Grand trait de l’évolution de l’agriculture

  en manche de 1789 à 2000                    - 2/6 
     
 

Hacqueville, CPA collection LPM 1900

 
     
 

De la Révolution à 1850

 

La Révolution de 1789 met fin aux trois ordres (noblesse, clergé et tiers-état) et à de nombreux impôts dont la dîme.

 

Toutefois, les droits réels pesant sur la terre sont déclarés rachetables car découlant d’un contrat entre le seigneur et ses tenanciers. Le rachat de ces droits, trop coûteux, sera peu effectué par les petits paysans. Ce sont les bourgeois (notables, cultivateurs aisés et marchands laboureurs) qui vont pouvoir acheter les terrains tandis que la noblesse qui n’a pas émigré conserve son bien. Les plus miséreux ne parviennent qu’à acquérir de maigres lopins souvent inférieurs à 1 ha.

 

Ainsi jusqu’en 1800, la production reste essentiellement céréalière et vivrière avec comme souci n° 1 de ne pas se retrouver en situation de disette.

 

Plusieurs mesures juridiques vont poser les bases d’une nouvelle société agricole. Ainsi, en 1801, le Code Rural est promulgué ; puis en 1804 apparaît le Code civil avec la propriété comme élément central du texte. Celui-ci impose le partage égal entre les terres familiales et autorise les héritiers à sortir de l’indivision et exiger leurs parts. La loi aura pour conséquence l’accroissement du morcellement du parcellaire bocager. A partir de 1807, le cadastre permet le recensement de la propriété foncière.

 

A cette époque, la Manche est le quatrième département le plus peuplé de France (son nombre d’habitants culmine à 611 000 habitants dont 480 000 ruraux en 1826). La campagne attire de nombreux petits métiers et petites industries. En témoignent la filature du Vast (Val de Saire) qui employait plus de 600 personnes ou le développement de la métallurgie à Brouains (sud-Manche) avec les nombreux moulins à eau sur la Sée.

 

C’est l’ère de la pluriactivité dans le monde rural. Ceci est ren-forcé par les besoins alimentaires à satisfaire liés à l’accroissement de la population. Aussi, les surfaces défrichées augmentent, au profit notamment de la culture céréalière (en 1830, 80 % de la surface agricole est labourée).

 

L’amélioration des routes va permettre l’approvisionnement en engrais et amendements naturels, facteur d’accroissement de la production agricole.

 

Vers le milieu du XIXe siècle, l’agriculture traditionnelle cède peu à peu du terrain au profit d’éléments de modernité provenant notamment de l’étude attentive des productions et d’un début de mécanisation.

Sont ainsi créées des sociétés d’agriculture qui relaient au niveau local les conseils de l’Etat ainsi que les premiers comices agricoles (1837) qui permettront de met-tre en valeur les races élevées. D’autres innovations importan-tes interviendront :

 

    1 -Remplacement de la faucille par la faux

    2 -Culture de nouvelles plantes fourragères

    3 -Première machinerie agricole (première tarare)

 

En parallèle, de gros propriétaires terriens (tel Dumoncel à Martinvast) mettent en pratique de nouvelles techniques de production avec expérimentation de nouveaux modes d’assole-ment, mais ces innovations restent l’apanage de privilégiés, nobles revenus à la terre.

 

Dans le même temps, des industriels comme Bretel à Valognes ou Lepelletier à Carentan collectent sur les marchés et dans les fermes du beurre qu’ils conditionnent et exportent dans le monde entier.

 
     
 

Saint-Pair, CPA collection LPM 1900