Retour à Regnéville, village tranquille au bord de son havre, sur la côte ouest du Cotentin, où un vieux voilier affronte le vent loin du bord de la Sienne. Au XIXe siecle les fermiers normands tiraient leurs engrais de la mer. L'un des plus populaire etait la tangue, aussi appelee cendre de mer, sablon ou charrée blanche. C'est une espèce de sable gris ou blanc-jaunâtre qui se dépose ordinairement dans les baies, anses, havres, et principalement à l'embouchure des rivières de la Basse-Normandie et de la Basse-Bretagne.
Si populaire que la tangue fut le sujet d'une etude academique en 1852. On y lit:
Les populations rurales attachent un tel prix à l'usage de cette tangue sur leurs terres, qu'ils n'hésitent pas à franchir à grands frais des distances considérables pour se la procurer.
La baie de Régnéville, à l'embouchure de la Sienne, fournit ainsi annuellement, au moins 600 000 mètres cubes de tangue, prise depuis Régnéville jusqu'au pont de la Roque.
Une multitude de chemins partent de tous ses points, comme autant d'artères qui vont porter tout à l'entour, et souvent fort loin, cet amendement vivifiant auquel les cultivateurs attachent un si grand prix.
Ajoutons à ces voies de transport si nombreuses, le canal de Coutances au pont de la Roque, presqu'uniquement construit pour le transport des tangues, afin de rapprocher des environs de cette ville les tanguières de la baie de Régnéville, et pour éviter aux fermiers des chemins difficultueux, des côtes pénibles à monter avec une matière si pesante comme chargement. Le Havre de Régneville |