SAINT-LÔ
  CC 44.10 SAINT-LÔ AGGLO
   
  MAISON DU TEMPLE
         
 

Maison du Temple de Saint-Lô

Archives départementales de la Manches

 

On conserve, aux Archives nationales de Paris, une charte non datée de Richard de Bohon, évêque de Coutances (1151-1179), dont il existe une traduction française dans le même dépôt et une transcription aux Archives du département de la Manche, elle concerne une donation aux Templiers de Saint-Lô.

 
 
       
 

Une donation de Richard de Bohon, évêque de Coutances (1151-1179) aux Templiers à Saint-Lô. (50)

 

On conserve, aux Archives nationales de Paris, une charte non datée de Richard de Bohon, évêque de Coutances (1151-1179), dont il existe une traduction française dans le même dépôt et une transcription aux Archives du département de la Manche. Cette charte est scellée du sceau épiscopal qui représente Richard de Bohon de face, en chasuble, assis sur son trône épiscopal, bénissant de la main droite et tenant sa crosse de la gauche avec une manipule au bras; une inscription circulaire se développe autour de ce sceau rond: « + Sigillum: Richardi: Dei gra: Constantiensis: Epi (Sigillum Richardi, Dei gratia Constantiensis episcopi) », c'est-à-dire: « sceau de Richard, évêque de Coutances par la grâce de Dieu. »

 

La qualité du style de cette charte s'explique facilement car Richard de Bohon, avant de devenir évêque de Coutances, avait été chancelier de Geoffroy Plantagenêt, duc de Normandie (1144-1151), et conserva cette fonction au début du rêgne d'Henri II.

 

Cette charte se lit ainsi: Qu'il soit connu, tant aux présents qu'aux futurs, que moi, Richard, par la grâce de Dieu, évêque de Coutances, j'ai donné à nos chers frêres templiers la tenure de Richard de Milly (un Jean de Milly sera trésorier de l'Ordre du Temple) libre et quitte, à savoir le fief de Guillaume Niobé à Rampan, le portique attenant au mur (à la ruine ?) de l'église de Sainte-Marie (c'était un appentis à usage de boutique construit contre le mur de l'église), un étal couvert au marché, les maisons qu'il a construites de son bien devant la porte de l'évêché; hors du château, une masure qui appartient à Robert prêtre et une maison avec l'alleu de Saint Symphorien qui contenait 5 acres de terres; aux séchoirs, là aussi, un acre et demi de terre; entre l'église de Saint-Lô et la léproserie XII acres de terre et de l'autre côté de la route XII autres acres de terre à l'Argilliêre (Peut-être ne carriêre d'argile); une masure de Robert Bouet à Saint-Louet-sur-Seulle Calvados (14); une masure de Raoul Wace: au XIIe siêcle, les Templiers étaient possesseurs de biens, là où ce trouvait « La Croix Wace ou Wac » et de cette dite-maison. Pour tenir et avoir les susdits librement et tranquillement il donne lui-même (ainsi que ses héritiers) chaque année XX sous de la monnaie courante. En présence de ces témoins Richard, Robert archidiacres, Robert de Saint-Lô, Pierre, chapelain, Robert de Pirou (chevalier du Temple de Saint-Lô, le chevalier Richard de Hastings et Othon de Saint-Omer), Gislebert, fils de Tiercelin, Ranulphe d'Escremeville, Maître Thomas et beaucoup d'autres. Et, en leur présence, nous avons jugé digne de confirmer de notre sceau et du sceau de notre chapitre. Portez-vous bien

 

Les biens, objet de cette donation de Richard de Bohon, se situent à Saint-Lô et aux alentours au milieu d'autres biens des templiers dans la région.

 

En Normandie, les établissements des templiers avaient été favorisés par le roi d'Angleterre et, en effet, à l'ouest de Saint-Lô, dês avant cette donation de Richard de Bohon, Guillaume de Saint-Gilles avait déjà donné aux Templiers, en présence d'Algare, évêque de Coutances (1132-1151), une vergée de terre de Roger Vérel située à Saint-Gilles (Dédit Deo et fratribus Templi unam virgetam terre in elemosynam ad Sanctum Egidium, quam tenet Rogerus Verel et reddit per annum X solidos ant (egavensium) ad nativitatem Domini).

 

A l'est de la ville, la commanderie de Baugy (commune de Planquery, prês de Balleroy, département du Calvados -14) avait reçu de Guillaume de Semilly un fief situé à Semilly (canton de Saint-Lô).

 

Au nord de Saint-Lô, on connaît un lieu dit: « la Templerie » (à Saint-Georges-Montcocq).

 

La charte de Richard de Bohon nous fait connaître la curie du diocêse de Coutances dans la seconde moitié du XIIe siêcle. Outre l'évêque, nous voyons figurer, dans ce document, le chapitre, qui possêde un sceau, signe de sa personnalité morale, les deux archidiacres Richard et Robert, le chapelain Pierre et Thomas, le « magister », sans doute chargé du « studium » épiscopal.

 

Nous découvrons aussi divers aspects de la ville de Saint-Lô au XIIe siêcle: le château (castellum), le portique attenant au mur de l'église de Sainte-Marie (porticum pendentem a maceria ecclesie Sancte Marie), l'église de Saint-Lô (ecclesiam Sancti Laudi), la léproserie (leproseriam) à La Vaucelle, l'étal couvert sur la place du marché (estallam coopertum in foro), les maisons devant la porte de l'évêché (domos... ante portam episcopi), une maison en dehors des remparts (extra castellum mansuram), les séchoirs (in flotis) utiles aux drapiers pour sécher sur des « palis » les étoffes teintes et enfin la carriêre d'argile (in argillario) d'où l'on pouvait tirer le matériau pour les murs en masse ou en torchis. C'est toute la ville de Saint-Lô qui revit sous nos yeux au travers de ces quelques traits précis.

 

Nous savons peu de choses sur les Templiers à Saint-Lô par la suite, en dehors d'une sentence de 1263. Cette sentence, rendue par Mathieu d'Essey et Pierre de Masseville et Jean de Clermont, archidiacre de Bayeux, ordonne à Jean d'Essey, évêque de Coutances (1251-1274) de chasser, avant la Saint Michel, Guillaume de Troarn son neveu, sa femme et toute sa famille du manoir du Temple proche de Saint-Lô (ce doit être ce que l'on appelait « l'Hopital » sous les Hospitaliers).