| ||||||||
Le tramway rue de l'Abbaye à Cherbourg. Collection CPA LPM 1900 | ||||||||
Mais revenons au tram et à ses wagonnets d’anecdotes et là c’est Yvonne qui prend la parole. « Le tramway allait de Tourlaville à Urville. De La Place de Tourlaville on descendait jusqu’à l’Octroi, rue du Val de Saire on passait le pont tournant, place du Château, rue Albert Mahieu, François la Vieille, on tournait rue Grande Vallée et on filait vers l’arsenal et l’hôpital Maritime, le hameau de la mer à Équeurdreville-Hainneville, Querqueville jusqu’à Urville. Nous étions deux femmes à bord, l’une conduisait et l’autre s’occupait des tickets mais aussi de changer les portes de côté. Eh oui ! une fois arrivées au terminus il fallait repartir dans l’autre sens, on changeait la perche de fil électrique et il fallait inverser les portes, c’était physique ! » Ce petit manège commençait à 6h du matin et ne s’arrêtait qu’à 20h30. Au-delà de la performance physique il fallait composer avec une catégorie de passagers à l’accent germanique et aux exigences très prononcées, période d’occupation oblige. |
À droite Yvonne Trohel pose en compagnie de sa collègue madame Bon. Reflets 121 de mai 2007 | |||||||
«En général, les Allemands n’étaient pas méchants avec nous, mais certains gradés utilisaient le tram un peu comme un taxi et avaient du mal à tenir compte des impératifs de la compagnie et se moquaient de nos horaires. Il y avait souvent du théâtre à Querqueville et les Allemands appréciaient particulièrement ces spectacles. Le problème, c’est qu’en soirée on pouvait se trouver bloqués pendant les alertes à cause des coupures d’électricité. Il nous est arrivé de nous coucher sous les banquettes du tram pour nous protéger des bombardements.» Plus d’une fois ce n’est pas tombé loin et si on est encore là, c’est vraiment que le bon dieu n’a pas voulu de nous ! Une fois en revenant de Querqueville, un gradé allemand voulait qu’on le ramène à La Place, alors que nous devions nous arrêter à La Fonderie. Nous n’avons pas cédé, mais le lendemain on était convoqués à la Kommandantur.»
Période difficile, parcours parsemé d’embûches et comme si tout ça ne suffisait pas, il fallait également faire avec la conduite d’engins pas toujours très manoeuvrables.
« Lorsque que la route était bien droite,ça allait mais dès que nous arrivions dans des endroits comme la Saline à Équeurdreville où le terrain est en pente, on priait pour ne pas avoir à s’arrêter brusquement parce que même en pesant de tout votre poids sur le frein à pied et en faisant retentir la sonnette, il était parfois difficile d’éviter l’accident. Le pire de tout, c’était quand il faisait nuit et que des soldats allemands circulaient sans lumière. Une fois à Équeurdreville nous sommes entrés en collision avec un véhicule allemand sans lumière, je n’ai pas pu éviter le choc. Nous avons appris plus tard qu’un des passagers du véhicule percuté était décédé après avoir été projeté hors de la voiture. Vous voyez, c’était quand même des engins pas faciles à manier, mais c’était quand même une bonne époque ! | ||||||||
Tourlaville Le tramway arrive au terminus de la place des Résistants. Collection CPA LPM 1900 | ||||||||
Le tramway rue Fontaine à Cherbourg. Collection CPA LPM 1900 | ||||||||