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La goélette Belle-Poule de 1828, Maquette du musée de Nantes |
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LA PREMIERE "BELLE POULE"
Textes extrait d’une conférence donnée au Rotary-club de Cherbourg le 18 février 1992 par monsieur Jean Leboucher.
L’origine du nom « Belle Poule » semble remonter au seizième siècle. En 1533, le roi François Premier visite le sud-ouest du royaume et fait escale à Toulouse. Il est reçu par le comte de Toulouse, celui-ci est marié à madame Paule de Vignier, baronne de Fonterville. On dit que cette dame était belle. En la voyant le roi s’exclama : « ah ! la belle Paule ! » Voilà donc le début supposé de l’histoire de ce nom étrange.
Cette appellation semble être demeurée dans l’histoire et on raconte que deux siècles encore après le passage de François Premier, le comte de Toulouse surnommait familièrement ses quatre filles « mes chères poules ». L’une d’elles fréquentait un corsaire bordelais du nom de Kearney. Celui-ci se vit alors affubler du surnom de « belle poule ». Or, c’est à lui qu’il fut décidé de confier un poste d’officier supérieur d’une frégate en cours de construction à Bordeaux. Un moment avant le lancement du navire, en 1768, le ministre de la Marine aurait proposé au roi Louis XV de nommer le bateau du sobriquet de cet officier. Il faut croire que le roi en accepta l’idée.
La première Belle Poule est une frégate de quarante trois mètres, vingt-six canons, doté d’un équipage de deux cent cinquante hommes dont l’architecte naval, Groignard, membre de l’académie des sciences dessina les plans. |
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La Belle Poule fait sa première campagne aux Antilles et elle est affectée à l’escadre de Suffren dans l’océan indien. Elle passe les tropiques à vingt six reprises. On la retrouve à Brest en 1778 mais le capitaine n’est plus le même ; il s’agit du corsaire normand De Marigny. Celui-ci a reçu comme mission de ramener en Amérique l’ambassadeur de ce pays en France, Benjamin Franklin,.également inventeur de paratonnerre.
La marine française est en guerre contre l’Angleterre et protège les côtes du nouveau monde
La Belle Poule quitte Le Havre avec Benjamin Franklin à son bord. Elle gagne Brest en huit jours en raison de très forts vents contraires. En arrivant à destination elle est avariée et doit entrer en réparation. De Marigny change alors de « monture » et achemine Benjamin Franklin à bon port avec la Sensible.
A Cherbourg, on se souvient du capitaine De Marigny. En 1786 ; lorsque Louis XVI est venu à Cherbourg inspecter les travaux du port, on avait oublié de prévoir une échelle sur le canot royal. Sa majesté ne pouvait descendre de l’embarcation sans se mouiller jusqu’à mi-mollet.
C’est Marigny qui prit le roi dans ses bras pour lui éviter un bain de pieds. Est-ce par contre cette circonstance qui lui valut quelques années plus tard d’être inquiété par le tribunal du peuple ? |
La foule de la place du Salin admirant la Belle Paule |
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En tout cas, il sauva sa vie de justesse car au moment de monter sur l’échafaud, un marin qui avait navigué avec lui, le reconnut et s’adressa aux jurés : « Celui-là je le connais, c’est le capitaine de la Belle Poule, il n’a jamais comploté contre la révolution » et De Marigny fut acquitté.
La Belle Poule n’ayant donc pas gagné les côtes américaines, reprend du service à Brest et elle est chargée de surveiller l’entrée de la Manche. Au cours d’une patrouille au nord ouest de Roscoff, un combat s’engage avec les Anglais. La Belle Poule fait fuir au moins trois navires ennemis dont l’Aréthusa. On déplore beaucoup de victimes mais depuis bien longtemps aucun bateau français n’avait réussi une action aussi brave et efficace. On fête dignement cette victoire à la cour et les dames couronnées surmontent leurs chapeaux de frégates et c’est ainsi qu’est née la coiffure à la Belle Poule très à la mode pendant plusieurs années.
Toujours en mission à l’entrée de la Manche, la Belle Poule rencontre le 16 juillet 1780 un puissant vaisseau anglais, le Non-Such, (le sans pareil) armé de soixante quatre canons. Le Non Such est au vent et pousse la Belle Poule vers la terre, en direction de l’estuaire de la Loire. Pendant plusieurs heures, la Belle Poule se bat mais, manquant de puissance et de feu, elle est capturée par l’ennemi puis coulée. Quelques dates
Un peu d'Histoire
Le 4 juillet 1776, lors du Congrès continental les Etats-Unis d'Amérique décla-rent leur indépendance, les colonies anglaises devenant des États libres et indépendants. Les habitants de ces états ne se considèrent plus dès lors comme des rebelles mais comme les citoyens libres d'une nation souveraine en lutte contre une puissance étrangère. |
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La guerre d'indépendance, opposant 13 colonies de la côte est nord-américaine à leur puissance coloniale, l'Angleterre, a connu des fortunes diverses depuis 1773. En 1777, les insurgents qui se trouvent dans une situation délicate reçoivent le soutien direct de la France. Le jeune Marquis de La Fayette rejoint leurs rangs avec une troupe de volontaires équipée à ses frais. La Fayette revient en France pour accompagner Benjamin Franklin dans sa négociation afin d'obtenir le soutien officiel de la France à la guerre de l'Indépendance des colonies britanniques d'Amérique
Louis XVI reconnaît cette indépendance le 17 décembre 1777, puis signe deux traités le 6 février suivant. Le premier est un traité d'amitié et de commerce, le second scelle l'alliance des deux nations en cas de déclaration de guerre du Royaume-Uni à la France. L'Angleterre rappelle son ambassadeur en France. Devant Quiberon, le Robuste, un bâtiment de la Royale a l'honneur de saluer pour la première fois le drapeau américain, la bannière étoilée. L'aide déterminante de la France aux jeunes Etats d'Amérique conduit à la déclaration de guerre entre les Couronnes de France et d'Angleterre en juin 1778. La marine française qui avait à venger les affronts de la guerre de sept ans saisit cette espérance avec une ardeur incroyable...
En janvier 1778 la Belle Poule, sous le commandement de Charles René Louis, vicomte Bernard de Marigny, est désignée pour reconduire en Amérique Benjamin Franklin. Partie du Havre, subissant un temps exécrable en Manche, la Belle Poule croise les vaisseaux anglais Hector et Courageous qui lui demandent à la visiter. Marigny refuse de se plier à ces exigences en répondant fièrement : Je suis la Belle Poule, frégate du Roi de France ; je viens de la mer et je vais à la mer. Les bâtiments du Roi, mon maître, ne se laissent jamais visiter. Les Anglais n'insistent pas. Ils ignorent, bien entendu, que Franklin est à bord. Le mauvais temps oblige Marigny à relâcher à Brest.
Il passe le commandement de la Belle Poule à un lieutenant de vaisseau rochelais de trente-sept ans Jean Isaac Chadeau de la Clocheterie qui allait lui ouvrir les chemins de la gloire. Benjamin Franklin, quant à lui, regagne l'Amérique sur le Sensible. |
Marie Joseph Paul Yves Roch Gilbert Motier, marquis de La Fayette est né en Haute Loire en 1757 et est mort à Paris en 1834. La Fayette, en 1789, n'est pas un inconnu que la Révolution propulse sur le devant de la scène. Sa famille fait partie de la haute noblesse.
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Le combat entre la BELLE POULE et l' ARETHUSE
Chadeau de la Clocheterie est chargé par le Lieutenant-Général d'Orvilliers, commandant la flotte de l'Atlantique, d'une mission de surveillance maritime en Manche occidentale. Il s'agit plus particulièrement de suivre les mouvements de l'escadre anglaise placée sous les ordres de l'Amiral Keppel. Pour mener à bien cette mission il dispose de quatre vaisseaux : la Belle Poule, la frégate Licorne dotée de 26 canons, la corvette Hirondelle disposant de 16 canons et le Coureur, lougre armé de 8 canons.
Partis de Brest le 15 juin 1778 les Français aperçoivent à l'horizon, dans la matinée du 17, les mâts de la flotte anglaise forte de d'une vingtaine de navires. Bientôt la Belle Poule et l'Aréthuse, frégate armée de 28 canons de 12 en batterie, se trouvent par le travers l'une de l'autre à portée de mousquet.
D'abord on parlemente. L'Aréthuse somme Chadeau de la Clocheterie de se rendre sans combat. Puis soudain l'anglais adresse une bordée et le combat s'engage entre les deux frégates, courant grand largue vers terre, alors que la brise est faible et que la nuit commence à tomber. Il durera de 18 à 22 heures. Le faible vent permet à peine aux navires de manoeuvrer. Démâtée et brisée par les coups que la Belle Poule concentre son feu sur la poupe de son adversaire occasionnant de nombreux dommages et faisant de nombreux morts et blessés : Je lui ai donné plus de 50 coups de canon dans sa poupe sans qu'elle ait riposté un seul. Grâce à une bonne brise retrouvée, l'Aréthuse va rechercher protection au sein de l'escadre anglaise. La Belle Poule ne peut la suivre sans risquer gros.
Pour panser ses plaies, Chadeau de la Clocheterie décide alors de faire voile vers la terre, étroitement surveillée par deux frégates ennemies. Navigant au milieu des rochers et des récifs de cette côte déchiquetée, il aborde vers minuit à l'est de la baie de Goulven, dans la petite anse de Cam Louis sur la partie nord de la paroisse de Plouescat. La France vient de remporter une victoire dans la première bataille de la guerre d'indépendance américaine. |
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Une terrible bordée de la Belle Poule démâte l'Aréthuse le17 juin 1778 (Gravure du XVIIIe ) |
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La Belle poule a payé cher sa victoire. On compte une quarantaine de morts dont Monsieur Le Grain de Saint-Marceau, le capitaine en second, originaire de Granville, et une soixantaine de blessés. Monsieur Delaroche-Kerandron, enseigne, a un bras cassé et Monsieur Bouvet est blessé moins grièvement. Dans son rapport au Lieutenant-Général d'Orvilliers, Chadeau de la Clocheterie, blessé lui-même à la tête et la jambe, rend hommage au courage de ses officiers et de ses hommes :
Je ne saurais trop louer, mon général, la valeur intrépide et le sang-froid de mes officiers : Monsieur le Chevalier de Cappellis a su inspirer toute son audace aux équipages dans la batterie qu'il commandait. Monsieur de La Roche, blessé après une heure et demie de combat, est venu me faire voir son bras, a été se faire panser et est revenu reprendre son poste. Messieurs Mamard et Sbirre, officiers auxiliaires, se sont comporté avec toute la bravoure qu'on a droit d'attendre des militaires les plus aguerris. Monsieur Bouvet, blessé assez grièvement, n'a jamais voulu descendre. Mon équipage est digne de partager la gloire que se sont acquis mes officiers.
Chadeau de la Clocheterie demande que les blessés soient transportés au Folgoët sous la responsabilité du chirurgien-major de la Belle Poule, chargé également de transmettre un rapport au Lieutenant-général d'Orvilliers, à Brest, distant d'une quarantaine de kilomètres. Les morts, quant à eux, sont inhumés dans l'ancien cimetière de Plouescat qui se trouvait au Sud-Est de la place au chevet de l'ancienne église. La seule trace qui nous reste de cette inhumation est l'acte de sépulture de Le Grain de Saint-Marceau. |
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Registres des Baptêmes Mariages et Sépulture de Plouescat pour l'année 1778
Le corps du Sieur Le Grain de Saint Marceau capitaine en second dans la frégate nommée La Belle Poule et de deux autres dont les noms nous sont inconnus tués au combat dans la dite frégate le dix-sept juin mil sept cent soixante dix-huit ont été enterrés le lendemain dans le cimetière de cette paroisse en présence du frère Lazare Menoust aumônier, d'Alexandre Moaligou, Hervé Bizien, Mathieu Chever, et plusieurs matelots qui ne signent - Signé Cadiou, curé de Plouescat.
Les dommages causés à la Belle Poule sont considérables. Les voiles sont déchirées et criblées d'éclats, les mâts hors d'usage, la coque fait eau. Malgré la surveillance exercée par deux bâtiments de guerre anglais, deux navires français venus de Brest avec une centaine de matelots aguerris et familiers des dangers de la côte, réussissent à ramener la Belle Poule à Brest. L'accueil y est triomphal. Chadeau de la Clocheterie est promu capitaine et son équipage reçoit du Roi honneurs, avantages et pensions. Le retentissement à la Cour et dans toute la France est considérable. le courage des officiers et de l'équipage suscite une admiration générale. |
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Et la mode se saisit de l'événement. A Versailles les dames lancent la mode de la coiffure A la Belle Poule où une frégate toutes voiles dehors navigue sont une mer de cheveux ondulés... Et pourtant...
Cette victoire semble bien plus symbolique que réelle. En effet les autres navires qui accompagnaient la Belle Poule ont subi un sort bien funeste.
Si l'Hirondelle a pu se réfugier sans dommage à l'île de Batz, le Coureur avait dû amener pavillon après un combat meurtrier contre le sloop l'Alert et la Licorne sous les ordres du lieutenant de vaisseau Gouzillon de Belizal dut se rendre à l'Amiral Keppel.
Que devinrent les protagonistes de cette affaire ? Chadeau de la Clocheterie, au commandement du vaisseau Hercules, périt le 12 avril 1782 au cours du combat des Saintes.
La Belle Poule coula en 1780 après un combat contre le navire anglais Non Such, tout comme l'Aréthuse, un an avant, s'était brisée sur les écueils de Molène au cours d'un engagement avec la frégate l'Aigrette. |
Coiffure"Belle Poule" |
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Bataille entre la frégate française BELLE POULE et la frégate anglaise ARETHUSE le 17 juin 1778 (Tableau de ROSSEL) |
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La goélette Belle-Poule |
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La seconde Belle Poule
Textes extrait d’une conférence donnée au Rotary-club de Cherbourg le 18 février 1992 par monsieur Jean Leboucher.
La seconde Belle Poule est construite à Nantes entre juin 1801 et mai 1802 dans le cadre du programme de construction navale du ministre Bruix, ancien amiral sauvé de l’échafaud par le Premier consul Bonaparte qui avait besoin d’hommes de mer. |
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Elle est plus grande de trois mètres que la précédente mais elle est surtout plus rapide grâce à une plus grande surface de voilure. Elle est armée de quarante canons pour un équipage de trois cents hommes. Elle appartient à l’escadre commandée par l’amiral Linois composée de cinq navires, un vaisseau et quatre frégates basés dans l’océan indien. La Belle poule reçoit comme mission d’aller conduire le préfet Léger à Pondichéry, nouveau comptoir des Indes. En arrivant à destination, la Belle Poule aperçoit en rade une escadre de douze navires anglais.
Elle file alors sur Madras et rejoint l’escadre française à l’île de France. L’escadre repart en campagne à Sumatra pour des missions scientifi ques, cartographies, sondages puis Linois décide de rentrer en France. Sur la route du retour, arrêt à Sainte-Hélène. L’escadre étant regroupée, l’amiral met cap sur la France via les Açores et décide d’attaquer un convoi de façon à ne pas rentrer bredouille au pays. Le combat est inévitable mais l’escorte britannique est plus puissante que prévu. |
Charles de DURAND-LINOIS (Brest, 27 janvier 1761 - Versailles, 2 décembre 1848) |
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Le Ramillies portant quatre-vingt deux canons, commandée par l’amiral anglais sir Warren lance un appel à la Belle Poule : « braves Français, tous mes canons sont chargés, toute résistance est inutile. Au nom de l’humanité, je vous en conjure, rendez-vous ». Les Anglais rendent hommage au commandant Bruillac qui est fait prisonnier. Le pavillon est cloué sur un bout de mât. La Belle Poule est remorquée par les Anglais mais elle a subi tant d’avaries qu’ils ne s’en serviront jamais.
Seconde " Belle-Poule " Frégate de 40 (1801-1806/1816) Longueur de coque : 47 m Equipage : 300 hommes Armement : 40 bouches à feu
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L'HISTOIRE "DES BELLES POULES" |
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Maquette de la troisième Belle Poule
La troisième Belle Poule
La troisième Belle Poule est demeurée la plus célèbre dans l’histoire de France puisqu’elle a reçu la mission de ramener en France les cendres de l’empereur Napoléon Premier. Nous donnons quelques détails sur cet épisode dans le Reflets numéro 67 et dans un autre article consacré au retour des cendres. C’est dans une monographie de l’association des amis du musée de la Marine que nous trouvons des informations relatives à cette fameuse frégate :
« La troisième Belle Poule présentait le maximum de puissance offensive et de maniabilité qui, depuis la fin du dix-huitième siècle, ont fait de la frégate française un des chefs-d’œuvre du travail et de la pensée. Aussi forte que les frégates des Etats-Unis contemporaines des deux dernières Belle Poule, elle avait sur elles l’avantage de la vitesse, d’une similitude des formes et de gréement permettant de constituer des divisions homogènes et d’avoir une marche comparable à celle des vaisseaux de ligne, avantage que ne possédaient pas les bâtiments américains, anglais et hollandais qui n’étaient pas construits selon des méthodes scientifiques.
La troisième Belle Poule était une reproduction agrandie de la frégate de 44. Les plans en furent dressés en 1828 par l’ingénieur Daviel sur les plans de l’inspecteur général Boucher et la mise sur cale eut lieu aussitôt à Cherbourg. Suivant la nouvelle méthode, le navire était construit sous cale couverte, ce qui permettait de ne le lancer et de ne le gréer que suivant les besoins de la politique et les possibilités budgétaires ; la mise à l’eau n’eut lieu qu’en 1834.
Longue de 54 mètres, 10 de plus que la précédente, large de près de quinze, déplaçant 1500 tonneaux, c’était un grand croiseur dont la manœuvre demandait , avec l’armement de guerre, plus de 500 hommes d’équipage. Bruillac n’en avait que 300. Son artillerie comportait 60 bouches à feu de 30 livres, canons et obusiers.
Si l’aspect général de la frégate semblait avoir peu changé, un oeil de marin eût discerné bien des différences entre les deux bâtiments conçus, cependant, à moins d’un quart de siècle de distance. Comme l’artilleur, il eût remarqué une augmentation de volume et de puissance, des formes plus nettes et géométriques, une beauté d’épure accentuée par une froide harmonie de noir,de blanc et de vert anglais, remplaçant les tons chauds d’autrefois, la batterie couleur chamois les sabords doublés de vermillon. La frégate du Consulat- la deuxième- avait une tonture accentuée, un beaupré relevé, l’étrave était reliée à la muraille par des herpes sinueuses et surbaissées, laissant bien dégagés les sabords de chasse encadrant l’importante figure de proue. La frégate de Louis -Philippe était une longue machine de guerre aux murailles de faible rentrée, barrée par deux lignes de batteries blanches et droites, effaçant la courbe de la tonture, barrant les sculptures des bouteilles et se perdant dans les pavois de poulaine. Les formes de l’avant de la Belle Poule se rapprochaient de celles des clippers et des derniers voiliers. La crainte des coups d’enfilade n’avait cependant pas décidé le constructeur à doter la frégate d’une poupe ronde de nouvelle invention, offrant une demi-lune de même échantillon que les murailles babord et tribord. Ce qu’elle perdait en force, elle le gagnait en prestige. L’arrière de la Belle Poule, avec ses deux ponts décorés, l’un de festons, l’autre d’une balustrade en fer, percé de larges fenêtres, éclairait une vaste salle entourée de cabines et un appartement spacieux sous la dunette.
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Depuis son premier armement la Belle Poule, comme ses devancières, s’était révélée bonne marcheuse. La méthode d’arrimage scientifique lui permet d’atteindre des vitesses moyennes de onze nœuds.
Armée en flûte pendant la guerre de Crimée, elle se révéla, aux dires des experts, aptes à recevoir encore son armement de guerre. Mais la campagne de Crimée devait être le chant du cygne de la marine en bois.
Avec sa membrure, son bordé, ses ponts, sa mâture où les bois indigènes tenaient la plus grande place, les installations de l’état-major, inspirées des modèles du faubourg Saint Antoine, son artillerie, ses ancres, ses apparaux, ses armes, ses instruments de navigation fondus, forgés, manufacturés et montés en France, la Belle Poule était bien, en fait comme en droit, une parcelle du territoire national.
La "Belle Poule" CPA collection LPM 1960 |
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Maquette de la troisième Belle Poule |
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La troisième Belle Poule
La troisième Belle Poule est demeurée la plus célèbre dans l’histoire de France puisqu’elle a reçu la mission de ramener en France les cendres de l’empereur Napoléon Premier. Nous donnons quelques détails sur cet épisode dans le Reflets numéro 67 et dans un autre article consacré au retour des cendres. C’est dans une monographie de l’association des amis du musée de la Marine que nous trouvons des informations relatives à cette fameuse frégate :
« La troisième Belle Poule présentait le maximum de puissance offensive et de maniabilité qui, depuis la fin du dix-huitième siècle, ont fait de la frégate française un des chefs-d’œuvre du travail et de la pensée. Aussi forte que les frégates des Etats-Unis contemporaines des deux dernières Belle Poule, elle avait sur elles l’avantage de la vitesse, d’une similitude des formes et de gréement permettant de constituer des divisions homogènes et d’avoir une marche comparable à celle des vaisseaux de ligne, avantage que ne possédaient pas les bâtiments américains, anglais et hollandais qui n’étaient pas construits selon des méthodes scientifiques.
La troisième Belle Poule était une reproduction agrandie de la frégate de 44. Les plans en furent dressés en 1828 par l’ingénieur Daviel sur les plans de l’inspecteur général Boucher et la mise sur cale eut lieu aussitôt à Cherbourg. Suivant la nouvelle méthode, le navire était construit sous cale couverte, ce qui permettait de ne le lancer et de ne le gréer que suivant les besoins de la politique et les possibilités budgétaires ; la mise à l’eau n’eut lieu qu’en 1834.
Longue de 54 mètres, 10 de plus que la précédente, large de près de quinze, déplaçant 1500 tonneaux, c’était un grand croiseur dont la manœuvre demandait , avec l’armement de guerre, plus de 500 hommes d’équipage. Bruillac n’en avait que 300. Son artillerie comportait 60 bouches à feu de 30 livres, canons et obusiers.
Si l’aspect général de la frégate semblait avoir peu changé, un oeil de marin eût discerné bien des différences entre les deux bâtiments conçus, cependant, à moins d’un quart de siècle de distance. Comme l’artilleur, il eût remarqué une augmentation de volume et de puissance, des formes plus nettes et géométriques, une beauté d’épure accentuée par une froide harmonie de noir,de blanc et de vert anglais, remplaçant les tons chauds d’autrefois, la batterie couleur chamois les sabords doublés de vermillon. La frégate du Consulat- la deuxième- avait une tonture accentuée, un beaupré relevé, l’étrave était reliée à la muraille par des herpes sinueuses et surbaissées, laissant bien dégagés les sabords de chasse encadrant l’importante figure de proue. La frégate de Louis -Philippe était une longue machine de guerre aux murailles de faible rentrée, barrée par deux lignes de batteries blanches et droites, effaçant la courbe de la tonture, barrant les sculptures des bouteilles et se perdant dans les pavois de poulaine. Les formes de l’avant de la Belle Poule se rapprochaient de celles des clippers et des derniers voiliers.
La crainte des coups d’enfilade n’avait cependant pas décidé le constructeur à doter la frégate d’une poupe ronde de nouvelle invention, offrant une demi-lune de même échantillon que les murailles babord et tribord. Ce qu’elle perdait en force, elle le gagnait en prestige. L’arrière de la Belle Poule, avec ses deux ponts décorés, l’un de festons, l’autre d’une balustrade en fer, percé de larges fenêtres, éclairait une vaste salle entourée de cabines et un appartement spacieux sous la dunette. |
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En 1839, la Belle Poule fut détachée de l’escadre de Toulon pour rejoindre les forces commandées par l’amiral Lalande. La frégate modèle allait rejoindre la plus homogène machine de guerre créée par des Français depuis longtemps. Le prince de Joinville a raconté dans « ses vieux souvenirs » les années passées à bord de la frégate qu’il commandait, avec le concours de son second, Charner, qui deviendra amiral et comte du second empire.
Le prince commanda quatre ans la frégate et parcourut la méditerranée, traversa l’Atlantique sud pour aller à Sainte-Hélène. L’année suivante -1841- il faisait la campagne de Terre Neuve et d’Islande avec relâche au retour à Halifax et New York. En 1842, Joinville visitait les comptoirs de la côte d’Afrique et alla rendre visite, à Rio de Janeiro à l’empereur du Brésil dont il épousa la fille. Le prince avait fait sans enthousiasme le métier de croque-mort que lui avait imposé le romantisme de monsieur Thiers.
C’est par devoir qu’il avait accepté de voir sa frégate badigeonnée de noir et adornée d’emménagements assez insolites à bord. |
François Ferdinand d'Orléans (1818-1900), prince de Joinville, est le fils de Louis-Philippe Ier, roi des Français et de Marie Amélie de Bourbon, princesse des Deux-Siciles. |
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Depuis son premier armement la Belle Poule, comme ses devancières, s’était révélée bonne marcheuse. La méthode d’arrimage scientifique lui permet d’atteindre des vitesses moyennes de onze nœuds.
Armée en flûte pendant la guerre de Crimée, elle se révéla, aux dires des experts, aptes à recevoir encore son armement de guerre. Mais la campagne de Crimée devait être le chant du cygne de la marine en bois. |
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Avec sa membrure, son bordé, ses ponts, sa mâture où les bois indigènes tenaient la plus grande place, les installations de l’état-major, inspirées des modèles du faubourg Saint Antoine, son artillerie, ses ancres, ses apparaux, ses armes, ses instruments de navigation fondus, forgés, manufacturés et montés en France, la Belle Poule était bien, en fait comme en droit, une parcelle du territoire national.
La perfection et le fini de la charpenterie, du gréement, de l’armement en faisaient une ambassade flottante qu’un ordre de branle-bas pouvait transformer en citadelle.
Mêlés aux reliques du retour des cendres et de Sainte-Hélène, des images, des peintures, des documents évoquant ce navire mémorable sont rassemblés dans la chapelle, à droite du choeur, à l’église des Invalides, à quelques pas du tombeau. »
Troisième " Belle-Poule Frégate de 60 (1828-1888) Longueur de coque : 54 m Bau maximum : 14,10 m Tirant d’eau : 3,80 m Jauge : 2500 tonneaux Equipage : 450-500 hommes Armement : 60 bouches à feu |
La "Belle Poule" CPA collection LPM 1940 |
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La "Belle Poule" CPA collection LPM 1960 |
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La goélette Belle-Poule Collection CPA LPM 1940 |
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Les textes de cette page sont tirés du livre "La Belle-Poule et l'Etoile" Auteurs : Jean-Yves Béquignon et André Rozen.
Histoire de la goélette Belle-Poule
En 1930 l'Ecole navale est " à terre " depuis 1914, année qui vit la condamnation du dernier vaisseau à bord duquel elle était traditionnellement embarquée : Le Borda.
Il n'y a plus de navire à voile dans la Marine nationale, on ne croit plus aux vertus de ce mode de propulsion, la modernité est là. Les midships(1) font leur apprentissage sur des bâtiments à propulsion mécanique.
Certains le regrettent et pensent que la voile doit être considérée comme la seule méthode efficace pour former correctement un officier, lui faire acquérir du sens marin.
En effet, le voilier, dépendant plus directement des éléments, met souvent ceux qui le dirigent dans des situations d'où ils ne peuvent se tirer sans l'habilité manœuvrière et le coup d'œil qui forment le " sens marin " indispensable à tous ceux qui se destinent à commander à la mer. Une polémique naît au sein de la Marine au terme de laquelle on s'accorde à reconnaître que la pratique de la voile, même réduite à un temps assez court, affermira les qualités du marin.
Le principe d'un voilier école étant acquis, il restait à définir ce que sera ce nouveau navire. On ne prévoit pas de long séjours à bord pour les élèves officiers , seule une partie de la promotion doit pouvoir être embarquée pour de courtes croisières aux alentours de Brest. Il ne faut pas un bateau trop grand, mais il doit rester très marin, souple d'emploi, apte à supporter les coups de vent qu'il ne manquera pas de rencontrer pendant l'hiver en Iroise, capable de louvoyer dans le goulet de Brest et de trouver refuge le cas échéant dans les mouillages et les ports bretons. Les élèves y effectueront de cours séjours, mais à plusieurs reprises, et devront rapidement pouvoir y prendre des responsabilités.
Le choix est fait en 1931. Il y aura deux bateaux relativement modestes et la goélette "islandaise" semble répondre parfaitement au besoin.
C'est le Chantier naval de Normandie, à Fécamp, expert dans la construction des goélettes de pêche, qui construira ces voiliers. Les noms des navires sont choisis. l'un s'appellera Belle-Poule et l'autre Etoile (ci-contre, le plan de voilure initial, avec double hunier).
Caractéristiques de construction
La Belle-Poule a été construite sur le modèle des goélettes du type " islandaises " appelées aussi " Paimpolaises " qui, jusqu'en 1935, pêchaient la morue en Islande. La coque a été un peu affinée et la mâture réhaussée afin de lui donner un peu plus de finesse et d'élégance. Les roofs sur le pont n'existaient pas sur les islandaises et les aménagements intérieurs ont été modifiés poyr permettre l'hébergement de l'équipage permanent et des élèves ainsi que pour l'installation du compartiment machine.
La Belle-Poule se distingue par la robustesse de sa construction, sa remarquable tenue à la mer, ses qualités de marche et ses capacités manœuvrières à la voile. Caractéristiques principales :
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La construction
La construction sera suivie pour la Marine par le lieutenant de vaisseau Richard, commandant désigné de la Belle-Poule. Cet officier aura pour interlocuteurs MM. Chantelot et Lemaistre qui dirigent le chantier de Fécamp. Tous trois ont un caractère assez fort.
Les caractéristiques sont arrêtées comme suit : - Ce seront des goélettes à double hunier, sur le modèle des goélettes d'Islande, mais qui devront avoir un peu plus d'élégance dans la forme ; - Le déplacement sera de 215 tonnes, la longueur de 37,50 m. hors tout et de 25,30 M. entre perpendiculaires, la largeur au maître-bau de 7,20 m., le tirant d'eau de 3,50 m , le tirant d'air de 30 mètres - La surface de voilure sera de 425 mètres carrés - La coque sera construite en chêne et à double coque, le chevillage sera en cuivre et un doublage en cuivre recouvrira les œuvres vives - Le pont et la mâture seront en pin d'Oregon - Les emménagements seront spartiates et conçus pour 30 élèves officiers, 5 officiers-mariniers, 12 quartiers-maîtres et marins et trois officiers, commandant compris - Un moteur permettra de réaliser en charge normale une vitesse de 6 nœuds ; Il n'y aura qu'une seule ligne d'arbre avec hélice en bronze à deux pales pouvant être immobilisée dans le plan longitudinal pour ne pas diminuer les qualités manœuvrières du bâtiment
La Belle Poule est mise en chantier fin juillet 1931. La construction dure 6 mois au cours desquels le lieutenant de vaisseau Richard et M. Lemaistre auront maintes fois des discussions passionnées. Ce dernier connaît son affaire, il a construit de nombreuses goélettes et accepte assez mal les remarques de Richard. C'est probablement au cours de l'une de ces joutes verbales que le double hunier, initialement prévu, va disparaître pour laisser la place à un hunier simple à rouleau bien plus pratique et typique des goélettes construites par le chantier. |
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Le lancement de la Belle-Poule
Le lundi 8 février 1932, la Belle Poule est lancée. Le Journal de Fécamp rapporte :
"... Ce matin vers 11h30 s'est déroulée au milieu d'une assistance aussi nombreuse qu'intéressée, le lancement du navire la Belle-Poule, dont la construction fut confiée par la Direction centrale des constructions navales, au chantier naval de Normandie (CNN) que dirigent si bien MM. Chantelot et Lemaistre. De nombreuses personnalités assistaient à la cérémonie ...
A peine la clé qui retient le navire est-elle enlevée d'un solide coup de marteau que la coque qui, sous le grand hangar, paraît gigantesque se met à glisser doucement puis à une grande vitesse, et c'est au milieu de gerbes d'eau et d'écume que le beau navire entre dans les flots...".
La Belle Poule quitte Fécamp le jeudi 12 mai. Son premier voyage l'amène à Brest, sous le commandement du lieutenant de vaisseau Richard. |
La goélette Belle-Poule, collection CPA LPM 1940 |
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De 1932 à 1944
En septembre 1932, la Belle-Poule est placée sous les ordres de l'Ecole navale et entame sa carrière de voilier école. Elle donne tout satisfaction et les élèves officiers qui tirent les premiers bords inaugurent une tradition qui se perpétue aujourd'hui.
Le 1er septembre 1939, l'Allemagne envahit la Pologne. Le 3 septembre, l'Angleterre et la France déclarent la guerre à l'Allemagne. C'est le début de la drôle de guerre. Le 10 juin 1940, l'Italie déclare la guerre à la France et à l'Angleterre, la campagne de France s'achève bientôt et le 17 juin 1940, le maréchal Pétain demande l'armistice.
Le 18 juin 1940 à 10 heures 30, le capitaine de corvette Cros, chargé des goélettes, reçoit l'ordre du commandant en second de l'Ecole navale d'organiser l'évacuation de l'équipage de l'Ecole.
15h00, la Belle-Poule et l'Etoile appareillent. Elles gagnent la pointe Saint-Mathieu et y sont rejointes vers 17h00 par le Président Théodore Tissier, le Jean Frédéric et le Notre-Dame de France. A 18h00, le général de Gaulle lance sur les ondes de la BBC depuis Londres son appel que les goélettes ont devancé. Le groupe traverse la Manche de nuit alors que l'ennemi traque les bâtiments français et arrive à Falmouth le 19 juin vers 17h00.
L'accueil, réservé aux fugitifs par les britanniques, est froid. A cette époque, la situation des militaires français en Angleterre est équivoque. Dans la nuit du 2 au 3 juillet 1940, les Britanniques déclenchent l'opération CATAPULT. Les goélettes sont saisies et leurs équipages internés dans des camps de triage. Mais elles seront vite rendues aux Forces Françaises Libres, et un équipage de marins FNFL placé sous le commandement de l'officier de deuxième classe des équipages Blonsard, va en reprendre possession le 20 septembre 1940. Elles arboreront dorénavant le pavillon de beaupré à croix de Lorraine , signe de leur appartenance aux Forces Navale Françaises Libres. |
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La goélette Belle-Poule Collection CPA LPM 1960 |
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Les voiliers sont en mauvais état, et après quelques travaux dans le gréement, elles sont sommairement armées avec, de chaque côté du rouf arrière, une mitrailleuse Hotchkiss de 8mm.
Le 16 novembre 1940, les goélettes appareillent de Falmouth pour Portsmouth où une Ecole navale vient d'être créée à bord du Président Théodore Tissier sous le commandement du lieutenant de vaisseau Recher. Philippe De Gaulle, le fils du général, fait partie de la première promotion, il est âgé de 17 ans et demi. Les goélettes ont ordre de rejoindre cette Ecole navale, de se placer sous son commandement et sous celui du capitaine de vaisseau Gayral, commandant supérieur à Portsmouth des Forces Navales Françaises Libres. les goélettes naviguent sans escorte au plus près des côtes. Le 18 novembre 1940, vers 5 heures du matin, alors que la Belle-Poule est en route au nord-est, poussée par une bonne brise de sud-ouest sous un ciel couvert avec de gros grains, l'officier de quart, la maître de manœuvre Liard, entend le vrombissement d'un avion en attaque. Quatre bombes tombent et encadrent le voilier qui est secoué par les explosions. Heureusement, il n'y a pas de dommage et le bombardier ne fera pas d'autre passe. La Belle-Poule et l'Etoile rejoignent Portsmouth sans autre incident.
Jusqu'en avril 1944, elles ne navigueront plus ensemble. La Marine de la France Libre n'a pas les moyens d'armer deux goélettes, et le nombre d'élèves à former ne le justifie pas. Tout au long de cette période à Portsmouth, les goélettes seront alternativement en disponibilité armée ou en navigation ; Elles ne sont plus peintes en blanc mais en gris.
Le cuirassé Courbet, tout proche, est la cible privilégiée des bombardement allemands et, le 10 janvier 1941, deux bombes incendiaires tombent sur le pont de la Belle-Poule. Le commandant, l'officier des équipages Blonsard, est gravement blessé par l'explosion alors qu'il dirigeait la lutte contre l'incendie. Il parvient à sauver son bâtiment avant d'être évacué sur le Courbet par un doris. A la suite de ce bombardement, les goélettes reçoivent la visite du roi Georges VI et de la reine Elisabeth. Peu après, en raison de l'hospitalisation de l'officier des équipages Blonsard, le premier maître Liard est nommé au commandement du groupe des goélettes.
Le 15 avril 1944 les goélettes reçoivent l'ordre de rejoindre West-Hartlepool en Ecosse, en passant par l'ouest de l'Angleterre, pour y être mises en réserve. Ce n'est pas le chemin le plus court, mais c'est le plus sûr. Elles arrivent à bon port le 13 mai 1944 et sont mises en réserve. |
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D'avril 1945 à nos jours
La guerre touche à sa fin. L'Etat-major de la Marine a réintégré son hôtel de la rue Royale à Paris et se préoccupe de recenser ses bateaux. Le 12 avril 1945, un message est envoyé aux Forces navales en Grande-Bretagne : Renseignez-moi sur situation actuelle des voiliers français Etoile et Belle-Poule. "
La réponse des Forces navales en Grande-Bretagne arrive le 20 avril :
"En position de réserve à West Hartlepool depuis avril 1944 ; Bâtiments restés constamment sous contrôle et pavillon Français ; Bien entretenus, état matériel assez satisfaisant sauf moteur Belle-Poule ; je vous rendrais compte incessamment des possibilités d'envoi de ces deux bâtiments en France. "
Fin septembre 1945, les deux goélettes rentrent à Brest à la remorque après une traversée difficile à cause du mauvais temps.
Dès le 1er octobre, elles sont affectées à l'Ecole navale. leur état est pitoyable et, le 13 décembre 1945, elles rentrent en grand carénage. Les travaux de remise en état vont durer plus d'une année, dans un contexte difficile de pénuries de matières premières. |
La goélette Belle-Poule, collection CPA LPM 1960 |
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Principaux soucis : les moteurs de propulsion et l'état des coques; l'Etoile sera privée de moteur au bénéfice de la Belle Poule jusqu'en mars 1947, quand un moteur de camion allemand, un 120 CV Deutz, lui sera enfin installé en remplacement du Sulzer de 125 CV. Un moteur identique équipera la Belle-Poule en 1956 quand son Sulzer expirera. A la mi-1947, l'Etoile et la Belle-Poule peuvent assurer leurs missions d'instruction dans des conditions acceptables.
Depuis, les goélettes de l'Ecole navale naviguent l'hiver dans les parages de Brest, en mer d'Iroise et en Bretagne, au profit des écoles de la Marine, et l'été, elles élargissent leurs horizons. Elles ont essuyé de nombreuses tempêtes, manœuvrer dans des conditions difficiles, cassé des mâts, déchiré des voiles. Elles ont aussi reçu la visite de chefs d'Etat, de rois et de princes. Elles ont sillonné à maintes reprises, la Mer du Nord et la Baltique, et sont descendues jusqu'aux Canaries. Deux fois, en 1971 et en 1981, elles ont fait un tour en Méditerranée.
Elles ont subi une très grande refonte de 18 mois en 1975. A cette occasion, les moteurs ont été changés pour des Baudouin DNP 8 de 245 CV, et les coques ont été remises à neuf. les équipements de navigation ont été modernisés au fil des ans. Les emménagements intérieurs ont été adaptés pour permettre aux 16 marins de l'équipage permanent d'avoir chacun une couchette et un petit coin à eux. Mais le soir, les hamacs sont toujours suspendus dans le poste des élèves.
En 1995 la Belle-Poule est passée en grand carénage. L'aspect extérieur n'a pratiquement pas changé depuis 65 ans et aucune modification n'a été apportée au gréement. On a juste procédé à l'échange standard des espars usés ou cassés et les voiles, jadis en coton, sont maintenant en Tergal.
Elles sont de toutes les fêtes maritimes en France et en Europe. On les a vues à Rouen en 1989 pour les " Voiles de la Liberté " et en 1994 pour " l'Armada de la Liberté ". Elles étaient à Brest 92, Bristol, Penzance et Brest 96. Elles sont même remontées par les canaux jusqu'à Bruxelles en octobre 1996.
Les goélettes ne sont plus des bateaux, on les appelle des demoiselles. Elles ont su sauvegarder de façon intelligente les traditions de la Marine à voile. Elles ont une âme et font partie du patrimoine vivant de la Marine nationale.
Aujourd'hui comme hier et comme demain, elles hissent la toile pour éveiller le sens marin de ceux qui ont choisi de " mettre du sel dans leur avenir ".
Quelques dates
Quatrième "BELLE POULE" Goélette école à hunier (1932- ..)
Longueur de coque : 37,50 m Longueur à la flottaison 25,30 m Bau maximum : 7,40 m Tirant d’eau : 3,45 m Jauge : 280 tonnes Surface de voiles : 450 m2 Equipage : 17 hommes + 15 élèves Armement : Néant |
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La goélette Belle-Poule Aquarelle Collection CPA LPM 1960 |
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