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LA PECHE A LA MORUE Par M. BRONKHORST 1927
LE MATERIEL ET LES METHODES DE PECHE
Suivant les lieux de pêche et les circonstances, nos pêcheurs emploient les sennes ou les trappes (à la côte), les lignes à main, les lignes de fond ou liarouelles, les lignes flottantes et faulx.
Les sennes
Lorsque nous jouissions encore d'un droit de pêche exclusif sur le French Shore, nos nationaux établis sur la côte sont de Terre-Neuve, se servaient de grandes sennes pour capturer les bancs de morues qui fréquentaient ces parages.
Les sennes à morues étaient de vastes filets de 200 mètres de long, sur 30 de chute, dont la manoeuvre nécessitait au moins 8 hommes dont un maître de senne, montés sur de fortes embarcations dites « chaloupes de sennes». |
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Un décret du 2 mars 1852 fixait la dimension de leurs mailles (pas moins de 0,048 entre noeuds au carré) et interdisait de les déborder autrement qu'au moulinet et sans jamais déborder à terre.
Aucun armateur ne pouvait obtenir la concession simultanée pour le même bâtiment, de places sur les côtes est ou ouest de l'île et seuls les bateaux de 112 tonnes et au-dessus pouvaient armer deux sennes ; les bateaux de jauge inférieure, ayant un équipage de moins de 30 hommes, n'en pouvaient armer qu'une. |
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En fait, les sennes n'étaient employées que sur la côte est; dans les établissements de la côte ouest la présence des grands fonds, en rendait L'usage exceptionnel.
Même sur la côte est, elles ne servaient qu'au début de la saison dans les derniers jours de juin, alors que la morue se déplace par bancs très étendus. On les rentrait au mois d'août (vers le 15, en moyenne) pour faire place aux liarouelles et lignes à main.
Les trappes
Ce sont des filets beaucoup plus compliqués que les sennes, faisant en moyenne 120 mètres de long sur 24 de chute, avec mailles de 0,05 ; une autre pièce de filet formant un carré de 30 mètres de côté en constitue le fond ; enfin une troisième pièce, dite « conduite» sert à diriger le poisson dans la trappe elle-même.
En somme la trappe peut être comparée à une maison ayant un plancher et pas de toiture, avec une porte au milieu d'un des côtés. Ces filets, véritables établissements de pêche, étaient mouillés à l'ouverture des baies. |
Senne |
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Filet trémail |
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Ils avaient une valeur péchante considérable. Leur manoeuvre nécessitait l'emploi de 2 chaloupes. D'origine norvégienne. Ils avaient été adoptés de bonne heure par les Terre-Neuviens ; seuls nos armateurs, sous la pression de leurs maîtres de sennes, s'y montrèrent longtemps réfractaires ; nos pêcheurs protestèrent même contre leur usage, prétendant qu'elles les gênaient dans l'exercice de leur industrie, et le Gouvernement de Terre-Neuve, faisant droit à leurs plaintes, en interdit par une proclamation en date du l juin 1926, l'emploi par ses nationaux sur les côtes du French Shore.
Ce n'est qu'après la convention du 10 avril 1904 consacrant l'abandon de nos droits exclusifs sur cette partie de Terre-Neuve, qu'un armateur de Saint-Malo, M. Revert, entreprit d'employer cet engin dont il avait pu constater le rendement ; il perfectionna les procédés des Terre-Neuviens, employant des trappes plus grandes et une chaloupe à moteur pour leur manoeuvre, si bien qu'au cours de ses trois années d'expérience de 1906-07-08, il « doubla» le meilleur d'entre eux.
En 1907 et en 1908, 8 trappes furent mouillées sur les côtes de Saint-Pierre et Miquelon ; les résultats, soit par suite du manque de poisson, soit par suite de l'inexpérience des pêcheurs, furent peu encourageants. On en compta, encore 6 en 1909 et 4 en 1910 ; il ne semble pas qu'il en ait été calé, depuis lors, dans les eaux de notre colonie ; mais les Terre-Neuviens continuent à en faire usage, le long de l'ancien French Shore.
Les lignes à mains
Ce sont de simples lignes lestées au moyen d'un plomb de 700 grammes et terminées par deux ou trois hameçons amorcés au moyen d'une des boettes saisonnières (hareng, capelan, encornet). Chaque pêcheur est muni de deux de ces lignes qu'il jette à droite et à gauche de son doris, les abaissant et les soulevant alternativement, jusqu'à ce qu'il sente une résistance.
Ce procédé est assez fatigant et ne permet d'employer qu'un très petit nombre d'hameçons ; mais, comme la morue est ferrée, le nombre des captures est relativement élevé.
D'un usage courant parmi les pêcheurs établis sur le French Shore, il est encore en faveur parmi les Portugais, quelques navires américains, et surtout parmi les pêcheurs en warys de Saint-Pierre et Miquelon . Jusqu'en 1790 nos bâtiments pratiquaient exclusivement la pêclie errante sur le grand liane au moyen de lignes à main, longues de 100 brasses, l.e bâtiment, ses voiles cargnécs se laissait dériver lentement et les hommes placés le long du bord, dans des tonneaux qui leur venaient jusqu'à la ceinture, filaient leur ligne que la dérive du bateau entraînait lentement à peu de distance du fond. |
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Les lignes de fond ou harouelles
Ce sont les seules usitées sur le banc par les voiliers français.
Sur une ligne de 120 à 130 mètres et d'environ 4 millimètres de diamètre, on greffe, de brasse en brasse, des avançons ou empis ou pilles, de 1 mètre de long et de 1,5 millimètre de diamètre, portant à leur extrémité un hameçon ou hin, en acier, de fabrication anglaise, norvégienne ou française (Une décision ministérielle du 21 Février 1853, a autorisé les capitaines ou patrons des bâtiments français armés pour la pèche de la morue à Terre-Neuve, ou à Saint-Picrre-Miquelon, à prendre dans les entrepôts de la douane, et à embarquer en franchise, les hameçons d'origine étrangère dont ils peuvent avoir besoin pour leur campagne. Cette faveur a été étendue aux pêcheurs d'Islande et du Dogger Banc.), numéro 13 % o u 14 ; il y a ainsi de 60 à 70 avançons par pièce de ligne.
Chaque doris reçoit 24 pièces de lignes ; à mesure qu'une pièce est gréée et boëttée on la love clans une grande manne en osier qui peut contenir 12 pièces ajustées bout à bout. Un doris emporte donc 2 mannes de lignes, 2 ancres, 2 orins et 2 bouées destinées à tendre le tentil, 2 escouffes et 5 avirons. |
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Il paraît nécessaire, avant d'aborder la technique de la pêche aux lignes de fond, de dire ici quelques mots du doris, que nos pêcheurs emploient pour effectuer les tentis, c'est-à-dire pour tendre leurs lignes (Au début de la pêche aux lignes dormantes, on mouillait les lignes au moyen cu canot du bord et on les relevait en les tirant du bord, au moyen d'un ou de deux moulinets.).
Les doris sont de petites embarcations de 15 pieds de long légères, à fond plat et qui ont des qualités nautiques si remarquables qu'on en a retrouvé après de violentes tempêtes flottant encore intacts ; chacun d'eux a un équipage de deux hommes, un patron et un matelot dit avant de doris. C'est en 1865 que les doris empruntés aux américains ont fait leur apparition à bord des goélettes Saint-Pierraises ; ils ont remplacé rapidement l'ancienne chaloupe du banc (Chaque bâtiment employait deux chaloupes pour la pose des lignes ; la chaloupe tribord prenait 35 pièces de lignes de 60 brasses chacune ; la chaloupe bâbord 25 seulement.), massive et montée par 6 ou 7 hommes, dont la perte arrêtait net toute la pêche de la goélette qui n'avait plus qu'à rallier le port. Aujourd'hui, qu'un doris, monté par 2 hommes vienne à se perdre, la pêche n'en est pas entravée et la perte en hommes et en argent est beaucoup moins sérieuse.
Les tentis sont effectués par des fonds variables, 100 mètres en moyenne.
Cette opération commence vers 17 heures. Elle demande environ deux heures quand la mer est calme, mais la durée peut en être augmentée par la distance et le vent ou les courants contraires.
Au début de la pêche et même parfois au cours du voyage, le capitaine tire au sort entre les patrons de doris, les tentils ou aires de vents, qui déterminent le secteur dans lequel chaque doris devra tendre ses lignes sans empiéter sur celui du voisin.
Pendant que l'avant de doris nage, le patron guide l'embarcation sans s'écarter de son aire de vent et après avoir mouillé sa première bouée au vent, jette ses lignes en ayant soin de tendre, soit avec le courant pour lui, soit en travers du courant mais jamais courant debout, afin d'éviter l'embrouillage des lignes. Quand tous les tentis sont effectués, le navire pêcheur semble être le moyeu d'une roue dont les lignes orientées N.-NE., S.-N.-O. etc.. constitueraient les rayons. |
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Pêche en doris. Musée maritime de l'Atlantique On voit les doris de la goélette « Albert J. Lutz » remorqués avant qu'ils ne soient détachés, en 1913 |
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La bouée mouillée le plus près du navire, s'appelle bouée du bord, la plus éloignée, bouée du bout.
Pendant les premiers jours qui suivent le mouillage, les dorissiers commencent à filer leurs lignes à une distance d'environ 100 brasses du navire; mais peu à peu, les détritus jetés du bord en se décomposant empoisonnent l'eau et chassent le poisson, ou plutôt, semble-t-il, attirent colins, chiens de mer et surtout le requin groënlandais, plus connu des pêcheurs sous le nom de pcnu mile, d'apocalle ou de marache de fond, et grand destructeur de morues. Force est donc de s'éloigner d'avantage. Les lignes restent mouillées toute la nuit et ne sont relevées que vers 4 heures du matin. Ceux des doris qui pourront regagner le bord aux allures du vent arrière ou du largue, prennent d'abord leur bouée du bord ; les autres vont chercher leur bouée du bout et liaient leurs lignes en s'approchant du bord. Cette opération demande de 4 à 5 heures suivant le temps et l'abondance de la pêche ; elle nécessite parfois deux voyages quand la morue donne. Les pêcheurs, rentrés à bord, prennent le dîner, préparent la morue, puis après une copieuse collation, réparent^leurs lignes et les boëttent à nouveau pour retourner quelques heures après, effectuer un nouveau tentis. Que la brume fasse son apparition, ou que la tempête se lève, le retour à bord ne s'effectuera pas sans difficultés, ni même sans dangers, le doris ne pouvant plus retrouver son bâtiment partira en dérive sur le banc, jusqu'à ce qu'il soit rencontré par un autre navire ou puisse atterrir à Terre-Neuve ou à Saint-Pierre. Pour peu que cette situation se prolonge, on juge dans quel état se trouvent les deux dorissiers, transis de froid et mourant de faim. Il a fallu suppléer à l'insouciance des pêcheurs qui partaient dans leurs doris sans vivres et sans eau ; c'est à quoi a pourvu le règlement d'administration publique, en date du 21 septembre 1908, qui prescrit que chaque doris de pêche doit avoir à bord un compas, deux gaffes, deux écopes, cinq avirons,[un cornet de brume, au moins 4 kil. 500 de biscuit, et 6 litres d'eau contenus dans des caisses étanches. Ces prescriptions sont à peu près observées ; par contre, il n'existe pas de systèmes pratiques pour permettre aux dorissiers de se cramponner plus facilement à leur embarcation en cas de chavirement — accident assez fréquent, dû à ce que parfois, lorsque la pêche est abondante, les doris sont chargés à couler bas ; les pêcheurs sont, en général, opposés à l'adoption des filières dans lesquelles les lignes s'engagent quand il y a du courant et qui sont, dès lors, considérées comme nuisibles.
Pour réduire au minimum les pertes de doris, il est prescrit à tous les voiliers pêcheurs de s'approvisionner de torches fusées ou autres artifices permettant par temps de brume de signaler leur position et de les faire rallier.
Quand les conditions de temps le permettent, les doris restent à la mer ; on file à l'arrière une longue aussière de la grosseur d'un grand bras en chanvre, la sabaille sur laquelle ils viennent s'amarrer. A cet effet, on greffe sur la sabaille, toutes les 5 brasses environ, deux ceils sur lesquels ils frappent leurs bosses lorsqu'ils ont opéré le déchargement de. Leur pèche.
Les goélettes américaines emploient des doris munis de moto-godilles: Il serait intéressant d'en faire l'expérience à bord de nos voiliers, afin de se rendre compte de l'économie de temps et de personnel que représenterait l'emploi sur les bancs de ces embarcations — compte tenu de leur entretien (En 1926, le voilier Saint-Clément a employé 4 doris à moteur, les résultais auraient clé très satisfaisants). Les Américains et les Canadiens pratiquent le jaumajage des lignes-opération qui consiste à visiter les lignes 3 fois dans la journée en renouvelant la boette chaque fois. Ils obtiennent ainsi des résultats supérieurs aux nôtres.
Les lignes flottantes
Les lignes flottantes ou les lignes entre deux eaux, sont semblables aux lignes de fond, mais elles sont soutenues à leurs extrémités par des bouées et de 2.5 mètres en 25 mètres par des petits flotteurs fixés avec un bout de ligne très fin de 3 à 4 mètres de longueur.
Ces lignes sont supérieures aux lignes de fond lorsque le poisson séjourne à des hauteurs variables, pendant la saison du capelan, entre autres. Elles se recommandent, également, lorsque le temps fait défaut pour tendre convenablement les harouelles
La faulx
La faulx n'est autre chose qu'une ligne terminée par un poisson en plomb, pourvu de deux crochets en forme de hameçon.
On imprime à l'engin un mouvement de va et vient, semblable à celui de la faulx ; il descend ainsi au milieu des bancs de morues que sa vue n'effraie pas, puis on le remonte brusquement, accrochant à droite et à gauche, le poisson par une partie quelconque du corps. Pour ce faire, il est indispensable que le bâtiment conserve une petite vitesse. Le mouvement incessant de la faux rend ce mode de pêche très pénible. D'aucuns reprochent à cet engin de blesser un grand nombre de morues qui sont perdues sans profit pour personne. Le même reproche sera, comme nous le verrons, adressé à la turluile, employée pour la pêche au maquereau, mais nous ne pensons pas que cet argument mérite d'être retenu — la fécondité prodigieuse des morues les protégeant contre tout mode de pêche trop intensif. En fait, on ne l'emploie que quand le capelan fourmille, et que la morue, gavée, remonte à la surface (On dit que la morue monte « en batterie.) et ne touche plus à l'appât dont elle est le plus friande. La faulx vient alors suppléer à l'appât dédaigné. Ce genre de pêche ne dure, chaque année, que 10 jours au maximum, et cela même suffirait à faire justice de l'action destructrice qui lui est reprochée. |
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Le chalut
Les chaluts employés pour la pêche sur les bancs sont des chaluts à plateaux, se rattachant pour la plupart au type Vigneron-Duhl dont nous donnerons les caractéristiques principales au chapitre consacré à la « pêche fraîche ».
Les dimensions du chalut employé par les Fécampois sont les suivantes : Bourrelet : 45 à 50 mètres. Ralingue de bâton ou de dos : 30 à 34 mitres. Ralingue de côté : 48 mètres. Dimension des panneaux : 1,40 m. sur 3 mètres.
Cet engin coûte de 6 à 8.000 francs.
La morue évolue sur les bancs en quatre formation distincte : en tache (fixité temporaire), eu piaule (formation de déplacement), en plaine (formation dispersée mais stationnaire, la meilleure pour les ligueurs), ou en batterie (formation entre deux eaux ou en surface)
Les chalutiers de Boulogne emploient le grand chalut type Boulonnais, que nous décrirons également, au chapitre de la « pêche fraîche ». Son prix atteint 15 à 20.000 francs.
Mentionnons également le chalut à 3 câbles, inventé par le capitaine Georges Caron de Fécamp, qui diffère des chaluts ordinaires en ce. sens, qu'une aile montante, ou cerf-volant, lui permet de pêcher jusqu'à 18 à 20 mètres du fond, alors qu'avec les chaluts ordinaires, il n'est pas possible de pêcher à plus de 1 m. 60 à 1 m. 70. Ce chalut permet donc de capturer la morue, même quand elle se trouve, entre deux eaux.
Les gros chalutiers embarquent au départ 6 chaluts, huit planches de chalut, des pièces du filet et du matériel de réparation. |
Science et Pêche Bulletin de l'Institut scientifique et technique des Pêches maritimes. |
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Panneau de type Boulonais |
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Les chalutiers ne travaillent, en général, que la nuit, car la morue se rapprochant alors du fond, c'est le moment où le rendement est le meilleur. La durée du trait du chalut dépend à la fois de l'abondance de la pêche et de la nature du fond •— elle varie de 1 à 2 heures en moyenne. 1 à 5 traits de chaluts, s'ils sont heureux, amènent la capture de 6 à 8.000 poissons qui nécessitent pour leur préparation un travail d'au moins 12 heures. Dans l'ensemble, la moyenne des chalutiers dépasse 100 quintaux par jour. Certains grands chalutiers font parfois des coups de chalut de 25 tonnes environ. Sauf à bord des grands chalutiers qui ont un équipage assez nombreux pour permettre la constitution de deux équipes travaillant alternativement chacune pendant 2 heures, les capitaines sont donc obligés de se limiter à ce nombre, sous peine de voir leur pêche se gâter, faute d'être préparée en temps utile. Aussi a-t-on préconisé une entente entre chalutiers et voiliers, celui-ci servant de magasin et d'atelier de salage à celui-là, tout en péchant pour son propre compte, M. Kerzoncuf signale que cette association du chalutier et du voilier a été amorcée au cours de quelques campagnes de pêche, et que des échanges ont été faits, Le voilier prêtant sa main-d'oeuvre, et le chalutier payant celle-ci en poisson. 11 serait désirable de voir cette entente se généraliser.
Or, il s'en faut de beaucoup qu'il en soit ainsi, encore que l'on entende moins les voiliers se plaindre que leurs lignes soient enlevées par les chalutiers et que ces derniers aient pris l'habitude de recueillir pour les vendre aux pêcheurs aux lignes les bulols et encornels, qu'ils ramènent dans leur chalut, ce qui a contribué à les faire mieux voir.
Les ligneurs ont accusé également les chalutiers d'appauvrir les fonds en détruisant les poissons de petite faille et en arrachant la végétation marine des fonds ; or, nous avons vu au début de ce chapitre, que la prodigieuse fécondité de la morue suffit à assurer la pérennité de l'espèce ; l'appauvrissement des fonds n'est dont nullement établi et demeure improbable. La preuve en est que les plus belles pêches sont, fréquemment, faites dans la région S.-E. du trou de la Baleine, presque exclusivement fréquentée par les chalutiers.
La vérité, ainsi que l'a si bien fait ressortir le commandant du Priant, dans son rapport sur la campagne 1914, c'est que dans « les doléances, la plupart du temps incontrôlées de certains voiliers, entre pour beaucoup, le sentiment d'hostilité contre l'intrusion d'étrangers dans une chasse gardée. C'est aussi la crainte de l'abaissement des prix par surproduction » |
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