TOURLAVILLE
  CU 15.05 COMMUNAUTE URBAINE DE CHERBOURG
   
  CHAPELLE DU BECQUET
         
 
 
 

Poste de Secour CPA collection LPM 1900

 
 

 

 
 

Des naufragés en mer aux pauvres pécheurs

 Article de JJB

 

Le petit bâtiment qui se dresse sur l’esplanade du port du Becquet est connu sous le nom de « chapelle du Becquet ». Il est vrai que durant une bonne partie de la deuxième moitié du vingtième siècle, la messe était servie chaque dimanche à la chapelle. Mais la vocation initiale de la construction n’est pas du tout le sauvetage des âmes mais le sauvetage en mer.

 

 
 

C’est en 1867 que le Bec­quet accueillit son pre­mier canot de sauvetage, le Notre-Dame-de-Paris, financé par une donation des Assurances Nationales de Paris. Le canot en bois mesure 9,78m pour 2,24m de large. En 1902, dame Thomassin, favorise la construction du second canot du Becquet qui portera le nom de son fils, Commandant d’Infanterie Augustin Thomassin. Il mesure 10,10m sur 2,27m. La consultation des archives de la Société Centrale de Sauvetage des Naufragés du Becquet nous permet de connaître l’activité de nos sau­veteurs.

 

Entre 1867 et 1920, le canot a secouru vingt-huit navires et épargné soixante-trois vies. L’inter­vention la plus spectaculaire eut sans doute lieu le huit avril 1899. Nous reproduisons les principaux extraits du rapport de sauvetage : « Ce jour, le nommé Noyon Albert, est venu prévenir le patron du canot à cinq heures du matin qu’un trois mâts portant pavillon en berne était en détresse dans la baie du Bec­quet. Faire appel aux canotiers et lancer le canot à la mer a été l’affaire de très peu de temps puisqu’il a été mis à l’eau à cinq heu­res et demie. Au prix de quels efforts, une mer démontée le comblant vingt fois d’eau pour se vider ensuite par les puits d’évacuation auto­matiques et mouillant les canotiers jusqu’aux os mais ceux-ci n’avaient qu’une idée en tête, sauver les seize hommes du trois mâts. Arrivés aux flancs du navire, toute communication était impossible, l’état de la mer ne per­mettant pas de l’accoster. Par suite de la tempête de nord-ouest qui a surgi, le lest du Claudine-José­phine s’est déplacé sur son avant et mis le navire dans l’impossibi­lité de gouverner. Un va-et-vient salvateur a été établi avec le canot épargnant le naufrage en attendant l’arrivée d’un remorqueur escor­tant le trois mâts jusqu’au port de Cherbourg. »

 

De 1920 jusqu’à la guerre, date de sa cessation d’activité, il semble n’être sorti qu’une seule fois en 1933 au secours de deux hydra­vions en difficulté dans le travers du cap de Fermanville. Du reste, le rapport d’intervention relève qu’en dépit de la promptitude avec laquelle le canot du Becquet s’est rendu sur place, l’équipage des hydravions était déjà débarqué à terre par une vedette venue de Cherbourg au secours des naufra­gés. Notre pauvre canot à rames mu par dix « forçats » triés sur le volet semble être devenu bien dérisoire depuis que le port de Cherbourg s’est doté d’une vedette de sauvetage. La seconde guerre mondiale a mis un terme définitif à l’activité de la société de sauvetage du Becquet.

 
     
 

 Photo Ecole Doucet Tourlaville prise en 2008 par les élèves de l'école .