LE TRAIN DANS LA MANCHE
  LE TRAMWAY TOURLAVILLE - URVILLE  1/3
         
 

Cherbourg quai alexandre III Tramway CPA collection LPM 1900

 
         
 

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Reflets N° 121 de mai 2007

 

1896-1944


Albert et Yvonne Trohel évoquent les tramways à Tourlaville

Reflets 121 de mai 2007

 

 
         
 

Cela fait bien longtemps que les rails du tramway ne balafrent plus les rues de Tourlaville dans le sens de la longueur. Son passage ici tout de même a laissé -aux personnes qui l’ont connu- de bons souvenirs. Albert et Yvonne Trohel ont tous les deux travaillé pour la compagnie des tramways de Cherbourg et s’y sont rencontrés. À Tourlaville comme ailleurs, c’était la période noire de l’occupation allemande mais le tramway et le personnel de bord n’avaient d’autre choix que de continuer à vivre au rythme de ces petits trains pas comme les autres.

 

Récit. À l’origine de cette rencontre, une dénonciation. Le délateur – Marcel Corbet pour ne pas le nommer- m’avait dit « je connais une dame qui a été conductrice de tramways tu devrais la rencontrer elle a sûrement plein de choses à te raconter. »

 

Il ne croyait pas si bien dire le pertinent Marcel.

 

En effet, une fois rendez-vous pris, les anecdotes n’ont pas tardé à arriver. Ce qui devait n’être qu’une évocation de la « vie du rail à Tourlaville » s’est en fait transformée en un voyage familial. En effet, l’histoire de la famille Trohel de 1942 à la fin de la guerre est presque indissociable du tramway.

 
         
 

Bien que ce ne soit pas très galant, nous commencerons ce récit par l’histoire d’Albert Trohel -Bébert pour les intimes- qui dès l’âge de treize ans est embauché comme mécanicien vélo rue de la Paix à Cherbourg.

 

Là, il apprend le métier qui le rendra célèbre plus tard à l’angle de la rue de la République et de la rue du Général Leclerc où les Trohel tiendront un magasin de cycles et un atelier de réparation de 1950 à 1984.

 

Après une période d’apprentissage et le passage obligatoire au service militaire, Albert se retrouve au chômage.

 

Le dépôt de la Fonderie rue Gambetta où Albert et Yvonne se sont rencontrés.

Reflets 121 de mai 2007

 
 

 

« Oh ! il ne l’est pas resté longtemps précise son épouse- il connaissait bien le directeur de la compagnie des tramways de Cherbourg qui lui a vite trouvé une place de mécanicien au dépôt des trams à La Fonderie rue Gambetta.

 

C’était le plus jeune à l’atelier, alors il était le chouchou. » (rires)

 

Passer de la bicyclette aux imposantes motrices « Decauville » ne pose pas de problèmes à Albert qui apprend rapidement le métier sur le tas.

 

 

Le parc compte une dizaine de machines et une escouade de wagons dont certains portent le doux nom de « baladeuses » et sont une version décapotable qui circule l’été.

 

Pour Yvonne Deloffre le tramway sera une opportunité liée à la guerre. Auparavant elle est employée comme riveteuse à l’usine Félix Amiot qui, à l’époque, est réputée pour ses avions.

 

« On fabriquait des ailes d’avion et puis en 1939 la guerre est arrivée et l’usine a fermé. Ils cherchaient des femmes pour conduire les trams et pour vendre les tickets. Je ne sais pas pourquoi, mais c’est vrai qu’à bord il n’y avait que des femmes. »

 

S’il y en a un à qui ce détail n’a pas échappé c’est Albert qui va utiliser une « stratégie d’approche » plutôt originale auprès de celle qui deviendra son épouse.

 

« Je venais tous les jours à vélo au dépôt de la Fonderie. Un jour je m’amène pour reprendre mon vélo et j’ai failli ne pas le reconnaître, il était comme neuf ! »

 

Ce tour de magie était signé Albert qui avait bichonné la monture de sa belle, histoire d’engager la conversation. Cette causette a si bien marché qu’aujourd’hui à 89 ans, ils sont toujours ensemble

 
     
 

Cherbourg Rue Gambetta Tramway CPA collection LPM 1900