GUEHEBERT
  49.04 BOCAGE COUTANCAIS
   
  HISTOIRE
         
 

Guéhébert L’ancien manoir, maintenant détruit collection CPA LPM 1900

 
     
  Article de Mr RENAULT
Annuaire de la Manche 1884
 
   

Guéhébert, Vadum Heberti.

 

L'église ne présente aucun intérêt. Le chœur et la nef sont du XVeme, peut-être même du XVIeme siècle ; ils sont éclairés par des fenêtres dont les unes sont à ogive et sans ornements, et les autres, rondes ou carrées, ont été établies ou refaites à une époque bien postérieure.

 

On remarque dans le mur méridional du chœur une petite porte cintrée qui, aujourd'hui, est bouchée.

 

Le mur absidal est à pans coupés, et le mur occidental est droit et percé d'un simple oculus,

 

La tour, placée entre chœur et nef, est en partie de la fin du XIIIeme siècle ou du commencement du XIVeme; sa voûte est en pierres ; ses arcades à ogive ont leurs voussures garnies de tores et de cannelures, et retombent sur des pilastres qui sont les uns simples, et les autres tapissés de colonnes engagées. L'abaque des chapitaux est de forme octogone. La base des colonnes repose sur un piédestal carré. Un petit toit en à batière couronne cette tour.

 

La cloche ne date que du commencement du XIXeme siècle. Elle fut nommée Marie-Elisabeth, et eut pour parrain Pierre Joret du Manoir et pour marraine Madame de Christy.

 

La croix du cimetière porte le millésime de 1632.

 

L'église est sous le vocable de saint Suipice. Elle dépendait de Tarchidiaconé de la chrétienté et du doyenné de Cérences.

 

L'abbaye de Saint-Lô en avait le patronage dès le XIIeme siècle. Ce fut Richard, évêque de Coutances, qui lui donna cette église, à la demande de Richard de Guéhébert. Elle nommait à la cure, et la faisait desservir par un de ses religieux du prieuré de la Roelle. Toutes les dîmes lui appartenaient : Ecclesia de Yadoheberti canonici Sancti Laudi moram facientes apud la Roele deseruiunt in propria persona et percipiunt omnia. Cependant, à cause de Téglise, des terres et des bois qui dépendaient de ce prieuré, leur prieur payait une décime de 75 livres: les trésoriers de Guéhébert payaient pour la débile 6 sols 6 deniers.

 
     
 

Guéhébert Église Saint-Sulpice.Xfigpower — Travail personnel

 
     
 

Prieuré de la Boelle

 

Il existait dans la paroisse de Guéhébert un prieuré nommé le Prieuré de la Boelle prioratus de Rotula. La chapelle qui s'y trouvait attachée était sous le vocable de la sainte Trinité. Ce prieuré appartenait à Tabbaye de Saint-Lo dès le XIIeme siècle ; Richard de Guéhébert le lui avait donné : c'est ce que nous apprend une charte de confirmation sans date, donnée à. Tabbaye par Gervaise de Say, pour le salut de son âme, de celles de ses ancêtres et de ses fils. Noverit vniuersitas fidelium, dit cette charte, quod ego Geruasia de Sae non habens virum concessi in presenti carta confirmacionis abbacie sancti laudi pro salute anime mee et antecessorum meorum et filiorum meorum dona-Dilectis in xristo sancte matris ecclesie fîliis omnibus et subiccUs ad quos littere iste peruenerint Ricardus dei gralia Constanciensis Episcopus jD domtno salutem. Noucrit dileclio vcsira quod nos respectu dei et presenta-Uone dono et precibus venerabilis pnrrochiani nostri Ricardi de Guéhébert donamus in perpetuam elemosioam filiis nostris Guillelmo abbati et canouicis sancti laudi domum religionis sancte trinitatis de Rotula cum perlinenciis omnibus ecclesiarum sancti Sulpicii de Guéhébert et terris aliis Tniuersis vt canonicus ordo in eadem domo per prefatum abbatem et canonicos perpeluo teneatur. Hec dooacio facta est apud valonias présente et consentiente illustrirege Anglorum et postca in capitulo constanciensi recitata etab ipso Ricardo concessa testibus Wllo Ricardo Roberto archid. magistr et aliis multis.tioaem çuam fecit ei Ricardus de Vadoheberti de loco sanele trinitaiis de Boella Cette charte fut revêtue du sceau de Gervaise de Sae, en présence de plusieurs témoins : Présentera carlam sigilli tnei patrocinio roboraui testibus Roberlo de belmonle sacerdoie magistro ambrosio. Roberto de pranmesnil petro de eantelou barlholameo de....

 

Une autre charte datée du moisit novembre de Tan 1259, nous offre quelques détails intéressants. On y voit que Nicolas de Guébébert donne au prieur et aux chanoines de la Roelle le droit de moudre leurs blés à son moulin de Guébébert, en payant seulement la mouture accoutumée ; que quand ils voudront user de leur droit, ils devront en prévenir le meunier; que si, à cause d'inondation, manque d'eau ou délabrement du moulin, ils ne peuvent moudre, ils auront pleine liberté d'aller moudre partout où ils voudront, sans être inquiétés.

 

Rotrou, archevêque de Rouen, confirma, le 6 des ides de septembre de l'an 1475, à l'abbaye de Saint-Lô, les biens qu'elle possédait, entre autres le prieuré de la Rouelle avec l'église de Saint-Sulpice de Guéhébert, les dîmes et les terres aumônés qui en dépendaient.

 

Le pape Urbain III donna aussi à l'abbaye, en 1186, une bulle confirmative des biens et de ce qu'elle avait à Guébébert

 

Henri II, roi d'Angleterre, duc de Normandie et d'Aquitaine, et comte d'Anjou, accorda de même à l'abbaye deSaint-Lo une charte de confirmation qu'il adressa à tous les archevêques, évoques, abbés, comtes, etc...

 

La chapelle du prieuré n'existe plus ; mais on y voit toujours la fontaine miraculeuse de saint Mein, en grande vénération dans le pays, et dans les eaux de laquelle on lave les enfants atteints de la rifle, espèce d'éruption à laquelle ils sont sujets surtout dans les campagnes. Elle est placée sur la propriété de M. Léopold Quenault, sous-préfet de Tournon et membre de l'Association normande.

 

— Le dernier prieur de la Roelle fut M. Nicolas-Charles-Jacques Diguet, prêtre, chanoine régulier de saint Augustin, qui était en même temps curé de Guéhébert. Retiré à Saint-Lo, lieu de sa naissance, il y décéda le 1er décembre 1818 : à sa mort, il était chanoine honoraire de Coutances, et receveur de l'hospice de sa ville natale.

 

Faits historiques.

 

— La baronnie de Say à Quettreville s'étendait sur les paroisses de Guéhébert, Cérences, la Haye-Comtesse et sur plusieurs autres.

 

Dans le cours du XIIIeme siècle, Guillaume de Thieuville, le père de Guillaume II, évêque de Coutances, était seigneur de Guéhébert ; il épousa Isabelle de Beaufay.

 

La branche cadette des Thieuville conserva long-temps la seigneurie de Guéhébert ; plusieurs de ses membres, dans les XIVeme, XVeme et XVIeme siècles en portent souvent le titre. Ainsi, on trouve Henri de Thieuville, seigneur de Guéhébert, qui mourut en 1398, après avoir épousé Isabelle de Moulant, veuve en secondes noces d'Olivier Paynel.

 

On a vu précédemment que c'était un Thieuville, Jean de Guéhébert, qui possédait la seigneurie de Montchaton dans le XVeme siècle.

 

Le marquis de Thieuville dont le fils périt à la chasse, fut le dernier de cette famille qui, suivant Tinscription placée sur le tombeau de Raoul de Tbieuviile, évêque d'Avranches, avait produit tani de Mars et tant de soleils; Unde tôt Martes et tôt soles.

 

Il y avait à Guéhébert, dans le cours du XVIIeme siècle, deux fiefs nobles; ils appartenaient l'un à Jacques de Harcourt, baron d'Olonde, et l'autre à la famille de Cauvet, qui portait d'azur au chevron d'or, accompagné de trois roses de même, 2 en chef et 1 en pointe.

 

On rencontre dans les XVIIeme et XViiieme siècles Jacques Philippe de Cauvet. sieur de Valun-Guéhébert.

 

Louis-René de Cauvet, chevalier, sieur de Guéhébert; il signait Cauvet de Guéhébert.

 

Jean Cauvet, sieur de Valun-Guéhébert; il épousa Françoise de Briory dont la mère avait possédé la baronnie de Néhou.

 

Et Nicolas Cauvet, leur flls, écuyer et sieur de Guéhébert.