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D'après De Re rustica de Palladius Rutilius,
Palladius Rutilius Taurus Aemilianus est le dernier parmi les écrivains latins qui se sont occupés de l'agriculture. Son ouvrage, intitulé De Re rustica, renferme des extraits d'auteurs anciens, surtout de Columelle, qui s'y trouve quelquefois littéralement reproduit. Cependant, à l'exception de l'olivier, Palladius traite d'une manière plus exacte que son modèle la partie des arbres fruitiers et des jardins potagers qu'il a puisée dans les oeuvres de Gargilius Martialis. Les méthodes qu'il donne pour conserver les fruits et le vin sont tirées des Géoponiques grecs, dont il avait un exemplaire beaucoup plus étendu que l'abrégé que nous possédons. |
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L'Économie rurale de Palladius est divisée en quatorze livres.
Le premier livre contient une introduction générale à l'économie rurale : situation de la ferme, qualités du sol, construction des bâtiments (avec des détails très précieux d'architecture et d'aménagement intérieur — fenêtres, chambres, citernes, réfrigération des caves, etc.), celliers, greniers, huilerie, étables et écuries, poulaillers (chapitres sur les pigeons, poules, faisans, paons), jardins, ruches, etc. Les douze livres suivants traitent des travaux propres à chaque mois de l'année : jardinage, tenue de la maison, viticulture, récolte des fruits, art de faire divers vins, récolte du miel, confection de l'huile d'olive et autres), des confitures, de l'hydromel, du verjus, etc. Le dernier livre est un poème en vers élégiaques sur la greffe des arbres. |
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SEPTEMBRE 10eme livre |
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De l'ensemencement du froment et du blé dans un terrain froid ou ombragé
Quand le temps est au beau fixe, semez, ce mois-ci, vers l'équinoxe, le froment et le blé dans les terrains marécageux, maigres, froids ou ombragés, afin que leurs racines prennent de la consistance avant l'hiver.
Des remèdes contre l'humidité amère et contre les animaux qui nuisent aux blés
Pour que certains animaux qui vivent sous terre ne détruisent pas souvent vos blés en les coupant par la racine, faites tremper les grains pendant une nuit, avant de les semer, dans du jus de vermiculaire étendu d'eau ; ou bien encore exprimez le jus d'un concombre sauvage, broyez-en la racine, faites-la dissoudre dans l'eau, et trempez-y les grains que vous devez semer. Quelques-uns, lorsqu'ils voient leurs moissons atteintes par ce fléau, pour en prévenir les ravages, versent sur les sillons et sur les charrues du marc d'huile sans sel, ou de l'eau dont nous venons de parler. |
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De l'orge
Des lupins
Ils ne viennent point dans un champ fangeux ; ils craignent les terrains crétacés ; ils aiment la terre maigre et la terre rouge. Dix boisseaux de cette graine remplissent un arpent
Des pois
De la sésame et de la luzerne
De la vesce, du fenugrec et des herbages
Des lupins qu'on sème pour fertiliser les terrains maigres
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Lupin blanc. Planche extraite des
Vesce |
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Des nouvelles prairies
Attachez-vous particulièrement à en écarter les bêtes de somme, surtout dans les temps humides, de peur que leur piétinement ne rende le sol inégal en beaucoup d'endroits. Si la mousse couvre les vieilles prairies, ratissez-la et semez du foin dans les parties que vous aurez grattées. Répandez-y souvent aussi de la cendre : c'est un bon remède pour détruire la mousse. Si une portion de prairie est devenue stérile par moisissure, par négligence ou par vétusté, il faut la labourer et l'aplanir de nouveau ; car on doit souvent retourner les prés stériles.
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Fenugrec
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Vous pouvez semer des raves clans les prairies nouvelles, et, quand vous les aurez récoltées, vous exécuterez pour le surplus tout ce qui a été dit. Vous pourrez néanmoins y semer ensuite du foin mêlé avec de la vesce, en ayant soin de ne pas arroser ces graines avant qu'elles aient durci le sol, pour que l'eau, en s'infiltrant, n'en détruise pas le peu de solidité.
De la vendange
Vous connaîtrez qu'il est temps de vendanger, lorsqu'en exprimant les pépins renfermés dans les grains, vous en trouverez de gris, et quelques-uns même presque noirs : c'est un effet de la maturité. Les bons agronomes mêlent une livre d'excellente cire sur dix livres de poix : ce mélange donne du parfum et du goût au vin, adoucit la poix, et l'empêche de s'écailler dans les temps froids. Vous goûterez la poix pour vous assurer de sa douceur, parce que son amertume gâte souvent le vin.
Du panic, du millet et des haricots
Récoltez à présent, dans quelques cantons, le panic et le millet. Semez en ce temps-ci les haricots destinés à la table. Apprêtez maintenant les perches nécessaires pour la chasse aux hiboux, et les autres instruments à l'usage de cette chasse, dont on s'occupe vers les calendes d'octobre.
Des jardins
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Millet
Pavot |
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Vous sèmerez aussi l'origan vers l'équinoxe. Il demande à être fumé et arrosé jusqu'à ce qu'il ait pris de la force. Il se plaît dans les lieux sauvages et au milieu des rochers. Semez à la même époque le câprier : il serpente au loin ; son suc nuit aux terres. Pour l'empêcher de trop s'étendre, vous le sèmerez dans un terrain sec et maigre, entouré d'un fossé ou d'une muraille construite avec de la boue. Il fait naturellement la guerre aux herbes, fleurit en été, et se dessèche vers le coucher des Pléiades. Il est bon de semer la nielle à la fin de ce mois. On sème maintenant le cresson et l'aneth dans les pays chauds ou tempérés, les raiforts dans les terrains secs, les panais et le cerfeuil vers les calendes d'octobre, les laitues, la poirée, la coriandre, les raves et les navets dans les premiers jours du mois.
Des jujubiers étrangers
Au mois de septembre, vers les calendes d'octobre, ou au mois de février, propa-gez les jujubiers étrangers par rejetons ou par noyaux, et donnez tous vos soins à leur âge tendre. Détachez de l'arbre un rejeton avec ses racines, et, après l'avoir enduit de boue et de fiente de bœuf, plantez-le dans un sol gras et travaillé, sur un lit de coquilles et d'algue mari-ne ; puis recouvrez-le presque entière-ment de terre. |
Origan |
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D'autres, dès que les noyaux sont tombés et ont séché au soleil, en mettent trois ensemble, en automne, dans une terre grasse et à demi criblée. De leur réunion naît, dit-on, un seul arbuste, dont on fortifie la jeunesse par de nombreux arrosages et de légers labours. On transplante ensuite, au bout d'un an ou un peu plus tard, le sujet né de ces semences : il donne ainsi des fruits plus doux.
Entés sur le cognassier, à la fin du mois de janvier ou au mois de février, les scions des jujubiers étrangers réussissent à merveille. On les greffe aussi sur tous les pommiers, les poiriers et les pruniers. Ceux de Calabre se greffent mieux en fente sur le tronc que sous l'écorce. On couvre l'arbre d'un panier ou d'un vase d'argile, et l'on entoure les scions, presque jusqu'à la cime, de terre labourée et de fumier. Les soins dont j'ai parlé au sujet des pommiers sont également profitables aux jujubiers étrangers, dont on conserve les fruits en les plaçant dans du millet ou dans des cruchons poissés et bouchés. |
Cognassier |
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Du sirop de mûres
De la manière de conserver les raisins
Des ceps dont les fruits se moisissent
Trente jours avant la vendange, épamprez sur les flancs les ceps dont l'humidité fait moisir les fruits, et ne laissez toue les feuilles d'en haut, qui garantiront la cime de la trop grande ardeur du soleil |
Mures |
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Maron |
Chataigne |
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