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En ce temps-là Ansouald, évêque de Poitiers, était allé en Sicile. Sur sa route, il rencontra une île qu’habitait un saint homme nommé Jean. Ce saint homme le reçut avec une grande charité. Quand ils eurent longtemps parlé de la joie du paradis, le saint homme ermite lui demanda, puisqu’il venait de France, de l’instruire de la vie et des mœurs de Dagobert, roi des Franks.
Quand le bon vieillard eut entendu ce que l’évêque lui dit, il commença à témoigner une grande joie, disant que ce n’était donc pas une folle vision qu’il avait eue, et il lui raconta la merveilleuse scène dont il avait été témoin. « Un jour, dit-il, que je m’étais couché sur le bord de la mer, à côté d’un tamarin, pour reposer mes membres fatigués par l’âge et le travail, un homme qui avait une chevelure blanche vint à moi, me dit de me lever sur-le-champ et d’implorer la miséricorde de Notre-Seigneur Dieu pour l’âme de Dagobert, roi des Franks, qui, à cette heure même, trépassait. Comme je me préparais à lui obéir, je vis en la mer, assez près de moi, une troupe tumultueuse de diables qui emmenaient dans une nacelle l’âme du roi Dagobert qui venait de trépasser ; ils la battaient, la tourmentaient et la menaient droit vers la chaudière qui est cachée dans les flancs sulfureux du mont Etna. L’âme criait et appelait sans cesse trois saints du Paradis : saint Denis de France, saint Maurice et saint Martin. Presque aussitôt je vis des foudres jaillir du ciel, et descendre les trois glorieux saints, vêtus de robes blanches.
« Je leur demandai avec grand’peur qui ils étaient ; et ils me répondirent qu’ils étaient ceux que Dagobert avait appelés, Denis, Martin et Maurice, qu’ils venaient pour le délivrer des tourments de l’enfer et qu’ils allaient le porter dans le sein d’Abraham. En effet, ils se jetèrent sur les démons qui disparurent ; ils prirent l’âme délivrée et la portèrent dans le royaume de la joie éternelle. »
Ainsi fut accomplie la promesse de monseigneur saint Denis le martyr.
Nous croyons sans peine que si saint Denis a fait une promesse à Dagobert, il l’a tenue ; et, ravi de savoir l’âme du roi en jouissance des voluptés du ciel autant que désireux de clore cette histoire qui, aujourd’hui encore, est attestée par les vieilles chroniques, par la sculpture du tombeau de Dagobert à Saint-Denis et par un fauteuil du Musée des Souverains, nous dirons seulement ce qui suit : | Dagobert Ier
Basilique Saint-Denis Dagobert tombeau | |||||||
Dagobert, de noble mémoire,
Faut-il enfin, pour être riche |
Et très-emporté Dagobert ?
Non ; mais il faut être assez sage | |||||||