LE ROI DAGOBERT                                                 12/14
  Dagobert sur le champ de bataille.
 
     
 

Nous avons vu comment, dès les premiers jours de son règne, Dagobert avait voulu commencer les travaux qu’il avait promis d’exécuter pour la gloire de saint Denis ; mais il n’avait été fait jusque-là que fort peu de réparations dans la chapelle. L’activité des ouvriers ne dut plus désormais se ralentir.

 

Il orna, dit la chronique, d’or pur et de pierres précieuses les monuments des martyrs, et, après avoir merveilleusement décoré le dedans de l’église, il couvrit aussi d’argent pur l’extérieur de la voûte sous laquelle étaient déposés les corps de saint Denis et ses compagnons.

 

Il assigna pour les luminaires de l’église cent sous d’or, pris sur les droits de douane que lui payait chaque année la ville de Marseille.

 

Les agents du roi, à mesure que le payement se faisait, devaient acheter de l’huile et la remettre aux envoyés de l’église.

 

Trône de Dagobert

 
         
 

Il fit placer, en face de l’autel, une cassette d’argent pour recevoir les aumônes offertes par les fidèles, et qui devaient être ensuite distribuées aux pauvres de la main même des prêtres, afin que, selon le précepte de l’Évangile, ces aumônes demeurassent secrètes, et que le Dieu tout-puissant, qui voit toutes les choses cachées, les rendît au centuple dans le ciel. Il ordonna qu’annuellement, d’un mois de septembre à l’autre, il enverrait lui-même à cette cassette cent sous d’or, et voulut que ses fils et tous les rois francs ses successeurs n’oubliassent jamais d’y faire porter chaque année le même nombre de sous d’or. C’était aux pauvres seuls que ces cent sous devaient être distribués, et nul n’en devait rien détourner ; car il voulait que, tant que durerait le royaume, moyennant cette offrande des rois et ce qu’il plairait à Dieu d’y faire ajouter par d’autres personnes, les pauvres et les voyageurs trouvassent toujours là de quoi se soulager. Outre de nombreux et riches domaines qu’il donna à la basilique des bienheureux martyrs, il concéda aux moines qui priaient Dieu dans cette église le tribut annuel de cent vaches que lui payait le duché du Mans, afin qu’ils prissent plaisir à invoquer pour lui le Seigneur et les saints martyrs.

 

Il commanda en même temps à saint Éloi qu’il forgeât une grande croix pour mettre derrière le maître autel de l’église, la plus riche et la plus habilement faite qu’il pût l’imaginer. Le saint homme la fit telle, avec l’aide de Dieu, de pur or et de pierres précieuses, que l’œuvre fut regardée comme la plus rare des merveilles.

 

Saint Éloi qui, dit toujours la chronique, était entouré de mendiants comme une ruche de mouches, ne s’était jamais éloigné des voies du Seigneur ; mais il avait quelquefois sacrifié au monde : dans les derniers temps de la vie de Dagobert, il s’était tout à fait séparé, et saint Ouen aussi, de ce monde si dangereux.

 

Ils vivaient dans la retraite en attendant qu’ils devinssent, saint Éloi, évêque de Noyon, et saint Ouen, évêque de Rouen, ce qui arriva après la mort de Dagobert. Saint Éloi, en cette retraite, vit son habileté croître chaque jour, et il en consacra toutes les ressources aux travaux de l’orfévrerie religieuse.

 

C’est par ce moyen qu’il donna à la basilique de Saint-Denis une parure sans pareille. Il faut voir dans les livres de ceux qui ont raconté l’histoire de la basilique quelles furent les belles choses qu’il imagina, comme le tombeau des saints, un dôme à colonnes, tout de marbre, d’or et de pierreries, comme l’autel avec sa boiserie rehaussée de feuillage d’or, et décorée de fruits de perles.