Voyage IMPERIAL dans le Cotentin en mai 1811  - 3/8
Un cortège qui impressionne
     
 

La composition du cortège démontre que ce séjour en Basse-Normandie est à la fois une tournée de travail, d’inspection et un voyage de prestige et de représentation. L’empereur se rendit en Basse-Normandie en grande compagnie. « A peine échappée aux dangers inséparables de la maternité », l’impératrice Marie-Louise, nièce de Marie-Antoinette et « mère d’un roi ardemment désiré », accompagne son époux. Cette présence affichait la destinée assurée du trône, auquel les Français devaient vouer respect et fidélité. Dans la suite de l’impératrice, se trouvaient l’oncle de Marie-Louise, le Grand-Duc de Wurtzbourg, frère de l’empereur François 1er, sa dame d’honneur, la duchesse de Montebello, le prince et la princesse Aldobrandini et d’autres courtisans. L’empereur était accompagné de trois ministres : le comte de Montalivet pour l’Intérieur, le comte Decrès pour la Marine et le duc de Bassano, secrétaire d’Etat et ministre des Affaires étrangères depuis avril. D’autres hauts fonctionnaires et grands officiers du Palais étaient aussi du voyage, ainsi que le vice-roi d’Italie, le prince Eugène de Beauharnais. 101 serviteurs du Palais accompagnaient le couple impérial. 150 grenadiers, 230 chasseurs, 230 Dragons, 15 gendarmes d’élite assuraient la protection du convoi. Des piquets de 25 chevau-légers du 2ème régiment étaient de plus disposés en de nombreux endroits, le long du trajet. A ce dispositif, il faut ajouter, dans chaque département traversé, les Gardes d’honneurs composés des représentants des meilleures familles, honorés d’accompagner leurs altesses dans leur département. Le convoi ainsi composé est exceptionnel par son ampleur : plus de cinquante voitures attelées de 259 chevaux de poste, plus de dix-sept bidets pour les piqueurs, six brigades de chevaux de selle, six berlines de ville, trois calèches en Daumont et cinquante chevaux de carrosse.

 

Le déplacement d’un tel convoi devait marquer à jamais les esprits mais les informations portées dans son journal par Jean-Nicolas Geoffroy, avocat valognais et membre de la municipalité, révèlent qu’à son approche de Cherbourg le convoi s’étirait remarquablement. C’est ainsi que quatre jours avant le passage de l’empereur, les premiers éléments passent à Valognes. Dès le 22 mai (l’empereur traverse Valognes le 26), l’avocat note l’arrivée de lanciers, dragons et hussards de la Garde impériale venant loger chez l’habitant, le lendemain plusieurs voitures de l’empereur sont arrivées « dont quelques unes étaient fort belles », le 24, deux caissons contenant les effets du service impérial précèdent plusieurs voitures à six chevaux transportant les ministres de la Marine et de l’Intérieur, le Directeur des postes et d’autres fonctionnaires. Le 25, veille du passage impérial, Jean-Nicolas Geoffroy observe une « file de treize voitures dont une à huit chevaux dans laquelle devait être un ministre ; il y avait dans les autres des chambellans et des secrétaires de l’empereur et des gens de sa maison. »