AU JARDIN
   
  UN AN AU JARDIN   -1/4
         
 

Chronique mensuelle de la

Revue Illustrée du Calvados

pour l'année 1910

 par

Ferdinand Richard

 

JANVIER — Quand il ne gèle pas et que le sol est sain, on peut procéder à la plantation des arbres fruitiers en ayant soin de les placer dans des trous creusés quelque temps auparavant. On procède à la taille des arbrisseaux et arbustes d'ornement, et au labour ou bêchage des massifs. La taille doit s'appliquer aux arbrisseaux fleurissant en été : ketmie, gatillier, céanothe, buddleia, spirées, rosiers greffés sur églantier à haute tige et rosiers en buisson.

 

On récolte et on prépare les boutures des groseilliers à grappes, de cassissiers et des arbrisseaux d'ornement : spirées, seringat, groseilliers à fleurs, deutzia, sureau, tamarix, etc. ; on les réunit par petites bottes, de 40 à 50 et on les enterre, la tète en bas, dans du sable frais, à l'exposition nord.

 

Quand il ne gèle pas, on rabat les sujets greffés en écusson à œil dormant, en laissant un onglet de 0 m. 12 à 0 in. 15 au-dessus de la greffe.

 
 
         
 

Il faut racler l'écorce des vieux arbres, laver les troncs et les grosses branches à l'eau bouillante et badigeonner à la chaux. On doit aussi enlever les nids de chenilles, tailler les haies et brûler les rameaux, défoncer le sol pour remplacer les arbres dans les espaliers et contre-espaliers, détruire et retourner les gazons usés, etc. etc.

 

C'est le moment de faire la toilette du jardin potager ; on le laboure ou on le bêche, s'il n'y a pas trop d'humidité. On fume les carrés de légumes, sans oublier les engrais chimiques, dont l'emploi est toujours avantageux en horticulture.

 

En cas de pluie il faut dégarnir les pieds d'artichauts afin d'éviter la pourriture ; si le froid menace de revenir, il faut rapprocher les feuilles et la litière.

 

C'est en janvier que l'on ouvre les fosses destinées à recevoir les plans d'asperges. Elles doivent avoir de 60 centimètres à 1 mètre de largeur — ce qui permettra de mettre deux ou trois rangs d'asperges et de 50 à 60 centimètres de profondeur. On rejette la terre sur les côtés : elle s'ameublit par le contact de l'air et peut servir à recharger la couche plus tard.

 
     
 
 
 

Claire-Sophie http://pissenlit-au-jardin.blogspot.fr

  
 
 

FÉVRIER — On doit terminer au plus tôt la plantation des arbres fruitiers. Dans les premiers jours du mois, on enterre au pied des arbres à fruits à noyaux plantés dans des terrains siliceux ou schisteux un compost de chaux et de gazon auquel on ajoutera avantageusement des engrais phospho-potassiques sans oublier le nitrate de soude.

 

Il faut procéder à la taille des arbres fruitiers, de la vigne, des groseilliers et framboisiers que l'on rabat à 0 m. 80 du sol. La taille des arbres à fruits est malheureusement fort peu répandue dans nos campagnes. Quand on se décide à tailler un arbre, on tranche à tort ou à travers ; de sorte que, au lieu d'améliorer l'arbre, on détruit toute sa fécondité. La manière de conduire et de développer par la taille les arbres fruitiers est devenue une science, qui permet à chacun de développer une véritable source de richesses inépuisables.

 

Après il convient de procéder au sulfatage des arbres, à raison de 5 kilos de sulfate de cuivre et 5 kilos de chaux dans 100 litres d'eau, suivi d'un palissage et d'un labour au trident dans lequel il est bon d'enterrer des engrais phosphatés et potassiques.

 

On prépare les treillages, on consolide les piquets et les fils de fer des contre-espaliers, et l'on prépare les paillassons pour les fraîches nuits du printemps.

 

C'est le moment de refaire les bordures de buis, mignardise, pyrèthres, etc., de bouturer les coléus, bégonias, agératums, géraniums , de semer le bégonia semperflorens, les verveines et les pétunias. On garnit les parterres de crocus, de touffes de perce-neige, d'ellébores, de tussilage odorant, de saxifrage à feuilles épaisses, d'iris nain et de pensées.

 

Il faut donner de l'air, pendant quelques heures, aux plantes vivaces qui ont été empaillées. On transplante dans les plates-bandes les campanules, oeillets de poète, hélianthes vivaces, aconits, philox vivaces, etc. Dans les parties ombragées, on plante du muguet et des anémones

 
         
 
 
     
 

MARS  — On doit terminer les plantations, en ayant sain de « prâliner » les racines des arbres à planter. C'est le moment de rouler les pelouses ; on leur enlèvera la mousse, après les avoir fumées avec 700 kilos de scories de déphosphoration,150 kilos de chlorure de potassium, 300 kilos de sang desséché, 300 kilos de sulfate de fer en mélange, par hectare.

 

On découvre et l'on taille les rosiers tiges et francs de pied ou greffés bas en sarmenteux. On divise les plantes vivaces. On active la multiplication des plantes ornementales d'été.

 

A la fin du mois, on sème sous chassis : reines-marguerites, balsamines, oeillets de Chine, zinnias, corélopsis, pyrèthre doré, etc.

 

C'est l'époque du labour et de la fumure du potager. On sème : pois divers, fèves de marais, carottes, oignons, épinards, cerfeuil bulbeux, persil (en bordure). On plante : ail, échalote, stachys ou crosne du Japon, asperges (griffes d'un an), bulbes et racines porte graines.

 

Vers le 15 mars, on découvre et l'on butte les artichauts. On sème sur couches : melons, concombres, radis, carottes, pommes de terre hâtives, aubergines, tomates, piments. En cultures forcées : laitues, asperges, fraisiers, chicorées et barbe de capucin. On met en place les porte-graines de plantes potagères bisannuelles.

 

Vers la fin de janvier et le commencement de février, apparaît aux Halles de Paris la chicorée frisée. A la fin de février et au commencement de mars viennent les artichauts d'Algerie et du Midi ; à la fin de Mars et au commencement d'avril débutent les asperges de pleine terre.

 

C'est le moment de tondre les haies de clôture et de donner un peu d'air aux fuchsias et aux pelargoniums de la serre froide.

 
     
 
 
     
   
  AU JARDIN
 
  UN AN AU JARDIN   -2/4
         
 

AVRIL — Au jardin d'agrément, on doit préparer corbeilles et plates-bandes à recevoir les plantes d'été ; on peut même commencer à y planter les fleurs les plus rustiques, dont les plants sous châssis sont déjà forts.

 

La plupart des plantes annuelles employées pour l'ornementation estivale du jardin se sème en ce moment. Citons, par ordre alphabétique, quelques-unes des plus répandues que l'on sème sous châssis : agrotis, amarantes, balsamines, bégonias (mise en végétation des tubercules), belles de nuit, crachycome, cannas (mise en végétation des rhizomes), capucines, chrysanthèmes à carène et des jardins, clarkias, cobée (en godets), collinsia, coquelourde des jardins, coréopsis, dahlias, (mise en végétation des tubercules), gaillarde, giroflée quarantaine, godelias, gypsophiles, haricots d'Espagne, oeillets de Chine, petunias, phlox de Drummont, reines-marguerites, verveines, zinnias, etc.

 

Il faut bouturer les chrysanthèmes, sur couche tiède, à l'étouffée. On divise les plantes vivaces : plox, aster, dauphinelle, moutarde, iris, hélénie, etc.

 
 
         
 

On sème, terraute et roule les gazons. On continue le bouturage sur couches des plantes décoratives d'été : coléus, bégonia semperflorens, achyranthes, etc. On plante à demeure, en pleine terre, les oignons de glaïeul et de Monbreta.

 

Au potager, on effectue les derniers labours, on prépare les planches et l'on découvre les plantes délicates. On sème sous chassis : cardons, céleris, chicorées frisées, scarole, choux-fleurs, concombres et cornichons, melons, etc., et, en pleine terre, betteraves à salade, carottes, céleri-rave, cerfeuil, chicorée sauvage, choux cabus et milans, choux-rouges, choux de Bruxelles, épinards, haricots, laitues et romanes de printemos et d'été. On plante les asperges en pleine terre et l'on butte celles en voie de formation.

 

Au jardin fruitier on termine la taille ; on greffe, en fente ou en couronne, cerisiers, pruniers, pommiers.

 
     
 
 
     
 

MAI — Au jardin fruitier, pendant le mois de mai, on continue l'ébourgeonnement et l'on surveille les greffages. On accole les jeunes greffes en écusson sur l'onglet. On supprime, à mesure qu'elles se montrent sur les arbres fruitiers greffés à haute tige, les pousses inférieures à la greffe.

 

Il faut palisser les vignes en espalier, l'abricotier et le pêcher en contre-espalier, en évitant d'offenser les bourgeons. On pince les bourgeons du poirier et du pommier.

 

C'est le moment favorable pour opérer dans tout le potager des binages et sarclages réitérés. On abrite les fraisiers contre les gelées tardives au moyen d'auvents ou de paillassons.

 

On continue les semis des deux mois précédents, à l'air libre, et l'on sème en outre du pourpier, des brocolis à repiquer, des cardons, des salsifis et des choux-fleurs ; on transplante des choux de toute espèce, des laitues rondes et romaines, des chicorées et des choux-fleurs ; on sème des carottes, betteraves, épinards, cerfeuil, laitues, romaines, chicorées d'été, sur vieilles couches. On fait des semis de haricots pour grains secs ; on en fait d'autres tous les 15 ou 20 jours pour récolter verts ou en grains frais. Melons, concombres, patates, etc., sont plantés sur couche sourde.

 

Vers le 15 mai, on dépanneaute le jour et l'on recouvre le soir les jeunes boutures de géraniums, bégonias, coleus, agératums. C'est le moment de la floraison des plus belles fleurs. On sort les plans d'orangerie, on rempote, on encaisse les grenadiers, orangers, lauriers-roses, palmiers, pittosporums, phormiums, etc.

 

Il faut avoir soin d'arroser les gazons, de préférence le matin et de les tondre fréquemment.

 
     
 
 
     
 

JUIN  — Au mois de juin, on a soin de supprimer les bourgeons superflus de tous les arbres fruitiers. On pince, ébourgeonne, évrille, palisse, sulfate et soufre la vigne avant la floraison. On palisse les bourgeons de remplacement du pêcher : on pince à trois ou quatre feuilles ceux qui accompagnent les pêches. On palisse également les prolongements du poirier et on pince à cinq ou six feuilles les bourgeons développés sur les petites branches fruitières ; on enlève les poirettes calebassées et on les brûle. Au jardin fruitier, il faut avoir presque constamment l'arrosoir à la main. On taille. les plantations de fraisiers, qu'on arrose copieusement et fréquemment. On continue les semis de haricots, pois, choux-fleurs d'automne, laitues, romaines, chicorée frisée et scarole en pleine terre. On taille les melons, concombres et tomates, au-dessus des fruits noués, s'ils sont en quantité suffisante et l'on pince également les sommités fleuries des navets, des choux, des choux-fleurs, des choux-raves, cultivés comme porte-graines.

 

C'est la belle saison pour les parterres. Il faut soigner la floraison des oeillets, des lis et des rosiers ; multiplier tous les oeillets de marcotte, relever les oignons de jacinthe et de tulipe ; dès que les feuilles commencent à jaunir.

 

On plante les greffes de renoncules pour la floraison d'automne;  on met en place un second assortiment de plantes annuelles élevées en pépinière et l'on plante des corbeilles et plates-bandes ; on ameublit, on nivelle et l'on étend un paillé ; puis après la plantation, on arrose copieusement.

 

On sème en terrine, sous chassis, à l'ombre, des cinéraires hybrides et des primevères de Chine variées. On donne de forts tuteurs aux dahlias et aux plantes grimpantes à grand développement. On continue la tonte et l'arrosage des gazons et le ratissage des allées. Il est bon d'arroser longuement les orangers, grenadiers et autres arbustes d'orangerie, et de mouiller souvent la terre entre les pots de camélias et autres plantes de serre tempérée, afin que l'évaporation de cette eau profite à leur feuillage.

 
     
 
 
 

 
   
  AU JARDIN
 
  UN AN AU JARDIN   -3/4
         
 

JUILLET —  C'est l'époque la plus favorable pour écussonner les sujets qui perdent leur sève : pruniers-aubépine, pommiers-paradis et poiriers francs. L'on desserre et l'on enlève les ligatures des greffes qui ont bien pris et l'on supprime les pousses inférieures à la greffe qui nuiraient à la végétation, en absorbant inutilement la sève ascendante. On éclaircit avec des ciseaux les grains des grappes de raisin trop serrées et l'on enlève avec discrétion les feuilles qui les empêchent de prendre couleur. On pince, palisse et éclaircit les fruits du pêcher et de l'abricotier.

 

C'est le moment d'ensacher les poires et les pommes, surtout pour les variétés de garde et celles sujettes à la tavelure. Par la sécheresse, on arrose au pied les vieux arbres en espaliers, on renouvelle les seringages sur toute leur surface et l'on chasse limaces et insectes qui attaquent les fruits à mesure qu'ils mûrissent.

 

Au potager, on sème les derniers pois tardifs, on repique le plant de choux à mettre en place le mois suivant, on arrose modérément les melons et l'on tient toujours près de la melonnière des

 
 
 

paillassons et de la litière pour couvrir en un tour de main, en cas d'orage avec menace de grêle. On rajeunit les vieilles fraisières avec du plant de coulants, en les changeant de place.

 

On renouvelle les semis d'oignons et de poireaux, on tord les tiges des oignons à conserver pendant l'hiver. On arrache l'ail et les échalotes, on récolte les pommes de terre hâtives, on butte les céleris, on arrose copieusement les céleris-rave. On lie les chicorées et scaroles pour les faire blanchir.

 

On récolte les graines de plantes potagères au fur et à mesure qu'elles mûrissent. On lie, paille et butte les cardons. On récolte les haricots verts et à écosser sans endommager les plantes. On contient par le pincement de leurs pousses superflues les tomates dont le fruit approche de la maturité.

 
         
 
 
         
 

AOÛT — L’année horticole commence en août. C’est le moment de s’occuper des réparations du matériel horticole, du bouturage des plantes frileuses, de la taille et du palissage en vert des arbres fruitiers, de l’effeuillage des fruits avec précaution. On entre-cueille les poires, les pêches et les prunes mûrissant en ce mois, afin qu’elles achèvent leurs maturité au fruitier.

 On tond les gazons et l’on continue les arrosages. On tuteure les glaïeuls et les chrysanthèmes pour la grande fleur. Le greffage en écusson à œil dormant du rosier sur églantier, du poirier, du cognassier et du pommier sur doucin s’opère à cette époque, ainsi que le bouturage du rosier, des calcéolaires rugueux, penstemons, etc., à la fin du mois, sous cloche, au nord et en sol sableux. On bouture sur vieille couche, les géraniums, coléus, achyranthes, bégonias, agératums.

 

Les semis de navets, épinards, mâches, oignons blancs et choux d’York se font vers la fin du mois. Ont mets en places les dernières scaroles et chicorées. Enfin on récolte les pommes de terre hâtives, les oignons rouges et jaunes, l’ail, l’échalotte et les graines mûres de poireau, oignon, persil, panais, carotte, laitue, romaine, chicorée.

 
     
 
 
     
 

SEPTEMBRE — On surveille la maturation des fruits et l'on continue de les entre-cueillir. On utilise de suite les fruits véreux ou on les brûle. On protège les raisins contre les oiseaux, les mouches et les premières gelées, au moyen de sacs de toile légère. On greffe en écusson à oeil dormant le pêcher sur l'amandier.

 

Les récoltes sont importantes et variées : les melons, poires, pêches, etc. Les fruits verts renferment en abondance des acides et des diastases irritant l'intestin (une pomme coupée brunit par la présence d'une diastase fixant l'oxygène de l'air). Cet inconvénient disparaît par la cuisson, mais il est préférable de consommer seulement des fruits bien mûrs.

 

En pleine terre, on sème de la mâche, du cresson alénois, des laitues, des navets, des épinards, du cerfeuil, du persil, et l'on plante des filets de fraisiers. On butte le céleri ; on pince la pointe des choux de Bruxelles quand ils sont arrivés à 40 centimètres de hauteur.

 

On achève dans la première décade de septembre l'écussonnage des arbres et arbustes. On enlève les feuilles de vigne, touchant les murs et empêchant la réverbération sur les raisins mais on maintient ceux-ci cachés.

 

On peut semer en septembre de nombreuses plantes annuelles : glysophile, lunaire, lychnis, pied-d'alouette, thalspis, etc., et l'on repique en pépinière les plantes bisannuelles : giroflées, pensées, myosotis, roses trémières, campanules, digitales, etc. Il faut commencer le sevrage des marcottes d'oeillets faites en août, quand elles ont des racines, aussitôt détachées des pieds-mères, on les repique en pots ou en pleine terre suivant les races. Les variétés délicates d'oeillets flamands et d'oeillets de fantaisie sont mises en pots pour passer l'hiver sous châssis.

 

On sème en pots qu'on hiverne sous châssis : coreopsis Drummondii, cuphea platycentra, mimulus, tagetes, verveines hybrides. Les mêmes plantes peuvent ètre semées au printemps et successivement jusqu'en juillet ; de cette manière ou peut avoir des fleurs pendant toute la belle saison. On plante à demeure les jeunes plants issus des semis effectués en avril-mai et du bouturage pratiqué en juillet-août.

 
     
 
 
     
   
  AU JARDIN
 
  UN AN AU JARDIN   -4/4
         
 

OCTOBRE — La cueillette des fruits doit se faire par un beau temps. On les met au fruitier, local sec, peu éclairé, conservant une température égale et assez basse sur des porte-fruits à claire-voie.

 

On prépare les trous de plantations pour le remplacement des arbres dans les lignes d'espaliers et contre-espaliers.  On relève, après les gelées, les bulbes de dalhias, bégonias, caladiums, glaïeuls, cannas à fleurs, etc., pour l'hivernage en local sain. On rentre les chrysanthèmes sous abris vitrés, éclairés et aérés. On met en place les jacinthes, tulipes, safrans, renoncules, narcisses en pleine terre, et les chrysanthèmes pour massifs. Pour obtenir de grandes fleurs, il faut enlever au fur et à mesure qu'ils se forment, tous les boutons auxilliaires sur chaque branche.

 

Les serres à orchidées ne seront plus ombragées ; si la température est trop basse on y allumera du feu le matin. Pour favoriser la floraison, on aère abondamment et on bassine deux fois par jour.

 
 
         
 

On sème, en pleine terre, les épinards et les mâches rondes et d'Italie ; sous chassis ou cloches, laitue crêpe, palatine, gotte de la Passion, romaine maraîchère. On repique en place l'oignon blanc et, sur côtières, la laitue de la Passion et les choux-fleurs, qu'on abrite avec cloches, chassis ou paillassons lors de fortes gelées. On repique en pépinière les choux d'York et autres choux pommés. On pince les sommités des choux de Bruxelles, pour favoriser le développement des petites pommes. On récolte les patates avant les gélées, on les fait ressuyer et on les rentre à l'abri du froid et de l'humidité. A la fin du mois, on coupe les tiges d'asperges, on fume et ameublit le sol ; on nettoie les pieds d'artichauts et on laboure au trident pour faciliter le buttage. On continue le blanchiment des céleris, cardons, etc. et l'on met en place les coulants des fraisiers en vue de l'an prochain. A l'approche des gelées, il est prudent de protéger avec des paillassons les dernières planches de haricots verts, chicorées et scaroles. Enfin, on détruit les vieilles couches et l'on met en tas le fumier neuf.

 
         
 
 
         
 

NOVEMBRE — Voici la bonne époque de planter arbres et arbrisseaux. Il faut choisir les sujets chez le pépiniériste et les déplanter avec soin sans les arracher. On a dû préalablement ouvrir les trous de plantation, et faire les défoncements et les transports des engrais. On assure la reprise certaine et le développement vigoureux des arbres et arbrisseaux en mélangeant à la terre des engrais phosphatés et potassiques (1 à 2 kilos d'acide phosphorique et autant de potasse par arbre).

 

La taille des arbres doit se commencer par les espèces à floraison précoce ; il faut s'abstenir de tailler les jours de pluie, de neige et de fortes gelées.

 

Contre la chématobie, il faut appliquer des colliers gluants sur le tronc des arbres. On entoure chaque arbre d'un collier de 30 à 40 de hauteur avec une glu ainsi composée : résine ordinaire (colophane), 2 kilos ; huile de résine, 3 kilos ; factice brun, 1 k. 500. Le factice brun est une huile soufrée que l'on peut se procurer dans toutes les fabriques de caoutchouc.

 

Au jardin d'agrément, on doit bêcher les plates-bandes et arracher avant les grandes gelées les tubercules de dahlias, pour les conserver en lieu sec. On achève de recéper et d'empailler les rosiers de Chine.

 

Dans les serres on aère et on arrose quand la température le permet. Il faut que toutes les plantes de l'orangerie soient rentrées.

 

On ramasse les feuilles en tas et on les met en compost.

 

Au potager, il faut arracher : carottes, betteraves à salade, navets, radis noirs, couper le collet, rentrer en cave. Mettre sous chassis à froid : chicorées, scaroles, céleris, cardons, choux-fleurs, courges, potirons. Bêcher et butter les carrés d'artichauts ; mettre en jauge les choux pommés; à la fin du mois, semer les pois précoces : caractacus, express, Shah de Perse et les sortes naines ; planter sur couche tiède, sous chassis, les laitues crêpe et forcer les asperges sur place, à l'aide de coffres. L'oseille se plante sur couche et sous chassis, vers le milieu de novembre et successivement jusqu'à la fin de février. Il ne faut pas négliger la culture forcée du persil toujours cher et recherché tout l'hiver

 
   
 
 
     
 

DÉCEMBRE — Si la température le permet, on continue la plantation des arbres fruitiers et la taille des petites branches fruitières du poirier et du pommier.

 

Il faut avoir soin de rechercher et d'enlever les nids de chenilles et les feuilles mortes, gratter les mousses, lichens et vieilles écorces, supprimer les branches mortes, couper celles sur lesquelles on trouve des chapelets d'oeufs et brûler le tout, enduire le tronc des arbres d'un lait de chaux.

 

La confection des paillassons, la réparation des outils, coffres, d'assis, le nettoyage des graines, la visite des légumes conservés en cave, l'élagage des arbres sont des travaux d'actualité. On opère aussi le buttage des rosiers francs de pied, l'on enterre la tête des tiges. On repique, sous cloche et ados au midi, du plant de laitues crêpe, gotte, romaines, sur couche : carottes grelot, laitue à couper, radis, laitues et romaines à pommer, melons ; on force les griffes d'asperge, on met en place les choux précoces et on laboure à à grosses mottes les carrés vides. Les corbeilles d'oignons à fleurs seront protégées par une couche de feuilles sèches.