SAINT DENIS LE VETU CC 49.9 du canton de Cerisy La Salle |
NOTICE HISTORIQUE SUR SAINT DENIS LE VETU 07/40 |
![]() | Une paroisse Normande Par l' Abbé E. Quinette Paru en 1889 3° L'époque d'un triple patronage 3/25 DEUXIÈME PÉRIODE (1562 à 1598) Guerres de Religion et de la Ligue | |
Guerres de Religion et de la Ligue 1/5 |
Après le massacre des protestants à Vassy, la guerre de religion s'organisa et se répandit surtout dans nos contrées (1562). [28]. Les protestants de la Manche eurent de suite trouvé les chefs qu'il leur fallait pour les mener en bataille. François de Colombières fut d'abord le grand guerrier du Cotentin. Le 10 août 1562, il fit irruption dans la ville épiscopale de Coutances. Là, s'il faut en croire Rouault, un des plus anciens historiographes de nos évêques, ce furent des carnages si horribles qu'on n'entendait que les cris confus des hommes qu'on égorgeait, des prêtres, religieux et religieuses qu'on massacrait, et de toute la populace qu'on passait au fil de l'épée. La porte du chapitre est forcée, des chanoines sont pillés et brûlés dans leurs maisons ; la cathé-drale est profanée. Le sieur Yoland de Hérouville, habitant au manoir de Bosville, à Saint-Denis-le-Vêtu [29], était un des principaux officiers de Colombières ; on l'appelait le colonel Saint-Denis. Il conduisait à sa suite quelques personnes de la paroisse ; le seigneur du Châtel, appelé aussi sieur de la Vallée, était un de ses compagnons d'armes. Le colonel Saint-Denis fut un des cavaliers de Colombières qui, après avoir pillé Coutances, revinrent à Saint-Lo, à la tête d'une ignominieuse mascarade. Arthus de Cossé était alors évêque de Coutances. Après le sac de sa ville épiscopale, on l'emmène à Saint-Lo, on le garrotte et on l'assied sur un âne, dont les protestants lui font prendre la queue en guise de bride. Ils lui posent une mitre de papier sur le front, lui ajustent un jupon au lieu de chape ; ses assistants, couverts de sales oripeaux, doivent le précéder et le suivre. Dans ce honteux travestissement, il est promené par sa ville seigneuriale de Saint-Lo, au milieu des crachats et des moqueries de l'armée protestante ; puis on le jette en prison. Telle est, dans toute sa laideur, la barbarie de cette horde antichrétienne. Le malheureux évêque prisonnier parvient à s'évader et se rend à Rennes auprès de son gouverneur, Sébastien de Luxembourg. Montgommery, seigneur de Ducey [30], vient bientôt rejoindre de Colombières, le colonel Saint-Denis et leurs compagnons. Le commandement de toutes les troupes protestantes lui est dévolu dans la province de Normandie. Il a parmi ses principaux officiers les guerriers que nous venons de nommer. Le colonel Saint-Denis est fait prisonnier à l'assaut de Vire avec plusieurs de ses compagnons. |
NOTES | [28] Guerres de religion dans la Manche, par A. Delalande, passim. [29] Archives départementales. [30] Ce seigneur avait, le 10 juillet 1559, fait dans un tournoi une blessure mortelle à Henri II, roi de France. |
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NOTICE HISTORIQUE SUR SAINT DENIS LE VETU 08/40 |
![]() | Une paroisse Normande Par l' Abbé E. Quinette Paru en 1889 3° L'époque d'un triple patronage 4/25 DEUXIÈME PÉRIODE (1562 à 1598) Guerres de Religion et de la Ligue | |
Guerres de Religion et de la Ligue 2/5 |
La guerre recommence en 1566. On revoit alors les protestants et les catholiques s'entregorger sur les routes et jusqu'au sein des sanctuaires. On ne sait ce qui eut lieu à Saint-Denis-le-Vêtu où habitaient des seigneurs catholiques et protestants ; car à côté des sieurs de Hérouville et de la Vallée, il y avait les sieurs de l'Epiney et de Fontenay qui étaient catholiques fervents. C'étaient les sieurs Jean et François de Venne, écuyers. Jean de Venne, sieur de l'Epiney, était patron honoraire de la paroisse. Le manoir de l'Epiney se trouvait à un kilomètre est du bourg de Saint-Denis, près la route actuelle de Roncey. Le seigneur du manoir de Boisroger, appelé Le Conte, était aussi catholique : car on voit, dans les comptes de fabrique de cette époque, qu'il payait régulièrement, comme les sieurs de Venne, des rentes au trésor de l'église de Saint-Denis-le-Vêtu.
Ces seigneurs durent quelquefois essuyer des tracasseries, pour ne pas dire davantage, de la part des partisans des sieurs de Hérouville et de la Vallée ; mais la majorité de la population de Saint-Denis était rangée de leur côté.
La guerre commencée en 1568 dure jusqu'en 1570 : en cette année, les batailles de Jarnac et de Moncontour amènent la pacification.
Mais le 24 août 1572, le massacre de la Saint-Barthélemy rallume la guerre. La partie centrale du Cotentin se soulève. Les sieurs de Hérouville et de la Vallée vont, avec Colombières, rejoindre leurs coreligionnaires de Saint-Lo. Matignon, comte de Thorigny, vient les y assiéger ; de Colombières avait au mieux fortifié les côtés faibles de la place, tels que la partie du Neufbourg et de Saint-Thomas. Sa tour du nord, près de la porte Dollée, et nommée la tour de la Rose, était de même en parfait état de défense, aussi bien que sa tour du midi, connue sous le nom de Beauregard ; elle était placée au-dessus des rochers de la Poterne, qui dominent la Vire.
Mais ce qui fortifiait davantage le vieux huguenot, c'était l'animation des habitants : ils étaient excités par une femme nommmée Julienne Couillard. Matignon demande d'abord à Colombières de se rendre. Celui-ci refuse, et le siège de la ville commence.
Trois assauts sont donnés par les troupes catholiques ; mais c'est en vain. Un quatrième assaut est presqu'aussitôt commencé ; les troupes des catholiques escaladent les remparts de Beauregard, mais sont repoussées. Alors un sergent de l'armée de Matignon, dont le feu partant de Beauregard se croise avec celui des colonnes, a cette fois visé plus haut qu'au défaut de la cuirasse, et sa balle, frappant en tête le vieux Huguenot, lui donne le coup de la mort. C'était le 10 juin 1573. Ainsi périt ce grand ennemi des catholiques, qui avait porté la terreur dans notre pays. La ville de Saint-Lo fut prise par Matignon.
De Colombières avait deux fils : l'un âgé de quinze ans était appelé Jean de Bricqueville, il continuera les traditions guerrières de son père : le colonel Yoland de Hérouville, de Saint-Denis-le-Vêtu, s'attacha à sa fortune et le suivit dans les combats. L'autre se nommait Henri de la Luzerne.
Avant la prise de Saint-Lo par Matignon, le pays de Coutances avait craint un moment les ravages des Huguenots ; mais tout rentra dans le calme, lorsque François de Colombières eut disparu, et « les arquebuses des protestants du pays restèrent pour un temps suspendues à leurs vieilles cheminées. »
Pendant que guerroyaient les seigneurs protestants de Saint-Denis-le-Vêtu hors de cette paroisse, celle-ci était assez tranquille ; car on constate, d'après les archives paroissiales, que les choses allaient leur cours ordinaire. D'ailleurs, en général, le pays avoisinant Coutances n'eut pas alors tant d'effervescence que le pays de Saint-Lo [31].
En l'année 1575 furent placés dans l'église de Saint-Denis-le-Vêtu les fonts baptismaux en granit qui subsistent encore actuellement.
En 1576, la guerre recommença par l'association ou la Ligue de Péronne faite par les catholiques. Le duc Henri de Guise se trouva mis à la tête des Ligueurs. Les huguenots à leur tour s'assemblèrent et déclarèrent prendre pour leur chef Henri de Navarre, qu'ils opposèrent à Henri III, roi de France.
Bientôt la guerre fut allumée sur tous les points du royaume.
En 1588, après l'assassinat du duc de Guise par des émissaires d'Henri III, plusieurs protestants et catholiques à la fois se rallièrent à la cause de Henri III |
Le duc de Montpensier se mit, en Normandie, à la tête de ces derniers. Au mois d'avril 1589, il fit un suprême appel à tous ceux qui tenaient pour le roi, et il leur assigna la ville de Caen comme rendez-vous. Les protestants et les catholiques confondirent leurs rangs ; ils se divisèrent en quatre régiments de pied qu'avaient organisés d'une part les jeunes de Montgommery et de Colombières, et d'autre part d'Ailly et le colonel Saint-Denis. Le fils de Matignon, comte de Thorigny, vint aussi les rejoindre et se mettre avec ses troupes sous le commandement du duc de Montpensier.
Bientôt Henri III est assassiné par Jacques Clément. Le duc de Montpensier se met alors du parti d'Henri IV de Navarre.
| François de Bourbon, duc de Montpensier (1542 - Lisieux, 1592) |
NOTES | [31] Histoire des guerres de religion dans la Manche. |
SAINT DENIS LE VETU CC 49.9 du canton de Cerisy La Salle |
NOTICE HISTORIQUE SUR SAINT DENIS LE VETU 9/40 |
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![]() | Une paroisse Normande Par l' Abbé E. Quinette Paru en 1889 3° L'époque d'un triple patronage 5/25 DEUXIÈME PÉRIODE (1562 à 1598) Guerres de Religion et de la Ligue |
Guerres de Religion et de la Ligue 3/5 |
Le colonel Saint-Denis resta avec Montgommery du côté des Ligueurs, contre le duc de Montpensier. Il fut un de ces Ligueurs qui, courant de château en château, traitaient en ennemis tous ceux dont l'opinion ne concordait pas avec la leur, et qui se souillèrent, le 25 mai 1590, du sang de messire Philippe Troussey, abbé de Blanchelande, en même temps qu'évêque de Porphyre et suffragant de Coutances.
Le colonel Saint-Denis prit part au siége d'Avranches et de Pontorson, au pillage et à l'incendie de cette dernière ville ; puis il essaya, avec ses compagnons d'armes, de s'emparer du Mont Saint-Michel, mais il fut obligé de battre en retraite.
Il s'en alla ensuite faire le siége de Rouen avec ses troupes ; mais au commencement de l'année 1592, Henri IV, ayant fait aux Ligueurs un puissant appel pour cesser ce siége, le colonel Saint-Denis s'éloigna, avec ses 600 arquebusiers à cheval [32].
Cependant, il continua toujours la guerre, ravageant la presqu'île du Cotentin, dévastant les châteaux, incendiant les maisons. Au commencement de juin 1597, Saint-Denis se rendit avec plusieurs de ses compagnons, entre autres le sieur de la Vallée, au manoir de Belval, où habitait Jean Yvelin [33], seigneur de cette paroisse. Saint-Denis et ses compagnons ordinaires se réunissent pendant la nuit au Manoir de Bosville. Ils délibèrent et conviennent d'enlever Jean Yvelin, de l'emmener prisonnier et de lui arracher une forte rançon. L'entreprise paraît avantageuse ; car Jean Yvelin est très riche. L'exécution semble facile : il est vieux, malade et sans enfants pour le secourir. Le dimanche de la Trinité, vers sept ou huit heures du matin, Saint-Denis et une dizaine d'hommes armés, les uns à cheval, les autres à pied, arrivent au manoir de Belval, où ils croient surprendre leur victime.
Mais la Providence déjoue souvent les complots des méchants — Jean Yvelin est depuis quatre jours en sa maison de la Fauvellière, à Savigny (Cérisy-la-Salle).
Saint-Denis et ses compagnons se dirigent vers la Fauvellière, passent par l'église de Savigny, vers neuf heures. C'était le moment où commençait la messe paroissiale dans ce temps-là. Ils injurient et menacent même de leurs pistolets les paroissiens qui se rendent à l'église. Bientôt tout le monde sait qu'une troupe de brigands prend le chemin de la Fauvellière, sans doute pour faire un mauvais coup, peut-être pour tuer le seigneur de Belval, qui était très bienfaisant et très aimé à Savigny. Tous les hommes quittent précipitamment l'église, s'arment comme ils peuvent, et conduits par Jean-Baptiste Yvelin, sieur de la Remondière, cousin de Jean Yvelin, Charles Lemaître, sieur du Livet et Adrien Michel, sieur de la Malherbière, ils courent à la Fauvellière, pour sauver, s'il en est encore temps, le seigneur de Belval. Quand les hommes de Savigny arrivent à la Fauvellière, Saint-Denis et ses compagnons ont déjà pillé le manoir, insulté et menacé le pauvre Jean Yvelin, malade et âgé de 72 ans.
Saint-Denis, averti que les paroissiens de Savigny arrivent de tous côtés, remet à la hâte sa cuirasse, qu'il a déposée pour déjeûner, monte à cheval et fait marcher Jean Yvelin au milieu de sa troupe. A cent cinquante pas de la maison, sur la chaussée, Saint-Denis et ses gens saisissent leurs pistolets et tirent dans la foule ; mais,dans cette foule, il y a des hommes armés, et c'est le cas, ou jamais, d'une légitime défense. Plusieurs coups d'arquebuse atteignent en même temps Saint-Denis et son cheval. Saint-Denis tombe mort avec le malheureux cheval appelé Séjan, « pour lequel avoir il avait assassiné le capitaine Tartre, son ami, dans le Mont Saint-Michel[34]. »
Ainsi périt misérablement cet indigne seigneur de Saint-Denis-le-Vêtu, Denis-le-Vêtu, ce monstre d'iniquité qui était la terreur de la contrée. La paroisse de Saint-Denis-le-Vêtu put enfin respirer à la mort de ce tyran. Les seigneurs de Venne et Le Conte et tous les gens de bien de la paroisse étaient dans l'effroi. On ignore s'il pilla leurs manoirs et leurs maisons. C'est peu probable ; car, nous le répétons, la majorité de la population était demeurée fidèle aux seigneurs catholiques, qu'ils devaient défendre contre toute attaque. En tout cas, cette mort tragique produisit un effet salutaire dans la contrée. Le seigneur Jean de Venne, sieur de l'Epiney et de Blanchelande, patron honoraire de la paroisse, prouvait bien qu'il était, à l'encontre des sieurs de Hérouville et de La Vallée, un fervent catholique.
Voici son testament [35] fait le 25 janvier 1598 : |
« Je, Jean de Venne, écuyer, sain de mon corps, esprit et entendement,cognoissant la mort être à tous certaine et l'heure d'icelle incertaine, fais mon testament et dernière volonté ainsi qu'il en suit :
Je recommande mon âme à Dieu mon Créateur, à la benoîte Vierge Marie, à monsieur sainct Michel ange, à messieurs sainct Pierre et sainct Paul, à monsieur sainct Denys, mon patron, à monsieur sainct Estienne et à toute la court céleste du Paradis ; et veulx mon corps être inhumé dans l'église de Saint-Denys, auprès de mes prédécesseurs, et iceluy être porté par six des religieux du couvent de Granville, lesquels je prie faire mes obsèques et funérailles et prier Dieu pour mon âme ex amys à la mort comme en la vie, priant ma femme et enfants de traiter lesdits religieux honnestement, afin de les obliger à prier Dieu pour ma pauvre âme, et contynuer à les recepvoir et loger après mon déceds comme de mon vivant. | |
NOTES | [32] Histoire des guerres de religion dans la Manche, par l'auteur déjà cité. [33] C'était un descendant des Yvelins qui se distinguèrent aux Croisades. (Notice historique sur Savigny, par l'abbé Lemasson). [34] Notice historique sur Savigny, par M. l'abbé Lemasson. [35] Il se trouve dans les archives de la paroisse. |
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NOTICE HISTORIQUE SUR SAINT DENIS LE VETU 10/40 |
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Guerres de Religion et de la Ligue 4/5 |
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Et prye ma femme et mon fils aisné, lesquels je prends pour exécuteurs du présent mon testament ne faire grand banquet [36] à mes obsèques, mais faire bien leur debvoir à l'église et y faire dire grand nombre de messes et faire bien l'omosne de pain sans argent et donner à chacun pauvre indigent ung pain suffisant pour le nourrir ung repas.
Et les biens temporels que Dieu m'a donnés en ce mortel monde, je les laisse pour estre partis y moitié [37] entre ma femme et mes enfants, auxquels je commande traiter leur mère humainement et lui bailler tout ce qu'elle voudra desdits biens ; car elle a travaillé à les acquérir et conserver. Et sy on la veut empescher d'en avoir la moitié, je luy donne le tiers qui est à prendre des biens meubles oultre ce qui lui en échoit y la coutume [38] de ce pays.
Item je donne à l'hostel-Dieu de la Magdalène de Roncey la somme de deux escus lesquels je veulx y être envoyés incontinent après mon déceds et en apporter quittance du récépveur dudit hostel-Dieu.
Item je donne aux églises de St-Denys, Contrières, Ouville, Tresly, Roncey et Guéhébert, à chacune dix sols, et dix sols de luminaire à monsieur sainct Cosme [39], afin que en toutes lesdites églises ils fassent y prosne [40] souvenir pour mon âme, auxquelles pryères je veulx estre nommé, afin que ceulx qui m'auront connu prient plus dévotement Dieu pour moy.
Item je veulx et ordonne que chacune de mes filles ait pour son mariage quarante escus de rente et chacune deux cents escus pour le moins pour leurs acoutrements, basgues et jouyaux, et veulx il soit mys aux traictes [41] de leurs mariages que lesdites bagues, jouyaux et acoutrements ne seront ypothéqués, affectés ni obligés pour les debtes de leurs maris, et pour les rendre plus valides, les faudra faire infyrmer à l'affiche [42], et y mettre aussi que sy lesdits maris prédécèdent, elles remporteront tous leurs acoutrements, bagues et jouyaux exempts de toutes debtes, ou la somme de deux cents escus à leur goût. Et aussi elles préviendront leurs maris qu'elles pourront testamenter et léguer jusques à la somme de cent escus ou telle autre somme qu'il sera accordé à leur gré, lesquels legs testamentaires leurs maris seront tenus payer incontinent après le déceds de leurs femmes. — Et ou lesdites femmes n'auront fait aucun testament [43], lesdites sommes reviendront à leurs héritiers autres que leurs enfants.
Item je prye ma femme, mon fils aisné et tous mes enfants de fonder une messe chacun jour de la semayne à être dite et célébrée en ladite esglise de Sainct-Denys devant l'autel où est de présent l'ymage de monsieur sainct Nicolas et faire mettre audit autel ung ymage de monsieur sainct Estienne [44], et fonder ladite messe en l'honneur de Dieu et de monsieur sainct Estienne, et donner entre autres choses pour la fondation de ladite messe la maison et jardin lesquels furent à Guillaume Lelièvre, lesquels j'ay à cette fin et intention acquits pour descharger mon âme de l'obligation en laquelle damoiselle Jehanne Anquetil, ma mère, m'a obligé par son testament de fonder ladite messe.
Et je veulx qu'il soit mys dedans le contract de ladite fondation que ladite messe est fondée pour les âmes de tous mes prédécesseurs, parents et amys et bienfaiteurs, et spécialement pour les âmes de nobles hommes Guillaume de Venne, Jehan de Venne, son fils, ledit Jehan, père de Olyvier de Venne et ledit Olyvier mon père, et aussy pour les âmes de ladite damoiselle Jehanne Anquetil, ma mère, nobles hommes maistres Pierre Anquetil, vicomte d'Estouteville, Jehan Anquetil, prêtre, curé de Nostre-Dame-de- Renévil [45], nobles hommes Pierre de Nossy, et damoiselle Jehanne Escoulant sa femme, seigneurs de la Suhardrée et Brucourt, et damoiselleMarye de la Haye, noble homme Robert Le Roux, sieur de la Haye-Comtesse, et autres mes parents et amys, de la fondation de laquelle messe je charge les âmes de ma femme et enfants, lesquels en demeureront chargés devant Dieu, s'ils ne la fondent, d'autant que je leur laisse biens suffisants pour ce faire, lesquels sont provenus de la succession de ma deffunte mère. Je prye ma femme et mon fils aisné d'exécuter le présent testament incontinent après mon décès, et de l'augmenter s'ils voyent que bien soit sans aucunement le dymynuer ; Et en l'exécution d'iceluy, user [46] du conseil de noble homme Robert Le Roux, sieur de la Haye-Comtesse, lequel je prie aider à ma femme et enfants et faire comme je voudrais que je fisse pour luy en cas pareil. |
NOTES | [36] De ne point faire grand banquet. [37] Partagés par moitié. [38] D'après la coutume. [39] Patron de la paroisse de Roncey, ainsi que saint Damien. [40] Au prône. [41] Je veux qu'il soit mis dans les clauses. [42] Il faudra faire annuler toute hypothèque, etc. [43] Et si les femmes n'ont fait aucun testament. [44] Cet autel a été celui de saint Sébastien et est maintenant dédié à saint Joseph. [45] C'est probablement le nom ancien de N.-de-Régnéville. [46] Je les prie d'user du conseil, etc. |
SAINT DENIS LE VETU CC 49.9 du canton de Cerisy La Salle |
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NOTICE HISTORIQUE SUR SAINT DENIS LE VETU 11/40 |
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Guerres de Religion et de la Ligue 5/5 |
Item je donne à mon filleul, Me Jehan Amy, prêtre, curé de La Pierre, la somme de dix escus lesquels je veulx estre employés pour lui faire une robbe honneste [47], afin d'estre participant en ses pryères et oraisons, et le prye assister ma femme et enfants et essayer à les faire unir ensemble en toute amytié et concorde. Et exhorte et commande à tous mes enfants, spécialement à mon fils aisné, chef et conducteur des autres, obéir à leur mère, luy porter tout honneur et révérence et tel qu'à une mère sage et prudente chrétienne, comme elle est. Et leur commande de la prier de leur faire ce bien de prendre la peine de les conduire, nourrir, et entretenir et administrer leurs biens, ainsy qu'elle a faict de mon vivant, et les tenir en concorde, patience et amytié ensemble. Et sy ainsy ils sont, je les assure que Dieu leur aidera et que leur bien spirituel et temporel en augmentera.
Item je donne à Symon Vadin une année tant de la rente qu'il me doit que du fermage qu'il tient de moy. Et sy lors de mon décès il ne devait rien, je veulx qu'il jouisse la première année sans rien payer.
Je recommande mes pauvres filles à leur mère et à leurs frères en les suppliant d'être curieux de les pourvoir et ne les marier [48] qu'à gens fidèles et très-catholiques. Je prie aussy ma femme de ne garder poinct après mon décès la chambre ung mois comme font aucunes veulves [49], mais que huict jours pour le plus tardaprès mon trépas, elle aille à l'église prier Dieu pour moy simplement acoustréede noir [50], sans porter un grand habit de crespe. Car le deuil est au coeur et non aux acoutrements.
Faict sous mon signe cy-mis aujourd'huy vingt-cinqème jour de Janvier mil cinq cent quatre-vingt dix-huict. » J. DE VENNE. |
Voilà certes le testament d'un homme de bien. Trouverait-on à l'heure actuelle des chrétiens aussi convaincus, aussi pénétrés de l'esprit de religion, que ce seigneur, contemporain du bon roi Henri IV ? Hélas ! ils deviennent rares : l'esprit de foi a malheureusement fait place à l'esprit rationaliste, issu du protestantisme. On a dit beaucoup de mal des seigneurs qui vivaient avant la Révolution. Si tous avaient ressemblé à celui-là, la société eût été pleine de charmes sous leur paternelle di-rection : or, au temps d'Henri IV, beaucoup de seigneurs, patrons des paroisses rurales, étaient semblables à celui-là ; du reste, à cette époque, l'agriculture, sous la sage direction du ministre Sully, était fort prospère, et il est certain que la vie des champs, exemple d'inquiétude et jointe à une bonne éducation chrétienne, est très favorable à la morale et à la pratique de la religion : c'est par excellence la vie de l'homme sur la terre, c'est certainement, après la vie religieuse, celle qui plaît le plus au Créateur de la nature. Mais l'esprit de révolution a méconnu cette vérité élémen-taire, et maintenant l'art prévaut sur la nature, et le sensualisme envahit de plus en plus la société, autrefois si simple, si pénitente et par conséquent si chrétienne. Sans doute il y a d'heureux pro-grès matériels ; mais il faudrait toujours que l'agriculture fût, après la religion, traitée comme l'affai-re la plus essentielle. la vicomté de Coutances salut, savoir faisons que par-devant Jean Brégeault et Jean Henry, tabel-lions royaux jurés en ladite vicomté au siège de Trelly, fut présent discrepte personne Me Jean Mi-chel, natif de la paroisse de St-Denis-le-Vêtu, à présent demeurant à Paris, chantre à basse contre de l'église cathédrale Nostre- Dame
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NOTES | [47] Soutane. [48] D'avoir soin de les pourvoir et de ne les marier, etc. [49] Comme font quelques veuves. |
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