Le Chasseur Français Juin 1950

Adonis LEGUME

Principes d'aménagement.

— Un jardin destiné à la production des légumes nécessaires à l'approvisionnement d'un ménage devrait avoir une superficie en rapport avec le nombre de bouches à sustenter.

Il sera évidemment plus grand pour 6 personnes que s'il n'y en a que 3 ou 4. Mais il sera toujours divisé en parcelles d'étendue variable, permettant tous les genres de culture, en simplifiant les arrosages.

Les parcelles et les plates-bandes seront soumises à un assolement ne laissant revenir les mêmes cultures sur les mêmes terrains qu'à des intervalles aussi éloignés que possible, de manière à éviter la fâcheuse influence des excréta et des parasites animaux et végétaux s'attaquant aux plantes d'une même famille et d'une même espèce.

Dans tous les cas, on ne plantera jamais d'arbres dans les petits potagers, car les  racines qu'ils émettraient et l'ombre qu'ils projetteraient seraient préjudiciables aux légumes quels qu'ils soient.

Les arbres fruitiers seront toujours rassemblésméthodiquement dans un verger, en plaçant les arbustes et les petites formes en première ligne, face au sud, les grandes formes et les plein-vent se trouvant à l'autre bout de la plantation, afin que les ombres portées n'interceptent pas la lumière et que tous les sujets bénéficient d'un maximum d'air et de soleil

La question de l'orientation du potager doit aussi retenir l'attention du propriétaire, en dehors de sa bonification du terrain, qui est une affaire d'apports d'engrais et d'amendements. Si le terrain est en légère pente, face au sud, il sera dans les meilleures conditions pour activer la germination, la reprise et la croissance des divers légumes, puisque ceux-ci recevront plus perpendiculairement les rayons solaires. La terre se réchauffera davantage et les cultures y seront plus précoces ; on pourra, en outre, les poursuivre plus longtemps à l'arrière-saison.

En ce qui concerne les entourages, il ne faut pas, dans les petits potagers, édifier des murs élevés sur les quatre faces, car ils intercepteraient la lumière, et les cultures y seraient plus tardives. On se contentera de construire un mur du côté du nord, afin de couper le vent froid qui souffle de cette direction, mais les trois autres faces, surtout le midi et l'est, seront simplement fermées par des clôtures grillagées.

Une autre précaution à prendre, c'est d'éviter la multiplication des allées, surtout si on les laisse en gazon, parce qu'elles sont des pépinières de mauvaises herbes, notamment de chiendent et de liseron, qui compliquent considérablement les façons culturales.

En principe, on se contentera d'une allée unique, desservant le potager d'un bout à l'autre, en la limitant de chaque côté par des bordures, puis, après avoir décapé son trajet, on y pilonne un béton maigre, confectionné en gâchant un sac de chaux hydraulique lourde avec cinq brouettées de gravillon ou de mâchefer, que l'on recouvre ensuite d'une mince chape de mortier au portland.

Pour disposer constamment d'une eau aérée et attiédie, convenant aux arrosages, on établira, de distance en distance, des bacs de ciment armé que l'on remplira, au fur et à mesure des besoins, avec de l'eau fournie par la concession, par pompage ou tout autre moyen.

Plan d'un potager modèle.

En A se trouve la maison d'habitation. La bâtisse B est à usage de garage, de remise et de magasin. Les parcs C et D sont destinés à recevoir les volailles et des lapins. On peut aussi y établir la fumière.

Ainsi qu'on le voit, le potager est protégé du côté nord par une clôture pleine, édifiée en briques de champ ou en ciment armé, tandis que les faces exposées à l'est et au sud sont délimitées par de simples entourages grillagés, soutenus par des fers à T scellés dans de petits massifs de béton maigre.

L'allée centrale MN, bétonnée ou goudronnée sur macadam dessert, à droite et à gauche, les parcelles dans lesquelles on changera tous les ans la rotation des cultures annuelles, à l'exception des plantes vivaces telles qu'artichauts, asperges, fraisiers, etc., qui seront défrichées au terme de leur longévité.

Pour faciliter les arrosages, les bacs de puisage, numérotés de 1 à 3, réduiront au minimum le portage des arrosoirs.

Chaque année, qu'il s'agisse de cultures principales au de cultures dérobées, on modifiera l'assolement, de même que dans le haut, sur les deux emplacements H et G, destinés au montage des couches consacrées à l'élevage du plant de repiquage et au forçage des primeurs. Les quatre châssis E, F se trouveront tantôt d'un côté, tantôt de l'autre. La bande disponible servira de pépinière et pour les cultures hâtées ou retardées de légumes, principalement de salades. On pourra également y cultiver des tomates, des aubergines, des melons, des plantes condimentaires, etc.

Les planches seront délimitées par des sentiers étroits, que l'on aura soin de bêcher tous les ans et même de biner, afin d'empêcher le développement des herbes salissantes qui contamineraient le terrain contigu. Telles sont les grandes lignes à observer pour l'aménagement du petit potager familial.