SAINT DENIS LE VETU CC 49.9 du canton de Cerisy La Salle |
NOTICE HISTORIQUE SUR SAINT DENIS LE VETU 01/40 |
Une paroisse Normande Par l' Abbé E. Quinette Paru en 1889
- Préface - 1° L'époque primitive 1/2
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PRÉFACE |
La Notice historique que nous publions concerne une paroisse qui a passé par plusieurs phases différentes ; c'est ce qui donne une certaine variété au récit. Sans doute, il y a encore bien des lacunes à combler : cependant l'ensemble des faits principaux, surtout depuis le commencement du seizième siècle, apparaît avec assez de suite et de clarté. Nous les avons puisés à diverses sources, mais particulièrement dans les Archives de la Fabrique, qui sont assez riches en documents et qui, heureusement, n'ont pas été emportées par le flot révolutionnaire.
Cette Notice historique peut se diviser en cinq époques principales : |
Notice historique de Saint-Denis-le-Vêtu 1 - 40 |
- 1° L'époque primitive depuis les temps les plus reculés jusqu'en 1199 |
(1-2) | LPM N° 984-985 |
- 2° L'époque du patronage unique de l'Abbaye de Blanchelande depuis 1199 à 1492 |
(3-4) | LPM N° 1005-1006 |
- 3° L'époque d'un triple patronage depuis 1492 à 1789 (1/26) |
(5-29) | |||
PREMIÈRE PÉRIODE (1492 à 1562) | Construction de la tour actuelle | 1-2/25 | LPM N° 1016-1017 |
DEUXIÈME PÉRIODE (1562 à 1598) | Guerres de Religion et de la Ligue | 3-7/25 | LPM N° 1027-1028-1029 -1030-1031 |
TROISIEME PÉRIODE (1598 à 1657) | Le Calme après la Tempête | 8-10/25 | LPM N° 1052-1053-1054 |
QUATRIEME PÉRIODE (1598 à 1657) | Procès de quelques curés de Saint-Denis-le-Vêtu à propos de leurs dîmes novales (1657 à 1738) | ||
| I - Me BRIAULT CURÉ (1657 à 1693) 1/8 | 11-18/25 | LPM N° 1075-1076-1077 -1078-1079-1080-1081-1082 |
| II - Me JEAN DENYS CURÉ (1693 à 1732) 1/4 | 19-22/25 | LPM N° 1102-1103-1104 -1105 |
| III - Débuts de l'administration de Me Louis Lepaillier (1732 à 1738) | 23/25 | LPM N° 1120 |
CINQUIÈME PERIODE (1738 à 1789) | Grandes réparations faites à l'église de Saint-Denis-le-Vêtu | ||
I - Fin de l'administration de Me Louis Lepaillier Curé (1738 à 1754) | 24/25 | LPM N° 1140 | |
II - Administration de Me Jacques Fauchon Curé, jusqu'à la Révolution (1754 à 1789) | 25/25 | LPM N° 1150 |
- 4° L'époque de la Révolution de 1789 à 1803 |
(30-33) | |||
I - Saint-Denis-le-Vêtu depuis 1789 à 1795 | 1-3/4 | LPM N° 1160-1161-1162 | |
II - Saint-Denis-le-Vêtu depuis 1795 à 1803 | 4/4 | LPM N° 1175 |
- 5° L'époque contemporaine depuis 1803 jusqu'à nos jours. (1889 lpm) |
(34-39) | |||
I - Premières réformes sous l'administration de M. Louis Legravereng Curé (1803 à 1837) | 1/2 | LPM N°1190-1191 | |
II - Réformes plus importantes depuis 1837 à 1879 | 3/4 | LPM N°1210-1211-1212 | |
III - Construction du Presbytère actuel sous la cure de M. Louis Huvé (depuis 1879) | 4/4 | LPM N°1220 |
- CONCLUSIONS |
(40) | LPM N°1221 |
Avant d'entrer dans le récit des faits, faisons une courte topographie de la commune.
La paroisse et commune de Saint-Denis-le-Vêtu, dans le département de la Manche et l'arrondisse-ment de Coutances, est située à neuf kilomètres environ de cette ville, à huit cents mètres du côté de l'Orient de la route départementale de Coutances à Gavray. Le pays de Saint-Denis est acci-denté ; il s'étend du sud-ouest au nord est dans une longueur d'environ dix kilomètres. Il forme de l'est à l'ouest une suite de côteaux et de vallons traversés par des ruisseaux qui vont s'unir à la rivière de Vanne ; cette rivière va se jeter elle-même dans la rivière de Sienne, près Quettreville.
La contrée de Saint-Denis-le-Vêtu est très fertile, à l'exception d'une petite portion de terrain qui s'approche de la lande de Saussey et d'Ouville : c'était autrefois un pays boisé [1]
La commune de Saint-Denis-le-Vêtu touche à l'ouest à Contrières, au sud-ouest à Trelly ; ces deux communes se trouvent dans le canton de Montmartin-sur-Mer ; au nord-ouest, Saint-Denis touche à Saussey, commune du canton de Coutances ; elle est bornée au sud par Guéhébert, dont la sé-pare la rivière de Vanne ; au nord elle touche à Ouville, à l'est à Roncey. Elle appartient, comme ces trois dernières communes, au canton de Cérisy-la-Salle.
Elle s'étend à un kilomètre du bourg de Roncey, et à cet endroit la distance de l'église de Saint-Denis est d'environ sept kilomètres.
Nous ne dirons rien, dans cette Notice, du saint Patron de la paroisse, nous réservant, à cause de l'abondance des matériaux, d'en parler à part.
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1° L'époque primitive 1/2 |
Depuis les temps les plus reculés jusqu'en 1199 La contrée appelée actuellement Saint-Denis-le-Vêtu était-elle habitée à l'époque de la domination romaine ?
Nous l'ignorons : sa fertilité naturelle rendait ce pays facile pour l'alimentation ; en outre, il y avait un grand nombre de bois sur les côteaux. On pourrait croire, à cause de cette facilité de culture et du goût des anciens habitants de la Gaule pour les pays boisés, que la contrée de Saint-Denis-le-Vêtu était habitée au temps du paganisme gaulois et de la conquête de la Gaule par César.
Les légions de ce Conquérant ont-elles envahi cette contrée ? c'est bien probable.
En tout cas, dans la partie nord-est de la commune, il reste encore quelque vestige d'une grande voie qui semble être une antique voie romaine : les Francs Neustriens et les seigneurs normands qui, après les Gallo-Romains, ont habité le pays, n’avaient pas l'habitude d'ouvrir de voies aussi larges. Coutances [2] n'était alors qu'un bourg, suivant la légende de saint Floscel, son premier martyr.
Quand ce bourg fut-il évangélisé ? Ce fut, d'après la même source, au moins sous l'empereur Dèce et sous Valérien, gouverneur de la Gaule, à la même époque (230). [3] Il y en a qui prétendent qu'elle eut un évêque dès le second siècle de l'ère chrétienne ; cet évêque serait un saint du nom de Paterne, distinct de l'évêque d'Avranches qui porte ce nom. Quoi qu'il en soit, elle dut, dans le principe, avoir une chapelle presbytérale. Saint Ereptiole, saint Exupère, saint Léoncien, qui vivait en 511, puisqu'il assista en cette année au premier concile d'Orléans, mais surtout saint Lo, le plus illustre des premiers évêques de Coutances, évangélisèrent par eux-mêmes ou par des prêtres envoyés par eux les contrées voisines.
Sous les premiers Mérovingiens, les paroisses furent érigées en grand nombre, comme l'atteste M. l'abbé Lager dans l'Histoire de l'Eglise Catholique en France.
La paroisse de Saint-Denis-le-Vêtu fut-elle de ce nombre ? Nous sommes portés à le croire ; le qualificatif de vêtu, corruption du mot latin vetus, qui signifie vieux, semble indiquer une antique origine [4] ; ce qualificatif fut ajouté à Saint-Denis, près Coutances, quand se fonda un peu plus
tard une autre paroisse du nom de Saint-Denis-le-Gast ou le Jeune [5] ; cette paroisse est située à quatre lieues environ de Coutances et à 9 kilomètres de Saint-Denis-le-Vêtu.
On ignore si l'église primitive était placée à l'endroit où elle se trouve actuellement. Quelques-uns disent qu'elle était autrefois au village appelé le Ménage-au-Conte ou Le Conte, à 500 mètres du côté nord de la route de Saint-Denis à Roncey et à 800 mètres du bourg de Saint-Denis.
Néanmoins, il semble étrange qu'il ne reste aucun vestige de cette antique église : un champ, par exemple, aurait pu conserver le nom de Champ-de-l'Eglise.
Jusqu'à preuve du contraire, nous pouvons croire que l'église primitive se trouvait placée à l'endroit où elle est maintenant.
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NOTES | [1] Plusieurs propriétés depuis la lande d'Ouville, jusqu'au village appelé le Ménage-au-Conte, ont dû être défrichées dans le principe, et ce sont très probablement des moines qui ont opéré ces premiers défrichements.
[2] Coutances s'appelait alors Cosedia. Elle prit celui de Constantia, du nom de l'empereur Constance Chlore, qui la fit fortifier à la fin du IIIe siècle
[3] Floscellus, oriundus e pago Constantino, qui jam tunc evangelica proedicatione fuerat illustratus... Valeriani proesidis jussu captus est. (Propr. brev. Constant. 17 sept.).
[4] Parochia apud Sanctum Dionysium veterem. (Archives épiscopales).
[5] Parochia apud Sanctum Dionysium juniorem. (Item). | |
CPA Collection LPM 1900 |
SAINT DENIS LE VETU CC 49.9 du canton de Cerisy La Salle |
NOTICE HISTORIQUE SUR SAINT DENIS LE VETU 02/40 |
Une paroisse Normande Par l' Abbé E. Quinette Paru en 1889
- 1° L'époque primitive 2/2
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- 1° L'époque primitive 2/2 | ||||
Les prêtres qui desservaient cette église sous les Mérovingiens percevaient déjà la dîme ; car dans un concile tenu à Mâcon, en 585, on dit :
« Les lois divines ont ordonné qu'on payât la dîme de tous les fruits aux prêtres pour leur servir d'héritage, afin que, n'étant pas distraits par d'autre travail, ils pussent mieux vaquer aux fonctions spirituelles de leur ministère. Mais on néglige aujourd'hui des lois qui ont été si religieusement observées par nos pères. C'est pourquoi nous ordonnons, sous peine d'excommunication, de payer les dîmes, selon l'ancienne coutume, afin que les prêtres, employant ces dîmes au soulagement des pauvres et au rachat des captifs, rendent efficaces les prières qu'ils font pour la paix et pour le salut du peuple. »
Saint Prétextat, métropolitain de Rouen, assistait à ce concile ; ses suffragants, parmi lesquels se trouvait l'évêque de Coutances, étaient soumis à cette loi [6]
Sous les Carlovingiens, l'église primitive de Saint-Denis-le-Vêtu dut, comme toutes celles du pays, être ruinée et pillée par les barbares Normands qui dévastèrent notre pays.
D'après l'Histoire de l'Eglise Catholique en France, les abbayes se multiplièrent dans la région du Cotentin, bien avant cette terrible invasion [7] Il y en avait une très probablement sur le territoire de Saint-Denis-le-Vêtu ; l'emplacement de cette antique abbaye se trouve sur la limite de cette paroisse et de celle d'Ouville. Or, le nom d'Ouville veut dire habitation d'Ou, comme Brucourt, dont nous parlerons, veut dire maison de Bru, et ce sont là vraisemblablement des noms normands. Il est bien probable que la partie d'Ouville la plus rapprochée de Saint-Denis appartenait avant les Normands à cette paroisse ; celle-ci possédait donc l'antique abbaye d'Ouville. Une terre porte encore le nom de Terre de l'Abbaye, en souvenir de son existence.
Après le traité de Saint-Clair-sur-Epte, conclu en 911 entre le roi de France Charles-le-Simple et le chef normand Rollon, la Neustrie devint la possession des Normands et prit le nom de Normandie. Rollon distribua les terres de cette riche contrée à ses guerriers.
Saint-Denis-le-Vêtu se divisa en un double fief ; le premier, qui comprenait les deux tiers de la paroisse, devint la propriété du seigneur de la Haye ; l'autre tomba au pouvoir du seigneur de Savigny ou de Brucourt. C'est ce dernier nom qu'a retenu ce fief [8].
Le seigneur de la Haye reçut, après sa conversion, le droit de patronage ou de présentation à la cure dans l'église de Saint-Denis-le-Vêtu ; il le retint jusqu'en 1199. | ||||
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La donation de l'église de Saint-Denis-le-Vêtu à l'abbaye de Blanchelande fut d'abord confirmée en 1199 par Guillaume de Tournebut, évêque de Coutances. Vivien, son successeur, la confirma de nouveau en 1205, ainsi que Hugues de Morville et le chapitre de la cathédrale en 1211.
Robert de Dive, frère de Guillaume de Rollos, fut nommé curé de Saint-Denis-le-Vêtu par l'abbé de Blanchelande ; Robert de Dive était auparavant chanoine de la cathédrale de Coutances. Il reconnut authentiquement la donation faite par son frère et sa belle-soeur, quand il jura fidélité, en 1205, aux chanoines réguliers de Blanchelande.
En 1202, Vivien, évêque de Coutances, avait par une charte concédé à l'abbaye deux portions de la dîme de la paroisse de Saint-Denis. Le seigneur du fief de Brucourt, qui s'appelait alors Jean de Brucourt, avait un certain droit dans l'église de Saint-Denis-le-Vêtu, puisqu'il possédait le tiers de la paroisse : en 1211 il bandonna ce droit à l'abbaye de Blanchelande, moyennant cession faite à son frère Henri de Brucourt ou de Savigny, pour trois sous de rente, des dîmes du fief de Recouvrier, près Coutances.
En même temps, Jean de Brucourt donnait au chapitre de la cathédrale de Coutances la troisième gerbe des dîmes de la paroisse de Saint-Denis-le-Vêtu. Cette donation fut confirmée par Hugues de Morville, évêque de Coutances, dans une charte de l'année 1236. Cette charte confirme également d'autres donations faites à l'insigne chapitre de la cathédrale dans les églises de Cherbourg, de Vaudrimesnil, de Hauteville-la-Guichard, de Belval, de Canisy, de Tessy, de Heugueville, de Roncey, de Laulne, de Tourville, de Monthuchon, etc. [11].
Après ces donations, il ne restait plus au curé de Saint-Denis-le-Vêtu que les menues et vertes dîmes de sarrasins et de légumes, et les dîmes novales de la paroisse : on appelle dîmes novales celles des terres défrichées depuis les donations primitives.
Nous aurons souvent l'occasion dans la suite de parler de ces dîmes.
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NOTES | [6] Histoire de l'Eglise Catholique en France, par M. l'abbé Lager, tome III [7] Item, tom. II, p. 232. [8] Archives de la fabrique. [9] Archives du département de la Manche. [10] Archives du dépar-tement de la Manche. [11] Archives de la fabrique. |