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Délivré d’un mauvais maître, conseillé par Éloi, et sans cesse soutenu par les paroles de saint Denis,
Dagobert fit commencer les travaux nécessaires à la restauration de la chapelle, et montra, par toutes ses actions, qu’il avait une âme royale. Chlother détacha de ses États le royaume d’Austrasie et le lui donna, après l’avoir marié à Gomantrude, cousine de sa seconde femme Sichilde. Les noces, faites à Clichy, furent célébrées par tous les poëtes gallo-romains.
Mais Dagobert était tout jeune encore. Il ne tarda pas à prouver qu’il était digne du trône. Les Saxons, le croyant timide, franchirent l’Elbe et le Véser, pour s’emparer de ses meilleures villes de Germanie. Sans hésiter, Dagobert réunit à Metz une petite armée, franchit le Rhin et marche à l’ennemi. Il était à la tête de ses soldats
L’armée austrasienne, trop peu nombreuse, fut forcée à la retraite ; mais Dagobert se signala par son indomptable courage : l’épée nue à la main, il enfonçait le poitrail de son cheval dans les rangs les plus épais de l’ennemi et les rompait. Un des soldats saxons, s’approchant de lui pendant qu’il repoussait les attaques de tout un escadron, lui dé chargea sur la tête un coup retentissant : l’épée du soldat fendit le casque ; la peau fut atteinte, et une boucle de cheveux tomba sous le fer.
Dagobert se retourne, fond sur le soldat, le saisit d’une main que la colère faisait forte, le place derrière lui sur son cheval et rentre avec son prisonnier dans les rangs de son armée. En un instant sa colère s’était apaisée : « C’est toi, dit-il au prisonnier, qui auras soin désormais de ma barbe et de ma chevelure. » Et il le retint pour son service. | Dagobert visitant le chantier de la construction de Saint-Denis.
Campagne de Dagobert Ier en Poitou. | |||||||
La boucle de cheveux, envoyée aussitôt à Chlother, l’avertit et du danger où était l’armée d’Austrasie et du courage de son fils. Il accourt, il trouve les deux armées ennemies placées chacune sur une rive du Rhin. A son arrivée, les soldats de Dagobert font retentir les airs de joyeuses clameurs. Berthoald, le chef des Saxons, s’avance et cherche à deviner la cause de cette fête. On lui crie : « C’est que le roi Chlother est avec nous. » Berthoald, pour encourager les Saxons, avait dit que Chlother était mort ; il se sentit le cœur mordu par la rage et affecta de rire en regardant ses soldats. Mais Chlother arrive à cheval, il ôte son casque de dessus sa tête ; ses cheveux blanchis avant l’âge et ses traits bien connus apparaissent aux yeux des Saxons. Berthoald lui lance de loin une grossière injure. Chlother pousse son cheval dans le fleuve, le traverse, atteint son ennemi et combat. Dagobert le suit à la tête des plus intrépides cavaliers franks ; mais déjà Chlother a mis à mort Berthoald, et Dagobert n’a qu’à fondre sur les Saxons pour les mettre en pleine déroute. | ||||||||