SAINT-LÔ
  CC 44.10 SAINT-LÔ AGGLO
   
  LE CHATEAU 2/4
         
 

Saint Lô, la Tour de la Poterne Collection CPA LPM 1900

 
     
 

LE DONJON DU CHATEAU

 

D'après Piganiol de la Force et Toustain de Billy, ce furent Robert 1er (1025-1048), ou plutôt Geoffroy-de-Montbray (1049-1094), évêques de Coutances, qui firent construire un nouveau château-fort à Saint-Lô. Cependant la plus grande partie des historiens reporte cet honneur à Henri, l'un des fils de Guillaume le Conquérant. Ceux-ci précisent même la date de 1090 pour cette réédification, qui plus exactement doit être celle de 1096.

 
     
 

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Saint Lô, la Tour de la Poterne 2010

 
     
 

Ces deux sentiments, selon nous, ne doivent susciter aucune divergence.

 

En fait, le prince Henri était devenu le suzerain de la Normandie, par sui-te du traité de cession que lui en avait fait son frère ainé, Robert Courteheuze, en 1096. A ce titre, il était tenu de la défense militaire de la province et nat-rellement il dut faire appel pour cette entre prise à ses vassaux. Or, les évê-

ques de Coutances possédaient en fief propre le territoire de Saint-Lo depuis déjà plusieurs siècles. Ils avaient donc tout intérêt à le voir pourvu des forces nécessaires pour sa défense.

 

D'ailleurs, ils ne pouvaient pas se soustraire aux devoirs féodaux qui leur étaient imposés ils y apportèrent leur entier concours. Seulement ce ne furent évidemment ni Robert ni Geoffroy de Montbray qui purent le faire, puisqu'ils étaient morts, l'un en 1048, l'autre en 1094, et ce fut Raoul, évêque de Coutances, leur successeur, depuis 1094 à 1110, qui put agir utilement à leur place.

 

A cette époque, l'architecture des forteresses normandes ne fut plus celle des enceintes formées de palissades et de défenses de bois. Elle comporta, comme tous les châteaux des XIe et XIIe siècles, un donjon carré ou rectangulaire, entouré d'un cordon de murailles crénelées avec boulevards, reliant entre elles quelques tours et quelques ouvrages d'une certaine importance. Le tout était rendu inaccessible par des fossés profonds, remplis d'eau, et creusés autour de l'escarpement. Enfin, dans ces enceintes étaient ménagées des cours et des bâtiments destinés même aux services intérieurs, avec même des écuries et des salles de provisions

 

Nous connaissons encore divers châteaux de cette époque. Ils nous permettent de dire ce que devait être celui de Saint-Lô rétabli ainsi aux premières années du XIIe siècle. Tels paraissent avoir été ceux du Pin (Calvados), de Saint-Laurent-sur-Mer, de Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir), de Domfront, de Falaise, de Chamboy (Orne), et encore celui de Mortain, ou l'on voit les assises d'un donjon carré enfin, celui de Vire. Tous étaient la sauvegarde des villes bâties sous leurs murs.

 

Ces dispositions pouvaient donc permettre aux habitants de la contrée, lorsque survenaient des invasions étrangères ou des soulèvements nationaux, de se réfugier dans le donjon. Seulement, dans un espace aussi restreint, avec des hommes mal préparés à combattre, les provisions qui ne pouvaient jamais être très considérables, se trouvaient bientôt épuisées au bout de quelques semaines, souvent même de quelques jours, et il fallait nécessairement se rendre à discrétion.

 

C'est dans de telles conditions, qu'en 1141, le château de Saint-Lô dut se rendre à Geoffroy Plantagenet, comte d'Anjou, lors de sa lutte contre Etienne de Blois, pour la possession de la couronne d'Angleterre. Après trois jours de siège, l'évêque de Coutances, Algare, qui était enfermé dans le château, bien fortifié et muny, d'après Dumoulin, donna l'ordre d'en ouvrir les portes.

 

Il n'en fut plus ainsi, en 1203, lorsque Philippe-Auguste eut confisqué la Normandie

sur le roi Jean-sans-Terre. Les défenseurs du château de Saint-Lô, dévoués à la France, n'attendirent pas la capitulation de la place de Caen pour se soumettre ; ils rendi-rent leur château au roi Philippe, sans résistance aucune, sans même en recevoir la sommation, sponte suâ.

 

Un siècle de paix et de tranquillité, qui suivit cette conquête de la Normandie, provoqua dans la ville de Saint-Lo une ère de prospérité. D'après Froissart, sa population s'éleva presqu'à 9.000 habitants et l'on y put compter une quantité de bourgeois enrichis par une grosse manufacture de draperies

 
     
 

Saint Lô, la Tour de la Poterne Collection CPA LPM 1900