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Yville sur Seine CPA collection LPM 1900 | ||||||||||||
LE JEU DE LA PELOTE Henri ALAIS in Le Pays Normand (1900)
Au Mesnil-sous-Jumièges, existe encore l'usage de la pelote. Tous les ans, le jour de Noël, après Vêpres, le dernier marié de la paroisse lance la pelote sur un terrain plat, c'est une boite ronde en tôle ou en autre matière, dans laquelle celui qui la lance a enfermé une pièce de monnaie. Aussitôt la pelote lancée, c'est à qui, parmi les garçons de la paroisse, cherchera à s'en emparer. Pour en demeurer maître, il faut réussir à la déposer sur sa cheminée sans avoir été atteint par personne dans sa course. On a vu des garçons, pour la conserver, faire plusieurs lieues. C'est le sujet de luttes quelques fois terribles et heureux ceux qui s'en tirent avec quelques contusions seulement.
Amable TASTU - Des Andelys au Havre (1843)
Parmi les jeux du moyen-âge, il en est un, celui de la pelote, dont le souvenir n'est pas encore oublié, puisqu'il ne fut supprimé qu'en 1866.
Chaque année, le jour de Noël après Vêpres, le Maire du Mesnil-sous-Jumièges offrait son bras à la femme originaire de la commune qui s'était mariée la dernière (c'était à qui se marierait la dernière pour avoir cet honneur) et la conduisait dans le pré de l'Oraille.
Là, en présence de toute la paroisse attirée par la curiosité, cette jeune mariée jetait une pelote enrubannée, dans laquelle était renfermée une prime, dans les cinq dernières années la pelote était faite en osier et de dimensions variables.
Une fois lancée, chacun s'efforçait de la saisir. Or, pour en demeurer définitivement le maître, il fallait rentrer chez soi et faire baiser la pelote à la cheminée sans être touché par personne.
Quiconque touchait le porteur lui criait : "Lâche la pelote !" Et de nouveau la pelote était lancée. Celui qui s'en emparait sortait souvent de la commune, en demeurait éloigné deux ou trois jours, quelquefois davantage, et ne regagnait son logis que lorsqu'il présumait qu'on s'était lassé de guetter aux abords de sa maison, encore n'y rentrait-il que la nuit.
Outre la gloire personnelle de garder la pelote, on s'acharnait encore à l'enlever par désir d'honorer son hameau.
Une sorte de superstition s'en mêlait aussi ; la pelote portait bonheur au hameau qui la possédait et lui donnait une bonne récolte dont les autres étaient privés.
Tout cela était fort inoffensif ; mais la bousculade générale qui suivait l'apparition de la pelote l'était beaucoup moins, force horions s'y distribuait, maint vêtement en sortait en lambeaux ; là enfin se liquidaient les vieilles rancunes. C'était plus qu'il n'en fallait pour justifier une prudente suppression.
La pelote se pratiquait aussi à Jumièges et à Yville sur Seine. Elle était également en usage à Hauville, endroit où les religieux de l'abbaye royale de Jumièges avaient des biens.
Elle fut abolie dans ces trois endroits pour les mêmes motifs, parce qu'un homme y fut tué ; aussi une vieille croyance fait-elle dire à quelques crédules que, quand une chose pareille arrivait dans un endroit, on devait passer cent ans sans jeter la pelote | ||||||||||||
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LE JEU DE LA PELOTE Henri ALAIS in Le Pays Normand (1900)
Au Mesnil-sous-Jumièges, existe encore l'usage de la pelote. Tous les ans, le jour de Noël, après Vêpres, le dernier marié de la paroisse lance la pelote sur un terrain plat, c'est une boite ronde en tôle ou en autre matière, dans laquelle celui qui la lance a enfermé une pièce de monnaie. Aussitôt la pelote lancée, c'est à qui, parmi les garçons de la paroisse, cherchera à s'en emparer. Pour en demeurer maître, il faut réussir à la déposer sur sa cheminée sans avoir été atteint par personne dans sa course. On a vu des garçons, pour la conserver, faire plusieurs lieues. C'est le sujet de luttes quelques fois terribles et heureux ceux qui s'en tirent avec quelques contusions seulement.
LE JEU DE LA PELOTE Amable TASTU Des Andelys au Havre (1843)
Parmi les jeux du moyen-âge, il en est un, celui de la pelote, dont le souvenir n'est pas encore oublié, puisqu'il ne fut supprimé qu'en 1866.
Chaque année, le jour de Noël après Vêpres, le Maire du Mesnil-sous-Jumièges offrait son bras à la femme originaire de la commune qui s'était mariée la dernière (c'était à qui se marierait la dernière pour avoir cet honneur) et la conduisait dans le pré de l'Oraille.
Là, en présence de toute la paroisse attirée par la curiosité, cette jeune mariée jetait une pelote enrubannée, dans laquelle était renfermée une prime, dans les cinq dernières années la pelote était faite en osier et de dimensions variables.
Une fois lancée, chacun s'efforçait de la saisir. Or, pour en demeurer définitivement le maître, il fallait rentrer chez soi et faire baiser la pelote à la cheminée sans être touché par personne.
Quiconque touchait le porteur lui criait : "Lâche la pelote !" Et de nouveau la pelote était lancée. Celui qui s'en emparait sortait souvent de la commune, en demeurait éloigné deux ou trois jours, quelquefois davantage, et ne regagnait son logis que lorsqu'il présumait qu'on s'était lassé de guetter aux abords de sa maison, encore n'y rentrait-il que la nuit.
Outre la gloire personnelle de garder la pelote, on s'acharnait encore à l'enlever par désir d'honorer son hameau.
Une sorte de superstition s'en mêlait aussi ; la pelote portait bonheur au hameau qui la possédait et lui donnait une bonne récolte dont les autres étaient privés.
Tout cela était fort inoffensif ; mais la bousculade générale qui suivait l'apparition de la pelote l'était beaucoup moins, force horions s'y distribuait, maint vêtement en sortait en lambeaux ; là enfin se liquidaient les vieilles rancunes. C'était plus qu'il n'en fallait pour justifier une prudente suppression.
La pelote se pratiquait aussi à Jumièges et à Yville sur Seine. Elle était également en usage à Hauville, endroit où les religieux de l'abbaye royale de Jumièges avaient des biens.
Elle fut abolie dans ces trois endroits pour les mêmes motifs, parce qu'un homme y fut tué ; aussi une vieille croyance fait-elle dire à quelques crédules que, quand une chose pareille arrivait dans un endroit, on devait passer cent ans sans jeter la pelote. |
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