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Chiens du 3e régiment de zouaves dissimulés dans des tambours D’après « Histoire physiologique et anecdotiquedes chiens de toutes les races », paru en 1867) CPA Collection : "Les costumes militaire du petit manchot"
Pendant la guerre d’Italie qui se termina à Solférino et à Villafranca, assistant le 24 juin 1859 à la victoire de l’armée française de Napoléon III alliée à l’armée sarde sur l’armée autrichienne de l’empereur François-Joseph, le 3e régiment de zouaves – unité d’infanterie appartenant à l’Armée d’Afrique qui dépendait de l’armée de terre française – s’embarqua à Alger pour Gênes ; mais une difficulté se présentait : défense formelle avait été faite d’admettre des chiens à bord ; la désolation était au camp des zouaves qui tenaient à leurs caniches. | ||||||||||
Il était difficile de tromper la surveillance de l’intendant. On sait que pour gagner le navire, chaque soldat défile sur une planche, à l’appel de son nom ; il est presque impossible d’arriver à bord subrepticement ; néanmoins on trouva un moyen de passer les chiens, ce qui n’était pas chose facile.
Les tambours démontèrent leurs caisses et y cachèrent les meilleures bêtes des bataillons et les moins grasses, bien entendu. Toutou, vu ses services et sa petite taille, était du nombre. Ces pauvres animaux se pelotonnaient et prenaient respiration par le trou de cordes de la peau d’âne.
Le régiment se mit en marche ; selon la coutume, on défilait sans musique. Pour les embarquements, on va un peu à la débandade, et chaque tambour ou clairon, au lieu de se trouver en tête, prend rang dans sa compagnie pour les appels du bord. Mais le colonel voulut saluer par une dernière fanfare cette terre d’Afrique que l’on allait quitter. | | |||||||||
Ordre est donné aux clairons et tambours de prendre la tête de la colonne et de jouer un air entraînant. On peut juger de la figure des tambours, qui avaient tous un chien dans leur caisse.
Les clairons jouent tous seuls ; le colonel s’étonne et exige que les ra et les fla accompagnent la sonnerie ; mais les tambours ne remuent pas leurs baguettes. Le colonel se fâche, il faut s’exécuter.
Une nombreuse population saluait les zouaves de ses vivats. – Vivat ! un vrai salut de circonstance pour des hommes qui vont affronter la mort ! Le tambour-maître, qui a vu le colonel froncer le sourcil, comprend qu’il n’y a plus à plaisanter ; le signal est donné et le tambours battent à coup redoublés. Mais, ô surprise ! Au milieu des roulements cadencés, d’effroyables clameurs se font entendre ; des chiens hurlent avec rage. On regarde partout, on ne voit rien. Les tambours une lois lancés ne s’arrêtent pas ; plus les aboiements redoublent, plus ils frappent ; c’est un tapage infernal.
Chacun cherche les chiens qui causent ce sabbat ; nul ne les aperçoit. Enfin, à la stupéfaction générale, un épagneul tombe du fond d’une caisse, roule à terre, se relève et s’enfuit à toutes jambes ; le pauvre diable, affolé de terreur, avait crevé la peau de timbre avec ses pattes pour s’échapper. Et les spectateurs de rire à se tordre !
Les officiers comprirent ce qui s’était passé ; ils firent semblant de n’avoir rien vu ni entendu. Les tambours cessèrent de battre et l’on arriva sur les quais. Mais le bruit de la farce qui s’était jouée avait précédé l’arrivée des bataillons ; les contrôleurs étaient prévenus. Donc, quand un tambour se présentait, il devait frapper sur sa caisse ; si un aboiement éclatait, le chien marron était tiré de sa prison et chassé à terre. Un seul fut embarqué : Toutou ! Toutou qui ne broncha pas ; Toutou qui ne souffla pas ; Toutou qui s’était tenu coi ! | ||||||||||