| ||||||
L'hotel de ville vers 1900 | ||||||
Ce 30 mai, des salves d’artillerie annoncèrent le départ de Napoléon 1er et de Marie-Louise. A une heure de l’après-midi, ils furent raccompagnés jusqu’aux limites de la ville. La veille, les services de la préfecture placardaient « Leurs Majestés vont partir de Cherbourg et faire leur retour directement par Carentan et Saint-Lô. Que toute la population se trouve de nouveau sur les routes que Leurs Majestés doivent parcourir. Que de nouveaux arcs de verdure les couronnent et les décorent ; qu’elles soient jonchées de fleurs, et que les inscriptions et allusions analogues à de telles circonstances marquent toute l’étendue de la joie publique ». Les intentions du gouvernement sont claires : le voyage impérial doit, à l’aller comme au retour, être un plébiscite, un sacre populaire de leurs majestés. La foule est effectivement au rendez-vous à Valognes que le cortège impérial retraverse rapidement mais « l’on s’est aperçu qu’il [Napoléon 1er] a fait un salut au clergé qui était avec ses habits de choeur, la croix, les chandeliers, les encensoirs et le dais sur la place voisine de l’église » note Jean-Nicolas Geoffroy dans son journal. Passant par Carentan, le convoi félicitait que « Chaque citoyen rivalise de zèle en ce moment dans cette cité, qui se flatte que Leurs Majestés daigneront s’y arrêter quelques instants. » Depuis la porte de la Dolée jusqu’à la citadelle, tout l’espace était garni d’une « foule prodigieuse d’hommes et de femmes de toutes les classes » A l’entrée de la ville, près d’un arc de triomphe en charpente et en toile, les sous préfets des arrondissements de Coutances, d’Avranches et de Mortain, qui n’auraient pas l’occasion d’accueillir leurs altesses en leur circonscription, avaient rejoint le sous-préfet du chef lieu, le préfet, l’auditeur au conseil d’Etat et le secrétaire général. Face à eux, s’alignaient le maire de Saint-Lô, ses adjoints et son conseil municipal, ainsi que les députations de villes sous préfectorales. Le maire offrit les clés de la ville et un discours à ses illustres visiteurs qui montèrent vers l’hôtel de la préfecture par la rue des noyers, au milieu des vivats. A plusieurs reprises au cours de cette tournée, l’empereur est ainsi allé au devant de la foule, parmi son peuple, estimer sa popularité. L’empereur se montra encore à la terrasse de sa résidence puis s’entretint avec les chefs des principales administrations, les sous-préfets et les députations des villes de Coutances, Avranches et Mortain, le maire et le conseil de Saint-Lô, le principal du collège. Après avoir souper avec le préfet Bossi, l’empereur salua une nouvelle fois la foule amassée, tandis que les habitants illuminaient la ville. Dès six heures du matin, le 31 mai, le couple impérial quittait Saint-Lô par la rue du Neubourg qui « ressemblait à une longue allée de verdure sur laquelle se croisaient, à des intervalles a-peu-près égaux, des guirlandes de verdure et de fleurs auxquelles étaient suspendues des couronnes. » puis filait par Bayeux, Caen, Falaise, Argentan, Sées jusqu’à Alençon qui est atteinte en soirée. Il en repartit le 2 juin pour Chartres qu’il quitta le 4 au matin, mettant ainsi un terme à cette chevauchée extraordinaire. | ||||||
Saint-Lô Rue Carnot Collection CPA LPM 1900 | ||||||