Communauté Monastique de l’Abbaye
   
 

LANGAGE DES SIGNES

CLOTURE & HABIT   -8/8

         
 

Abbaye du Mont Saint Michel, Collection CPA LPM 1900

 
     
 

Le langage des signes

 

Les premiers pères du monachisme ont tous mis l'accent sur le silence.

 

"Instrument des bonnes oeuvres" pour saint Benoît, le silence fut repris par la plupart des règles postérieures comme l'un des principes fondamentaux de la vie religieuse. Pourtant pour faire face aux activités de la vie quotidienne il était indispensable de disposer d'un moyen de communication. L'utilisation du langage des signes semble remonter au tout début du monachisme, mais le premier témoignage d'un système organisé de signes visuels remonte à la fondation de Cluny.

 

Saint Odon (879-942) imposa d'utiliser des gestes pour quasiment tous les échanges. A partir du XIe siècle, l'expansion de Cluny poussa de nombreuses communautés disséminées dans toute l'Europe à adopter les signes clunisiens ou des variantes. Comme à Cluny, les premiers signes cisterciens servaient à communiquer des informations pratiques et non à la conversation. Au cours des siècles suivants, l'observance d'un silence absolu devint moins rigoureuse chez les cisterciens, tout comme chez les clunisiens. Ce relâchement ne pouvait qu'entraîner la disparition des systèmes de signes, devenus inutiles.

 

 
 

La clôture et l'habit

 

Afin de garantir des espaces d'intimité et favoriser le recueillement, moines et moniales ont déterminé, dans chaque abbaye, un périmètre, à l'intérieur duquel ils ou elles n'admettent personne qui ne soit de la communauté. Au contraire des moines qui circulent beaucoup, les moniales ne peuvent elles-mêmes franchir ces limites, qui, selon les temps et les lieux, sont matérialisées par des murs, des grilles, des portes verrouillées ou entrebâillées. Dès les origines, les Cisterciens ont exigé des femmes une stricte cloture pour garantir leur retraite. Pourtant, les Cisterciennes sont souvent sorties et ont reçu bon nombre d'amis, au sein même de l'espace clos, sans que cela soit, nécessairement, cause d'irrégularités graves et de scandales. La clôture a souvent été une pierre d'achoppement entre les hommes d'Eglise et les religieuses.

 

A l'époque de Bernard de Clairvaux l'habit du moine cistercien se limitait à une tunique, une coule, un scapulaire, une ceinture, des bas et des souliers, le tout "simple et peu coûteux". La tunique était une chemise en laine, solide, couvrant le corps des épaules jusqu'aux chevilles et dotée de longues manches et d'un large col. La coule est l'habit de dessus traditionnel du moine. Les coules des cisterciens étaient plus petites que celles des bénédictins, et apparemment moins chaudes, car la Summa Cartae caritatis interdit formellement les coules fourrées à l'extérieur. La tunique et la coule étaient en laine écrue et non teinte, d'où le surnom des cisterciens : "moines blancs". Le scapulaire était un long tablier noir dont les pans, devant comme derrière, arrivaient légèrement au-dessus du genou. Il servait à protéger la tunique lorsque le moine s'affairait aux travaux manuels. La tunique, la coule et le scapulaire étaient tenus à la taille par une ceinture ou une bande d'étoffe. Pour se protéger les pieds, les moines avaient des bas en laine et deux paires de chaussures, une pour le jour et une autre pour la nuit.

 

Les informations dont nous disposons sur l'habit des moniales et des frères convers sont moins précises. Pour ce qui est des derniers, ils devaient former un tableau plus hétéroclite que les moines. Les Usus conversorum, qui datent du milieu du XIIe siècle, parlent de cape, tunique, bas, bottes, chaussons et d'une sorte de petite coule couvrant les épaules et la poitrine. Il semble qu'à cette époque la coule et la cape des frères convers étaient d'une couleur plus foncée que celles des moines (gris foncé ou brun), distinction renforcée au cours des siècles suivants où le brun fut réservé aux frères convers et le blanc aux moines.

 

Les moniales cisterciennes se caractérisaient par le port du voile : noir pour les religieuses professes et blanc pour les novices et les soeurs converses. Tout comme les moines, les religieuses portaient une tunique en laine recouverte d'un scapulaire, selon les circonstances, mais elles n'avaient pas de coule, signe extérieur distinctif des frères. Elles portaient en revanche un long manteau, ou cape, sur leur tunique, qui ressemblait à une coule sans capuchon.