SAVIGNY

  CC 49.11 MER ET BOCAGE
   
  EGLISE ET FIEFS
         
     
 

 L'église est sous le vocable de Notre-Dame.

 
     
 

 L'église Notre-Dame de Savigny

L'église Notre-Dame de Savigny, dont l'abside est datée de 1128, fut donnée en 1165 par Geoffroy de Brucourt à la collégiale de Sainte Barbe en Auge, qui pos-sédait déjà à Savigny un prieuré fondé en 1107, installé un peu à l'écart de l'église paroissiale.

 

L'église est connue pour son riche dé-cor sculpté roman, et son décor peint, non moins important, réalisé au 14è siècle.

 

ARCHITECTURE

 

Si l'église date pour l'essentiel du 12è siècle, elle a néanmoins subi des remanie-ments qui ont affecté certaines de ses parties.


En plan, l'église présente une nef unique romane couverte d'une charpente lam-brissée. Lui fait suite une travée reconstruite au début du 16è siècle et couverte d'une voûte sur croisée d'ogives. Cette travée s'ouvre sur deux chapelles latérales formant transept. Celle du nord, du début du 16è s., couverte d'une voûte sur croisée d'ogives, forme le premier niveau du clocher. Celle du Sud est encore plus tardive (1826).

 

Le chœur et l'abside sont d'époque romane. L'hémicycle de l'abside s'inscrit à l'extérieur dans un chevet droit, aujourd'hui englobé dans la sacristie (19è s.). La travée de chœur est couverte d'une voûte d'arêtes, l'abside est voûtée d'un cul-de-four.

 
     
   
     
 

A l'extérieur, la façade occidentale de la nef est précédée d'un petit porche du 17è si-cle. Le clocher, établi sur le fIan nord de l'église, a été réparé à plusieurs reprises dans ses niveaux supérieurs. S'y accole une tourelle abritant un clavier en vis. La nef est les fenêtres ont été agrandies tardivement.

 

Les murs de la nef pré-sentent en de nom-breux endroits un appareil en " arêtes de poisson " (opus spicatum).

 

Cet appareil est par endroits réalisé avec des dalles de pierre coquillière, probables remplois de sarcophages du haut Moyen-Âge.

 
     
 

La nef .Photo Loïc Richer en 2009

 
     
 

LE DÉCOR SCULPTÉ

 

A l'intérieur, le décor est concentré dans l'abside. L'ensemble de ce décor a été redécouvert en 1888 par l'abbé Joubin.


L'arc ouvrant sur l'abside et l'arc triomphal, en plein cintre, sont ornés de bâtons brisés, décor courant en Normandie. Le pourtour de l'abside est décoré d'une arcature cons-tituée de cinq arcades en plein cintre reposant sur des colonnettes couplées. L'arcade centrale, entourant la fenêtre axiale, est la plus ornée (bâtons brisés et pointes de diamant).

 

La plupart des chapiteaux sont historiés.

 

Quatre portent des griffons, désignés par l'inscription COCO-DRIAS sur un tailloir.

 

D'autres ont des lions (désignés par l'inscription LEONES), un cheval, deux oiseaux s'abreuvant dans un vase, des serpents, des entrelacs ou des résilles.

 

Une inscription mutilée donne peut-être la date de cet ensemble : elle se lisait, avant les restaurations de la fin du 19è siècle, HI. M.C.XX.VIII. A TURC , on l'a complétée depuis. D'autre part, le nom TURCH, suivi de lettres peu distinctes, se lisait sur la corbeille du dernier chapiteau à droite. Le sanctuaire aurait donc était dédié ou orné en 1128 par un personnage nommé Turche-tillus ou Toruldus ( nom d'origine scandinave).

 

On sait d'ailleurs que le premier prieur du prieuré Sainte-Barbe de Savigny se nom-mait Turoldus.


Le chevet de l'abside était encore plus orné. Dans une grande arcade en plein cintre, visible aujourd'hui de la sacristie, sont inscrits d'une part un grand relief du Christ, et d'autre part, un linteau monolithe sculpté d'une scène de chasse. On y distingue un centaure sagittaire et un cerf poursuivi par des chiens.

 

Le grand relief est d'une plus haute qualité. Il est improbable que le chevet ait été son emplacement originel : il doit venir soit d'une autre partie l'église, soit d'un autre monument. Il est taillé en cuvette sur six pierres calcaires jointives. Le dessin est hiératique et d'une frontalité parfaite. Le Christ est figuré les pieds nus, assis sur un trône dont les montants se terminent par des boules. Il porte, semble-t-il, le costume épiscopal, dont les plus vigoureux sont symétriques. De sa main droite, il bénit, tandis que de sa main gauche, il tient une croix à longue hampe. La figure barbue est jeune et se détache sur un nimbe crucifère.

 

 

Les chapiteaux romans

(photos Touchard)

 

   
       
     
       
     
       
   
     

 

 
 

A l'extérieur de la nef et du chœur, les murs surmontés de nombreux modillons intéressants datent eux aussi du 12è siècle.

 

On y remarque des oiseaux, des figures grotesques, des serpents, des outils de sculpteurs, des prêtres disant la messe et d'autres personnages ou sujet traités avec beaucoup de verve.

 
     
 

 

 

 
   

Photos des modillons par Nathalie Perrée

 

 
     
         
 

LES PEINTURES MURALES

 

Un important décor peint a été remis au jour en 1888 et en 1893 par l'abbé Joubin et restauré par un certain Jacquier. Un premier cycle consacré à sainte Barbe occupe les arcades de l'abside. Un second cycle représentant la Cène, est peint sur le mur nord de la nef. Ces deux ensembles datent du 14è siècle

 

Le cycle de Sainte Barbe

 

1) Le cycle de Sainte Barbe se lit de droite à gauche : Dans la première arcade, sainte Barbe, convertie au christianisme, prie agenouillée dans un jardin. L'indication du lieu est donnée de manière symbolique par la présence d'un arbre qui déploie des branches feuillues dessinant d'élégantes arabesques. Le visage fin et doux est tourné vers le haut de l'arcade. Une partie au corps a été repeinte au 19è siècle.


2) La deuxième scène. représente trois hom-mes dévêtissant la sainte pour la supplicier. Les trois bourreaux se caractérisent par la vivacité de leur attitude et par l'aspect carica-tural de leur profil (grande bouche grimaçante, nez crochu). Le corps de Barbe semble avoir été surchargé de repeints à plusieurs reprises, elle est vêtue d'une tunique rouge aux plis abondants et désordonnés.

 

3) Dans la troisième arcade, Sainte Barbe est agenouillée, les bras et le visage tendus vers le ciel. Son père lui tient les cheveux d'une main, et de l'autre tend une épée et s'apprête à lui trancher la tête. A ce moment, grâce à l'intervention divine (symbolisée par I'apparition d'un ange dans la partie supérieure de l'arcade), la foudre s'abat sur lui, Le peintre a naïvement représenté la foudre par des traits jaunes tombant sur le personnage du père.

 

4) La quatrième scène a été entièrement inventée et peinte par Jacquier, qui a figuré sainte Barbe en prière.

 
         
 

 

   

 

 1) panneau de droite : Sainte Barbe en prière dans son jardin stylisé n'a pas encore la tête nimbée.

 

2) panneau centre droit : Sainte Barbe est livrée aux soldats par son père

 

     


4) La quatrième scène a été entièrement inventée et peinte par Jacquier, qui a figuré sainte Barbe en prière.

 

 

3) panneau central gauche : Sainte Barbe va être suppliciée par son père quand celui-ci est foudroyé (Sainte Barbe est nimbée aux 2 dernières arcades).

 
         
 

La Cène

 

La Cène est une vaste composition symétrique équilibrée de part et d'autre du groupe central constitué par le Christ : en effet l'artiste, à la gauche du Christ, a représenté St Paul, bien reconnaissable à son épée et à sa calvitie. Judas est isolé du groupe, il est assis de l'autre côté de la table, devant le Christ. L'artiste a su varier les attitudes des personnages : les uns boivent portant à leur bouche, qui une écuelle, qui une coupe, d'autres tiennent des mets entre les doigts, deux tiennent un couteau, saint-Paul et saint Pierre portent leur attribut (une clef démesurée pour ce dernier !), saint Jean est penché sur l'épaule du Christ, d'autres enfin discutent. Le Christ bénissant de sa main droite, est le seul qui soit présenté de front.

 

La physionomie des personnages est relativement individualisée ; des visages jeunes et imberbes côtoient ceux d'hommes barbus et d'âge mûr, les coiffures diffèrent aussi d'un apôtre à l'autre (couleur des cheveux, des nimbes, cheveux bouclés ou non). Les visages, sans aucun modèle, sont toutefois réalisés avec vivacité et aisance à partir de traits d'ocre rouge sur fond blanc.


Bien qu'altérés, ces traits paraissent se rapprocher de ceux des bourreaux des martyres de Sainte Barbe.

 

Judas approche sa main droite d'un plat de poisson, tandis que de sa main gauche il cache sa bourse, salaire de sa trahison.


Sur le devant de la table sont disposés de grands plats de poisson, des cruches, des pichets, des coupes. En arrière on voit des miches de pain, entières ou rompues, et d'autres aliments en forme de biscuits. Tous ces récipients et ces mets composent de pittoresques natures mortes avant la lettre.

 
         
 

 

Fresque de la Cène, datant du XIVè siècle (nef de l'église, côté nord)

 La fresque est formée d'un seul panneau de 4,30m de large sur 1,30m de haut.

 
         
 

Statue de Sainte Barbe


Enfin, il faut encore signaler une belle statue de Sainte Barbe, située dans la chapelle Nord.

 

Cette œuvre remarquable en pierre date du 16è siècle, et a probablement été offerte à l'église par la famille Michel de Beaulieu, seigneurs du lieu.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                       Statues : (Photos Lemesle)