Histoire-Normandie.fr

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Historien de formation.

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Lorsqu’il entreprend la conquête de la Gaule, César décrit les différents peuples qui la composent. Il s’agit surtout de Celtes qui sont installés dans le pays probablement depuis 475 avant J.-C. Même si leur culture est assez homogène, ils se différencient politiquement. La future Normandie est notamment partagée entre neuf tribus. Leurs relations ne sont pas toujours pacifiques : en témoigne l’existence de sites fortifiés, les oppida.

 

Cette division profite à César dont les légions écrasent en 56 avant J.-C. une rébellion menée par le chef des Unelles Viridovix. Quelques années plus tard, Vercingétorix parvient à fédérer une partie des Gaulois. Plus de 10 000 Unelles, Calètes, Véliocasses, Lexoviens et Aulerques Eburovices partent ainsi à son secours quand il est piégé dans Alésia. C’est un échec. En 51 avant J.-C., la Gaule est définitivement soumise.

 

Guerriers Gaulois, CPA collection LPM

 
     
 

La Gaule soumise, une période de 300 ans de paix s’ouvre pour elle. La romanisation transfigure la région. On construit les premières villes : Rotomagus (qui deviendra Rouen), Augustodurum (la future Bayeux), Juliabona (Lillebonne), Noviomagus (Lisieux), Aregenua (Vieux, près de Caen), Mediolanum (Evreux), Legedia (Avranches)… Ce sont les capitales de cité qui servent de relais à l’administration romaine. Leur organisation politique se calque sur Rome.

 

Se développe aussi tout un réseau d’agglomérations secondaires devenues aujourd’hui de petites villes : Breviodurum (Brionne), Caracotinum (Harfleur), Augusta (Eu) … Les empereurs puis les notables gallo-romains dotent ces premiers foyers urbains d’une parure monumentale : théâtres, thermes, amphithéâtres, temples… De longues routes rectilignes (les fameuses voies romaines) relient les grands carrefours.

 

L’empreinte romaine s’étend jusqu’aux campagnes. Les grandes propriétaires terriens vivent dans des villas cossues. A l’intérieur, des pièces ornées de marbres, de mosaïques ou de panneaux peints, sont parfois chauffées sur hypocauste (villas de la Petite Houssaye dans la forêt de Brotonne, de Vieux-Rouen-sur-Bresle, de Saint-Aubin-sur-Mer…). De grands sanctuaires tels que ceux du Vieil-Evreux (Eure) et de Berthouville (Eure) attestent de l’acculturation romaine jusque dans le domaine religieux.

 

La décomposition de l’Empire Romain

 

Cependant, la paix assurée par les Romains s’effondre dès la seconde moitié du IIIe siècle. Les peuples germaniques pressent aux portes de l’Empire. Des Francs, des Alamans, des Saxons pénètrent en Normandie par voie terrestre ou par les côtes de la Manche. Les archéologues retrouvent aujourd’hui dans la stratigraphie des sites antiques un horizon de terre noire qui traduit la violence des incendies. Des villas tombent à l’abandon. L’insécurité devient permanente.

 

Les Romains réagissent en resserrant le découpage provincial. Rouen est ainsi mise à la tête d’une province (la IIe Lyonnaise) dont l’extension préfigure celle de la future Normandie. Le litus saxonicum, une organisation de défense des côtes de la Manche, est mise en place contre les incursions des pirates. Pour repeupler le territoire, Rome accorde le droit à certains envahisseurs germaniques de s’installer. L’armée romaine elle-même incorpore des Barbares. Face aux invasions répétées, les villes s’abritent derrière des remparts. À la même époque, le christianisme se répand parmi la population gallo-romaine. Rouen figure parmi les premières villes du nord de la Gaule à avoir un évêque.

 

Après plusieurs vagues d’invasions, les Francs du roi Clovis deviennent maîtres du nord de la Gaule (dont la future Normandie) vers 486.

 

Guerriers Gaulois, CPA collection LPM