LES 49 ABBES DU MONT-SAINT-MICHEL
  LISTE DES ABBES DU MONT-SAINT-MICHEL
 

 

     
 

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Avant Maynard 709-966

 

Au milieu du Xe siècle, les ducs de Normandie avaient enrichi la collégiale Saint-Michel de nombreuses possessions, qui avaient fini par devenir un écueil pour la vertu des chanoines, qui dépensaient leurs richesses dans les plaisirs.

 

Les prébendes attachées à la collégiale la fit rechercher par la noblesse du pays et, dès lors, leur vie se partagea entre les plaisirs de la table, du monde et de la chasse. Le 4e duc de Normandie Richard II avait eu, pour s’y être rendu à plusieurs reprises en pèlerinage, l’occasion de constater la gravité des désordres, que lui avait déjà signalés la clameur publique, et qui devinrent un sujet de scandale pour la contrée.

 

Faisant comparaître les chanoines devant lui, le duc leur reprocha l’oubli de leur caractère et s’efforça de les ramener à la régularité de la vie religieuse, mais remontrances, prières, menaces, tout fut inutile.

 

 

Duc Richard II de Normandie

 
         
 

Les chanoines allèrent même jusqu’à vendre plusieurs vases sacrés, et de précieux parements d’autels pour subvenir aux dépenses exagérées causées leurs dérèglements.

 

Résolution

 

Richard II résolut donc, sur les conseils de l’archevêque de Rouen et de l’évêque de Bayeux, de les remplacer par un monastère de bénédictins, dont la règle sévère, la vie dévote et studieuse répondaient parfaitement à la sainteté de ses intentions. Il requit et obtint aussitôt l’approbation du souverain pontife Jean XIII et du roi Lothaire.

 

Richard se rendit à Avranches, suivi d’un nombreux cortège de prélats et de seigneurs : trente religieux, sortis des abbayes normandes environnantes de monastère de Saint-Wandrille, de Saint-Taurin-d’Évreux et de Jumièges, s’y étaient réunis par ses ordres.

 

Le duc fit notifier ses desseins aux chanoines du Mont Saint-Michel par un des officiers de sa cour avec plusieurs soldats. Ce seigneur se fit remettre les clés de la trésorerie et de l’église et fit savoir aux chanoines qu’ils devaient prendre l’habit de saint Benoit ou quitter le Mont. Tous, sauf deux, quittèrent les lieux. Un nommé Durand, animé d’une dévotion fervente envers l’Archange, préféra se soumettre au vœu du prince que de quitter le lieu où l’avait conduit une foi sincère ; l’autre, nommé Berneher ou Bernier, ne sollicita la permission de rester dans sa cellule, que pour se procurer le moyen d’enlever le corps de saint Aubert, qu’il y avait provisoirement caché. En vain allégua-t-il sa vieillesse et ses infirmités pour obtenir du commissaire la permission de passer dans cet étroit logis le peu de jours que Dieu lui laisserait à vivre ; ses instances d’abord, puis ses emportements et ses menaces, ne purent lui obtenir cette faveur, et il fut contraint par l’officier du duc de se retirer dans une maison bâtie sur le penchant de la montagne.

 

La régénération

 

Ainsi finit, après deux cent cinquante-sept années d’existence, quatre-vingt-quatorze ans après la conquête normande, ce chapitre devenu, par les écarts d’une vie dissolue, une injure pour son fondateur, et pour la contrée un sujet de scandale. À la nouvelle de l’accomplissement des ordres qu’il avait donnés à son envoyé, le duc Richard quitta la ville d’Avranches avec toute sa cour, et se dirigea vers le Mont Tombe, suivis des nouveaux moines chantant des hymnes et des cantiques en l’honneur de saint Michel. Un brillant cortège d’évêques, d’abbés et de seigneurs se pressait autour du jeune duc. Un diplome du roi Lothaire du 7 février 966 approuve l'introduction des moines2.

 

Le duc établit lui-même, sur ce rocher vénérable, la colonie religieuse à la piété de laquelle il remit le soin d’en honorer le patron. Ces religieux résolurent aussitôt de procéder, selon la règle de saint Benoit, à l’élection de leur abbé ; et, par un accord spontané, portèrent leurs suffrages sur le vertueux Maynard qui avait quitté la stalle abbatiale du Saint-Wandrille.

 

Le duc Richard, voulant signaler sa magnificence envers cette institution nouvelle, ne se contenta point de confirmer à ce monastère les bienfaits dont le zèle et la ferveur avaient enrichi l’église collégiale ancienne ; il remplaça les vases et les ornements précieux destinés au service de l’autel, et que les anciens titulaires avaient enlevés ou vendus pour satisfaire leurs penchants désordonnés ; il déclara l’abbé électif par ses religieux, se réservant seulement le droit de lui présenter le bâton pastoral. Il investit ce dignitaire de la pleine juridiction temporelle sur les habitants du rocher et, pour donner une consécration solennelle à cette charte, qu’il fit ratifier plus tard par le roi Lothaire, alors en résidence à Laon, et par une bulle du pape Jean XIII, qu’il la déposa lui-même, après l’avoir signée, sur l’autel de l’archange saint Michel.

 

Le Mont dut encore d’autres preuves d’affection et de piété au duc Richard : de nouveaux bâtiments suppléèrent par ses soins à l’insuffisance des cellules pour le logement des religieux, et de hautes et fortes murailles enveloppèrent le sommet du rocher où se trouvèrent réunis et protégés les anciennes constructions et les nouveaux édifices sacrés.

 

Liste des abbés du Mont-Saint-Michel

 

Refondé en 966 par le duc Richard Ier de Normandie, en substituant une nouvelle communauté à l'ancienne, présente depuis 709 et qui avait été fondée par saint Aubert d'Avranches.

 

Xe siècle

966 - 991 : Maynard Ier, premier abbé bénédictin du Mont

991 - 1009 : Maynard II, ancien prieur de Fontenelle puis du Mont, neveu du précédent.

XIe siècle

1009 - 1017 : Hildebert Ier, désigné par son prédécesseur

1017 - 1023 : Hildebert II, neveu du précédent

1024 - 1031 : Almod

1031 - 1033 : Théodoric

1033 - 1048 : Suppo, ancien abbé de Fruttuaria (Italie), frère du précédent et neveu de Guillaume de Volpiano, abbé de Fécamp

1048 - 1060 : Raoul de Beaumont, moine de Fécamp

1063 - 1085 : Ranulphe de Bayeux

1085 - 1102 : Roger Ier, moine de Caen, ancien chapelain de Guillaume le Conquérant

XIIe siècle

1106 - 1122 : Roger II, ancien prieur de Jumièges

1125 - 1131 : Richard de Mère

1131 - 1149 : Bernard du Bec

1149 - 1150 : Geoffroy

1151 - 1152 : Richard de La Mouche

1152 - 1154 : Robert Hardy

1154 - 1186 : Robert de Torigni, dit « Robert du Mont »

1186 - 1191 : Martin de Furmendi

XIIIe siècle

1191 - 1212 : Jordan du Mont

1212 - 1218 : Raoul des Isles

1218 - 1223 : Thomas des Chambres

1225 - 1236 : Raoul de Villedieu

1236 - 1264 : Richard Turstin

1264 - 1271 : Nicolas Alexandre

1271 - 1279 : Nicolas-François Famigot, ancien prieur

1279 - 1280 : Ranulphe du Bourgay

1280 - 1298 : Jean Le Faë

XIVe siècle

1299 - 1314 : Guillaume du Château

1314 - 1334 : Jean de La Porte

1334 - 1362 : Nicolas Le Vitrier, ancien prieur du Mont

1363 - 1386 : Geoffroy de Servon, ancien prieur du Mont

1386 - 1410 : Pierre Le Roy, ancien abbé de Saint-Taurin d'Évreux, puis de Lessay

XVe siècle

1410 - 1444 : Robert Jollivet

1444 - 1483 : Guillaume d'Estouteville

1483 - 1499 : André Laure

XVIe siècle

1499 - 1510 : Guillaume de Lamps

1510 - 1513 : Guérin Laure

1515 - 1523 : Jean de Lamps

1524 - 1543 : Jean Le Veneur, premier abbé commendataire

1543 - 1558 : Jacques d'Annebault

1558 - 1570 : François Le Roux d'Anort

1570 - 1587 : Arthur de Cossé-Brissac

XVIIe siècle

1588 - 1615 : François de Joyeuse

1615 - 1641 : Henri de Lorraine, duc de Guise

1641 - 1643 : Jean Ruzé d'Effiat

1644 - 1670 : Jacques de Souvré

1670 - 1703 : Étienne Texier d'Hautefeuille

XVIIIe siècle

1703 - 1718 : Jean-Frédéric Karq de Bebembourg

1721 - 1766 : Charles-Maurice de Broglie

1766 - 1769 : Étienne-Charles de Loménie de Brienne

1788 - 1791 : Louis-Joseph de Montmorency-Laval