LE-MESNIL-RAOULT
  CC 47.08 SAINT-LÔ AGGLO
   
  HISTOIRE
         
   
     
 

Le 1er janvier 2016, Le Mesnil-Raoult fusionne avec Condé-sur-Vire, sous le régime juridique des communes nouvelles instauré par la loi no 2010-1563 du 16 décembre 2010 relative à la réforme des collectivités territoriales, pour former la commune nouvelle de Condé-sur-Vire.

 

Historique du canton de Tessy-sur-Vire

André Hardel, Saint-Lô, 1968  

 

Cette commune doit probablement son nom à ses premiers seigneurs ; Mesnil veut dire maison ou demeure de Raoult ; notons, toutefois, que dans les temps anciens, on orthographait : Raul, Raoul ou Rault. On prononce toujours " Rô ". D'une étendue territoriale de 399 hectares, sa population avait en 1818 465 habitants ; en 1832 : 393 ; en 1874 : 388 ; en 1887 : 368 ; vers 1940 255 et d'après le dernier recensement (de 1952) 258. La seigneurie de l'endroit était, suivant des avis partagés, à " la Prunerie " ou au " Manoir " ; en ce dernier endroit habite actuellement la famille Miette de Laubrie ou Lauberve ; il est à flanc de coteau, dominant la rive gauche de la Vire. Cette seigneurie aurait été possédée en 1204, ainsi que des contrats en feraient foi par Godefroy du Mesnil Raoult (ou Rault), puis par Carbonnel qui était alors le patron de l'église. Vers la fin du XVIe siècle, vous trouvez alors la famille Miette de Laubrie, originaire de la Chapelle-enjuger ; il faut assez facilement conclure qu'il s'agit bien du " Manoir ". Aux Archives départementales, vous trouvez qu'un Pierre Miette de Laubrie avait été annobli, en 1470 ; qu'il eut un fils Gilles Ier, sieur de Coudeville ; que ce dernier eut 3 enfants, Guillaume paraissant décédé sans postérité Mathurin qui eut un fils Jehan, sieur de Grouchy, puis Gilles II qui épousa Philippine Pigache ; de ce mariage est issu un fils Gilles III, sieur de Lauberie qui épousa Guillemette de Pierrepont ; de ce mariage sont issus Jacques et jean et là s'arrêtent les renseignements un sieur de Laubrie domicilié à La Chapelle-en-juger obtint une lettre de changement de nom en novembre 1603, maintenue le 13 mars 1614 et " informé " le 13 janvier suivant. D'un autre côté, en 1778, René du Frestel, seigneur de St-Clair est qualifié de seigneur du Mesnil-Raoult ; serait-ce alors le seigneur de " la Prunerie "c'est fort possible.

 

En 1600, vous trouvez un Hervieu de Carbonnel de Canisy comme seigneur de Trégoz (Troisgots) qui vend son fief de Trégoz à Miette de Laubrie, seigneur de Grouchy, de La Chapelle-en-juger, puis nous savons que par un aveu de 1625 jean de Lauberie tenait la seigneurie de Trégoz par un fief de

haubert, le tout relevant du Roy, à cause de la châtellerie de Gavray. En 1790, un de Laubrie est Conseiller au Parlement de Normandie -, il reçut de Jacques Engerran (le vrai nom serait Enguerrand) Membre de la Convention, une protestation contre les attentats du despotisme... à la suite de la Révolution de 1789.

 

Une autre famille se trouvait aussi au Mesnil-Raoult: ; il s'agit des Regnault du Hommet, dont l'un d'eux est Chevalier, sieur de la Varengère, du Mesnil Raoul (sans t) et de Soligny, de 1403 à 1456 ; il était le fils aîné de Jean II du Hommet, sire de la Varengère et du Mesnil-Raoult ; il appartenait à la branche cadette encore existante voilà 50 ans de la maison du Hommet, seigneur de Gourfaleur, la Vendelée et autres lieux, cinquième fils du connétable Guillaume Il du Hommet et le Luze de Brix.

 

Le 9 juillet 1404, le roi Charles VI lui accorda un délai pour le dénombrement et l'aveu des fiefs de la Varengère et du Mesnil-Raoul, nouvellement " eschus et subcédés par le trépas de feu Jehan du Hommet passa les aveux des son père ". Le 28 novembre suivant, Regnault du Hommet passa les aveux des fiefs de la Varengère et du Mesnil-Raoult relevant directement du Roi. Il tenait, en outre, de l'abbé du Mont St-Michel, le fief et la vavassorerie de Soligny à Curev à charge de prendre part à la défense du Mont, en temps de guerre ; il figure sur la liste des défenseurs du Mont - né vers 1380, il avait épousé Françoise Louvel ; eut un fils Guillaume ; en secondes noces, il épousa Marguerite d'Argouges et mourut en 1456.

 

Un autre seigneur " bien pâle " semble-t-il, a existé aussi au Mesnil-Raoult, puisque dans le " journal de la Manche " du 23 novembre 1808, vous trouvez la vente par expropriation forcée en l'audience des criées du Tribunal civil de Saint-Lô, de la propriété de : " la Corbinière ", de sept hectares dépendant de la succession de Jacques Guillaume de la Gonnivière, succession alors appréhendée par Mme Jeanne Adam, épouse de Maître Culleron, avocat à Torigni.

 
         
 

Notice rédigée en 1913

Par Madame l'Institutrice

du Mesnil-Raoult

 

! Au milieu du bourg, la mare dite du " Presbytère " appartient à un particulier (non cité) et sert de lavoir public. Le Mesnil-Raoult renferme peu de vestiges du passé ; la grange des dîmes, sise près du presbytère a été transformée en pressoir ; sa grande porte d'entrée, bouchée en maçonnerie, se dessine encore dans le mur. Les seigneurs et patrons du Mesnil-Raoult habitaient le manoir de : " la Prunerie " ; on ne trouve rien dans cette ferme qui rappelle le passé. A la ferme du Manoir, appartenant en 1793 à une noble dame " la dame de Bricqueville " du Nlesnil-Opac, on remarque une cheminée vaste et ancienne et d'un genre indiscutablement féodal. Dans l'église, vous remarquez deux stalles qui datent de l'époque ou l'on payait la dîme et un fermier nommé Chamberland fut poursuivi pour cette question de dîme sur laquelle se greffait une affaire de stalles... ! Au Mesnil-Raoult, on parlait autrefois des " juifs du Mesnil-Raoult " et des " belettes du Mesnil-Raoult " - quelle explication pensez-vous donner ? Enfin une légende ancienne veut que chaque nuit, sur la route de Troisgots, une brebis noire se manifeste en parlant et " barrant " la route aux voyageurs ; un beau jour, l'instituteur de Troisgots afirma l'avoir vue, se dirigeant vers Le Mesnil-Raoult, mais " venant du bois de Moyon " ... ! Ainsi s'exprimait, Madame l'Institutrice du Mesnil-Raoult, en 1913.

 

Nous pensons que Madame l'Institutrice fait erreur en indiquant que le Manoir appartint, en 1793, à Madame de Bricqueville, alors qu'il était depuis longtemps et sans interruption, semble-t-il, dans la famille Miette de Laubrie.