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BATAILLE DE LA HOUGUE | |||||
La Bataille de la Hougue est la bataille navale décisive pendant la Guerre de Neuf Ans. Elle opposa en 1692 la flotte anglo-hollandaise à la flotte française du vice-amiral de Tourville, au large de la pointe du Cotentin. Elle fut un désastre pour la marine française.
Pour aider son cousin, le catholique Jacques II d'Angleterre, à retrouver son trône, Louis XIV lui propose une flotte et des hommes mis sous l'autorité de Tourville. L'embarquement est prévu en Cotentin avec 20 000 hommes et 44 vaisseaux pour débarquer près de l'Île de Portland.
Après la victoire de Sir Drake sur l'Invincible Armada en 1588, cette nouvelle victoire de la Royal Navy confirma la suprématie navale de l'Angleterre. Elle durera jusqu'à la Seconde Guerre mondiale.
Faute de fortification sur la côte normande, Tourville prévoit de rejoindre Brest ou Saint-Malo. Une majorité des navires (soit 27 navires) parvient à franchir le Cap de la Hague, mais treize ne peuvent franchir des courants du raz Blanchard. Ils sont alors contraints de revenir vers l'ennemi en se réfugiant dans la baie de la Hougue.
Le 1er juin, trois navires fortement touchés pendant la bataille de Barfleur dont le Soleil Royal navire amiral, s'échouent au large de Cherbourg : le Triomphant près de l'embouchure de la Divette, l'Admirable sur les Mielles, et le Soleil royal à la pointe du Hommet. L'artillerie des fortifications de la ville tient pour quelque temps l'ennemi à distance. Le stock de poudre du Soleil Royal et du Triomphant, en s'embrasant, explose et les projections provoquent de gros dégâts matériels et humains dans la ville.
Les 2 et 3 juin, les Anglais, embarqués sur des chaloupes, incendient l'un après l'autre les navires en rade de la Hougue. Jacques II regarde sur les hauteurs de Quinéville, ce spectacle qui signifie la fin de ses ambitions. Louis XIV ne tient pas rigueur à Tourville qu'il nomme maréchal de France en 1694.
Cette sévère défaite révèle la nécessité de consolider la défense de la baie, avec deux tours similaires, l'une sur le fort de la Hougue et l'autre sur Tatihou. Elle révèle aussi amèrement l'erreur commise par les adversaires de Vauban, qui ont convaincu le Roi d'arrêter les travaux du port de Cherbourg et même de détruire ses fortifications.
Gravure du hollandais J. G. Balthern représentant la bataille de la Hougue.
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PREPARATIFS |
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La guerre se poursuit depuis plusieurs années. Persuadé de la faiblesse de l'engagement anglais au sein de la coalition, le roi de France prépare une opération militaire visant à débarquer environs 20 000 hommes sur les côtes anglaises et de placer à nouveau Jacques II sur le trône. Une des conditions de la réussite de ce plan est que Tourville doit entrer en Manche avec une force navale suffisante pour tenir tête à la flotte coalisée.
Les atermoiements français
Bien qu'il commande à la flotte, Tourville ne possède aucun pouvoir décisionnaire. L'opération est placé sous le commandement de Jacques II, Bonrepaus et Bellefonds, ce dernier doit commander le corps expéditionnaire prévu à un effectif de 20 000 hommes concentré à Saint-Vaast-la-Hougue, dans le nord-Cotentin. Une flotte de protection et de transport basée à Brest doit venir à Saint-Vaast pour embarquer les troupes. En avril, les trois commandants de la force d'invasion s'installent à Saint-Vaast. Devant l'ampleur de la tâche pour rassembler les troupes, de nombreuses difficultés surviennent notamment entre l'armée de terre et la marine. Le recrutement rencontre aussi des difficultés, à la date prévue du déclenchement de l'opération, environ 2 500 hommes, les 20 navires de Chateaurenault et l'escadre du Levant manquent encore. Alors qu'initialement, Tourville devait disposer de 70 vaisseaux, il n'en disposera que d'une quarantaine sous-armés en hommes et en équipement.
Le courrier du roi
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LA BATAILLE NAVALE | |||||
Le 12 mai sous les ordre de Tourville, la flotte quitte Brest mais sans le renfort des 16 navires de l'escadre du Levant de l'amiral Victor Marie d'Estrées.
Le renfort de la flotte du Levant
Cette dernière appareille de Toulon le 21 mars et capture deux navires anglais le 15 avril. Alors qu'elle s'apprête à passer Gibraltar le 18 avril, elle traverse une violente tempête qui détruit deux vaisseaux. L'amiral est contraint de faire demi-tour pour s'abriter à Malaga et réparer les avaries. C'est à ce moment qu'il apprend qu'un convoi anglais se trouve à proximité. Le 22 avril, il envoie 5 navires les attaquer. Pour éviter la capture, les Anglais incendient leurs bateaux[6]. La flotte ne franchira le détroit de Gibraltar que le 25 avril et mouillera à Bertheaume le 29 mai, jour de l'engagement de Tourville.
La Bataille
Le 29 mai 1692, la flotte de Tourville se dirige vers la Hougue, pour embarquer l'armée de Jacques II. Mais on annonce la flotte anglo-hollandaise au large de Barfleur. L'amiral n'est pas prévenu à temps que la flotte anglaise lui est supérieure (99 navires anglais avec 7 100 canons contre 44 vaisseaux français et 3 100 canons). Louis XIV ayant, en mars, donné l'ordre d'attaquer quelles que soient les circonstances, Tourville décide donc d'attaquer la flotte ennemie en plein centre, pendant près de 12 heures. La bataille est indécise, cependant la flotte française renonce à l'expédition projetée et tente de se mettre à l'abri. Celle-ci est contrainte à la fuite profitant de la nuit et de la brume.
Les Français n'ont perdu aucun vaisseau. Par contre les Anglais déplorent la mort du contre-amiral Carter et la perte de deux navires. |
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La bataille de la Hougue |
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LE REPLI FRANCAIS | |||||
Le Soleil Royal brûle pendant la bataille de la Hougue, Huile sur toile par Adriaen van Diest. Faute de fortification sur la côte normande, Tourville prévoit de rejoindre Brest ou Saint-Malo. Une majorité des navires (soit 27 navires) parvient à franchir le Cap de la Hague, mais treize ne peuvent franchir des courants du raz Blanchard. Ils sont alors contraints de revenir vers l'ennemi en se réfugiant dans la baie de la Hougue.
Le 1er juin, trois navires fortement touchés pendant la bataille de Barfleur dont le Soleil Royal navire amiral, s'échouent au large de Cherbourg : le Triomphant près de l'embouchure de la Divette, l'Admirable sur les Mielles, et le Soleil royal à la pointe du Hommet. L'artillerie des fortifications de la ville tient pour quelque temps l'ennemi à distance. Le stock de poudre du Soleil Royal et du Triomphant, en s'embrasant, explose et les projections provoquent de gros dégâts matériels et humains dans la ville.
Les 2 et 3 juin, les Anglais, embarqués sur des chaloupes, incendient l'un après l'autre les navires en rade de la Hougue. Jacques II regarde sur les hauteurs de Quinéville, ce spectacle qui signifie la fin de ses ambitions. Louis XIV ne tient pas rigueur à Tourville qu'il nomme maréchal de France en 1694.
Cette sévère défaite révèle la nécessité de consolider la défense de la baie, avec deux tours similaires, l'une sur le fort de la Hougue et l'autre sur Tatihou. Elle révèle aussi amèrement l'erreur commise par les adversaires de Vauban, qui ont convaincu le Roi d'arrêter les travaux du port de Cherbourg et même de détruire ses fortifications |
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La bataille de la Hougue |
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Le Soleil Royal brûle pendant la bataille de la Hougue, Huile sur toile par Adriaen van Diest. |
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LES FORCES EN PRESENCE | |||||
Angleterre: 56 vaisseaux de lignes Provinces-Unies: 26 vaisseaux de lignes Total flotte alliée: 82 vaisseaux de lignes, plus de nombreux bâtiments auxiliaires France: 44 vaisseaux de lignes, plus de nombreux bâtiments auxiliaires |
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LES EPAVES DE LA HOUGUE | |||||
Dés le lendemain de la bataille, Louis XIV ordonne une vaste entreprise de récupération sur les épaves (notamment des canons) et les coques sont dépecées pour ne pas gêner la navigation.
En 1693, les particuliers qui auraient volé ces épaves sont poursuivis.
La même année Tourville est promu Maréchal de France et est placé au commandement d'une armée navale de 3 escadres de chacune 29 vaisseaux, en y ajoutant frégates, flûtes et brûlots, il est à la tête d'une flotte de 145 bâtiments.
Dans les années qui suivirent la perte des vaisseaux, d’intenses campagnes de récupération méthodique, orchestrées directement depuis Versailles, furent menées sur les épaves. Canons de « fonte verte », tonneaux de poudre, espars et accastillage divers purent ainsi être récupérés et acheminés vers les entrepôts du Royaume.
Seules le Terrible et l'ancre du magnifique sont considérés comme épaves dangereuses nuisant à la navigation.
En 1714 Monsieur Lepetit, ingénieur à la Hougue décide de laisser un marché à quatre particuliers," leur laissant tous les bois à leur profit et laissant les canons au roi à raison de 6 deniers la livre.
Le 27 mars 1833 la mer s'est retirée à une si grande distance que dans la rade, elle a laissée entièrement à sec l'endroit ou plusieurs vaisseaux furent brûlés ou coulés.
Les carcasses des bâtiments étaient encore bien conservées et, dans l'intervalle de deux marées, il a été possible de retirer six pièces de canons et plusieurs charrettes de boulets, le tout dans un état de conservation moyen, il faut bien le dire, malgré un séjour de 141 ans au fond de la mer.
Les canons furent envoyés à Cherbourg puis à la bibliothèque de Valognes.
Puis les années sont passées et les épaves ont été régulièrement pillées de leur contenu par la population locale qui ramenait qui un boulet de canon , qui un canon ou encore une pièce de bois.
Mais trois siècles ont passé, et c'est maintenant au tour des plongeurs de s'intéresser à cette fameuse bataille navale
Devenues des lieux de pêche privilégiés pour les ligneurs les caseyeurs et les chasseurs sous-marins, les épaves royales pourtant connues de tous durent attendre près de trois siècles avant que cinq d’entre elles, coulées au pied de l’île Tatihou en rade de la Hougue, soient officiellement découvertes.
Il faut savoir qu'une épave n'est officiellement découverte, que lorsqu'elle a été déclarée aux affaires maritimes, qui l'enregistre ensuite au DRASSM.
Ainsi, bien que l'ensemble des restes des épaves de la bataile de la Hougue ait été connu de tous et régulièrement visité par moi-même, et d'autres plongeurs, ces épaves n'étaient déclarées officiellement nulle part.
Et il fallut attendre que quelques opportunistes le fassent, pour qu'elles deviennent enfin officielles.
Le DRASSM, autorité en la matière, sous la direction conjointe d'Élisabeth Veyrat et Michel L'Hour prit les choses en main dès 1990 et les sondages entrepris sur ces vestiges permirent d’en montrer alors tout le potentiel historique.
Engagé à cette même époque dans un grand projet de réhabilitation de l’île Tatihou dont il souhaitait faire un pôle touristique et un lieu muséographique consacré au monde maritime, le Conseil Général de la Manche proposa de financer un programme de recherche sur ces épaves.
Dès 1990, un sondage-diagnostic put ainsi, être conduit sur les cinq épaves par les archéologues du Département des Recherches Archéologiques sous-marine, le DRASSM
Fort des résultats de ce diagnostic, un programme de fouille archéologique fut ensuite engagé jusqu’en 1995.
Au total, plus de cent plongeurs, archéologues et techniciens, venus de quinze pays différents, ont effectué près de 5000 heures de travail sous-marin sur le site des épaves de la Hougue.
Les cinq épaves sont situées par faible profondeur, en arc de cercle au pied de l’île Tatihou, sur un fond de sable coquillier.
Il s’agit là en effet des vestiges de cinq vaisseaux de ligne de premier rang, soit les plus grands de la marine du Roi. |
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Les vestiges correspondent à un flanc de carène babord, les virures du bordé s'interrompant à l'arrière à hauteur du tableau et de l'étambot. |
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