dont maint département se trouvait déjà pourvu, et qui rayonnaient au moins sur les environs immédiats des villes électrifiées.
Pendant la guerre, un premier effort fut fait dans ce sens par la Société Gaz et Eaux, concessionnaire de la ville de Cherbourg, qui construisit une ligne vers le sud jusqu'à Valognes et Le Ham. Une oeuvre originale, beaucoup plus importante, fut réalisée par la Société des Forces Motrices de la Selune qui créa de toutes pièces usine et réseau pour desservir tout l'arrondissement d'Avranches et une partie du Mortainais ; mais, sur près de 100 kilom. encore, entre Valogne et Granville, le Cotentin restait démuni de toute distribution.
Il était tout indiqué que l'oeuvre de jonctionnement qu'il restait à faire fût entreprise conjointement par les deux Sociétés en présence, dont les usines et moyens de production différents : thermique au nord, à quai de déchargement des charbons, hydraulique au sud, sur la seule rivière de la région susceptible de fournir une puissance pratiquement utilisable, pouvaient en outre être utilement combinés en vue de la réalisation du meilleur prix de revient de l'énergie.
Ainsi naquit, en décembre 1924, L'Electrique de Normandie. Si les promoteurs de la nouvelle distribution départementale n'avaient aucune hésitation sur le programme technique à adopter pour mettre l'énergie à la portée de tous les cantons du département, ils ne pouvaient se dissimuler, en revanche, que dans la Manche, pays d'élevage beaucoup plus que de culture, à population disséminée, le problème financier posé par leur projet était, plus que partout ailleurs, difficile à résoudre.
Rien ne sert, en effet, d'établir des lignes de distribution d'énergie si, du fait de la dissémination et de la faible densité de la clientèle, les prix de vente susceptibles de rémunérer les lignes deviennent inaccessibles.
On sait comment le problème a été résolu dans la plupart des départements : une large subvention du département, aidé par le concours éventuel de l'Etat, a réduit les capitaux industriels nécessaires à ce genre d'affaire, à une proportion susceptible de trouver une rémunération normale dans des prix de vente convenables.
C'est cette formule qui fût adoptée par le département de la Manche, dont le Conseil général, par la hauteur et la netteté de ses vues, sut comprendre l'intérêt de la population et l'oeuvre entreprise par L'Electrique de Normandie. Grâce à la subvention départementale qui couvre une grande partie de la dépense à immobiliser, le régime d'exploitation du réseau de L'Electrique de Normandie est donc définitivement arrêté, et met à la portée de tous les services publics : Communes et Syndicats de communes, l'énergie électrique à des conditions normales.
Le réseau lui-même a nécessité de longues études pour réaliser la plus grande sécurité d'exploitation malgré l'impénétrabilité de certaines régions particulièrement boisées du Cotentin.
Il comporte deux lignes principales : Cherbourg-Granville et Cherbourg-Avranches, qui, toutes les deux, se croisent à Saint-Lô.
Granville et Avranches étant déjà reliées par le réseau des Forces Motrices de la Selune l'ensemble de la distribution constitue ainsi une sorte de « Huit » dont les quatre branches se prêtent à toutes les combinaisons, et permettent, en particulier, le sectionnement le plus rapide du réseau en cas d'accident local, en vue d'assurer la continuité du service par les bouclages rendus possibles par cette disposition.
Cet ensemble ne représente pas moins de 260 kilomètres de lignes traversant un grand nombre de chef-lieux de cantons, et dans tous les cas, s'approchant toujours suffisamment des autres pour que l'énergie puisse y être amenée économiquement par un réseau rural à moyenne tension.
Les lignes de L'Electrique de Normandie distribueront du courant triphasé à la tension de 30.000 volts, voltage déjà adopté par les départements voisins, ce qui permettra ultérieurement des interconnexions toujours désirables entre réseaux.
Les supports sont en béton armé, sauf dans certains points spéciaux, où ils sont en acier. Ils ont été prévus d'une hauteur telle qu'ils puissent, en outre de la ligne principale, supporter une ligne syndicale, et apporter ainsi à la constitution des syndicats de communes, un concours très appréciable.
Nous avons tenu à noter tout spécialement l'effort réalisé par le département de la Manche, en collaboration avec l'Electrique de Normandie, effort qui doit donner à la vie agricole du département des facilités chaque jour plus grandes, comme à sa vie industrielle de sérieuses possibilités de développement. | ||||||||||
Société des Forces Motrices de la Selune 1950 | ||||||||||
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La Manche Numéro spécial Supplément au numéro du 28 août 1926 de l'Illustration économique et financière Publication : Paris 1926 | ||||||||||
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La superficie de son territoire est de 592.544 hectares, divisée : en terres labourables, 154.850 hectares ; prés naturels, herbages, pâturages et pacages, 335.750 ; cultures maraîchères, 2.500 ; le reste en bois, forêts, terres incultes. C'est donc le quart de son sol qui est consacré aux céréales, et plus de la moitié sert à la production animale. Quant aux 2.500 hectares employés en cultures maraîchères, ils sont utilisés pour les asperges, le persil, les choux-fleurs et les pommes de terre.
Son climat est modéré : ni fortes chaleurs ni grands froids ; l'hiver, le thermomètre marque rarement quelques degrés au-dessous de zéro ; l'été, de 15° à 25° au-dessus.
L'élevage est favorisé par cette douce température ; elle permet de laisser toute l'année ou à peu près les animaux dans les champs, où ils sont abrités par des haies hautes garnies de grands arbres, contre les vents, les tempêtes, la pluie et le soleil. Pas de stabulation, source d'anémie, de dégénérescence, de tuberculose et de bien d'autres maladies. Cette vie au grand air engendre vigueur, énergie, robustesse et santé. | | |||||||||
Aussi, dans tout le département, se pratique un élevage intense et continu des races bovine et chevaline, qui doit sa prospérité à une sélection fort bien organisée.
On ne doit pas omettre de signaler que c'est dans la Manche qu'on détient le record pour la production cidricole, avec une moyenne de récolte annuelle de 3 millions d'hectolitres de cidre.
Cette abondance de production agricole ressort des statistiques de 1925 publiées par le ministre de l'Agriculture, où l'on constate qu'en animaux de ferme la Manche possède : espèce chevaline, 72.27 têtes ; espèce bovine, 407.360 sujets, ainsi répartis : vaches, 197.340 ; taureaux, 3.630 ; boeufs, 13.070 ; élèves de moins d'un an, 72.720 ; élèves au-dessus de douze mois, 120.580.
La jumenterie de la Manche est de 35.000 têtes, dont 20.000 sont livrées à la reproduction et donnent chaque année une disponibilité de 10.000 produits. | ||||||||||
Saint-Lô, le haras. collection CPA LPM | ||||||||||
C'est à cette jumenterie que l'on doit de célèbres étalons et juments trotteurs. Pour les purs sang : The heir of Linne, Buffalo-Bill, Gamboiseuil ; pour les demi-sang trotteurs : Reynolds, père de Fuschia, Lavater (grand créateur), Harley, Narquois, Nemrod, Jongleur et beaucoup d'autres remarquables sujets.
Aussi la remonte pour 40 % est recrutée dans ce département en animaux du type dragons, cuirassiers, artilleurs, selle, gendarme. L'Etat y puise 80 % de ses étalons.
C'est le pays qui alimente la production française de cheval de sang et de demi-sang. | ||||||||||
Saint-Lô, le haras. collection CPA LPM | ||||||||||
Non moins importante et célèbre est la vacherie de ce riche département, non seulement par ses qualités prolifiques (une vache donne une moyenne de huit veaux), par ses rendements en lait et en beurre, mais aussi par ses remarquables aptitudes à l'engraissement.
On estime que ses 200.000 vaches fournissent une moyenne de neuf litres par jour, répartis sur 365 jours, c'est-à-dire toute l'année, ce qui donne 657 millions de litres de lait ou 59 millions de livres de beurre. En en portant le prix à 8 francs le demi-kilo, on obtient une production annuelle beurrière de 477 millions de francs.
C'est de cette vacherie que sont sortis les reproducteurs renommés, tels que : Silencieux, Vainqueur, Kamikhi, Astronome Radoteur, Gondolier, Astronome, Barneville, etc. On en pourrait encore citer plus de quarante célèbres | ||||||||||
Réthoville, mére et produit du taureau Silencieux. Collection CPA LPM | ||||||||||
Mais dans les douze mois naissent de ces 200.000 vaches 150.000 veaux, dont 100.000 sont disponibles pour l'exportation hors du département. Aussi a-t-on dû envisager, pour écouler cette constante production, de nombreux débouchés, par l'organisation de foires et de marchés.
Les statistiques révèlent qu'il y a 80 grandes foires où il se vend 80.000 têtes d'animaux (chevaux et bovins), auxquels il y a lieu d'en ajouter 20.000 achetées chez les exploitants.
A ces foires se pressent éleveurs du nord, du centre et de l'ouest de la France. Ils y achètent des taureaux, des vaches laitires, des chevaux, sachant par expérience la réussite dans leurs fermes de ces animaux sains et sévèrement sélectionnés. Cette sélection s'opère à trois degrés.
Chaque canton possède un comice où, au moins une fois par an, sont présentés par les agriculteurs leurs animaux d'élite, dans un concours qui les classe par ordre de mérite et décerne des récompenses à titre d'encouragement, ce qui constitue le 1er degré.
Tous les cantons, quelques jours après, se réunissent au chef-lieu de l'arrondissement, avec leurs meilleurs sujets d'élevage. Un concours en opère encore le triage, donnant des prix rémunérateurs. C'est le 2e degré.
Enfin, chaque année, à la fin du mois de septembre (en 1926 du 23 au 26), 500 bovins et 400 poulinières suitées ou non, sont réunis à Saint-Lô, chef-lieu, venus de tous les coins du département, lauréats de canton ou d'arrondissement, et là il s'instaure un troisième concours. C'est le classement définitif, ou 3e degré.
Aussi, rien de surprenant à voir ces sujets d'élite se vendre à des prix qui vont de 5.000 à 45.000 francs ; et les étrangers se presser en foule à ce dernier concours de sélection. C'est qu'en effet ceux qui aiment le cheval (et ils sont encore bien nombreux en France) sont ravis d'admiration devant la présentation des majestueuses poulinières et des puissants étalons. L'un d'eux me disait ces jours-ci :
« Ce spectacle, je me le paie tous les ans. »
Et pour les éleveurs de tous pays qui veulent améliorer leurs troupeaux bovins ne sont-ils pas vivement intéressés et instruits par ce groupement de tout ce qu'il y a vraiment de beau dans la Manche : structure, pelage, harmonie des formes, tout se trouve concentré dans une magnifique exposition, unique au monde.
Le concours départemental compte 30.000 visiteurs, français ou étrangers, et rien ne peut mieux fixer les idées sur cette merveilleuse fête agricole que de rappeler l'appréciation admirative de M. Leroux, inspecteur général, dans un discours qu'il fit au banquet l'an dernier :
« Je n'ai pas vu de plus beau concours, s'écria-t-il ; pour moi, pas un département ne peut en produire de pareil, pas même Paris à son concours général ! »
E. DAMECOUR, Sénateur de la Manche, Président du Syndicat des Agriculteurs de la Manche | ||||||||||
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La Manche Numéro spécial Supplément au numéro du 28 août 1926 de l'Illustration économique et financière Publication : Paris 1926 | ||||||||||
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Lorsque l'Assemblée Constituante remplaça les anciennes divisions territoriales par des départements, la Normandie fut séparée en cinq parties. Pour les désigner, on choisit les rivières, la Seine, l'Eure, l'Orne, les rochers connus sous le nom de Calvados. La cinquième région reçut le nom de la Manche : c'était justifié.
Le département est celui dont cette mer baigne les côtes sur la plus grande étendue. C'est celui dont les rivages réunissent les aspects les plus variés et les plus pittoresques ; il n'a pas, d'ailleurs, comme ses frères normands, un centre unique : c'est, en somme, à la mer qu'il doit son unité.
Le touriste qui parcourt ses côtes, s'il arrive par Carentan, voit successivement des plages de sable, de galets, de hautes falaises ; après les roches couvertes de varech, il se repose sur les dunes et les vastes étendues que la mer découvre à chaque marée. Mais, avant tout, c'est la mer qui s'impose, cette mer tantôt calme et bleue, tantôt grise et furieuse, qui, par trois côtés, borde le département. | | |||||||||
A l'intérieur des terres, la caractéristique du pays c'est la verdure. Verts sont les anciens marais de Carentan, conquis jadis par le travail des Hollandais et devenus de fertiles pâturages. Vertes sont les régions qui composent la plus grande partie de la Manche ; généralement divisées en clos d'un ou de plusieurs hectares, la minorité en terres de labour ou en plants de pommiers, la plus grande partie en herbages, mais toujours séparées par des haies plantées d'arbres qui donnent l'illusion d'une immense forêt.
La côte est sablonneuse de Carentan à Réville ; elle attire les baigneurs qui cherchent la vie calme et reposante ; ils la trouvent dans les villages riverains et à Quinéville, Saint-Vaast-la-Hougue, Barfleur, Gatteville, avec son grand phare en face des terribles rochers et des courants de marée que l'on appelle raz dans le pays : raz de Barfleur, raz du Cap-Lévy, raz Blanchard. | ||||||||||
Aux sables, succèdent les galets et les roches jusqu'à Fermanville ; puis, c'est la rade de Cherbourg, et au delà, Landemer, Omonville, Jobourg, dont la falaise de 128 mètres de haut dépasse toutes celles que l'on trouve de Dunkerque à Bayonne, et dont le nez, ou pointe de Jobourg, s'avance au milieu des récifs si périlleux du raz Blanchard.
Voici maintenant l'anse sablonneuse qui va de Vauville à Carteret, divisée par le cap de Flamanville. C'est de Carteret que l'on peut gagner l'île de Jersey, qui se montre à environ trente kilomètres au large.
Du cap de la Hague à Granville, on aperçoit les îles normandes : Jersey, Guernesey, Sark, Aurigny. Elles représentent le dernier reste du duché de Normandie, d'où partit Guillaume le Conquérant pour s'emparer de l'Angleterre ; aussi ont-elles conservé des prérogatives et une législation particulières. On se rend de Jersey à Carteret en 1 h. 20 et à Granville en 1 h. 50.
De Carteret à Granville, les plages sont à la fois sablonneuses et rocheuses ; elles présentent, çà et là, des estuaires ou havres, à Barneville, à Portbail, Surville, Saint-Germain-sur-Ay ; avant celui de Regnéville, signalons la jolie station de Coutainville. | Phare de Gatteville,jour de tempéte, CPA collection LPM 1900 | |||||||||
Puis, le noble bastion de Granville avance dans la mer la pointe du Roc, et reprennent ensuite les plages, justement fréquentées, de Saint-Pair, Carolles, Saint-Jean-le-Thomas, Genêts, d'où l'on se rend en voiture au Mont-Saint-Michel. Au fond de l'immense baie de sable qui va de Carolles à Cancale, deux rivières : la Sée et la Sélune, viennent se réunir sous Avranches, pour se jeter dans la mer. En face, c'est Pontorson et l'embouchure du Couesnon, qui forme la limite de la Normandie et accompagne la jetée insubmersible qui, aux yeux des artistes et des poètes, a le tort de relier à la terre le Mont-Saint-Michel.
Tous ces rivages, que nous venons de passer brièvement en revue, sont d'année en année fréquentés davantage par les baigneurs et touristes. Ceux qui aiment les jeux, les théâtres, les danses, les trouvent à Cherbourg, à Granville. Mais ceux qui préfèrent le repos, la vie modeste, la pêche souvent fructueuse, viennent de préférence dans les petites stations, où ils jouissent du grand air, des beaux horizons, des environs agrestes, et où s'offrent souvent à eux d'intéressantes excursions.
En somme, c'est la mer qui, pour notre département, attire avant tout les visiteurs. Mais il serait inexact de penser que l'intérieur des terres ne présente pas de sujets dignes d'attirer l'attention.
Une seule rivière est navigable : la Vire, qui passe à Saint-Lô et se jette dans la mer à Isigny, partageant avec la Taute, qui forme le port de Carentan, le vaste estuaire appelé la baie des Veys ; les autres cours d'eau, tels que la Saire, la Divette, la Soulle, qui passe sous Coutances, et la Sienne, qui la rejoint à Heugneville, etc., ne servent guère qu'à faire marcher des moulins, à l'arrosage et à la pêche. Faisons toutefois une exception pour la Sélune, qui, grâce à une chute de trente mètres, permet, et surtout permettra prochainement d'électrifier une importante partie du département. | ||||||||||
Lessay veille de foire vers 1926, CPA collection LPM 1900 | ||||||||||
Les collines atteignent rarement une grande hauteur ; elles ne dépassent pas 180 mètres au cap de la Hague, mais s'élèvent à plus de 300 mètres dans la région de Mortain. Par-ci, par-là, des landes, dont celle de Lessay est la plus importante.
Le pays est en partie granitique. Mortain est remarquable pour les superbes rochers qui le dominent ; remarquable aussi pour la forêt de Lande-Pourrie qui l'avoisine. C'est à l'orée de cette forêt que l'on exploite les mines de fer de Bourberouge ; celles de Diélette sont encore sous séquestre.
On trouve, çà et là, des restes des anciens habitants des temps préhistoriques ; à Bretteville, à Beaumont-Hague, à Flamanville, des allées couvertes ou des dolmens ; un atelier de silex taillés intéressant à Biville. Combien de témoignages de ces temps mystérieux ont été détruits à des époques où ces restes n'intéressaient personne !
La domination romaine se rappelle encore dans les ruines d'Alleaume, faubourg de Valognes ; on a trouvé des haches de bronze, des pièces de monnaie, même de beaux médaillons d'or. Mais assez d'archéologie, n'empiétons pas sur les temps plus récents.
La Manche a toujours été, elle est encore un pays agricole par excellence ; mais, depuis cinquante ans, les conditions de la culture se sont sensiblement modifiées. La douceur du climat a encouragé à produire des primeurs, pommes de terre, choux-fleurs, etc., dans les mêmes conditions et avec le même succès qu'en Bretagne. La température permet, en effet, surtout au voisinage de la mer, d'obtenir des camélias, des lauriers, des palmiers en pleine terre. Et, d'autre part, l'humidité de l'air, causée par les vents du Sud-Ouest qui soufflent près de trois cents jours par an, rend le sol exceptionnellement favorable aux pâturages. Ajoutons que, depuis quelques années surtout, la main-d'oeuvre devient toujours plus rare et plus chère, et l'on comprendra que le labourage, qui présentait encore, la majorité de la superficie il y a cinquante ans, a laissé presque partout la place aux herbages. | ||||||||||
Foire de Lessay vers 1926, CPA collection LPM 1900 | ||||||||||
C'est pourquoi l'agriculture, dans la Manche, se dirige surtout vers l'élevage et la laiterie. Nous ne parlerons pas ici des splendides résultats obtenus ; ce sera l'objet d'un autre article. Nous ne parlerons pas davantage du cidre, du calvados, de plus en plus appréciés. Nous laisserons à d'autres le soin de rendre compte de notre industrie, de notre commerce. Nous ne voulons donner ici qu'un aperçu très succinct des caractéristiques du département et nous nous bornerons maintenant à dire quelques mots de notre population et de nos centres habités.
La Manche peut se représenter comme divisée en deux régions principales, correspondant aux anciens évèchés, le Cotentin et l'Avranchin.
L'évêché d'Avranches a été réuni à celui de Coutances, mais aux anciennes capitales ecclésiastiques a succédé la capitale politique et administrative : Saint-Lô.
Toutefois, si Saint-Lô possède la préfecture, Coutances, outre l'évêché, a conservé la Cour d'Assises ; la ville est donc restée le centre religieux et judiciaire.
Enfin la capitale militaire et maritime est en même temps la ville la plus peuplée du département, c'est Cherbourg, qui compte plus de 38.000 âmes et, avec ses communes suburbaines d'Octeville, d'Equeurdreville et de Tourtaville, plus de 50.000.
Saint-Lô réunit plus de 10.283 habitants ; vient ensuite Granville, simple chef-lieu de canton, avec plus de 10.446 ; suivent les sous-préfectures : Avranches (6.790), Coutances (6.394), Valognes (4.985) ; enfin Mortain n'a que 1.657 habitants ; la ville la plus peuplée de l'arrondissement est Saint-Hilaire-du-Harcouët, avec plus de 3.000 âmes.
Saint-Lô, Coutances, Avranches et Valognes, anciennes villes fortes créées par les tribus gauloises et domptées par la conquête romaine ; les premières dominent le pays environnant ; les cathédrales de Coutances et de Saint-Lô comptent parmi les plus remarquables monuments gothiques. Mais bien d'autres églises méritent d'être appréciées, celles de Valognes, de Lessay, Saint-Pierre de Coutances, Sainte-Marie du Mont, Carentan, etc.
Les anciennes abbayes que comptait le département sont transformées ou ruinées ; les plus belles ruines sont celles de Hambye ; il subsiste de beaux restes de l'abbaye du Voeu de Cherbourg, aujourd'hui caserne d'artillerie. | ||||||||||
Ruines de l'Abbaye de Hambye vers 1926, CPA collection LPM 1900 | ||||||||||
Mais les oeuvres les plus merveilleuses du génie humain que possède le département sont à ses extrémités : au Nord, la rade de Cherbourg et surtout la Digue. Au Sud, le Mont-Saint-Michel ; chacun de ces sujets mériterait un article spécial.
Nous avons fait allusion à la population de la Manche ; elle est surtout agricole, et malheureusement depuis déjà longtemps elle tend à décroître. La facilité des communications et le développement de la grande industrie ont entraîné la suppression d'un grand nombre de petits métiers, filateurs, tisserands, teinturiers, tailleurs, etc. ; la substitution de l'élevage au labourage a eu pour conséquence une réduction de la main-d'oeuvre ; autant qu'ailleurs l'attraction vers les villes s'est manifestée.
Mais on peut dire, sans être accusé de flatterie envers ses compatriotes, que les habitants de la Manche se distinguent par leur esprit aussi réfléchi que pratique. Ils sont attirés par le progrès, mais ils portent avant tout dans leurs actes l'ordre et l'économie, qui sont des vertus normandes.
La race n'est pas tout à fait homogène : le type du Nord tient plutôt du pur normand, et vers le Sud on peut constater l'influence bretonne ; toutefois, malgré ces divergences, on peut constater un grand esprit de solidarité, dont les représentants, au Conseil général, des quarante-huit cantons ont toujours donné la preuve.
Le département a donné naissance à plusieurs hommes illustres ; nous n'en citerons que quatre : le maréchal de Tourville, le glorieux vaincu de La Hougue, le vainqueur du Cap Saint-Vincent ; Leverrier, de Saint-Lô, l'astronome qui découvrit la planète Neptune par le calcul ; J.-F. Millet, de Gréville, le peintre de l'Angelus, et enfin Barbey d'Aurevilly, l'auteur de romans qui l'ont fait surnommer le Walter Scott normand.
En somme, on peut dire que les Manchots sont de bons Français ; ils l'ont prouvé, dans la dernière guerre, par leur admirable tenue devant l'ennemi. Ils montrent, dans leurs manifestations, l'esprit raisonnable et pondéré qui fait de ce département une des solides assises de la prospérité française.
A. LEMOIGNE, Député de la Manche, Président du Conseil général. | ||||||||||
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La Manche Numéro spécial Supplément au numéro du 28 août 1926 de l'Illustration économique et financière Publication : Paris 1926 | ||||||||||
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Je me suis tracé un programme. Faire connaître, d'une part, les colonies de la France et leurs possibilités économiques ; étudier, d'autre part, la politique d'expansion commerciale de notre pays, en montrant comment par l'exportation, nous arriverons à donner à ce pays son plein essor. J'ai fait de la propagande en faveur du cidre, en faveur du vin, en faveur du blé, en faveur des produits de la France.
Comment n'en ferais-je pas aujourd'hui en faveur du tourisme, qui est une force nationale ? Comment n'en ferais-je pas surtout en faveur du département de la Manche, de ce département aux mille nuances du beau, où j'ai eu le bonheur de naître. Ils furent bien inspirés ceux qui conçurent l'idée de consacrer un numéro spécial à la Manche... et il faut remercier l'Illustration Economique et Financière de l'oeuvre qu'elle poursuit avec tant de méthode et de succès, puisqu'elle encourage et facilite la connaissance de notre pays beaucoup trop ignoré dans les forces innombrables qu'il recèle. Faire mieux connaître la France, n'est-ce pas mieux la faire aimer ? | ||||||||||
Puissé-je, dans les lignes qui vont suivre, indiquer ici quelques-unes des beautés de notre département pour que les touristes y viennent nombreux, y séjournent le plus longtemps possible et pour que certains d'entre eux s'y fixent.
La Manche est un département riche, très riche. Son sol est fertile, d'une extrême fertilité. Situé aux marches de la Normandie et de la Bretagne, il est le trait d'union entre ces deux provinces. Le bassin parisien vient s'enfoncer jusqu'au centre du Cotentin, tandis que les roches armoricaines lui donnent son aspect granitique et bocager.
Les flots sur la plus grande partie de son étendue l'ont battu depuis de longs siècles. Après la Corse et le Finistère, la Manche est le département le plus maritime de la France. La mer âpre et rude lui a ménagé deux ports de premier ordre : Cherbourg et Granville ; elle lui a laissé une multitude de petites plages variées, exquises, qui s'alignent de Cherbourg, l'escale des grands transatlantiques, jusqu'à la pointe de Carolles, sur la baie du Mont-Saint-Michel. | ||||||||||
La mer a façonné la côte. La forêt, cette autre grande force de la nature, comme dit M. Edouard Herriot, dans son livre excellent sur la forêt normande, donne à la Manche son aspect varié. | ||||||||||
Ecoutez M. Edouard Herriot parler de la Normandie :
« De ce pays l'arbre est roi. Son climat, presque constamment humide, favorise le bois et la prairie , selon le rythme qui associe la forêt et le pays de pâture. Où l'herbe demeure verte, la forêt prospère. »
Surtout la forêt de pommiers.
La riche Normandie s'épanouit entre les arbres et les fleurs. La Manche, c'est le feu d'artifice des pommiers en fleurs, ce sont les roses, ce sont les gras pâturages.
C'est « la mer, avec sa forte houle et son grand souffle amer ». Ce sont les villages blottis autour de leur église. Ce sont les petites fermes, avec leur courtil. La Manche..., mais je ne savais pas que c'était tant de choses.
Face aux îles anglo-normandes et à la Cornouaille d'Angleterre, le département de la Manche s'allonge, tel un long fuseau, entre Cherbourg et Mortain.. | ||||||||||
Cherbourg est sa grande ville, avec une rade magnifique, un abri sûr pour nos flottes comme pour les nombreux navires qui s'y réfugient ou y font escale
En 1925, Cherbourg a compté 876 escales pour 172.641 passagers de cabines et de toutes classes, et en 1926, le change aidant, Cherbourg aura vu un nombre plus grand encore d'Américains et d'Anglais.
Trait d'union entre deux régions très distinctes : le Val de Saire à l'Est, la Hague à l'Ouest.
Cherbourg est pour le touriste un centre d'attraction. La Hague est rude et sauvage, le Val de Saire est onduleux, calme, d'une fertilité sans pareille ; c'est un pays d'élevage et de culture maraîchère qui approvisionne les gens du pays, les Parisiens et aussi les Anglais...
Si vous voulez avoir du Nord de notre département une impression rapide et vive, lisez les lignes que lui a consacrées récemment M. Jacques Fuster, inspecteur d'Académie de la Manche...
« La côte Ouest (de la Manche), battue des courants et des vents, où la pluie tombe plus horizontalement que verticalement, se termine face au passage de la Déroute et au raz Blanchard, sur l'âpre et belle presqu'île de la Hague - résurrection de la Bretagne avec ses granits et ses landes, entassements rocheux dominant de plus de cent mètres une mer infinie qui est, par ici, une mer peuplée.
« Car elle tient prisonnières des terres qu'elle montre à la fois et qu'elle cache. On peut sur l'horizon du couchant dans l'imprécis du large, découvrir les Ecrenous, et aussi, vague, vaporeuse, énorme pourtant, s'allongeant sur la mer jusqu'à n'en plus finir, la grande île de Jersey ; on croirait un gigantesque, un invraisemblable « vaisseau-fantôme » porté sur ces flots harmonieux qui toujours reprennent leur refrain, le modulent plus fortement et s'approchent avec des volutes d'écume, dans la simplicité rayonnante du beau absolu. »
Et M. Jacques Fuster continue :
« De la Hague au cap Lévy, le rivage s'incurve pour enserrer le grand port qui est comme une tête de pont entre deux mondes : Cherbourg. Puis la côte qui s'étend du cap Lévy à la baie de Saint-Vaast-la-Hougue, limite l'un des pays les plus verts, les plus riants, les plus riches de la Manche : le Val de Saire. »
Pourquoi ne dirait-on pas du monde, M. Fuster ? | ||||||||||
C'est la vérité. Comme il est vrai que la plaine basse qui entoure Carentan et qui rappelle les polders des Pays-Bas est une des plus fertiles du monde.
Ainsi que vous l'écrivez avec votre plume d'artiste :
« En pleine Normandie, c'est une sensation exquise, parce qu'inattendue, de Hollande, et rien n'est plus frais que cet aspect verdoyant et doux, cette platitude idyllique et tendrement ensoleillée de cette longue plaine basse, bordée, au loin, par des feuillages pleins de jeux d'ombre et de lumière, - un immense espace du vert le plus tendre, dans un cadre de verdure plus accentuée, dans les attouchements de la lumière molle et de la brise de la mer... »
Vous avez raison, M. Fuster. J'ai visité la Hollande, si calme, si reposante : j'ai revu ensuite cette partie de Normandie, cette Normandie hollandaise, comme vous l'appelez, et je me suis demandé pourquoi les vrais touristes étaient si nombreux là-bas et si peu nombreux ici. |
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Voyez-vous, on ne le connaît pas assez, notre département. On n'en sent pas toute la poésie.
Venez donc goûter le charme mélancolique qu'on éprouve à Valognes, ville morte sans doute, mais pleine de souvenirs. J'évoque, en m'arrêtant près des nobles hôtels, la vie brillante, fastueuse, élégante qu'on y connaissait au temps où ils abritaient les riches seigneurs du pays. Ce n'est plus qu'une toute petite sous-préfecture, prospère grâce à son agriculture. Mais c'est une petite ville à qui il reste quelque chose de la gloire passée, de cette gloire qui est gravée dans les maisons de chaque vieil hôtel.
Si Valognes et Cherbourg sont des centres de ce pays qu'on a appelé le Cotentin, Saint-Lô est, en même temps que le chef-lieu administratif de la Manche, la capitale de ces bocages qui occupent le centre du département. Mais là encore, si le lecteur veut bien y consentir, nous laisserons la parole à M. Fuster. « C'est partout le même aspect, mais avec tant de nuances variées ! Des prairies closes de haies et cernées d'arbres, des collines sans grandes hauteurs, mais délicieusement agrestes. »
Il faut parcourir tout ce Bocage, devenir intime avec ces vergers qui sentent l'idylle et la bonne humeur, respirer ces parfums de terre herbeuse et fleurie, côtoyer ces métairies, ces jardins, ces hameaux à l'odeur fraîche, cette campagne où partout on sent l'eau sourdre, où partout on l'entend gazouiller pour savourer vraiment toute la beauté féconde et tranquille de la terre normande.
La vallée de la Vire, en particulier, vaudrait d'être plus connue. La rivière s'est frayé, à travers schistes et phyllades, une vallée délicieusement virgilienne où tout concourt à enchanter les yeux.
Au creux du vallon, la Vire coule, sinueuse, avec, au long de ses berges, comme un damier de verdure : les herbages séparés par des haies ; sur les pentes, des taillis et des bouquets de bois ; parfois des rochers à nu, et, comme pour rendre plus pictural ce paysage, des châteaux plus ou moins archaïques. | ||||||||||
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Et voici Saint-Lô, cette vieille ville au long passé ; une ville qu'on a pu comparer à un vaisseau immense dont les mâts seraient ses deux églises... une ville très traditionaliste, qui respire la richesse par tous ses pores, comme il sied d'ailleurs au chef-lieu d'un département très agricole et au sol presque trop fertile.
Un paysage différent. Car il est dit que la Manche doit présenter dans ses sites la variété la plus complète. La lande de Lessay. Elle s'étend sur 5.000 hectares, morne, désolée, sous son mantelet de brume, triste et grande comme la mer.
Une ville maintenant : Coutances, centre religieux, universitaire, siège de la Cour d'Assises. Arrêtez-vous. Visitez la cathédrale, les églises et le jardin public, dont les roses encadrent l'image de Rémy de Gourmont...
Puis retournez vers la côte. Gagnez l'Avranchin en suivant le cordon de hautes et longues dunes qui s'aligne de Carteret à Granville. | ||||||||||
A Carteret, vous avez laissé des falaises aux aspérités farouches, aux rudesses pourtant harmonieuses, où comme le dit encore M. Fuster, les sentiers dévalent vers de petites grèves comme étriquées entre les rochers.
A présent, c'est une longue série de dunes, un peu monotones et plates, aux havres nombreux, aux petits ports naturels : Port-Bail, Surville, Regnéville.
Et nous voici à Granville. Une autre région. Là c'est le roc, la falaise abrupte. Le port et la ville se dressent fièrement face à la Bretagne, devant les îles Chausey. Normand de race, Breton d'aspect, selon l'expression de Michelet, Granville a été le témoin des grands mouvements historiques. Il fut pendant la guerre de cent ans une citadelle anglaise ; plus tard, il résista à deux attaques des Huguenots. Les Vendéens s'y heurtèrent en 93, et depuis lors Granville s'appelle la Victoire ! Il pourrait aussi bien s'appeler Granville-la-Liberté, puisque Charles VII en avait fait une ville libre, exemple d'impôts, de corvées et de tailles. Et l'on vit accourir dans cette ville franche « les déshérités de l'Occident et même de l'Orient ». Ne cherchons pas ailleurs l'origine de l'esprit libéral qui caractérise le Granvillais. Indépendant, gai, gouailleur, attaché fortement à sa petite patrie, il a fait de Granville un port très important, et pour les baigneurs un séjour délicieux.
C'est que ce n'est pas seulement Granville qui attire. L'arrondissement d'Avranches est un des plus beaux qui soient. Il a Granville et Donville et aussi les îles rocailleuses et sauvages de Chausey. Il a aussi l'abbaye de la Lucerne d'Outremer, dans un des coins les plus calmes et les plus reposants que je connaisse. Il a cette côte qui va de Granville à Avranches et qui abrite les petites plages qui sont en train de devenir célèbres, et qui s'appellent Saint-Pair, Jullouville-Bouillon, avec sa mare, sa rivière et ses arbres ; Carolles, avec sa vallée des Peintres et son port de Lude ; Saint-Jean-le-Thomas, où la douceur du climat et l'exubérance de la végétation font songer aux coins les plus charmeurs de notre Méditerranée. Et Dragey, et Genêts, et Vains-Saint-Léonard...
Et il possède aussi, l'arrondissement d'Avranches, la ville d'Avranches. On a dit qu'Avranches était un des plus beaux sites du monde. Au cours de mes voyages en Europe, je m'en suis rendu compte. La vue sur la baie du Mont-Saint-Michel est unique.
Comme l'a écrit le poète Eugène Le Mouël, « Nul passant, si peu enclin qu'il soit à s'émouvoir d'un paysage, ne retient un cri d'enthousiasme devant l'incomparable panorama qu'on aperçoit du Jardin des Plantes. » | ||||||||||
Je n'ai pas à décrire ici la baie du Mont-Saint-Michel, non plus qu'à parler du Mont. Ils sont trop connus. Mais je voudrais simplement indiquer l'oeuvre qu'accomplit la « Société des Amis du Mont-Saint-Michel ».
Elle est l'adversaire résolue de tout ce qui menace le caractère artistique de la Merveille. Elle a élaboré un plan d'ensemble des travaux à exécuter pour enrayer efficacement l'ensablement du Mont, car le Mont-Saint-Michel au péril de la mer est menacé de s'ensabler. Il faut qu'on écoute les « Amis du Mont-Saint-Michel », qu'on fasse les sacrifices nécessaires pour garder au Mont son caractère insulaire. On ne doit pas reculer devant quelques millions quand il s'agit d'une merveille « dont la vue nous évoque ce que les paysages de France ont de plus grandiose, ce que le patriotisme a de plus inviolé, ce que la religion a de plus saint.
Faisons confiance à la Société des Amis du Mont Saint-Michel et à son président, M. J. Levatois. Le Mont restera une île. Du seul point de vue artistique, l'arrondissement d'Avranches présente bien d'autres attraits J'ai parlé de l'abbaye de la Lucerne-d'Outremer. | ||||||||||
Pourquoi ne citerais-je pas l'humble église de Saint-Loup, les châteaux de Brécey et de Ducey, et aussi en passantles deux jolies rivières près desquelles ils sont bâtis, la Sée et la Sélune, et leurs vallées si pittoresques ?
Chaque village, chaque hameau a son caractère. L'Avranchin, comme la Manche d'ailleurs, c'est le pays des vieilles églises, autour desquelles sont groupés les hameaux, les villages. C'est un pays où la foi est vive, la tradition respectée... Notre paysan est réservé et froid... Mais quand il a donné sa confiance, il reste fidèle...
L'Avranchin, c'est le pays de la sapience, c'est aussi celui de la critique. Et le peut-être bien que oui, peut-être bien que non prouve surabondamment que l'habitant de la Manche ne veut s'étonner qu'à bon escient.
Mais je n'ai pas à philosopher sur le caractère normand. Je jette par hasard quelques notes sur la Manche ; et bien que Normand, très indépendant de caractère, assez peu enclin à l'admiration, force m'est bien de dire que l'Avranchin, sauf les grandes montagnes, offre tout ce qui charme et tonne : la mer, les falaises, les estuaires, les baies, les briques, les dunes, les vallées abruptes...
Ai-je besoin d'ajouter que dans ce pays, qui est celui du Pré-Salé, du bon cidre, du bon lait, des bons fruits et même du bon « Calvados », le gastronome (et la mode est à la gastronomie) se sent à l'aise... qu'il est encore de bons hôtels et de bonnes auberges - que je voudrais pour ma part les voir se moderniser un peu du point de vue de l'hygiène et du confort, mais à la condition qu'elles gardent leurs vieilles traditions...
D'autre part, les fêtes d'Avranches ont valu à cette ville une réputation amplement méritée. Les touristes qui ont eu l'occasion d'y séjourner au cours de ces manifestations, ont gardé dans leur mémoire le souvenir le plus agréable des cortèges, concours, fêtes des fleurs qui sont organisés depuis de très longues années | ||||||||||
En dehors d'Avranches, il est d'autres petites villes, assez vivantes, qui sont des centres agricoles, commerciaux ou industriels. Tels la Haye-Plesnel, Brécey, Pontorson, Ducey, Sartilly, Saint-James, Villedieu-les-Poêles, la ville des marteaux, à l'industrie de laquelle, vers la fin de cet ouvrage, une bonne place a été consacrée.
Touristes, qui me lisez passez dans ces coins... Vous y ferez bonne chère et vous les trouverez agréables. Surtout, séjournez un peu à Avranches. Goûtez-en le charme mélancolique... et le repos bienfaisant.
Et ensuite, quand vous aurez visité notre Avranchin, sur lequel j'ai peut-être insisté un peu trop (et je m'en excuse ; mais la Normandie n'est-elle pas la plus belle province de France, la Manche le plus beau département de cette province, et Avranches n'en est-il pas le plus bel arrondissement ?), quand vous aurez visité, dis-je,notre Avranchin, voyez Mortain et le Mortainais, ses cascades et ses cailloux, ses montagnes, ses vallées et son Abbaye-Blanche.
Celle-ci, dit l'histoire, fondée en 1118 par Sainte-Adeline, fut d'abord un couvent de Bénédictines. | | |||||||||
Fermée pendant la Révolution en 1790, elle devint propriété de l'Hospice de Mortain et fut rachetée en 1820 par un prêtre, M. l'abbé Dary, pour y installer le Petit Séminaire qui y resta jusqu'en décembre 1906
Je ne saurais vous dire : allez ici ou là. Je vous dis simplement : traverses le Mortainais. Vous découvrirez un nouvel aspect de la Manche, de cette Manche aux mille nuances du beau.
J'ai essayé de la parcourir avec vous à vol d'oiseau, ou mieux à bord d'avion. Je me suis, de ci de là, arrêté dans quelques endroits qui m'ont paru devoir retenir vos regards ou votre attention.
J'aurais certes mieux aimé en dire la puissance agricole et économique, mais d'autres avant moi en ont pris soin.
Je l'aurais fait peut-être avec plus de compétence.
Il m'eût été aussi agréable de signaler les poètes, les écrivains, les artistes qui ont illustré notre département.
Mais ce n'était pas le sujet dont je m'étais chargé. D'un coup d'oeil rapide, j'ai embrassé la Manche pour avoir le droit de répéter aux touristes : Venez dans ce département. Voilà ce que vous pourrez y apercevoir. En rédigeant ces lignes trop brèves, je me suis rendu compte une fois de plus que la Manche était un monde. Non, vraiment, je ne me serais jamais imaginé que la Manche c'était tant de choses. ANSELME-LAURENCE |
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La Manche Numéro spécial Supplément au numéro du 28 août 1926 de l'Illustration économique et financière Publication : Paris 1926 | ||||||||||
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Je ne sais trop s'il est, dans notre France, pourtant si riche en beaux sites et en paysages variés, département plus complet, plus divers, plus multiple que celui de la Manche, avec sa glorieuse façade de côtes et ses incomparables herbages.
Voici, battu de la « mer océanne », comme disaient nos pères, le Mont-Saint-Michel, unique au monde avec son abbaye, ses remparts, ses vieux logis pittoresques, et qui peut-être est le point culminant de l'art médiéval. Voici les premières collines vertes et les frais vallons, arrosés d'eaux vives, gracieuse parure du Mortainais.
Et puis, en tirant vers le Septentrion, cette Hague heurtée, sauvage, âpre, farouche, balayée par les vents du large et qui finit au nez de Jobourg, près du pays de François Millet. Qui part de l'Avranchin y accède par la fameuse lande de Lessoy, jaune d'ajoncs en fleurs ou rose de bruyères, suivant les saisons ; Lessay, que Jules Barbey d'Aurevilly a chanté en d'inoubliables pages. | ||||||||||
Et puis, sur les côtes de sable fin ou de rocs abrupts, regardant la vaste mer, tout un chapelet de menus ports de pêche ou de plages charmantes, bénies des écoliers en vacances, depuis la baie d'Avranches et Genêts, jusqu'à Isigny-sur-Mer, en passant par Saint-Jean-le-Thomas, tout parfumé de mimosas, Carolles, Jullouville, Saint-Pair, Granville, Montmartin, Regnéville, Coutainville, Anneville (que de noms chantants !), Portbail, Carteret-au-doux-climat, Vauville, Anderville, Landemer, Barfleur, Réville, Saint-Vaast-la-Hougue, Morsalines, Quinéville, Fontenay-sur-Mer.
Et puis, dans les eaux vertes de la mer câline ou farouche, ronronnante ou mugissante, des îles et des îles, françaises ou anglaises ; Tombelaine, qui servait de garde avancée au monastère du Mont et dont parlent les romans de la Table-Ronde ; Chausey, que trois ou quatre lieues seulement séparent de Granville ; le groupe des Ecrehou, vis-à-vis de Portbail ; Jersey, granitique comme Chausey, mais autrement vert et fleuri ; Jersey, d'où l'on pouvait, au VIIIe siècle, gagner à pied la ville de Coutances, avant qu'un cataclysme noyât la route et l'ample forêt recouverte aujourd'hui par les flots ; Jersey, où persiste, fidèle, le souvenir de Victor Hugo ; Aurigny, aux riches pâturages ; l'île Pelée, qui fait face à Cherbourg, et, sur la côte orientale, entre Saint-Vaast et le fort de la Hougue, Tatihou, au vocable bizarre, où s'ébattent les jeunes élèves d'une école de plein air ; Saint-Marcouf, enfin, dont l'infime population grossit à peine celle du village du même nom, sis dans les terres, non loin de Valognes.
Quel touriste, quel Français moyen ou quel riche étranger ne connaît toutes ces beautés naturelles dont l'énumération risquerait d'être fastidieuse si elle n'évoquait imédiatement l'Histoire, la Légende, et aussi des parfums de fleurs, la senteur des brises marines, l'odeur salubre des varechs et des goémons, ou la splendeur des herbages, le pittoresque des hautes falaises et la caresse, aux pieds nus, des sables blonds ? | ||||||||||
Et qui donc encore n'a au moins oui parler de nos cités ? Pour menues qu'elles soient, chacune d'elles a son caractère, sa grâce, son attrait, qui la différencient nettement de ses voisines. Avranches ne ressemble en rien à Mortain, qui ne ressemble en rien à Coutances. Et Saint-Lô ne s'apparente assurément ni à Valognes, ni à Cherbourg.
Saint-Lô - à tout seigneur tout honneur, puisque c'est notre chef-lieu, - Saint-Lô, Anatole France, fort sensible à son charme, la baptisait « la jolie laide ». Un roc et un vallon. Sur le rocher, les deux tours de Notre-Dame ; la Préfecture et son joli parc ; un Hôtel de Ville moderne, mais point insignifiant ; une place assez mélancolique, sauf les jours de marché ; une rue animée, et, tout au bout, le haras connu de tout le monde hippique. Dans le Val de Vire, une rivière poissonneuse, la grande rue tortueuse, justement dénommée Torteron, la gare, qu'heureusement l'on rebâtit. A ses pieds vient mourir un coteau verdoyant, semé de maisons de plaisance. Tel est Saint-Lô, placide, pacifique, mais dont la vie locale, jadis intense, peu à peu se réveille. | Ernest BEAUGUITTE | |||||||||
Préfecture de la Manche, Saint-Lô ne l'était point à l'origine, c'est-à-dire en 1789-1790, lors de la nouvelle division territoriale de la France. L'honneur maxime échut à Coutances, siège déjà d'un évêché et qui, provisoirement, devint, voilà cent trente-six ans, le chef-lieu du département du Cotentin, ou département de Coutances, puis de la Manche. Six autres villes, dont Carentan, étaient centres de districts. Saint-Lô, cité commerçante, réclama la primauté. Ce fut le signal de la guerre avec Coutances devenu, peu après, chef-lieu définitif. Les deux villes-soeurs luttèrent, des années, à qui l'emporterait. La rivalité ne cessa nullement en l'an IV, époque à laquelle Saint-Lô supplanta Coutances. Les protestations et les requêtes de cette dernière affluèrent, acerbes, à la Convention nationale. L'administration centrale, transférée à Saint-Lô, y demeura décidément, deux ans plus tard. Pour consacrer l'état de fait et enlever tout prétexte à un retour offensif de Coutances, vingt-trois habitants de Saint-Lô achetèrent de leurs derniers, pour l'offrir à l'administration, ce qui aujourd'hui encore forme la majeure partie de l'hôtel et des jardins de la Préfecture.
La ville de Cherbourg, elle aussi, fut quelques mois sur les rangs. Elle faisait valoir l'importance de son port, de sa population qui s'était vite accrue, des nombreuses manufactures de draps et de serges qui y florissaient à la fin du dix-huitième. Ce fut en vain. Cherbourg rêve-t-il encore de supplanter Saint-Lô et d'abriter le préfet ? Justement fier de sa rade, il s'enorgueillit de ses 40.000 habitants, près de 60.000 avec les communes toutes voisines d'Equeurdreville, Tourlaville et Octeville. Et puis, il est port d'escale ; sa Chambre de Commerce a de hautes visées et de nobles ambitions. C'est la grande ville, enfin. Ni Valognes, d'un puissant charme mélancolique avec ses somptueux vieux hôtels, ni Avranches-le-pittoresque, ni Granville, ni Coutances, ni Mortain ne songent à rivaliser avec la vivante cité qu'est Cherbourg.
Pourtant, les unes et les autres de ces menues villes possèdent des titres certains à la satisfaction de la curiosité touristique. Avranches est un incomparable observatoire d'où l'on a vue - et quelle vue ! - sur le Mont et la baie de Cancale. Ses murs parlent. L'Histoire se lève de chacun de ses pavés. Il en est de même de Coutances, qui tire vanité de sa cathédrale gothique, pure merveille d'harmonie. Et son jardin public, tout fleuri de roses, l'été venu ! Edouard Herriot les a tous deux chantés. Les pages qu'il a consacrées à la basilique et qui pourraient bien être les meilleures de son dernier livre : Dans la Forêt normande, figureront un jour dans les anthologies.
Entre Avranches et Coutances, Granville dresse, couronné de vieilles maisons et de villas modernes, son roc altier au pied duquel rumore la basse ville. L'hiver, elle ne s'endort point dans la torpeur de ses brumes et du fin réseau de ses pluies. Ses cavalcades du Mardi gras et de la Mi-Carême sont célèbres. Dès le début de juillet, les trains de Paris y déversent de joyeuses familles avides d'air salubre, de « trempettes » dans la mer et d'excursions séduisantes.
Il n'est pas jusqu'à de plus humbles centres qui ne se recommandent à l'attention du voyageur français ou exotique ; tels Canentan et cette villette de Saint-Sauveur-le-Vicomte, où naquit Barbey d'Aurevilly.
Tout cela, si agréable à voir et si curieux à visiter, fait de notre département une terre d'élection.
Il est toutefois un autre aspect, plus prosaïque, de ce coin béni qui donne à la Manche le caractère d'un pays, non seulement magnifique par ses sites, mais de la plus enviable opulence. Je ne parle pas uniquement de la fertilité de son sol, amendé par les engrais marins, et de la richesse de ses vergers ; je veux dire aussi la précellence de son cheptel chevalin et bovin. Ce prodigieux élevage de la Manche, sans égal au monde, existe depuis des siècles, connu de tout ce que la France compte d'agriculteurs avertis. La France ? Oui, mais aussi l'étranger, la Colombie, le Paraguay, l'Uruguay, etc...
Il appartient à d'autres qu'à moi d'en exposer les caractéristiques et d'en vanter les mérites. Qu'il me soit permis, pourtant, de chanter le los de la persévérante intelligence des éleveurs de la Manche, dont tous les efforts tendent au développement de l'homogénéité de la race. Ici encore, la solide réputation dont jouit le département, loin de déchoir, se fortifie et gagne chaque jour en ampleur.
Après cela, la Manche est en droit de se consoler si elle ne compte que peu de cités industrielles. A part Cherbourg, avec son arsenal et ses machines agricoles, Villedieu-les-Poêles et Sourdeval, où l'on entend résonner le marteau des chaudronniers et des artisans du cuivre ; sauf encore les industries agricoles issues du lait et du cidre, les unes dans le Cotentin, les autres d'Avranches à Saint-Lô et Mortain, le département reste, avant tout, un pays d'élevage.
Et voilà, n'est-il pas vrai ? qui suffit à sa gloire. | ||||||||||
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La Manche Numéro spécial Supplément au numéro du 28 août 1926 de l'Illustration économique et financière Publication : Paris 1926 | ||||||||||
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Ce qui caractérise le département de la Manche, c'est sa variété, dans une note toujours moyenne ; la Providence l'a richement doté des dons les plus divers, toujours dans un équilibre harmonieux. Vallonné avec des collines ne dépassant guère 400 mètres d'altitude, il offre des paysages si variés qu'ils rappellent en miniature de jolis coins de la région pyrénéenne ou de la Suisse, tels les environs de Mortain, la vallée déchiquetée de la Cance avec ses cascades, la vallée industrieuse de Brouains avec ses chutes d'eau alimentant de petites usines serrées les unes contre les autres entre des collines verdoyantes.
Les côtes maritimes, développées sur quelque 200 kilomètres, sont réchauffées l'hiver par les flots tièdes de branches du Gulf-Stream et rafraîchies l'été par la brise du large, ce qui lui vaut un climat remarquablement tempéré, sans chaleur desséchante et sans gelées malfaisantes.
La végétation y est luxuriante et la flore des plus variées, puisqu'elle comprend aussi bien les plantes et les arbres des pays méridionaux | | |||||||||
(figuiers, mimosas, chênes verts, camélias, palmiers même, qui atteignent en pleine terre de grandes dimensions) que les céréales et les prairies des régions septentrionales.
La douceur de la température, des pluies fréquentes mais sans violence, y permettent la culture de presque tous les légumes et la production des primeurs ; aussi la culture maraîchère s'y développe chaque jour davantage, fournissant à ses gares et à ses ports de mer les éléments d'une exportation fructueuse, particulièrement sur l'Angleterre, en même temps que ses prairies, peuplées d'un bétail nombreux, d'animaux de race que leurs qualités font rechercher dans le monde entier comme reproducteurs, fournissent l'aliment d'une exportation considérable de beurre, de fromage et de tous les produits du lait.
Pays de naisseurs, le département de la Manche fournit aux départements voisins les jeunes animaux dont ils ont besoin pour leur élevage. La douceur du climat, particulièrement en hiver, permet de maintenir les animaux au pâturage sans leur imposer la stabulation, et permet d'obtenir ainsi des sujets particulièrement réfractaires aux maladies contagieuses. | ||||||||||
Gare de Granville vers 1926, CPA collection LPM 1900 | ||||||||||
Tout pousse à merveille, tout peut être tenté dans cette heureuse région et, il y a 60 ans, alors que le défaut de moyens de transport engageait les populations rurales à vivre le plus possible sur leur propre fonds, l'orgueil des propriétaires de la Manche, même les plus modestes (car ce fut toujours un pays de petits propriétaires), était de produire eux-mêmes tout ce dont ils avaient besoin pour leurs vêtements comme pour leur nourriture : le lin, la laine, le chanvre, les peaux, les fourrures que de petites industries transformaient, dans la région même, en fil, en toile, en tissus, en cordages, en cuir, en feutre et en matériel agricole pour lequel le fer même ne leur faisait pas défaut. L'abondance du bois de chauffage, comme du bois d'oeuvre, permettait, en ce temps, de transformer sur place, en fonte et en fer, les minerais abondant dans le Bocage, dans le Mortainais et dans le Cotentin.
Les Normands, venus nombreux dès le VIIIe et le IXe siècle des pays scandinaves, les uns de Suède et de Norvège, blonds, superbes, de grande taille, les autres du Danemark, plus petits et plus bruns, se sont mêlés à la population gallo-romaine qui déjà, à Coutances et à Avranches, sièges d'évêchés anciens, formait une société policée et de civilisation avancée ; ils contribuèrent à donner à la race une empreinte spéciale et la Manche est bien le plus normand de tous les départements de notre Normandie. Ils y apportèrent le sentiment profond de leur individualité, l'esprit critique de réflexion, l'amour de la liberté et de l'égalité, le goût des aventures allié à la sapience ancestrale ; c'est de la Manche que partirent nombre de conquérants et d'organisateurs fameux, tels que les compagnons et les continuateurs de Tancrède de Hauteville, les prestigieux vainqueurs des deux Siciles et de l'Orient, tels que les colonisateurs de l'Angleterre, des Indes et du Canada. | ||||||||||
Gare de Donville-Les-Bains vers 1926, CPA collection LPM 1900 | ||||||||||
Généralement, petits propriétaires, habitant sur le sol même qu'ils cultivaient, pendant que leurs cadets, intrépides navigateurs, commerçants audacieux, pêcheurs de morues et de baleines dans les mers lointaines, couraient le monde, les aînés, restés au pays, ont continué, au cours des siècles, la tradition ancestrale, tout en s'adaptant sans heurts et sans secousses, à l'évolution continue des temps nouveaux, toujours libres, de caractère indépendant, sans connaître le servage, même au Moyen Age.
Pays de population disséminée, bien que plus dense que dans les départements voisins, sans grands centres d'attraction, et, par conséquent, sans grandes villes, le département de la Manche est en pleine évolution économique ; mais la variété de ses industries est telle qu'il n'en est aucune qui synthétise l'effort du pays. On y travaille le fer, le cuivre, notamment à Villedieu, l'étain, notamment dans la région de Sourdeval, les produits chimiques et, en cette époque où l'énergie électrique constitue un des éléments principaux de toute industrie, on a pu, sur certains petits fleuves côtiers, capter des forces, dont une dépasse même 10.000 kilowatts, faisant de la houille verte de la Manche la rivale de la houille blanche des glaciers.
Lorsqu'elle aura groupé les forces de ses cours d'eau, cette région cessera d'être entièrement tributaire de la houille anglaise comme elle l'est depuis un siècle. Ce n'est pas, cependant, que la houille manque dans la Manche ; la superficie de son bassin houiller est considérable, et l'on y retrouve les mêmes formations géologiques que dans le pays de Galles. On y trouve même quelques minerais rares comme les minerais de mercure et de tungstène, mais, alors que les couches qui contiennent ces richesses sont restées sensiblement en place au nord de la mer de la Manche, ce qui constitue la sécurité d'une exploitation économique, le sol du Cotentin a éprouvé, avant la création de l'homme, au cours de l'époque pliocène, des plissements qui ont fragmenté les gîtes houillers et métalliques, rompu des filons, fracturé et partiellement effondré les couches, en rendant l'exploitation très aléatoire.
Aussi, aucune des affaires minières tentées au cours des siècles précédents, n'a pu être utilement continuée. Une seule exception est celle des minerais de fer, dont la masse est considérable et qui, au Nord et au Sud du département, donnent lieu à des exploitations qu'on peut espérer voir fournir, au nord au port de Cherbourg, et au sud au port de Granville, les éléments d'un transit important. | ||||||||||
Gare de Cherbourg vers 1926, CPA collection LPM 1900 | ||||||||||
Gare de Villedieu-Les-Poêles vers 1926, CPA collection LPM 1900 | ||||||||||
Gare de Montmartin-Sur-Mer vers 1926, CPA collection LPM 1900 | ||||||||||
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Porbail cour du manoir du Dick. CPA collection LPM 1900 | ||||||||||
La Manche Numéro spécial Supplément au numéro du 28 août 1926 de l'Illustration économique et financière Publication : Paris 1926 | ||||||||||
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Le Cotentin, grâce à la richesse de son sol, grâce à sa situation maritime exceptionnelle au point de contact de la Normandie, de la Bretagne et des Iles Britanniques, a vu de bonne heure s'élever de nombreux monuments, oeuvres des races qui, tour à tour, l'ont habité.
C'est surtout au nord du département de la Manche que se rencontrent les souvenirs des temps préhistoriques : grottes refuges de Jobourg, allées couvertes de Bretteville et de Vauville, menhirs de Maupertuis et de Flamanville.
La civilisation romaine a largement pénétré dans ce pays, mais elle a laissé peu de vestiges. Les camps romains de Montebourg et de Lithaire, les ruines d'Alauna qui s'élèvent près de Valognes, révèlent cependant la présence de centres importants. En outre, la Manche possède deux inscriptions qui sont des documents précieux pour l'histoire de cette époque. La première, connue sous le nom de « Marbre de Torigny », est conservée à l'Hôtel de Ville de Saint-Lô, mais elle provient des fouilles faites à Vieux (Calvados) : son texte contient des renseignements intéressants sur l'organisation administrative de la Gaule. La seconde, plus récente, est gravée sur un ancien autel de l'église Saint-Pierre-du-Ham ; elle relate la fondation, au VII siècle, d'un monastère par saint Fromond, évêque de Coutances | ||||||||||
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Cette civilisation, fruit de la conquête romaine, a été presque complètement anéantie par les invasions des Normands. Un des plus curieux souvenirs de ces temps troublés est la « Hague-Dicke », retranchement de deux kilomètres, destiné à isoler la sauvage presqu'île de la Hague. Peu à peu, les peuples du Nord se fixent dans le pays, séduits par sa richesse, et relèvent les édifices qu'ils ont détruits.
C'est ainsi qu'au XIe siècle, sous l'influence des ordres religieux, apparaît dans la construction des églises et des monastères cet art roman auquel les Normands ont donné un caractère très personnel. Aux Bénédictins, nous devons les riches abbatiales de Cerisy-la-Forêt, Saint-Sauveur-le-Vicomte, Savigny, Hambye, la nef romane du Mont-Saint-Michel, et surtout celle de Lessay, aux proportions de cathédrale. Plus sévère, l'architecture cistercienne se reconnaît dans le style de l'Abbaye Blanche, à Mortain. Mais, en Normandie, la différence est moins sensible entre la conception artistique des deux ordres religieux, car l'art normand, surtout dans la Manche, garde, même pendant la période gothique, cette recherche de la ligne qui lui fait négliger les ressources de la sculpture et de la statuaire. | Hambye abbaye. CPA collection LPM 1900 | |||||||||
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C'est ce qui caractérise ces deux chefs-d'oeuvre du XIII siècle, universellement réputés pour l'harmonie de leurs proportions : la cathédrale de Coutances et la « Merveille » du Mont-Saint-Michel. Plus tard, l'architecture gothique, se compliquant suivant son évolution naturelle, donne tour à tour l'élégante façade de Notre-Dame de Saint-Lô, l'abside du Mont-Saint-Michel, la flèche ajourée de Carentan, la masse un peu lourde de Saint-Pierre de Coutances, que domine un dôme Renaissance.
Le XVI siècle, qui voit à peu près disparaître l'art religieux, est l'époque où surgissent les somptueuses demeures seigneuriales. C'est d'abord le château de Gratot, dont le donjon rappelle encore le Moyen Age, puis l'élégant pavillon des Montgomery, à Ducey, le château de Tourlaville, celui de Chanteloup, dont les murs sont ornés de fines sculptures. Enfin la célèbre famille des Matignon se fait construire à Torigny une fastueuse résidence dont il ne reste plus qu'une aile de bâtiments, à la sobre ordonnance, au bord d'étangs ombragés.
Au XVIII siècle s'élèvent ces demeures aristocratiques qui ont valu à Valognes le surnom de « Versailles normand », surnom qui semble justifié par le caractère architectural de l'Hôtel de Beaumont.
Plus modestes, de simples gentilhommières se cachent çà et là dans les campagnes, au milieu des pommiers du Bocage Saint-Pois, au bord des rivières encaissées du Mortainais ou du Val-de-Saire, témoins d'un passé qui n'est pas tout à fait mort.
Dans la Manche, comme partout ailleurs, le sol, le climat et la race ont donné à chaque région son caractère propre, qui se traduit sur les monuments. La côte nord, pays rude, exposé au vent du large, a des églises massives, aux solides tours carrées. Au Sud, l'architecture s'épanouit plus librement ; elle couvre du pittoresque toit en batière les pignons effilés des clochers de villages ; dans les villes, dans les abbayes, elle réalise ses plus belles oeuvres. A l'Est, le Mortainais possède un sol, et, une population différents ; le granit apparaît, donnant aux édifices un aspect un peu grave qui évoque déjà la Bretagne toute proche.
Ainsi l'architecture contribue-t-elle à rendre plus sensible cette diversité des sites et des hommes, qui fait de la Manche l'un des départements les plus variés et les plus attrayants de la Normandie.
P. THOMAS-LACROIX. Archiviste de la Manche. | ||||||||||
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Periers place du marché. CPA collection LPM 1900 | ||||||||||
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Coutances le viaduc. CPA collection LPM 1900 | ||||||||||
La Manche Numéro spécial Supplément au numéro du 28 août 1926 de l'Illustration économique et financière Publication : Paris 1926 | ||||||||||
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LE SYNDICAT DES AGRICULTEURS DE LA MANCHE
Le Syndicat des Agriculteurs de la Manche a été fondé le 28 janvier 1886. Il a son siège social à Coutances et compte actuellement 20.000 adhérents. Il est présidé par M. Damecour, Sénateur, ayant comme Vice-présidents, MM. de la Groudière, Député ; de Gibon, Haize, Delatouche, Delisle, Goubaux, et, comme Secrétaire général, M. Rostand, Conseiller général.
Le Syndicat fait paraître un bulletin bimensuel tirant sur 20 ou 24 pages. Cet organe tient chacun au courant de la vie syndicale. Il indique régulièrement les cours des foires et des denrées dans le pays et donne, tous les mois, une « page sociale », traitant les questions sociales agricoles les plus intéressantes.
La Régionale Incendie a plus de 100 Caisses locales, assurant en tout près de 95.000.000 de francs. La Régionale Accidents groupe 84 caisses locales.
Les cultivateurs syndiqués peuvent se servir de la Caisse de crédit libre, comme caisse d'épargne ou comme caisse de prêts.
Le Syndicat a créé, en outre, une Caisse Immobilière de Crédit devant aider à l'amélioration du logement rural et pouvant fonctionner comme caisse régionale de crédit susceptible de consentir des prêts hypothécaires jusqu'à 40.000 francs.
Le Syndicat verse tous les ans une subvention de 7.000 francs destinée à récompenser, par voie de concours, les écoles primaires publiques et libres qui donnent l'enseignement agricole et ménager à leurs élèves. Il a organisé également un cours d'enseignement agricole par correspondance, cours post-scolaire qui est suivi tous les ans par une trentaine d'élèves.
Le Syndicat procure encore à ses adhérents tous renseignements gratuits sur toutes difficultés agricoles ou juridiques.
La Coopérative Agricole a organisé, à Pontorson, une coopérative de sélection de semences des Polders, Polder-Blé, qui s'occupe de l'amélioration de la production de ses adhérents et de l'écoulement de leurs grains.
E. DAMECOUR, Président. | ||||||||||
Coutances, les traines a bouais. CPA collection LPM 1900 | ||||||||||
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- 28 dominos - 2 à 4 joueurs - à 2 joueurs, 7 dominos par joueur - à 3 ou 4 joueurs, 6 dominos par joueur
Celui qui a le domino le plus fort commence
On doit poser les dominos à la suite les uns des autres en le combinant (c'est-à-dire qu'un des côtés du domino posé doit porter le même nombre de points que le domino sur la table). Les doubles sont placés perpendiculairement.
Lorsqu'un joueur n'a pas de domino à placer, il pioche dans le talon, jusqu'à en trouver un.
Le premier qui a posé tous ses dominos compte les points des dominos qui restent dans les mains des autres joueurs et se les attribue. Si personne n'a posé tous ses dominos, c'est celui à qui il reste le moins de points sur ses dominos qui marque les points.
Le premier joueur qui arrive à un total de 100 est le gagnant. On peut fixer le total à 50 pour des parties plus courtes |
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Carentan , gabare au pont de Saint-Hilaire.CPA collection LPM 1900 |
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LE DIDAC’DOC Olivier Jouault Service éducatif des archives départementales de la Manche
La gabare (on disait « bâté » localement) est ce bateau à fond plat navigant sur les estuaires, rivières et canaux du Cotentin, particulièrement dans les marais. Utilisées surtout pour le transport des produits pondéreux (tangue, sable, briques, tuiles, pierre, bois, charbon), les gabares ont permis de remonter les cours d’eau jusqu’aux villes et campagnes de l’intérieur qui proposaient des « ports » aux installations bien modestes.
L’exploitation et le transport de la tangue représentaient la principale activité d’une majorité de gabariers. Leurs embarcations étaient particulièrement adaptées à la « récolte » de la tangue dans la baie des Veys et les estuaires : l’équipage abordait le banc de vase à marée haute puis s’échouait au jusant et s’amarrait à l’aide d’une ancre, il mettait ensuite à profit la durée de la basse mer pour charger un maximum de pelletées de tangue, puis à la faveur de la marée montante flottait de nouveau pour retourner vers la terre ferme et déposer à la tanguière son chargement, ensuite emporté dans les tombereaux (les banneaux) des cultivateurs.
L’opération n’était pourtant pas sans risque, car la gabare n’était pas conçue pour affronter les flots océaniques. |
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AUTOGRAPHE BERG Manche Canal de VIRE TAUTE Ecluse de CAP Belles Eclusieres |
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La majorité des gabares inscrites dans les registres matricule au Service historique de la Marine, à Cherbourg, jaugent 10-12 tonneaux. Leur longueur allait de 12 à 17,50 m., leur largeur de 3,50 à 4 m. Ce qui les caractérisait était leur faible tirant d’eau, qui même en charge ne dépassait pas 1 m. François Renault décrit des gabares plus imposantes, mais le passage par les écluses des canaux en contraignait d’autres à être moins longues et plus étroites.
Ces bateaux sont construits en orme et chêne chevillés. Les bordés sont cloués sur les chants du fond goupillés.
Ils ne sont pas posés à clins mais de l’étoupe et du goudron assuraient l’étanchéité. D’après les observations de François Renault, la hauteur de la coque est à peu près de 70 à 80 cm, et il faut trois planches posées à francbord pour la border. L’avant à l’arrière se relèvent, formant un angle avec le fond. Bien que construites grossièrement et soumises à l’action de l’eau douce, les gabares ont la vie dure. Il fallait cependant, chaque été, goudronner la coque.
Plusieurs moyens de propulsion étaient employés par les bateliers, en plus de la force du courant :
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La vitesse n’est bien sûr pas possible : un vigoureux matelot tractera sa gabare au rythme de 4 km/h.
Pour diriger l’embarcation, on maniait un gouvernail long de 5 à 7 mètres, en orme, s’articulant sur une forte cheville métallique. Un plus petit aviron, également en orme, servait aussi à guider.
L’équipage est réduit généralement à deux personnes. Le patron, parfois armateur de la gabare, et son matelot (parfois son épouse) chargé de haler le bateau. Tous deux tentent de s’abriter des intempéries dans une basse cabine, située à l’avant du bateau, bien inconfortable. Ils y déposent leur casse-croûte et s’y endorment s’ils n’ont pas regagné leur port d’attache avant la nuit, car la circulation est interdite avant le lever du soleil.
Les gabares furent nombreuses. Remy Villand en a recensé 168 différentes francisées à Carentan de 1800 à 1854. Bien que l’activité décline, avec l’amélioration du réseau routier et l’arrivée du chemin de fer, 103 gabares et chalands étaient encore en service sur la Vire, la Taute et l’Ouve en 1896. Beaucoup furent construites à Tribehou, près de la Taute. La dernière qui y fut lancée, Briquetterie de Carentan, le fut en 1914. Vendue à Saint-Lô en 1930, elle est une des dernières à naviguer sur la Vire.
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PONT L'ABBE - RICAUVILLE - gabare prés des ponts douves collection LPM 1900 |
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Les côtes de la Manche s'étendent sur une distance d'environ 350 km.
la côte Est: 42 km de côtes sableuses et 11 km de côtes basses à secteurs rocheux la côte Nord-Ouest: 24 km de côtes sableuses, 18 km de côtes à falaises et 5 km de côtes rocheuses |
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La côte Est du Cotentin
Au Nord de la baie des Veys, la façade est s’étend sur une distance d’environ 53 kilomètres de Sainte-Marie-du-Mont à la pointe de Barfleur.
Le littoral est principalement constitué d’un cordon dunaire de faible hauteur sur le secteur d’Utah-Beach. De Quinéville à Saint-Germain-de-Varreville, le trait de côte est fixé par de petites digues. Entre Morsalines et Saint-Vaast-la-Hougue, l’anse du Cul de Loup est en voie de colmatage. |
Baie des Veys |
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Dans sa partie nord-est, de Saint-Vaast-la-Hougue à Barfleur, la côte est basse et sinueuse, bordée de petites plages formées entre les écueils et les pointes rocheuses |
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La côte Nord du Cotentin
Sur une distance de 60 km environ, entre la pointe de Barfleur et le cap de La Hague, la façade nord du Cotentin est caractérisée par une grande diversité de paysages littoraux.
Le littoral est formé d’une succession complexe de falaises accores, de secteurs bas et rocheux, de plages de sables et de galets bordant des marais littoraux (Gattemare, Vrasville,...) |
Cherbourg |
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La côte Nord-Ouest du Cotentin
Dans sa partie nord-ouest (du cap de Carteret au cap de la Hague), sur une distance de 47 km, le littoral est constitué d’une succession de massifs dunaires très élevés (Massif dunaire de Beaubigny, Biville, Vauville), de caps rocheux (cap de Flamanville, cap du Rozel, Nez de Jobourg), de côtes basses rocheuses (Goury). |
Carteret |
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La côte Ouest du Cotentin
Plus au Sud, sur une distance de 115 kilomètres entre le cap de Carteret et le Roc de Granville, la façade ouest du Cotentin est bordée d’un cordon littoral sableux de faible altitude. Sa régularité est entaillée par neuf havres qui constituent le débouché en mer de petits fleuves.
Sur cette façade, le cordon littoral relativement étroit, borde une plaine côtière partiellement submersible dont la largeur varie d’une centaine de mètres à quelques kilomètres. |
Granville |
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Au Sud de Granville, la côte aux vastes estrans sableux bordés de dunes cède la place au littoral urbanisé de Saint-Pair, Jullouville et Carolles et enfin, au Sud du cap de Champeaux, à la grande baie du Mont-Saint-Michel. |
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La mer a donné son nom au département, l'océan régit son climat et, où que l'on se trouve, le rivage n'est jamais très loin !
Saint-Vaast-la-Hougue, Tatihou, Barfleur, Roubari, Port Pignot, Port Lévi, Le Becquet, Omonville la Rogue, Port Racine, Goury, Diélette, Barneville-Carteret, Portbail, Granville. Carentan et La Sinope sont des ports communaux.
- Cherbourg - Port des Flamands - Querqueville |
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GRANVILLE
Le port de Granville est constitué par un avant-port (ou port d’échouage) et un bassin à flot fermé par une porte d’Elbe. Son marnage est l’un des plus importants du monde avec 11,60 m pour une marée de coefficient 100.
L’activité maritime de Granville s’est principalement développée aux XVIème et XVIIème siècles. A cette époque, Granville est un centre important pour la pêche à la morue, sur les bancs de Terre-Neuve et également pour la pêche aux huîtres, dans le golfe Normand-Breton.
La construction du port, avec sa grande jetée, ses quais et bassins à flot, s’étale tout au long du XIXème siècle, complétant les premiers ouvrages qui existaient préalablement.
Après la guerre 1914-1918, l’augmentation du tonnage des cargos conduisent à réunir les deux bassins à flot en un seul et à créer en 1925 un vaste terre-plein le long de la jetée Sud.
En 1944, les travaux de remise en état du port ont donné lieu au déplacement de l’entrée du bassin à flot et à l’élargissement de la porte d’Elbe (20 m depuis 1950).
C’est grâce à ces travaux que le port a conservé, de nos jours, un trafic commercial, lui permettant de recevoir des bâtiments d’une largeur de 18 m, d’une longueur maximale de 125 m et d’une capacité de 5 à 6 000 tonnes.
En 1975, l’infrastructure portuaire a été complétée par la création d’un port de plaisance, le port de Hérel.
Les activités du port de Granville sont aujourd’hui de quatre ordres :
Le petit cabotage national et international. Les liaisons voyageurs avec les îles Chausey et anglo-normandes. La pêche côtière de coquillages et de poissons. La navigation de plaisance.
Superficie
Avant-port : 13 hectares. Passe d’entrée de 125 m de largeur. Bassin à flot : 4,80 hectares. Porte d’ebbe de 20 m de largeur. Il est constitué de cinq quais accostables :
- Quai Est ou d’Orléans (94 m). - Quai Nord (240 m). - Quai Ouest (165 m), avec une activité pêche. - Quai Sud (250 m), avec une activité de commerce. - Quai Sud-Ouest (76 m), avec une activité passagers. |
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PORBAIL La Caillourie
Situé sur la côte Ouest du Cotentin, Port-Bail est un port d’échouage comportant 190 mouillages abrités des vents dominants. Accessible par la mer à l’aide d’un chenal balisé, le port fait partie intégrante de l’immense havre où de nombreuses activités sont possibles. La proximité immédiate des Iles Anglo-Normandes de Jersey, Sercq et Guernesey, fait de Port-Bail un point de départ idéal pour la navigation de plaisance.
Capacité : 240 places dont 69 sur catway - 36 places visiteurs |
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BARNEVILLE-CARTERET
A l'embouchure d'un havre profond et abrité, le port de Carteret est fréquenté depuis des siècles.
Les goélettes commerçaient avec les îles bien avant l'avènement de la vapeur.
Par la suite, des liaisons régulières furent mises en place et tout récemment, des catamarans à grande vitesse ont encore facilité les déplacements. L'activité de la pêche est importante et diversifiée, poisson et surtout crustacés : araignées, tourteaux et le fameux homard de Carteret.
Le port de Carteret est la base idéale de croisières vers les îles anglo-normandes. |
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DIELETTE
Le Port de Dielette est situé à l'abri du cap de Flamanville, face à Aurigny. Guernesey est à 28 miles et Jersey à 36 miles.
Le port était compris entre les rochers qui le bordaient au nord et une grande jetée, longue de 373 m et fondée sur le rocher, construite de 1867 à 1873. En 1995, la communauté de communes des Pieux a entrepris l'aménagement d'un équipement de plaisance, pêche et commerce pour accueillir dans un bassin de plaisance 460 bateaux, dont 60 pour les visiteurs, sur pontons et catways.
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CHERBOURG-OCTEVILLE
Cherbourg-Octeville occupe une position géographique privilégiée au bout de la presqu'île du Cotentin, pointe avancée au beau milieu de la mer de la Manche. Elle doit en partie sa vocation maritime à Vauban qui reconnut le premier la position "audacieuse" de la ville. de niveau international accueille les plus grandes manifestations nautiques : Course du Figaro, Challenge Mondial Assistance, Cutty Sark. |
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BARFLEUR
Le port de Barfleur est situé à l’extrémité nord-est de la presqu’île du Cotentin.
Beaucoup plus important que Cherbourg jusqu'au XIVème siècle, puis détruit par les Anglais, il mit longtemps à se relever de ses ruines, et ce ne fut guère qu'en 1828 que ses anciens ouvrages furent restaurés, puis complétés. |
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SAINT VAST LA HOUGUE
Dans la région du Val de Saire, à l'extrémité nord-est de la Presqu'Ile du Cotentin, Saint-Vaast-la-Hougue est aujourd'hui un port de pêche important, un centre ostréicole réputé et une station balnéaire appréciée.
Venant de l'est et du nord, on y fait escale avant de contourner le Cotentin pour ensuite faire route vers les Iles anglo-normandes et les côtes nord de la Bretagne. |
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CARENTAN
Le Port de Carentan est situé sur la côte Est du Cotentin. L'accès au port à partir de la baie des Veys se fait par un chenal balisé puis endigué jusqu’à une écluse où se rejoignent deux rivières. |
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Les petits ports de la Manche répondent à un besoin de proximité des usagers et la plupart ont des richesses patrimoniales très intéressantes. |
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ROUBARI Commune de Gatteville Phare
Le petit port de Roubary est très calme aujourdhui, n'abritant que quelques barques, mais au 20ème siècle, il était très animé par les venues de deux bateaux à vapeurs qui venaient chercher le granit de la carrière de Gatteville pour la construction des bassins et des quais du port du Havre
Le nom Roubary proviendrait de «roule baril» rappelant les tonneaux dans lesquels étaient transportées les marchandises, dont certaines frauduleuses comme le tabac.
Dailleurs, ce port était réputé pour ces dernières.
Deux naufrages eurent lieu en ce lieu dont celui de la «Blanche nef» en 1120. Ce navire appartenait à Guillaume Andelin, fils dHenri Ier Beauclerc et futur héritier du royaume anglo-normand. Il se fracassa sur la roche de Quilleboeuf et près de 300 passagers et marins périrent noyés, dont tous les enfants du roi et la fine fleur de la noblesse anglo-normande. La chronique rapporte : «Après ce désastre, plus jamais ne sourit le roi Henri». |
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PIGNOT Commune de Fermanville
Port Pignot est l'un des plus petits ports de France. Imaginé par le carrier lillois Charles Pignot en 1889, de nombreux chalands y embarquaient la pierre de la carrière toute proche.
Le granit rose de Fermanville, connu pour la beauté de ses gros cristaux de feldspath et sa qualité, est utilisé localement depuis le 15ème siècle. Le granit du Cap Lévi permit l'élévation du viaduc de Fermanville, mais il s'exporta aussi en dehors du cadre local pour permettre diverses réalisations d'importances - cale de la compagnie générale transatlantique au Havre en 1914, façade du Printemps parisien, obélisque commémoratif d'Utah-Beach, monuments aux morts de différentes communes de France... La carrière du Cap Lévi n'est aujourd'hui plus exploitée. Un tailleur de pierre travaille néanmoins toujours sur le site et un magasin propose la vente de cheminées et de dallages en pierres naturelles. |
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LEVI Commune de Fermanville
Le site du port Lévi a toujours attiré l'homme. D'abord au paléolithique, puis à l'époque romaine, où l'anse sert de point de départ vers l'Angleterre. Ensuite, ce sont les vikings qui s'installent et lui donnent son nom (Lévi vient du scandinave "pvik" = anse).
Durant les siècles qui suivent, l'endroit sert d'abri et de lieu de commerce, le seigneur de Fermanville touche des taxes sur le transport des marchandises.
En 1543, le fief de Fermanville "un havre, le havre de cap Lévy et plusieurs pêcheries à poissons audit Pirou appartenant, auquel havre de cap Lévy il a le droit de coutume, des denrées et marchandises chargeant et déchargeant audit havre, c'est à savoir pour chacune beste 4 deniers, pour chacune somme de poisson 4 deniers, et des autres denrées et marchandises ainsi qu'il est accoustumé et en iceluy gravage y a salines et grèves pour faire sel" - Aveu du 25 mai 1543 ( notes Hulmel, AD 50 (123J)
Au XVIème siècle, des corsaires opèrent à partir du cap Lévi, comme GIlles de Raffoville, ou François Leclerc. Le 24 octobre 1654, une requête présentée au roi par Pierre Davy, seigneur de Fermanville, lui demandant de construire à ses frais un havre au cap Lévy et demandant pour l'indemniser de ses frais de l'autoriser à percevoir des droits sur les vaisseaux qui y aborderont.
En décembre 1654, Pierre Davy obtient cette autorisation du roi, mais cette première digue de pierres n'est achevée qu'à la fin du siècle, et elle est rapidement détruite par la mer. Ainsi, en 1743, dans un mémoire, l'ingénieur de Caux indique "on trouve un petit port ou entroient autrefois de fortes barques qui étoient à l'abry d'une digue de pierres sèches faite par les seigneurs du lieu, ne subsistant plus aujourd'hui, de moyens bateaux ont peine à s'y mettre à couvert."
En 1786, une nouvelle jetée est construite pour remplacer la précédente. La digue sert à l'embarquement des blocs de granit servant à la construction du port de Cherbourg. Ce nouvel ouvrage sera détruit par un tempête en 1806.
Ce n'est qu'en 1861 que celle-ci est reconstruite. De 1877 à 1880, une autre jetée est bâtie, donnant au port son aspect actuel. En mars 1887, un canot de sauvetage, l'Eline et Sophie, est installé à la suite de catastrophe maritimes. Il sauva de nombreuses vies. Sa dernière sortie s'effectua en janvier 1943 et l'abri fut détruit en 1952.
Les derniers travaux effectués dans le port datent de 1991 avec la construction d'une cale facilitant la mise à l'eau des bateaux. |
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LE BECQUET Commune de Tourlaville et Digosville
Construit en 1783 pour le transport des blocs de pierre pour le projet de la grande digue de Louis-Alexandre de Cessart, il tire son nom des deux pointes rocheuses qui l'encadrent, les becquets. Son originalité tient à sa jetée de pierres sèches et de pierres plates verticales.
Au Becquet, en 1783-1786, il y avait une carrière qui servait à construire le port du Becquet. Pour le construire, on a simplement empilé des pierres sèches et on les a protégées avec du bois. Ce port faisait 54 m de long et 40 m de largeur de quai.
En 1785, on a construit une caserne pour abriter 600 hommes ( officiers et communs ). Elle était située au cœur de la carrière. On a dû construire des écuries, des forges, des bureaux, des logements et des pavillons d'ingénieurs. Les ouvriers construisant la grande rade de Cherbourg travaillent jour et nuit à marée haute. Pendant les marées basses, ils se reposent dans la caserne. Les marins du port du Becquet se ravitaillent en eau douce dans des « aiguades » (ce sont des fontaines, débitant 180 000 à 270 000 l par jour) Il y a trois aiguades : l'une à l'ouest s'appelant aiguade des Près , l'autre à l'est aiguade du Tôt et la dernière aiguade du Becquet qui se trouve sur la voie publique. |
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Le port du Becquet vers 1900 Collection CPA LPM |
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Le port du Becquet, la galerie photos de Hubert FOLLIOT photo 2009 |
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PORT DU HABLE Commune d'Omonville la Rogue
Charles de Gerville fait de la fosse d'Omonville, un site utilisé depuis l'époque gallo-romaine et relié à la ville principale du Cotentin Alauna et à un autre port important de la presqu'île, Portbail. Le port aurait abrité ensuite les vikings puis les corsaires. Pour autant, aucune preuve ne permet de justifier les conjectures de l'antiquaire valognais. En 1664, une commission d'études des côtes de la Manche, après avoir renoncer créer un port de guerre à Cherbourg, vante les mérites de la fosse d'Omonville permettant de créer un bassin de 48 hectares, plus facilement que les 21 hectares du port militaire cherbourgeois qui voit le jour près d'un siècle et demi plus tard. En 1686 et 1694, Vauban loue à son tour les mérites de cette position pour la création d'une rade offrant refuge aux vaisseaux et frégates, mais privilégie le port de Cherbourg. |
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PORT RACINE Commune de Saint Germain des Vaux
Il a été construit par un capitaine corsaire, François-Médard Racine, en 1813, qui voulait un endroit pour mettre à l'abri son navire "L'Embuscade" entre deux attaques Anglais. D'une superficie de 8 ares, il accueille aujourd"hui une vingtaine d'embarcations beaucoup plus pacifiques.
Découvrir Port-Racine, après avoir longé le sentier des douaniers à Saint-Germain-des-Vaux, plonge dans un décor de cinéma. Ce lieu, propice à l’imagination et à la rêverie, était une des promenades préférées de Jacques Prévert. Il n’est pas rare d’y trouver un peintre ou un photographe cherchant à capter son charme et son originalité.
Port-Racine s’ancre dans une histoire ancienne car il est niché au nord-ouest de l’anse Saint-Martin, la plus grande de la pointe de la Hague, connue de nombreux navigateurs. La première mention écrite de son utilisation comme mouillage est due à Gilles de Gouberville, gentilhomme du Val-de-Saire, qui indique dans son journal, à la date du 2 juillet 1558, avoir attendu une marée favorable pour se rendre à Aurigny à la « pierre de Saint-Germain », sans doute La-Roche-du-Var qui culmine à 49 m d’altitude entre le port et le fort.
L’origine du port actuel remonte au XIXe siècle. Le corsaire François-Médard Racine ( ainsi nommé car il est né le jour de la Saint-Médard 1774 aux Moitiers d’Allonne ) embarque comme mousse à 15 ans. Dur à la tâche, il grimpe dans la hiérarchie et enchaîne de nombreux embarquements sur des navires marchands, bretons le plus souvent, qui l’amènent à plusieurs reprises aux Antilles. Devenu capitaine au long cours, il est fait prisonnier en 1810 par les Anglais, en guerre permanente contre Napoléon. Racine s’évade, est repris et se fait la belle de nouveau sur un simple canot. En 1812, il est capitaine du corsaire « l’Anarcharsis » et fait la « course » aux navires anglais. Il commande ensuite le lougre* « L’Embuscade » (d’environ 11 mètres), armé à Cherbourg, et basé au nord-ouest de l’anse Saint-Martin, à l’abri des vents dominants, près de la route maritime entre les îles anglo-normandes et l’Angleterre : une base idéale pour attaquer les navires anglais. Il construit une jetée en pierres sèches parallèle à la « vieille jetée » qui constitue un abri presque deux fois plus petit que le port actuel, mais qui permet, sous la protection du fort Saint-Germain et de la batterie de Jardeheu, d’attendre la renverse de marée et le début du jusant pour passer le redouté Raz-Blanchard. Il loge les 16 hommes d’équipage dans une cabane, sans doute située sur le petit replat qui domine le port à l’ouest.
Après la mort de Racine en 1817, la jetée se dégrade régulièrement ; elle est réparée de manière sommaire par les pêcheurs. Durant toute la seconde moitié du XIXe siècle, pétitions et réclamations alternent. La « vieille jetée » au nord, adossée aux rochers de Verte- Roque, est construite au début des années 1870, la « nouvelle jetée »,destinée à éviter le ressac, en 1886 ; entre les deux, une passe de 11 mètres permet d’accéder au port qui est à sec à marée basse. |
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GOURY Commune d'Auderville
Extrême pointe de la Hague, face à l'île anglo-normande d'Aurigny, que l'on ne voit jamais si proche (16 km) de la côte, mais qui en est séparée par le terrible raz blanchard, l'un des principaux et plus dangereux raz de France. On remarque le courant aux stries sombres qui sillonent la mer. Il s'agit d'un courant alternatif de 22 km/h environ ; tous les six heures et quart, avec la marée, le courant change de direction. L'effet est saisissant ; des dizanies de rocs percent l'eau tourmentée de leurs pointes aigües.
Que de naufrages, sur cette côte, de navires trompés par les courants ou l'obscurité ! Ce raz, semé de rochers aux entassements chaotiques, est en effet un monstrueux cimetière marin où ne dorment pas moins de quarantes navires : sous le sémaphore, le " Karn Math " et l' " Océan Prince ", l'un sur l'autre ; le patrouilleur " La Gazelle ", dans la Pêcherie ; le " Fricka ", près du Porchet ; près de la Roque Auray, un galion espagnol chargé de trésors...
La jetée fut construite en 1843, et le premièr bateau de sauvetage date de 1870. On lui bâtit un abri en 1878, là où se trouve aujourd'hui l'office de tourisme. Quand le canot de sauvetage est motorisé en 1928, un nouvel abri est construit. De forme octogonale, il a deux cales d'accès qui permettent de mettre le canot à la mer quelle que soit la marée. |
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TATIHOU Commune de Saint-Vaast-la-Hougue
En 1828, apparaît un projet de jetée pour faciliter le transport des marchandises destinées au lazaret. Dans les années 1850, on construit d’abord la cale-débarca-dère en granit puis la jetée de 62 m de long au total sur 4,30 m de large. Détruite par la mer, elle sera reconstruite en 1866 sur les bases de l'ancienne.
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