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LES CAHIERS DU

PETIT MANCHOT

N° 168 du 15-09-2011

LES CROISADES VI
  

 

 

LA 1ere CROISADE - 6

 1095-1099

 

 

 

La croisade des barons 2/2


 

 

     
   La croisade des barons  
     
   Siège d'Antioche  
 

 

Le premier siège d'Antioche eut lieu du 21 octobre 1097 au 2 juin 1098 Le second siège, qui eut lieu lorsque les musulmans tentèrent de reprendre la ville aux croisés, dura du 7 juin au 28 juin 1098.

 

Préambule

 

Antioche avait été prise par les Seldjoukides sur l'Empire Byzantin très peu d'années auparavant, en 1085. Les fortifications byzantines dataient de l'époque de Justinien et avaient récemment été réparées et renforcées. Les Seldjoukides avaient pris la ville par trahison et les murailles étaient restées intactes. Connaissant les Croisés, qui approchaient, pour les avoir combattus en Anatolie en 1097, Yaghi-Siyan, gouverneur depuis 1088, demanda sans succès l'aide des états musulmans voisins. Pour se préparer à l'arrivée des Croisés, il fit emprisonner Jean l'Oxite, patriarche orthodoxe d'Antioche, et chassa les populations grecques et arméniennes, bien qu'il permit aux citoyens syriens orthodoxes de rester.

 

Arrivée des croisés

 

Les Croisés atteignirent l'Oronte le 20 octobre 1097. Les trois chefs, Godefroy de Bouillon, Bohémond de Tarente et Raymond IV de Toulouse, n'étaient pas d'accord sur ce qu'il convenait de faire. Raymond voulait lancer l'assaut, Godefroy et Bohémond préférant assiéger la ville.

 

Siège d'Antioche

 

Bohémond s'installa au nord-est, face à la Porte Saint Paul. À l'ouest, Raymond plaça son camp face à la Porte du Chien, et Godefroy face à la Porte du Duc. Au sud, il y avait les Tours des Deux Sœur, et plus loin sur les hauteurs, se dressaient la citadelle et la Porte de Fer. Au nord-ouest la Porte Saint-Georges, qui n'était pas bloquée par les croisés, pouvait continuer d'être utilisée pour ravitailler la ville.

A la mi-novembre, Tancrède, neveu de Bohémond, arriva avec des renforts et une flotte génoise avait abordé le port de Saint-Syméon, apportant des vivres. Le siège s'éternisa, et en décembre Godefroy tomba malade et les approvisionnements diminuèrent à l'approche de l'hiver. À la fin du mois Bohémond et Robert II de Flandre partirent vers le sud avec 20 000 pour s'approvisionner, mais en leur absence, Yaghi-Siyan tenta une sortie le 29 décembre. Raymond parvint à le repousser, sans réussir à prendre la ville

 

De leur côté, Bohémond et Robert furent attaqués par l'armée de Duqaq de Damas, qui marchait au secours d'Antioche. Bien que les Croisés s'en sortirent vainqueur, ils purent ramener à Antioche que peu de vivres.

 

Le mois finit sous de sombres présages : La terre trembla le 30 décembre, et il y eut une aurore boréale la nuit suivante. Dans les semaines qui sivirent, le temps fut tellement mauvais et froid, que Duqaq rebroussa chemin sans engager le combat.

 

Famine


A cause du manque de nourriture, un homme sur sept et environ 700 chevaux périrent. Certains, parmi les plus pauvres, survivants de la croisade populaire, conduite par Pierre l'Ermite, mangèrent les cadavres des Turcs. Si quelques chevaliers préférèrent mourir de faim, d'autres mangèrent des chevaux. Les chrétiens locaux, ainsi que Siméon, le patriarche orthodoxe de Jérusalem exilé à Chypre, tentèrent d'envoyer des vivres, mais insuffisamment pour empêcher la famine. Des chevaliers et des soldats commencèrent à déserter, parmi lesquels Pierre l'Ermite, qui fut rattrapé et ramené par Tancrède, perdant ainsi de son prestige.

 

Les remparts d’Antioche 1er siege

 

Départ de Tatizius


En février, le général et légat byzantin Tatizius, qui était resté jusque là auprès des croisés en tant que conseiller et représentant d'Alexis Ier, fini par partir.

 

Selon Anne Comnène, qui a probablement parlé en personne avec le général, les croisés refusaient d'écouter ses conseils et Bohémond l'aurait informé que les autres chefs, le soupçonnant de tavailler secrétement pour les turcs, projetaient de le tuer. Pour ne pas avoir à tenir l'engagement de rendre Antioche à Byzance après sa pris, Bohémond, cria à la trahison et à la couardise.


Ayant des projets personnels sur la ville, ce fut probablement lui qui organisa la fuite de Tatizius. Godefroy et Raymond ne voulurent pas accéder à ses désirs, mais très populaire dans l'armée, Bohémond finit par avoir gain de cause. Durant ces événements, Yaghi-Siyan continuait à demander de l'aide à ses voisins, et une armée sous les ordres de Ridwan arriva d'Alep. Comme Duqaq avant lui, il fut vaincu, à Harrim le 9 février.

 

Renforts anglais


En mars, sous la conduite par Edgar Atheling, une flotte anglaise partie de Byzance, aborda à Saint-Symeon, apportant du matériel pour construire des machines de siège. Sur la route d'Antioche, un détachemnt musulman parvint à s'en saisir, avant d'être récupéré par Godefroy. Bien que les croisés prétendirent ne pas avoir reçu une aide directe de Byzance, des machines de siège, ainsi qu'un fort pour bloquer la Porte Saint-Georges, toujours utilisée pour ravitailler la ville, furent construit. Enfin le siège commençait à être efficace. L'appro-visionnement de la ville était coupé, alors que celui des croisés redevenait suffisant. 

 

Ambassade fatimide


En avril, une ambassade fatimide arriva d'Égypte, espérant conclure la paix avec les Chrétiens, qui étaient, somme toute, les ennemis de leurs propres ennemis : les Seldjoukides. Pierre l'Ermite, parlant arabe, fut envoyé pour entammer les négociations. Les Fatimides, pensant que les croisés étaient simplement des mercenaires, agissant pour le compte des byzantins, étaient prêts à leur laisser la Syrie s'ils acceptaient de ne pas attaquer la Palestine. Bien parfaitement acceptable pour l'Égypte et Byzance, les croisés ne pouvaient accepter cet accord qui excluait de leur livrer Jérusalem. Les Fatimides furent toutefois reçus avec hospitalité et reçurent de nombreux présents, pris aux Turcs battus en mars.

 

Prise d'Antioche


Le siège se poursuivit et à la fin de mai 1098, une armée musulmane sous les ordres de Kerbogha venant de Mossoul approcha d'Antioche. Cette armée était plus importante que les précédentes. À Kerbogha s'étaient joints Ridwan et Duqaq et son armée incluait aussi des troupes de Perse et de Mésopotamie. Heureusement, les croisés disposèrent de temps pour les recevoir, car Kerbogha décida de récupérer Edesse, alors occupée depuis 1098 par Baudouin de Boulogne, mais qui tint bon.

 

Les croisés comprirent qu'ils devaient prendre la ville avant l'arrivée de Kerbogha, s'ils voulaient avoir quelques chances de survie. Bohémond établit secrètement le contact avec Firouz, un garde arménien qui dirigeait la Tour des Deux Sœurs. Celui-ci, qui avait eu un différend avec Yaghi-Siyan, lui promit d'ouvrir les portes de la ville. Bohémond proposa aux autres chefs croisés, de prendre la ville s'ils acceptaient de la lui laisser ensuite. En colère, Raymond rapella que la ville devait être rendue à Alexis, comme ils s'en étaient engagés à Constantinople en 1097, mais Godefroy, Tancrè et Robert, jugeant la situation désespérée, acceptèrent.

 

Le Massacre d'Antioche, par Gustave Doré

 

Cependant, le 2 juin, Étienne II de Blois et d'autres croisés désertèrent l'armée.

 

Plus tard le même jour, Firouz demanda à Bohémond de feindre d'aller au devant de l'armée de Kerbogha et de faire demi-tour la nuit. Ce fut fait, Firouz ouvrit les portes et le massacre commença. Les chrétiens restant dans la ville ouvrirent d'autres portes et participèrent aussi au massacre, tuant autant de turcs de la garnison qu'ils purent. Les croisés tuèrent quelques chrétiens en même temps que les musulmans, parmi lesquels le propre frère de Firouz. Yaghi-Siyan fut pris par des chrétiens syriaques en dehors de la ville. Il fut décapité et sa tête apportée à Bohémon

 

 

Second siège


Au soir du 3 juin, les croisés contrôlaient la ville, excepté la citadelle qui restait entre les mains de Shams ad-Daulah, le fils de Yaghi-Siyan. Jean l'Oxite fut réinstallé comme patriarche d'Antioche par Adhémar de Monteil, le légat du pape, qui souhaitait conserver des bonnes relations avec Byzance, et particulièrement parce que Bohémond revendiquait la ville pour lui-même. Cependant, la ville n'avait que peu de vivres, et l'armée de Kerbogha était en route. Celui-ci arriva seulement deux jours plus tard. Il essaya, en vain, de prendre la ville le 7 juin, et le 9 juin il établit à son tour un siège autour de la ville.

 

Beaucoup de croisés avaient déserté avant l'arrivée de Kerbogha et rejoint Étienne de Blois à Tarse. Étienne avait vu l'armée musulmane s'établir autour d'Antioche et assurait que tout espoir était perdu, et les déserteurs confirmèrent ses dires. En route pour Constantinople, il croisa Alexis, qui envoyait de l'aide aux croisés, et l'assura que les croisés survivants étaient voués à la mort et comme Alexis apprit de ses éclaireurs qu'il y avait une troupe Seldjoukide proche en Anatolie, ils décidèrent de revenir à Constantinople plutôt que de risquer une bataille.

 

Découverte de la Sainte Lance


Le 10 juin, un obscur moine du nom de Pierre Barthélémy prétendit avoir eu des visions de  Saint André, qui lui révélait que la Sainte Lance se trouvait dans la ville. Les croisés affamés avaient souvent des visions et un autre moine du nom d'Étienne de Valence parla lui aussi de visions du Christ et de la Vierge Marie. Le 14 juin un météore fut aperçu en train de tomber dans le camp ennemi, ce qui fut perçu comme un bon présage. Bien qu'Adhé-mar soit sceptique, car il avait vu une relique de la Sainte Lance à Constantinople, Raymond crut Pierre. Raymond, Raymond d'Aguilers, Guillaume d'Orange et d'autres commencèrent à creuser dans la cathédrale Saint-Pierre, et quand ils l'eurent vidée, Pierre descendit dans le puit et remonta avec une pointe de lance. Raymond le prit comme un signe de Dieu et se prépara au combat. Pierre eut une autre vision dans laquelle Saint André demandait aux croisés de jeûner pendant cinq jours (bien qu'ils soient déjà affamés), après quoi ils seraient victorieux.

 

Bohémond était sceptique sur la Sainte-Lance, mais sa découverte avait remonté le moral des croisés. Il est possible que Pierre relatace que Bohémond désirait, plutôt que ce que Saint André désirait. Bohémond savait, par des espions, qu'il y avait dans l'armée de Kerbogha était divisée entre plusieurs factions, et qui ne formerait pas un ensemble coordonné pendant la bataille. Le 27 juin, Bohémond envoya Pierre l'Ermite en pourparlers avec Kerbogha, mais tous savaient que la bataille était inévitable. Bohémond divisa ses forces en six divisions : il en commanda une, et les cinq autres furent commandées par Hugues de Vermandois et Robert de Flandre, Godefroy de Bouillon, Robert de Normandie, Adhémar de Monteil, Tancrède et Gaston IV de Béarn. Raymond qui tomba malade, resta pour garder la citadelle qui était maintenant aux mains d'Ahmed Ibn Merwan, un agent de Kerbogha.


Lance d’Antioche

 

Bataille d'Antioche

 

Le lundi 28 juin, les croisés sortirent de la ville, Raymond d'Aguilers portant la Sainte-Lance. Kerbogha hésita contre l'avis de ses généraux, préfé-rant les attaquer en bloc plutôt qu'une division après l'autre, mais il sous estima leur nom-bre. Il tenta d'attirer les croisés en terrain rocheux, pendant que ses archers criblaient les pre-miers rangs de flèches. Un détachement les attaqua sur l'aile gauche, qui n'était pas protégée, mais Bohémond constitua rapidement une sep-tième division qui les prit à revers. Les Turcs leur infli-geaient de nombreuses pertes parmi lesquelles le porte éten-dard d'Adhémar, et Kerbogha fit mettre le feu à la prairie face aux croisés, mais ceux-ci ne se découragèrent pas : ils étaient soutenus par l'idée que Saint Georges, Saint Démétrios et Saint Maurice combattaient à leur côté. Quand les croisés atteignirent la garde de Kerbogha, Duqaq s'enfuit, et la plupart des Turcs paniquèrent. Bientôt, toute l'armée musulmane battit retraite.

 

Conséquences

 

Comme Kerboha fuyait, la citadelle se rendit, mais à Bohémond plutôt qu'à Raymond. Comme prévu,Bohémond réclama la ville pour son compte, bien qu'Adhémar et Raymond s'y opposassent. Hugues de Vermandois et Baudoin de Hainaut furent envoyés à Constantinople, mais Bauduin fut tué dans une ambuscade. Cependant, Alexis ne fut pas intéressé pour envoyer un détachement pour réclamer la cité aussi tardivement dans l'été. À Antioche, Bohémond plaida qu'Alexis avait déserté la croisade et que cela invalidait les serments. Les Français du nord, les Provençaux du sud de la France et les Normands d'Italie se considéraient comme trois peuples distincts et chacun voulait augmenter son influence, causant des frictions, mais l'ambition personnelle fut aussi une source de friction.

 

Bientôt une épidémie, probablement de typhus, se déclara, et le légat Adhémar mourut le 1er août. En septembre, les chefs de la Croisade écrivirent à Urbain II, lui demandant de prendre personnelement le contrôle d'Antioche, mais celui-ci refusa. Le reste de l'année fut passée à prendre le contrôle de la région autour d'Antioche, bien qu'ils n'avaient que peu de chevaux, et que les paysans musulmans refusaient des les approvisionner. Les chevaliers et les soldats comencèrent à demander de poursuivre leur route vers Jérusalem. Finalement Raymond prit la tête de la Croisade, laissant la principauté d'Antioche à Bohémond.

 

Le siège d'Antioche devint rapidement légendaire, et au XIIe siècle fut le sujet d'une chanson de geste, la chanson d'Antioche

 

Adhémar de Monteil à Antioche

 

 
 

 Le siège de Jérusalem

 
 

 

Le siège de Jérusalem dura du 7 juin au 15 juillet 1099

 

Préambule

 

Après la prise d'Antioche le 3 juin 1098, les croisés sont restés dans la région jusqu'à la fin de l'année. Le légat pontifical Adhémar de Monteil était mort, et Bohémond de Tarente avait réclamé Antioche pour son compte. Baudouin de Boulogne s'était installé à Édesse où il avait jeté les bases du comté. Il y avait des dissensions entre les chefs croisés sur la conduite à tenir ; Raymond IV de Toulouse, mécontent d'avoir été mis à l'écart lors de l'attribution d'Antioche avait quitté la ville pour assiéger Ma'arrat al-Numan. À la fin de l'année, une petite armée de chevaliers et de soldats commença à marcher sur Jérusalem].

 

Le siège de Jérusalem

 

Le siège d'Arqa prit fin le 13 mai, quand les croisés quittèrent les lieux, sans avoir pris la ville. Les Fatimides avaient tenté de faire la paix, à la condition que les croisés ne continueraient pas jusqu'à Jérusalem, mais ceux-ci rejetèrent évidemment cette offre; apparemment, le gouverneur fatimide de Jérusalem ne comprenait pas pourquoi les croisés étaient venus jusqu'en Terre Sainte. Ils arrivèrent à Tripoli où le dirigeant de la ville leur donna de l'argent et des chevaux. Selon la chronique anonyme Gesta Francorum, il émit aussi le vœu de se convertir au christianisme si les croisés réussissaient à prendre Jérusalem à ses ennemis fatimides. Continuant leur route vers le sud, les croisés dépassèrent Beyrouth le 19 mai, Tyr le 23 mai et changèrent de direction à Jaffa, gagnant le 3 juin Rama abandonné par ses habitants. L'évêché de Rama-Lydda y fut établi à l'église Saint-Georges (un héros de la croisade populaire), avant de continuer vers Jérusalem. Le 6 juin Godefroy envoya Tancrède et Gaston prendre Bethléem, où Tancrède planta sa bannière sur l'église de la Nativité. Le 7 juin, les croisés atteignirent enfin Jérusalem. Beaucoup pleurèrent en voyant enfin la ville pour laquelle ils avaient entrepris un si long voyage

 

De même qu'au siège d'Antioche, les croisés ont probablement plus souffert pendant le siège que les habitants de la ville, à cause du manque de vivres et d'eau autour de Jérusalem. La ville s'était bien préparée pour le siège, et le gouverneur avait fait expulser de nombreux

chrétiens. De l'estimation de 7 000 chevaliers ayant pris part à la croisade, il n'en restait qu'environ 1 500, avec environ 12 000 fantassins (sur peut-être 20 000 au départ). Godefroy, Robert de Flandre et Robert de Normandie (qui a maintenant quitté Raymond pour rejoindre Godefroy), encerclèrent la ville au nord et au sud, tandis que Raymond installait son camp à l'ouest, face à la Tour de David et à la colline de Sion. Un premier assaut le 13 juin fut un échec. Sans eau ni nourriture, de nombreux hommes et animaux mouraient de soif et de faim, et les croisés surent que le temps leur était compté. Heureusement, peu après le premier assaut, plusieurs navires chrétiens abordèrent à Jaffa, et les croisés purent s'approvisionner pour quelque temps. Les croisés allèrent chercher du bois en Samarie pour construire des machines de siège. Ils avaient peu de vivres et à la fin du mois de juin, ils apprirent qu'une armée fatimide marchait vers eux.

 

L'assaut final et le massacre

 

Pendant le siège, plusieurs tentatives avaient été faites, mais furent toutes repoussées. Trois machines de sièges furent terminées et amenées près des murs dans la nuit du 14 juillet. La tour de Godefroy de Bouillon atteint le premier les murs et, deux flamands de Tournai, des frères du nom de Lethalde (Lethold) et Engelbert furent les premiers à mettre le pied dans la ville, suivi par Godefroy, son frère Eustache, Tancrède et leurs hommes. La tour de Raymond fut retardée par un fossé, mais comme les croisés avaient déjà pénétré dans la ville, les gardes musulmans se rendirent et leur ouvrirent les portes

 

Une fois les croisés entrés dans la ville, de nombreux habitants furent tués durant l'après-midi, le soir et le matin suivant. Le comte de Toulouse Raymond assura la population de sa protection. Le bilan varie selon les sources : pour les chrétiens, 10 000 morts, pour les musulmans, 70 000.

 

La prise de Jérusalem en 1099

  Tancrède avait demandé le quart du Temple pour lui et accorda sa protection aux habitants et soldats, mais ne put empêcher le massacre de ces derniers par les autres croisés. Le gouverneur de Jérusalem s'était barricadé dans la Tour de David, qu'il donna à Raymond en échange de la vie sauve pour lui et ses hommes, ils purent se rendre à Ascalon avec la population civile femmes et enfants selon le récit de l'émir d'Ascalon

 

Conséquences

 

Après le massacre, Godefroy de Bouillon devient Advocatus Sancti Sepuchri (Avoué du Saint Sépulchre) le 22 juillet, refusant d'être roi dans la ville où mourut le Christ. Raymond ayant refusé de prendre aucun titre, Godefroy le convainquit d'accepter la Tour de David. Raymond partit alors en pèlerinage et, en son absence Daimbert de Pise, opposé à Raymond à cause du soutien de ce dernier envers Pierre Barthélémy, fut élu le 1er août premier patriarche latin de Jérusalem (les prétentions du patriarche grec furent ignorées). Le 5 août, après avoir enquêté auprès des survivants de la ville, Arnoulf de Roeux découvrit la relique de la Sainte Croix

 

Le 12 août, Godefroy conduisit une armée, avec la Sainte Croix, combattre l'armée fatimide à Ascalon. Ce fut une victoire croisée, mais après la victoire, la plupart des croisés considérèrent leur vœu accompli et retournèrent en Europe. Cependant, leur victoire permit la création du royaume latin de Jérusalem

 

 
 

 Le siège d'Arqa

 
 

 

Fin décembre ou début janvier, Robert II de Normandie et Tancrède, neveu de Bohémond, acceptèrent de devenir vassaux de Raymond, qui était suffisamment riche pour les payer. Godefroy de Bouillon, qui disposait des revenus du comté d'Edesse, refusa d'en faire autant. Le 5 janvier 1099, Raymond démantela la forteresse de Ma'arrat, et le 13 janvier, l'armée reprit sa marche vers le sud, nu-pieds et vêtus en pèlerins, suivie par Robert et Tancrède. Longeant la côte méditerranéenne, ils rencontrèrent peu de résistance, les seigneurs musulmans locaux préférant acheter la paix en les approvisionnant. Les musulmans sunnites préférèrent aussi la domination des Croisés à celle des Fatimides chiites.

 

Raymond projeta de prendre la ville de Tripoli pour se tailler un fief analogue à celui de Bohémond. Il commença par assiéger la ville voisine d'Arqa du 14 février au 13 mai, ville qu'il ne prit pas. De leur côté, Godefroy et aussi Robert II de Flandre, qui avaient refusé d'être vassaux de Raymond, ainsi que les croisés restant à Lattaquié, prirent le chemin du sud en février. Bohémond les accompagna quelque temps, puis retourna rapidement à Antioche. À cette date, Tancrède quitta le service de Raymond et se joignit à Godefroy, pour une raison inconnue. Une autre troupe, mais alliée à Godefroy, prit un autre chemin sous la conduite de Gaston IV de Béarn.

 

Godefroy, Robert, Tancrède et Gaston arrivèrent à Arqa en mars, alors que le siège se prolongeait. La situation était tendue, non seulement entre les chefs croisés, mais aussi au sein du clergé : depuis la mort d'Adhémar de Monteil, le 1er août 1098, il n'y avait pas vraiment de chef religieux, et après la découverte de la Sainte-Lance par Pierre Barthélémy, des accusations de fraudes s'échangeaient entre les différentes factions cléricales. Finalement, en avril, Arnoulf de Roeux mit Pierre au défi d'une ordalie par le feu. Pierre subit l'épreuve et mourut de ses brûlures, discréditant ainsi la Sainte-Lance et sapant définitivement l'autorité de Raymond sur la Croisade.

 

Les États latins d'Orient en 1102, peu après la première croisade