RUSTICA 1943

Xavier FAUCILLON

Pour avoir de beaux œillets remontants en fleurs vers la fin de juillet ou des boutures pour le 15 août, il faut bouturer de bonne heure et en activer la végétation en mars et avril, afin de pourvoir faire plusieurs pincements avant la mise en pleine terre ou en pots.

Epoque de bouturage et traitement des boutures.

On peut bouturer les œillets depuis la deuxième quinzaine d'octobre ou le première quinzaine de novembre jusqu'en février ; le mieux est de bouturer assez tôt pour pouvoir effectuer, avant la plantation, un pincement en coffre.

Tout d'abord, il est essentiel de bien choisir la bouture, sur les tiges fleuries ou seulement en boutons, à l'aisselle des feuilles. La bouture est constituée par un bourgeon axillaire, représenté par un petit bouquet des sept à huit feuilles, prélevé dans la partie moyenne de la tige. Détacher la bouture, munie d'un petit talon, en la tirant de côté. Couper l'extrémité des feuilles, et planter les boutures en coffre. Recouvrir la couche d'un compost très léger (terreau 1/4 ; sable 3/4) ; elles s'enracinent très bien dans un sable pur ; planter à 1 ou 2 centimètres de profondeur.

Disposer les boutures en lignes espacées de 6 à 7 centimètres et, sur les lignes, les espacer de 2 à 3 centimètres.

Un châssis de 2 mètres carrés pourrait recevoir environ 1.000 boutures.

Arroser, mais éviter l'excès d'eau dans le coffre ; placer le châssis et le tenir fermé jusqu'à la reprise qui s'effectue en trois semaines environ. Pendant les premiers jours, tenir ombré et aérer le plus possible quand les boutures sont enracinées et quand il ne gèle pas.

Les boutures peuvent passer l'hiver sous châssis et y rester jusqu'en mars.

Le repiquage.

– Cette opération contribue pour beaucoup à l'obtention de plants très robustes ; on plante ceux-ci à 7 centimètres en tous sens.

Culture sur petite couche.

En mars, établir une couche donnant 15° à 18° de chaleur au maximum ; former cette couche avec du fumier recuit ou feuilles et moitié de fumier frais ; recouvrir de terreau ou de sable ; attendre que la couche ait donné son « coup de feu », en s'assurant que sa température ne dépasse pas 25°.

Empoter les boutures en godets de 3 pouces dans un compost ainsi formé : sable, 1/4 ; terre franche, 2/4 ; terreau de fumier, 1/4 ; enterrer les godets sur couche, à 0 m. 10-0 m. 15 du verre ; aérer dans la journée ; en cas de froid, fermer le châssis et couvrir de paillassons. Quand les boutures ont 0 m. 10, en pincer la pointe, puis, quelques jours après, arroser modérément. Trois ou quatre tiges nouvelles apparaissent ; les pincer lorsqu'elles ont 8 ou 10 centimètres.

Au bout des quelques jours, des branches nouvelles se développent et il se forme un petit œillet touffu, avec 6 à 10 tiges qui fleuriront.

En mai, si on veut cultiver les œillets pour ne couper les fleurs, les mettre en pleine terre, dans une plate-bande bien labourée et fumée, mais n'ayant pas reçu d'œillets l'année précédente.

Si on veut cultiver les œillets pour les vendre fleuris, il faut empoter les boutures ramifiées en des vases de 5 pouces et demi dans le compost indiqué ci-dessus ; enterrer les pots au raz de terre, en plein soleil, pailler légèrement, arroser ; donner, de temps à autre, de l'engrais liquide léger, soit : nitrate de soude, 2 grammes par litre d'eau ; soit purin, 1/4 ; eau, 3/4.

Pour avoir de très belles fleurs, ne pas laisser trop de boutons, surtout au sommet des tiges.