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En guise de conclusion : la mémoire des paysages
Enfin, facteurs déterminants de la composition des paysages, les moulins quels qu’ils soient témoignent également d’états et de productions antérieurs de leurs terroirs. Si les vestiges ou le souvenir des moulins à farine, majoritaires, et de ceux à huile et à brai commémorent ainsi, concurremment avec la micro-toponymie et des parcellaires reliquaires, une agriculture vivrière auto-suffisante, les massifs forestiers qui couvraient jadis une part importante de la presqu’île fournissaient à d’autres ateliers leurs matières premières ou secondaires : l’écorce de chêne pour le tan, le bois pour les scieries et les forges mais aussi les fougères pour les glaceries. A contrario, le bocage voire les boisements qui enserrent désormais les places de moulins à vent ont fait oublier d’anciens espaces découverts que, dans le cas des landes rases (fig. n°15), pâturaient des troupeaux de caprins ou d’ovins dont la laine assura par ailleurs l’approvisionnement des foulonneries puis des mécaniques (filatures). Ce n’est donc qu’avec les premières importations de coton puis de grains que s’amorça la rupture, un temps retardée par des reconversions laitières ou fromagères, entre le moulin et son terroir. Sur cette voie, en dépit de débouchés ferroviaires et maritimes qui, au regard des filatures et des minoteries, firent un temps illusion, le Cotentin ne sut s’imposer. Aujourd’hui, seuls le moulin Roupsard du Vicel et le moulin à vent de Fierville-les-Mines continuent de tirer parti des ressources locales.
Néanmoins, l’abandon ou la disparition des multiples ateliers qu’annonçaient le bruissement ou le tintamarre de leurs mécanismes et qu’avoisinaient souvent des carrières, n’a pas pour autant complètement effacé leur empreinte sur les paysages vernaculaires ni, semble-t-il, au seul spectacle des multiples « moulins-nains de jardin », leur survivance dans l’imaginaire collectif. | ||||||
Moulin du Dick a QuettehouCpllection CPA LPM 1900 | ||||||