BELVAL 
  CC 49.01 BOCAGE COUTANCAIS 
   
  HISTOIRE
         
 

Annuaire du département

de la Manche, année 1867,

Article de Mr Renault

 

Bel val, Bella vallis.

 

L'église n'offre aucun intérêt. Le chœur et la nef sont en bois. La voûte de la nef porte le millésime de 1670; celle du chœur a été refaite récemment.

 

Les fenêtres méridionales de la nef sont du XIVeme siècle; celles du chœur sont rondes et modernes.

 

Sous l’étage inférieur de la tour, on a établi une chapelle voûtée en pierres.

 

La tour, placée au sud, à l’extérieur de l'église, se termine par un petit toit à double égout.

 

Le mur absidal est droit; un petit porche, couvert en ardoise, précède l’église. J'ai remarqué, dans cette église, un bénitier d'une forme très-simple, qui date de la fin du XVIeme siècle, comme l'indique le millésime de 1594 qu'il porte.

 

Église Saint-Martin de Belval

Xfigpower — Travail personnel

 
         
 

L'église est sous le vocable de saint Martin : elle dépendait de l'archidiaconé de la chrétienté et du doyenné de Cenilly, et payait une décime de 13 livres. — Le Roi de France, Louis VIIL avait donné cette église au Chapitre de Coutances, par lettres patentes, datées de Compiègno dans le mois de novembre 1224 ; voici la traduction de ces lettres dont le texte est en latin:

 

« Louis, par la grâce de. Dieu, roi des Français, à tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut. Vous saurez qu'à la demande et sur les prières de notre très cher et féal Guarin, évêque de Senlis, et chanceher de Fratice, pour le salut de notre ame et de celle de notre très honoré père,

1» d'illustre mémoire, Philippe, roi de France, nous avons donné à nos bien aimés les doyen et chapitre de l'église de Coutances, l'église de Sain^ Martin de Belval, près de Coutances, dont le patronage nous appartient, aOn d'augmenter leurs biens. En considération de quoi les dits doyen et chapitre nous ont de bon gré et libéralement accordé de célébrer, chaque année, et à perpétuité, ua service pour notre père, un pour nous, après notre mort, et un troisième pourl'évêque de Senlis, aussi après son décès. En foi de quoi nous avons fait revêtir les présentes lettres de notre sceau, sous la reserve du droit d'Eiiennè de Galardon, clerc dudit évêque, et qui est curé de ladite église . . . »

 

A l'époque de la rédaction du Livre noir, I'évêque de Coutances avait le patronage de l'église de Belval, l'autelage et l'aumône; le vicaire percevait 7 livres 14 sous tournois; le Chapitre de Coutances avait toutes les gerbes.

 

Daus le XIVeme siècle, le Chapitre avait le patronage de l'église de Belval et la dime des blés. Sur cette dime, le curé prélevait 7 livres 14 sous, et il avait, près de sa demeure, environ douze vergées de terre aumônées ; il payait 4 sous pour la chape de révêqûe, et 20 deniers pour le saint chrême.

 

Alors, il n'existait pas de chapelle dans la paroisse : In dicta parrochia, dit le Livre blanc, nulla est capella. Depuis, il s'y en éleva une qui payait une décime de 9 livres; c'était le seigneur de Camprond qui y nommait.

 

Cette chapelle, qui ne sert plus aujourd'hui au culte, existe encore : on la voit sur la gauche et à peu de distance de la roule de Coutances à Saint-Lo. Ses raurs sont en grande partie construits en briques : au-dessus d'u«e petite porte cintrée, au milieu d'un fronton, on remarque un écusson dont les armes ont été grattées. M. de Martinvast fut le dernier prêtre titulaire de cette chapelle; il ûgura, en 1789, dans l'assemblée des trois ordres du bailliage du Colentin.

 

Antiquités gauloises. — On a trouvé à Belval des instruments en bronze, connus sous le nom de coins ou haches, remontant à l'époque gauloise. Ces instruments dont j'ai déjà signalé l'existence dans plusieurs communes, ne sont propres à aucun usage domestique et ne paraissent même pas destinés à servir d'armes offensives. Peut-être n'étaienl-ils que des objets consacrés au culte druidique dont les dogmes ont été long-temps encore en vigueur, après l'occupation romaine.

 

Faits historiques.

 

— Le châtelain de Gavray, dans les premières années du XIIIeme siècle, tenait du roi le fief de Belval qui, alors, devait au roi le service d'un chevalier ; le fief de Begnéville en était un démembrement: Castellanus de Gaure tenet inde de dono domini régis feodum de B élevai quod excidit domino régi quod débet servicium unius militis. Cujus feodi tnembrum est Renervilla quod dominus rex tenet adhuc in manu sua. Philippe-Auguste permit, en 1218, à son châtelain de Gavray, Hugues de Botegniaco, de donner en dot à sa fille la terre de Belle val

 

Henri V, roi d'Angleterre, donna, en 1418, à Guillaume d'Anqueteville, écuyer, la terre appelée 5 et, valant 100 livres de revenu, laquelle avait appartenu à son frère, Fouques

D’Anqueteville,

 

Le fief de Belval, d'après d'anciens titres de la baronnie de Bricquebec, était sous la mouvance de cette baronnie. Les vassaux de ce fief devaient accompagner le seigneur de Bricquebec à la chasse, quand il lui plaisait de les convoquer. C'était aussi aux juges de la baronnie qu'ils demandaient justice et soumettaient leurs procès. Ils étaient tenus encore â faire guet et garde nuict et jour au château de Bricquebec, en temps de paix, comme en temps de guerre. Tout seigneur, possédant un fief noble qui relevait de cette baronnie; devait, deux ou trois fois l'an, se présenter devant le sire de Bricquebec. Tels étaient les devoirs que, dans un temps, le seigneur du fief de Belval et ses hommes étaient obligés de remplir.

 

Le fief de Belval appartenait, dans le cours du XIVeme siècle, à Guillaume des Moutiers. C'est ce que nous apprend le registre des fiefs de Télection de Coutances, dressé en 1327. On y lit, en effet:

 

 "Guillaume des Moutiers, escuye , tient du roy nostre sire le fleu de haubert de Belleval avec les appartenances dudict fieu et en rent ledit seigneur trois aydes qui se montent a 40 sols chacun an et en rent 10 s. ala Saint-Michel et 10 s. a la my caresme qui vont par la main dudit escuyer a Jehan de la Halle sergeant du roy et 20 s. tournois qui vont au chastel de Gavray par la main dudit escuyer et par la main du sergeant du lieu pour lesquels deniers tous les hommes de Belleval sont quittes en toutes les foires et marchies et doit ledit fieu de Belleval une ayde qui est appelé layde Bertran de 4 livres laquelle ayde est payée par la main dudit ecuyer dudit fié o les appartenances qui appartiennent a Jehan de la Halle sergeant du lieu et est en hommage du roy nostre sire et vaut bien ledit fié 160 livres bon an mal an"

 

On trouve que dans le XVIIeme siècle le fief noble de Belval appartenait à François de Cussy, écuyer, seigneur du lieu, et que le moulin canal qui en dépendait valait 100 livres.

 

Jean-Louis de Carbonnel, baron de Marcey, chevalier de Saint- Louis, était seigneur de Belval à l'époque de 1789.

 

Il existait à Belval un fief noble, nommé Vesly qui est indiqué sur la carte de Cassini. Une branche de l'ancienne famille des Michel qu'on troijve citée dès le XIVeme siècle, a possédé ce fief dont le domaine vient d'être vendu à M. Léon Bucaille, par M" Maria Gigault de Bellefont, religieuse carmélite, petite-Bile et héritière de M. Marc-Antoine-Marie-Michel de Vesly.

 

Thomas Michel, sieur de la Michellière à Savigny, devint homme alarmes des ordonnances du roy. Il fut fait prisonnier en combattant pour Charles V. Il épousa Jetfenne Le Cordier fille du seigneur de Roncey, et mourut en 1380.

 

Jean Michel, leur fils, combattit à Âzincourt, et y avait trois chevaux. Il épousa Perette Morice, et décéda en 1429.

 

Roger Michel, son frère, fut lieutenant d'une compagnie. Il épousa W. de Fortescu. II. fut la souche de la branche des Hicbei de Valognes, qui s'est éteinte en M. Michel d'Hacouville ; celle branche portait de sable à une croix potencée d'argent, escartellée de deux coquilles et de deux croissons d'argent.

 

Pierre Michel, sieur de la Michellière et fils de Jean, épousa Avice de Vilaines : il mourut en 1434 avec son beau-père, le sire de Vilaines, en défendant le Mont-Saint-Michel contre les Anglais.

 

Guillaume Michel, fils de Pierre, et sieur de Vesly, mourut en 1502, et fut inhumé dans l'église de Savigny. C'est sans doute sa pierre lumulaire qu'on remarque dans la nef; elle n'offre aujourd'hui aucunes traces d'inscription. — .11 avait épousé Alliette Adam.

 

Leur fils, Pierre Michel, sieur de Vesly, et de la Michellière, eut pour première femme Marie de la Marre, qui mourut en 1506, et pour seconde femme Gillelle de Meurdrac, fille de Jehan Meurdrac, seigneur de Contrières. Il eut de son premier mariage quatre fils et six filles, et du second une fille qui se maria à Nicolas Carhenel, sieur de la Gouric de Saint-Lo.

 

L'aîné des fils, Guillaume Michel, sieur de Bellouze, fut lieutenant-général au bailliage de Saint-Sauveur-Lendelin. Il mourut en 1544. Il avait épousé Marguerite Hervieu de Senoville.

 

Le second des fils, Pierre Michel, épousa noble demoiselle Gillette Quétil, et décéda en 1549.

 

Le troisième fut Jean. Il devint docteur en théologie, chanoine de Coutances, et curé de Munevillele-Bingard. Il fonda trois bourses au collège d'harcourt, à Paris : l'aîné de la famille en avait la nomination. Il donna une croûte de quatre vergées à la ville de Coutances, et aida à faire rebâtir le collège. Il fonda aussi des obits dans l’église cathédrale, ainsi que dans les églises de Saint-Nicolas et de Saint-Pierre. II était prébendier de Besneville. Il mourut dans la cathédrale, siégeant dans sa stalle, et fut inhumé dans le chœur.

 

Le quatrième fut Martin Michel, sieur du Port et de la Donsière. Il épousa Jacqueline Le Forestier, et décéda en 1560. Il avait été lieutenant-général au bailliage de Saint-Sauveur-Lendelin ; il fut la souche des Michel, aujourd'hui Michel de Vieilles qui habitent le département de l'Eure.

 

On trouve que les services des trois frères Guillaume, Pierre et Martin Michel sont justifiés par des quittances de ban et arrière-ban, délivrées en 1542.

 

Pierre Michel et Gillette Quétil eurent deux fils, Jean Michel qui devkit grand prieur des Chartreux, à Paris, et -Guy Michel qui épousa Hilaire Davy.

 

Jacques Michel, leur fils, écuyer, sieur de Vesly, se maria à Cécile de la Mare, et il eût deux enfants.

 

La fille, Marie Michel, épousa, en 1639. Julien de Grimuuvilie, chevalier, seigneur et patron d'Hyenville, baron de la Lande-d'Airou et autres lieux.

 

Le fils, Pierre Michel, sieur de Saint-Michel, épousa Anne Le Picard.

 

Jean-Jacques Michel , leur fils, sieur de Chanvallon se maria à Anne Morel, et leur petit-fils, Louis Michel, sieur de Vesly, épousa noble demoiselle Charlotte Mauviel.

 

Louis Michel eut cinq enfants : Jean-Louis Michel, sieur de Chanvallon, capitaine au bataillon de la milice de Caen;

 

Jacques-Henri Michel, prêtre;

 

Etienne-Louis-Léonor Michel de Vesly, capitaine dans le régiment de Royal-Marine; Jeanne-Charlolte-Françoise Michel , mariée à Pierre Le Maître, lieutenant-général d'élection à Coutances;

 

Et Hervé Michel, sieur de Chambert, avocat au parlement de Normandie, qui devint membre du Conseil supérieur établi à Bayeux, en 1771, lors de la suppression du parlement de Rouen. Il épousa Françoise-Monique-Aimée Le Conte.

 

Marc-Antoiue-Marie Michel de Vesly, un de leurs enfants, devint officier daus le régiment de Bourbon-Dragons. Cet homme de bien est mort très-âgé, en 1849, chevalier de Saint-Louis et maire de Belval. 11 avait épousé Marie-Anne-Joseph-Mélanie de Bordes de Folligny.

 

Edma-Amélie Michel de Vesly, leur fille unique, épousa ÀDtoine-Alexandre-Bernardin Gigault. comte de Bellefont.

 

Les armes de la famille Michel de Vesly sont d'azur à la croix d'or cantonnée de quatre coquilles de même.

 

De la branche des Michel de Vesly sont sorties les souches des Michel de Cambernon, des Michel d'Annoville, et des Michel de l'Epinay.