SAINT-VIGOR-DES-MONTS
  CC 47.11 SAINT-LÔ AGGLO
   
  HISTOIRE
         
 

Église Saint-Vigor de Saint-Vigor-des-Monts XfigpowerTravail personnel

 
     
 

Historique du canton de Tessy-sur-Vire

André Hardel, Saint-Lô, 1968  

 

Louis Beuve nous parle de Saint-Vigor-des-Monts, en ces termes :

 

Saint-Vigor, ses hêtres en croupe

Cavaliers enivrés d'azur

Dont le panacbe se découpe

Dans le Ciel pur... !

 

C'est qu'en effet de la Chapelle-sur-Vire, où ce poète bas-normand situe Saint-Vigor, vous apercevrez sur les monts les hêtres de Saint-Vigor, bien connus dans la région tessyaise ; c'est le point culminant d'où l'on embrasse vers Nord tout " notre " canton, Saint-Vigor-des-Monts avait en 1818 : 960 habitants ; en 1832 : 1013 (alors que la commune de Sainte-Marie-des-Monts venait d'y être rattachée) ; en 1874 : 960 ; en 1887 : 895 ; vers 1940 : 637 et en 1952, 590 seulement. La superficie est de 1.574 hectares, comprenant évidemment les bruyères parfaitement nommées.

 

Masserville comptait à Sainte-Marie-des-Monts, en 1732, 30 feux et Dumoulin, en 1765, 28 seulement ; en 1829, au moment de son rattachement à Saint-Vigor, la population devait être de 50 à 60 habitants.

 

L'église de Saint-Vigor, frappée par la foudre, mais sans dommage, en 1847, contient une statue de la Vierge, provenant de celle de Sainte-Marie-des-Monts ; elle était à la présentation alternative de l'abbaye de Belle Etoile et du seigneur du lieu.

 

D'après une géographie de 1780 et aussi après visite des lieux, il est possible de préciser que le territoire de la commune de Sainte-Marie-des-Monts était près de la grande route nationale, dite autrefois, de Bretagne et a gauche de celle actuelle vers Villedieu. Sur les lieux où se trouvait l'église maintenant disparue entièrement, vous remarquerez en bordure d'un petit chemin à quelques trois cents mètres de la grande route, une Croix placée dans l'angle d'un herbage qui était autrefois le cimetière ; cette Croix, proprement dite, a été refaite et quelques marches de granit permettent d'y approcher facilement ; les deux marches supérieures sont, en fait, des pierres tombales qui ont des inscriptions, mais une seule est lisible et porte ceci : " Cy gist le corps de discrest personne Maistre Charlles Bonnet, prestre et curé de ce lieu, dequel décéda le neufième de septembre mil sept cent un. Priés Dieu pour son ame " ; derrière cette Croix, une pierre rectangulaire de granit posée sur socle, porte l'inscription suivante " cette église ruinée a disparu fureur des hérét. (hérétiques) fut rebâtie en l'an 1613, par Louis de Gouvetz. Priez pour lui ". Cette Croix est ornementée de deux bénitiers de granit, malheureusement endommagés ; le tout est entouré de jeunes palmes. À gauche de l'ensemble, quelques petites marches permettaient peut-être d'accéder à une maison toute proche qui était le presbytère vraisemblablement ; à quelques deux cents mètres de là, au milieu d'un herbage vous voyez un if superbe comme il en existe encore de nos jours dans les cimetières entourant les églises. En allant vers ce Calvaire, vous remarquez, çà et là, de belles pierres, vestiges des maisons disparues depuis longtemps ; Sainte-Marie-des-Monts devait mourir, Sainte-Marie-des-Monts n'est plus !

 

Guillaume Burel, évêque d'Avranches de 1182 à 1194, est né dans cette commune de Saint-Vigor-des-Monts, et précise-t-on dans le village de : " la Burelière ". Nous ne savons rien sur cet évêque et certains auteurs contestent même son existence.

 

Il existait plusieurs familles nobles, dont l'une d'elles les : " Les Namptier de la Rogerie " avait pour armoiries " d'or fretté de 6 pièces d'azur ".

 

En 1060, il existait un Richard de Saint-Vigor et un Dragon de Saint-Vigor ; ce dernier, en 1066, accompagna le Duc Guillaume à la conquête de l'Angleterre ; cette famille, d'ailleurs, continua à posséder la seigneurie jusqu'au début du XV& siècle ; ensuite, vous trouvez Pierre de Navarre, puis en 1417, Charles de Rohan, seigneur de Guéméné qui tenait ce bien de sa mère, Jeanne de Navarre.

L'historique des familles des : " d'Amphernet, de Vassy et de Billeheust d'Argenton " fusionne plus ou moins, en ces deux communes de Saint-Vigor et de Sainte-Marie. A la fin du XVIe siècle, Jacques d'Amphernet (ou d'Anfernet) est seigneur de Saint-Vigor et, au milieu du XVIIe siècle, Jacques de Vassy, marié à Louise de Montgommery, lui a succédé. Vers 1695, terres et seigneuries étaient possédées par René de Billeheust d'Argenton colonel de dragons. L'héritage revint à l'une de ses descendantes Eléonore qui, vers 1778, les apporta en dot à jean Hervé de la Mariouze ; par héritages, ces biens revinrent dans la famille de Billeheust. De son côté, en 1332, Roger de Meules était le seigneur de Sainte-Marie-des-Monts ; une autre famille, les : " de Gouvetz, sieurs de la Recouvière " succéda aux précédents et en 1661, cette seigneurie passa dans la famille des " de Vassy " qui ne la garda pas longtemps, puisque quatorze années plus tard, elle était aux mains de Claude Coquille, Conseiller du Roy, seigneur d'Estaing d'Argenton, dont la famille est citée plus haut. Pour être plus précis encore, un auteur cite que du mariage de Michel de Brécey avec Marie Houel, dame de Mont Ramey ou Mont Ramé est issue une fille qui épousa Julien d'Amphernet, baron du Mont Chauvet et aussi seigneur de Saint-Vigor-des-Monts ; il fut un des 100 gentilhommes de la maison des rois Henri II, François II et Charles IX. Ce même auteur cite encore, que du mariage de Louis de Vassy avec Françoise d'Amphernet sont issus trois enfants dont un seul Jacques a survécu ; il était seigneur de la forêt du Gast, de SaintVigor-des-Monts et autres lieux et, de plus, capitaine de cent hommes d'armes.

 

L'église de Sainte-Marie-des-Monts fut détruite en 1600 par les Huguenots et les ruines, matériaux, emplacement d'église et cuisinière ? vendus en 1831, pour le prix de 160 francs ; les tombeaux des anciens seigneurs de l'endroit, ainsi que les statues furent transférés dans l'église de Saint-Vigor. Celle-ci date du XIVe siècle, sauf la nef reconstruite en 1760.

 

Deux chapelles agrémentaient Saint-Vigor ; celle construite sur le fief d'Espaignes ou d'Epagnes était dédiée à saint Samson que l'on venait invoquer pour la guérison de la folie (précise l'abbé Bernard) ; le curé ou chapelain était obligé de venir au moins trois fois l'an et y possédait neuf acres de terre produit de 40 sous tournois dont le fief appartenait au seigneur Guillaume de Broc. L'autre chapelle, dédiée à saint Mathutin, s'élevait, d'après une carte ancienne, près du village de " Drôme " ; cette dernière chapelle fut abattue vers 1924-1925 et la fenêtre du maitre-autel de l'église de Saint-Vigor en provient ; les pierres ont été dispersées de part et d'autre, dans des étables et des cours de fermes...

 

Deux fiefs nobles existaient en Saint-Vigor : Espaignes et le Callipel. Un manoir seigneurial dit : " le logis de Saint-Vigor " fut construit en 1707, près de l'église et se trouve aux mains de Madame Mauger.

 

Vous trouviez, comme curés, à Saint-Vigor-des-Monts, en 1635, Robert Deslandes ; en 1721, Thomas et julien Beslon, chapelains des Mathurins ; le 29 mai 1707, François de Billeheust est nommé curé, puis, en 1759, un abbé Roubaud, auteur de : " la Gazette de l'Agriculture, du Commerce et des Finances " est à Saint-Vigor, en résidence assignée, mais nulle part on ne précise pourquoi. À Sainte-Marie, vous aviez, comme curés, en 1616, Julien Belin ; en 1669, Guillaume Savary ; en 1706, Jacques de Billeheust et le dernier connu est Gilles Robert en 1789,

 

Le maire, au moment de la Révolution de 89, semblait être, à Sainte-Marie-des-Monts, le baron Larsonneur de Gouvets.

 

Autrefois, on disait, " les Glorieux de Saint-Vigor ", pour une raison ignorée, mais en comprenant le sens bas-normand, cela veut dire, gens assez fiers, heureux de vivre et de bonne humeur.

 

Ce qui est certain, par contre, c'est que les habitants de Saint-Vigor-desMonts, lorsque " je " les ai connus, voilà 45 ans... avaient indiscutablement un accent très net, de terroir même, provenant on ne sait d'où et eux-mêmes devaient l'ignorer ; leurs ancêtres étaient-ils des étrangers ayant échoué en ces lieux, ainsi qu'à Landelles, commune limitrophe. Ils disaient " binjour " pour bonjour, " Lindelles " pour Landelles et le reste à l'avenant ; tout cela s'atténue au point d'avoir pratiquement disparu et pourtant " je " me souviens de ce fameux accent des " anciens " du pays, les Lalesnei, Desrues, Hus, Manvieu et autres Ladroue, qui, certains d'entr'eux, habitaient des coins perdus, en hiver, et même en été et aux chemins impraticables de : " la Guérinière ", la " Bouillère ", la Villière " et autres bien nommés, je veux dire: " la Russie ".

 

Précisons encore que le 31 juillet 1899, le moulin de Drôme, appartenant à Monsieur Murie, de Tessy, tenu en location par Monsieur Regnouf, a été incendié par deux enfants de 5 et 7 ans.