BEUVRIGNY
  CC 47.02 CA SAINT-LÔ AGGLO
   
  HISTOIRE
         
   
         
 

Historique du canton de Tessy-sur-Vire

ANDRÉ HARDEL

 

Cette commune de Beuvrigny se confond avec celle de la Chapelle-Heuze-brocq qui lui fut rattachée le 29 avril 1829, en vertu d'une ordonnance royale et, par le fait accompli, le 25 octobre suivant ; Monsieur le Préfet de la Manche ayant par arrêté du 17 septembre même année, nommé maire de Beuvrigny Monsieur Jacques Delaville, précédemment maire de la Chapelle-Heuzebrocq ; Monsieur Briquet, alors maire de Beuvrigny, rentrait dans le rang et peu après, le 11 novembre 1829, Monsieur Guillaume Godard devenait adjoint. Le Conseil municipal était complété par la nomination de dix membres dont six de Beuvrigny qui étaient : Pierre Hue, Jean-Baptiste Leménorel, Pierre Le Fèvre, Pierre Du Val, Jacques Laforge et Jean Lefrançois et quatre de la commune de la Chapelle qui étaient : Jean Duval, François Michel, Pierre Aumont et Jacques Louis.

 

Ils prêtaient alors serment dans les termes suivants :

 

" je jure fidélité au Roy, obéissance à la Charte Constitutionnelle et aux lois du royaume " . A la suite de la fusion de ces deux communes, la population était de 110 personnes du sexe masculin et 184 du sexe féminin ; cette nou-velle commune se divisait en trois sections électorales ; la première section dite de l'Église fournissait 19 électeurs élisant 4 conseillers municipaux ; la 2e section dite de la côte, 8 électeurs nommant 2 conseillers et la 3e section, comprenant la totalité de l'ancienne commune de la Chapelle, 15 électeurs nommant 4 conseillers ; ce faisant, la paix semblait régner en cette commune de Beuvrigny agrandie ; une longue séance de ces deux conseils municipaux avait, le 2 juillet 1828, exposé tous les arguments en faveur de ce rattache-ment et précisé aussi que... l'instituteur serait également " custos " .

 

Cette nouvelle commune avait, de ce fait, une superficie de 669 hectares, 354 habitants en 1831 ; 347 en 1863 ; 244 en 1899 ; 264 en 1910 ; 251 en 1919. En l'an VIII la seule commune de Beuvrigny avait 39 hommes 48 femmes, 55 garçons et 69 filles, soit en tout 211 habitants ; 267 en 1940 et 196 seulement d'après le plus récent recensement. De 1801 à 1950, il y eut en cette commune et celle de la Chapelle Heuzebrocq : 1250 naissances, 426 mariages et 847 décès.

 

Origines

 

Ses origines sont fort anciennes ; les uns prétendent que sa désinence " igny " peut en faire le pays de certain " Beuvry " , d'autres que Beuvrigny signifie pays des castors, puisque l'on disait autrefois : les castors de Beuvrigny.

 

Accrochée aux derniers contre-forts des escarpements qui enserrent la Vire, Beuvrigny est l'une des plus petites communes de la Manche ; encore faudrait-il citer : La Luzerne 61 habitants, Eculeville 51 seulement et bien d'autres. Ses sites sont enchanteurs et peu connus des promeneurs qui vont souvent bien loin pour n'en pas trouver de plus beaux. Des hauteurs du Parc et de la Hervière, des Bruyères ou des Hogues, l'oeil plonge sur un horizon barré par le mont Robin en Mont Abot (sur lequel se trouve un très haut calvaire érigé et inauguré par Monseigneur Louvard, le 20 septembre 1925 à276 mètres d'altitude) où la ligne plus sombre de la forêt de Saint-Sever.

 

Délibérations du Conseil Municipal de 1790

 

Pour rester en cette commune de Beuvrigny, non alors agrandie, voici la relation de quelques délibérations du Conseil Municipal tant soit peu curieuses :

 

En 1790, le Maire note la réception de lettres-patentes du Roy sur le décret de l'Assemblée Nationale des 3, 8 et 9 novembre 1790 concernant les impositions ordonnées en remplacement de la gabelle, dé l'abonnement des droits de la marque des fers et des cuirs et sur ceux de la fabrication de l'amidon, des huiles et des savons

 

Le 1er juillet 1792, le Conseil général assemblé (il n'est plus question de municipal) avant remarqué la non exécution, de la part de Georges de Saint-Questin, des ordres donnés, en ce qui le concerne, dans l'église de " notre " commune a arresté, d'après l'avis reçu de Monsieur le Procureur du Roy, que Jean Duval procureur de la commune sera tenu de faire effacer les armoiries et autres marques cy-devant seigneuriales qui peuvent se trouver dans la dite église de Beuvrigny

 

Le 12 juillet même année, la Patrie est déclarée en danger et les habitants font recenser leurs fusils, couteaux de chasse, bayonnettes et piques ; trois mois après (le 7 octobre) en l'église paroissiale de Beuvrigny s'est présenté en chaire, le sieur Jean-Baptiste Le Renard curé du dit lieu, lequel conformément à la loi du 15 août dernier au sujet du serment des fonctionnaires publics a dit, après avoir affiché son intention 24 heures auparavant : " je jure d'être fidèle à la Nation et de maintenir de tout mon pouvoir la liberté et l'égalité ou de mourir à mon poste "

 

Le 17 décembre suivant, l'abbé Duval remet au maire tous les registres de baptemes, mariages et sépultures et celui des délibérations de la Confrèrie du Rosaire qui étaient entre ses mains

 

Le 17 mars 1793, la commune qui doit fournir deux hommes pour les armées de la République propose " en échange " cinq cents livres, puis un volontaire se présente : Léonord Mazure, 21 ans, taille cinq pieds 2 pouces, le nez bien fait, la bouche moyenne et 3 lentilles sur le côté gauche du visage... !

 

En 1825, François Pierre habitant à Beuvrigny est remmplacé au 45e Régiment d'Infanterie en garnison à Saint-Brieuc par François Tardivel, ainsi que le permet l'instruction militaire du 3 décembre 1818

 

Le 27 septembre 1818, le maire consigne sur son registre que " la nommée Anne L. lui a déclaré être enceinte d'environ cinq mois des " oeuvres " de Pierre L. du Chefresne, la dite déclaration faite de bonne foi et sans déguisement... " il n'y a pas d'autres précisions... !

 

En 1819, longue discussion sur le rattachement de la commune de Fourneaux à celle de Beuvrigny - le maire réfute les arguments de son collègue de Fourneaux (sans les préciser) et ajoute notamment que l'église de Beuvrigny est solidement bâtie, dans une très belle " position " , saine et richement décorée, alors que celle de Fourneaux, qui peut à peine contenir ses habitants est presque en ruines et ne tient debout qu'au moyen de crochets de fer, dénuée d'ornements, qu'elle a des chandeliers de bois et n'a pas même une cloche capable d'appeler les fidèles à l'office... ! il est même proposé qu'un ingénieur-géomètre fasse un plan de trois communes pour prouver que Beuvrigny est bien au centre...

 

En 1818, il est encore question du rattachement de Fourneaux à Beuvrigny (à la suite d'une lettre du Préfet) car aucune commune ne lui convient mieux que Beuvrigny ;

 

le 25 juillet 1830, le Conseil municipal et " les hauts cotisés " décident la construction d'une école pour les enfants du sexe masculin, arrêtent le devis à 1.800 francs et fixent le traitement de l'instituteur, qui sera aussi custos, à 200 francs annuellement

 

En 1855, le sieur François Duval demande de pouvoir débiter du cidre, le 22 juillet, jour de la fête patronale, et à continuer jusqu'au premier octobre, pour achever le tonneau qu'il entamera le premier jour (qu'est-il advenu ?)

 

En 1860, les bancs et chaises de l'église sont loués annuellement deux centimes et le maire demande au Directeur de la Monnaie cinquante francs de pièces de un centime pour... rendre la monnaie sur cinq centimes, mais on lui a répondu que les pièces de un centime ne se fabriquaient plus... 1

 

En 1836 (revenons un peu en arrière) le Conseil refuse de s'occuper de la construction de l'école qui, d'après la dernière conclusion de Monsieur le Chartier de Banville, aura sa façade au soleil de onze heures, 24 pieds de long et 20 de large ;

 

Le 2 mai 1868, le maire demande une subvention pour l'entretien de l'église et du cimetière de la Chapelle Heuzebrocq ; dans ce cimetière où l'on n'enterre plus depuis 1838 reposent notamment les familles de Bois-Yvon, de Borel et de Moges qui, les unes après les autres, ont possédé le domaine de cette ancienne commune, la famille de Moges habitant alors à Saint-Georges d'Aunay (Calvados)

Le 28 février 1869, à la suite du décès arrivé ce jour, de M. le Général Le Chartier de la Varignière, Commandeur de l'Ordre Impérial de la Légion d'Honneur, le maire s'informe si, sur l'acte de décès, il peut faire précéder le nom du père du général du mot " Messire " et celui de sa mère, du mot " Noble Dame "

 

Le 6 février 1882, le Conseil municipal demande que la gare qui doit être établie entre Torigni et le Bény-Bocage et le point d'embranchement de la ligne de Caen, soit placée au lieu dit : " la Croix étêtée " territoire de Guilberville

 

A la date du 11 novembre 1888, il est consigné ceci : " Inscription de l'ancienne cloche, l'An 1736, j'ai été nommée Madelaine ; par Messire Augustin de Couvert, seigneur de Coulons, seigneur et patron de Beuvrigny, Mithois gouverneur de Bayeux, escuyer de la Reine et par noble dame Madelaine George son épouze " ; poids des nouvelles cloches : 501 kgrs ; 347 kgrs et 252 kgrs

Enfin, le 21 novembre 1906, le règlement sanitaire imposé, à la commune de Beuvrigny... par le Conseil départemental d'hygiène, est transcrit sur le registre des délibérations municipales, mais rien n'indique que ces Messieurs du Conseil en aient délibéré sur son application, ni mis les habitants au courant... de la question ; on y parle pourtant de fosses à purin, de cuvages, de routoirs, vidanges et gadoues... !

 

À la même époque, des incidents sérieux se produisirent au sujet de l'inventaire des biens mobiliers se trouvant dans l'église ; il y eut des rassemblements, la gendarmerie, puis l'armée intervinrent, des condamnations furent prononcées et le calme revint. Ces événements qui contrariaient bien des " gens " étaient estompés par la visite très heureuse de Monseigneur de Bonfils évêque du Mans venu suppléer dans les cérémonies du baptême de sa nièce, née le 27 juillet 1907 ; (par déférence, nous n'en dirons pas plus !).