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Du moment où le petit jeune homme atteint seize ou dix-sept ans, il lui pousse une nouvelle ambition : devenir tout à fait un homme en se débarrassant du réseau de sollicitude que la tendresse maternelle a tenu jusqu'à présent fermé autour de lui. | Leonnec | |||||||||
Et il y a les rigoristes :
Si vous ne le débridez pas, gare la casse ! Le jour (qui viendra tôt ou tard) où la majorité à moins que ce ne soit toute autre circonstance, le libérera, il ne connaitra plus aucune mesure. Vous serez stupéfaits de voir votre brebis se métamorphoser en bouc, donnant, tête baissée, dans les aventures les plus stupides, les extravagances les plus irraisonnées. Qu'il soit riche ou pauvre, il mesurera ses désordres à la seule limite de sa fringale :mauvais chemin, croyez-m'en.
Freinez à la descente !... Le gaillard reviendrait sans doute plus tôt et moins perclus que son camarade de l'autre mentalité, mais souvenez-vous que faute de l'autorité paternelle susceptible d'arrêter son élan, il va vous faire de l'emballage : système excellent pour se casser le col.
La règle, selon moi, devrait être celle-ci : Lorsque l'enfant tourne à l'homme, commencer d'abord par le traiter virilement. Lui parler comme à un homme. Le conduire, si possible, dans les théâtres, dans les musées. Provoquer ses questions sur toutes choses et se faire insensiblement son initiateur. Lui choisir soi-même des romans de transition et l'inciter à la lecture des journaux, qui orientera son esprit, généralement affamé, vers des sujets usuels. Ne pas craindre la fréquentation du café, de temps à autre. Un mien ami enivre un jour lui-même, volontairement, son propre fils, en lui faisant boire un amer quelconque et une absinthe. Le petit malheureux en a conservé un tel souvenir qu'il est assurément guéri des apéritifs pour le reste de sa vie. Sort-il le soir ? Exiger qu'il en prévienne et disposer les choses de le sorte que l'on sache à quelle heure il sera rentré ; mais ne jamais s'inquiéter pourquoi il sort ni où il va.
Les parents timorés estimeront sans doute ce système trop nouveau jeu. Je le tiens, moi, pour le seul susceptible d'ouvrir les veux de l'enfant à l a vraie lumière et de lui éclairer la voie droite. | ||||||||||