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Château de Tourlaville |
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Jean Baptiste Charles Marie de Beauvais, né le 10 décembre 1731 à Cherbourg et mort le 4 avril 1790, est un prédicateur français, évêque de Senez et député des États Généraux de 1789.
Fils d'un avocat du Parlement de Paris, venu à Cherbourg comme régisseur du château de Tourlaville, et de Charlotte Luce, parente de la famille Cabart née à Tourlaville, Jean Baptiste de Beauvais s'installa à Paris avec sa famille pour faire ses humanités au collège d'Harcourt puis y suivre les cours de rhétorique de Monsieur Le Beau. Fortement affectée par la mort de son mari, la mère du jeune homme rentra à Cher-bourg, le confiant à son oncle, chef du bureau de l'Agence générale et garde des archives du clergé.
Sur les conseils de son directeur spirituel, l'abbé Léger, prêtre de Saint-André-des-Arts, et contre les projets de son oncle, il opta pour la prêtrise après des études de philosophie à l'Université de Paris. Admis au collège Sainte-Barbe, il quitta l'institution trop austère pour lui, au profit du séminaire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet et du collège de Navarre, pour étudier droit civil et droit canon. Il revint à Coutances pour son ordination de prêtrise en 1756 mais alla officier à la paroisse parisienne de Saint-André des Arts. Doué d'une grande qualité oratoire, il ne tarda pas à se rendre célèbre par ses homélies à Paris. En 1759, il fit le panégyrique de Vincent de Paul en Notre-Dame de Versailles, paroisse de la Cour. L'année suivante, Louis XV lui demande de faire le sermon de la Cène. En 1765, il prononça devant l'Académie française le panégyrique de saint Louis, et celui de saint Augustin devant l'Assemblée générale du clergé.
Grand vicaire de l'évêque de Noyon, l'abbé de Beauvais fut freiné pour l'accession à l'épiscopat par son humble naissance. Le roi le nomma enfin sur l'insistance des Dames de France, ses filles, évêque de Senez, l'un des plus petits évêchés de France, en 1773. Préconisé en 14 février suivant, sacré le 20 mars à Saint-André-des-Arts, il prit la possession de son évêché le 11 décembre 1774, et fit son entrée solennelle le 13.
Fraîchement évêque, il interpela Louis XV et à Madame du Barry lors du Sermon de la Cène le jeudi saint de 1774, en lui adressant ces mots : « Sire, mon devoir d'un ministre d'un Dieu de vérité m'ordonne de vous dire que vos peuples sont malheureux, que vous en êtes la cause, et qu'on vous le laisse ignorer. » On lui prête d'avoir pris ce jour-là pour texte de ce sermon, les paroles de Jonas : « Dans 40 jours Ninive sera détruite. » Or Louis XV mourut 40 jours plus tard. Pourtant, cette prédiction du décès royal est démenti par M de Sambucy dans La Vie de M. de Beauvais. Malgré cette apostrophe qui avait ému vivement le Roi, Louis XVI lui demanda de prononcer l'oraison funèbre du monarque défunt en la basilique de Saint-Denis, le 27 juillet 1774. Son discours jugé irrespectueux le contraignit à se retirer à Senez. Il fut cependant désigné en 1775 pour siéger à l’assemblée générale du clergé à Paris comme représentant de la province d'Embrun, et prononça le discours d'ouverture.
Se jugeant trop faible pour son ministère, il se démit de son siège d'évêque en 1783, et revint auprès de l'archevêque de Paris, Juigné. Lors des États généraux de 1789, il fut élu député du clergé par le bailliage extra-muros de Paris, mandat qu'il accepta, après hésitations. Opposé à l'esprit des Lumières, même s'il souhaitait une réforme du régime, il rejeta le climat de l'assemblée et ses aspirations d'audace et d'anarchie. Aussi, malade, s'effaça-t-il rapidement des débats sans y jouer aucun rôle. Son état se dégrada alors rapidement, et meurt en avril 1790, seul à l'archevêché après que Juigné ait préféré quitter la capitale pour sa sûreté. Selon son souhait, il fut inhumé en l'église des missionnaires du Mont-Valérien, puis transféré dans le nouveau cimetière lors de la destruction de celle-ci, en 1823.
On a de lui des sermons, ainsi que des oraisons funèbres, dont celles de Louis XV, du duc de Parme (1766), du maréchal de Muy (1776) et de Charles de Broglie, évêque de Noyon (1777). Ses sermons ont été imprimés à Paris, en 1806, 4 volumes in-12, par un intime, l'abbé Germain Gallard. Décrit sur son épitaphe comme un« défenseur acharné de la Religion contre les impies, de la vérité en présence des Rois », ses discours dénonçait par une éloquence engagée, les excès de la monarchie absolue, l'incompréhension du peuple par la Cour opulente et craignait la fin de l'Ancien régime face à la montée des idées des Lumières.
Citations
« Soyez au milieu d'eux comme l'un d'eux et veillez à leur bonheur. » 1760, à Louis XV à propos du peuple
« Sire, mon devoir de ministre du Dieu de vérité m'ordonne de vous dire que vos peuples sont malheureux, que vous en êtes la cause et qu'on vous le laisse ignorer. » 1774, à Louis XV
« Le silence des peuples est la leçon des rois. » 1774, oraison funèbre de Louis XV, repris par Mirabeau le 15 juillet 1789 dans un discours |
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