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Un Rat hôte d'un champ,
Rat de peu de cervelle, Des Lares paternels un jour se trouva soû. Il laisse là le champ, le grain, et la javelle, Va courir le pays, abandonne son trou. Sitôt qu'il fut hors de la case, Que le monde, dit-il, est grand et spacieux ! Voilà les Apennins, et voici le Caucase : La moindre taupinée était mont à ses yeux. Au bout de quelques jours
le voyageur arrive En un certain canton où Thétys sur la rive Avait laissé mainte Huître;
et notre Rat d'abord Crut voir en les voyant
des vaisseaux de haut bord. Certes, dit-il, mon père était un pauvre sire : Il n'osait voyager, craintif au dernier point : Pour moi, j'ai déjà vu le maritime empire : J'ai passé les déserts,
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mais nous n'y bûmes point. D'un certain magister
le Rat tenait ces choses, Et les disait à travers champs ;
N'étant pas de ces Ratsqui les livres rongeants
Se font savants jusques aux dents. Parmi tant d'Huîtres toutes closes, Une s'était ouverte, et bâillant au soleil, Par un doux zéphir réjouie, Humait l'air, respirait, était épanouie, Blanche, grasse, et d'un goût, à la voir, nompareil. D'aussi loin que le Rat voir cette Huître qui bâille : Qu'aperçois-je ? dit-il, c'est quelque victuaille ; Et, si je ne me trompe à la couleur du mets, Je dois faire aujourd'hui bonne chère, ou jamais. Là-dessus maître Rat plein de belle espérance, Approche de l'écaille, allonge un peu le cou, Se sent pris comme aux lacs;
car l'Huître tout d'un coup Se referme, et voilà ce que fait l'ignorance.
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