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Distilerie de cidre |
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Le Normand 1842
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« La gent du Danemark, selon Robert Wace, fut de tout temps présomptueuse, très-avide, fière, présomptueuse, luxurieuse et aimant le plaisir. » « Aux festes de paroisse, au carnaval et autres occasions, dit Dumoulin, comme aux nopces, baptême des enfants, rélevées de couches et donner du pain bénit, les Normands font ordinairement des festins, et y invitans tous leurs parents et amis, font grand chère. »
Les Normands d’aujourd’hui ne sont pas moins que leurs aïeux portés aux voluptés matérielles, et notamment à la boisson. Il est à remarquer que les ivrognes sont plus nombreux dans les contrées auxquelles la nature a refusé le raisin que dans les pays vignobles. En Normandie, les moindres bourgs comptent plusieurs cafés, et l’on ne fait pas une lieue sur une route quelconque sans apercevoir une maison dont la façade porte en grosses lettres : DÉPOTEYER DE CIDRE.
CIDRE, BOISSON, POIRAY A DÉPOTEYER (1).
Ce bon cidre n'épargnons mie ;
Vidons nos tonneaux je vous prie.
C’est au cabaret que les campagnards vident à la fois les affaires et les pots. Ils s’y donnent rendez-vous le dimanche, après la messe, pour causer du prix des denrées. Dans quelques villages du Vexin normand, le pâtissier qui a confectionné le pain bénit met aux enchères, dans le cimetière, à la porte de l’église, une énorme brioche, que les plus offrants et derniers enchérisseurs emportent triomphalement au dépoteyer voisin. |
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La fabrication du pur jus |
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Souvent les cultivateurs normands boivent moins par goût que par spéculation. Ils demeurent patiemment attablés des heures entières, entassant sur la table de grandes bouteilles à goulot évasé, jouant de suite vingt parties de dominos normandes, en trois coups avec huit dés, le tout sans cesser de débattre les conditions des marchés qu’ils désirent conclure. Pas de contrat qui ne se passe le verre à la main ; pas de vente qui ne soit arrosée en raison de son importance. Pour un sac de blé, on s’égaie ; pour un cheval, on se grise ; pour une masure, on reste sous la table. Un maquignon cherche à vendre un cheval de riche encolure et exempt de vices rédhibitoires. « Coben qu’i vend son qu’val ? – Trente pistoles. – Vous dites vingt-cinq ? – Vous en avez t-y vu beaucoup comme li pour trente pistoles ? – J’disons vingt-six. – Non. – Vingt-sept. » A chaque proposition, l’amateur frappe dans la main du maquignon : c’est de rigueur. |
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Pressoir a Saint Pierre Eglise |
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Dans les banquets, on boit entre chaque service un verre d’eau-de-vie, qu’on appelle un trou normand. Souvent, quand on a découpé le croupion d’une oie, on fait à ce morceau de prédilection trois pattes avec des allumettes, et il passe de ce trépied dans l’assiette du convive qui avale le plus de verres de cidre sans désemparer.
NOTES
(1)Dépoteyer, vendre par pots, au détail. |
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Le pressage des pommes |
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Le gros cidre d'Henri Hermice |
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