HISTOIRES INSOLITES EN MANCHE

 

 LES SORCIERS DE NEHOU ET DE BESNEVILLE

 

CPA collection LPM 1900

 

In Pierre Le Fillastre, de Bricquebec, Superstitions populaires du canton de Bricquebec et des communes voisines, Annuaire de la Manche 1832

Par Les Goubelins ⋅ mercredi 6 mai 2009


Quelques informations sur les moeurs et coutumes des sorciers décrites par Pierre Le Fillastre, qui a fait un excellent article sur les traditions et légendes recueillies au XIXème autour de Bricquebec

 

Une des croyances les plus universelles jadis était celle de l’existence des Sorciers et de leur réunion nocturne au Sabbat. Les communes de Néhou et de Besneville étaient, autrefois, célèbres par leurs sorciers. Il paraît certain que , dans le XVIIe siècle, des réunions nocturnes de cette espèce d’imposteurs , avaient quelquefois lieu dans le canton de la Haye-du-Puits, ainsi que cela paraît constant par l’instruction du procès des sorciers de ce pays , faite en 1669 et 1670, où beaucoup de témoins furent entendus et où des personnes de distinction se trouvèrent impliquées. Ces réunions avaient lieu principalement dans le bois d’Etenclin, près de l’abbaye de Blanchelande. Les pièces de ce procès curieux doivent se trouver au greffe du tribunal civil de Coutances, parmi les papiers de la haute-justice de la Haye-du-Puits.

 

Ici, on croit encore que, pour aller au sabbat, il était indispensable de s’oindre le corps d’un certain onguent fait avec la graisse d’un enfant mort sans baptême. Après cette préparation , le sorcier montait le long de la cheminée, et s’étant placé nu sur le haut, il s’écriait : Pic par sur feuilles, et ensuite s’envolait en l’air pour se rendre au sabbat. L’assemblée du sabbat se tenait ordinairement dans une lande ou dans quelque endroit écarté. On ne dit pas ce qui s’y passait : on sait seulement qu’on y dansait beaucoup, qu’on y mangeait de la galette et qu’on y adorait le diable. Les sorciers , comme on sait, sont tous marqués par celui-ci pour qu’il les reconnaisse.

 

Si, pendant qu’un sorcier vole en l’air, la graisse vient à lui manquer, il tombe à terre : on en a vu ainsi, maintes fois, qui s’étaient égarés et qui faisaient la plus triste figure.

 

Quand les sorciers volent en troupes , ils crient comme certains oiseaux, et l’on trouve dans les villages, des gens qui ont vu et entendu ces troupes aériennes.